
travets des lieux folitaires. La femelle du
Lapin fournit un exemple remarquable de
ees précautions. Prête à mettre bas, elle quitte
le terrier, elle prépare à l'écart, dans le lieu
le plus folitaire, une cavicé peu profonde *
ouverte, & non pas creufée en voûte comme
le terrier, elle amaffe autour des feuilles,
•des herbes fèçhes, elle en couvre le fond
de la cavité j elle met. par-delTus une partie
dés poils qui couvraient fon ventre &
qu’elle s'arrache; elle met bas fes petits, fe
cpuvre avec eux de feuilles , d’herbes, pour
fe dérober à la vue, & étend fur fes petits
une partie des poils dont elle s’eft dépouillée,
pile les en couvre avec fo in ,.& met par-
delïus des broulfailles toutes les fois qu’elle
fore pour chercher de la nourriture , en forte
qu’on peut palfer très-près d’eux fans les
appercevoir, & qu’on ne parvient qu’avec
beaucoup de recherches à les découvrir , fi
l ’on n’eft fetondé par des chiens dont la finelfe
de l’odorat leur indique Je rabouillet. C'èft
le nom qu’on donne au repaire de la Lapine.
Quelques femelles, comme celles des Mar
mortes., des Sarigues , ont fous la p'artie inférieure
du ventrexune peau qui-lailfe, entre fa
furface & lu ventre , un vide ; les petits y
palfent, ou plutôt la mère les y loge après
leur nailfance; ils y font à portée des mamelles
: quand iis commencent à marcher
& à courir, ils defcêndent de cet efpèce de
fac pour s’exercer autour de leur mère ; au
plus léger, lignai qu’elle leur donne à l’approche
d’un danger quelle découvre, ils y
rentrent, & la mère prend la fuite chargée
'd e fa famille qu’elle emporte avec elle. Nous
ne conuoilfons pas bien les habitudes de ces
efpèces, qui fe trouvent fen Amérique, ou
on les a peu obfervées, mais il eft vraisemblable
cjue'leur manière de vivre les expofe
a des dangers fréquens , que les vivres dpnt
elles fe nourriiTenc ne fe trouvent, pas aifé-
ment, que les petits feroient demeurés trop
long-tems privés des foins de leur mère pendant,
quelle eût cliierché de la nourriture,
& que c’eft par ces raifôns que la nature a
préparé fous le ventre de la mère un afyle
xians lequel les petits pulfenc fe retirer , &
à la faveur duquel elle pût les fauver , en
les emportant avec elle dans la fuite qu’elle
prend.
Les oifeaux apportent plus de foins, emploient
plus d’induftrie que les quadrupèdes
à préparer pour leurs petits une couche qu’on
nomme-, par rapport aux oifeaux , leur nid.
Parmi ces animaux j aimables à bien des
égards, les deux fexes contra&ent, dans la
laifon de fe reproduire, une union qui dure autant
que les befoins dé la famille à laquelle iis fe
préparent à donner la nailfance, & l’un & i’au-
tre partagent les foins nécefiaires pour remplir
les befoins des petits avant 6c après leur naif-
fance. Ces besoins font en effet de deux fortes
: les uns regardent les petits avant qu’ils
foienc nés j pendant qu’ils 11e font encore
que contenus dans l’oe uf, les autres les concernent
après qu’ils font fortis de 1 oeuf. Les
oifeaux qui fe perchent placent leur nid fur
les arbres , un grand nombre à la bifurcation
des branches, près de leur extrémité,
Ictus le feuillage le plus épais , ou plus près
du tronc ,. fous Labri de quelque branche
fupérieure j les uns au foramet des arbres
les plus élevés , les autres fur des arbres
beaucoup moins hauts , à moitié même
de la hauteur de ces arbres, plufieut's fur de
(impies arbuftes, parmi les haies & les buif-
fons ; il y en a. qui le conftruifent même près
de terre, 6c quelques-uns à terre même, au
pied des builîons j pi ufieurs, comme Je Re»
mi£ , le Loriot , en Europe , les Troupiales ,
en. Amérique, le Toucnam-corvi, dans les
Indes , fufpendent leur nid aux branches des
arbres. Tous ces oifeaux le compofènt de brins
d’herbe fèshe > de moulfe , qu’ils tranlpor-
cent avec leur bec, 6c qu’ils entrelaffent avec
beaucoup d’art ; ils fortifient l’extérieur, fui-
vant la taille de leur efpèce, les uns par
le moyen de menues branches , les autres
en y appliquant du lichen , qu’ils ^enlèvent
fur le tronc ou les greffes branches des arbres;
ils ganiiffenc l’intérieur de crin , de
poils, de laine, de plumes qu’ils trouvent
6c ramafTent dans la campagne , le long des
h a ie s fu r les chemins., &c. Le mâle Si Ia
femelle concourent à amaller les matériaux
du nid; mais ceft la femelle qui contribue
le plus à leur arrangement; elle les affermit
en les foulant avec fes pieds , en lés pref-
fant du poids de Ion corps qu elle tourne en
diffère ns fens , en les pliant fous 1 effort de
fes ailes qu’elle étend à,demi; ces difterens
mouvemens confolident les matériaux du
nid en les rapprochant, en les u^iffant plus
intimement, décident là forme roncje qu’il a
à l’intérieur, & déterminent les dimenlions
de fa cavité ; il eft ordinairement plus fpa-
cieux à fon fond que vers fes bords , qui reviennent
en recouvrement au-deffus du fond,
fur-tout dans le nid des efpèces plus petites
6c plus foibles. Il en réfulte que le nid eft
moins ouvert, moins aceeflibîe à l’air à fon
intérieur;, que la pluie y pénètre plus difficilement
, que les oeufs 6c les petits y font
plus chaudement; c’eft principalement en
étendant fes pieds latéralement que la mère
élargit le fond du nid , & eli les relevant
un peu, qu’èfîe foulève les bords 6c les
approche en recouvrement du fond. J’ai
dit principalement, parce que ces dimen-
fions font celles quelle trace dans le premier
arrangement des .matériaux.. '■
Ce font les efpèces plus grandes, dont le
nid plus fpacieux eft plus difficile à cacher,
qui le placent au fommet des arbres les plus
hauts , comme la P ie , les Corneilles, les
oifeaux de proie de taille ordinaire, 6cc. L’é lévation
fupplée à la fureté que procure une
pofition plus difficile à découvrir ; les oifeaux
de’ moyenne taille, comme les Grives, le
Merle, &c. fe fixent fur des arbres moins
hauts, mais.plus touffus, à travers les branches
& le feuillage defquels la vue-perce
moins ai ément : les plus petites efpèces préfèrent
les haie-s &, les huilions, parmi lèf-
quels le nid eft plus a couvert & mieux caché.
‘-i l ’on compare les nids dés efpèces dont
je viens de par e t , on pourra, remarquer en
général que les mieux faits , j’entends par
c. cte expreftion ceux qui ont le plus de f>-
lidité. qui donnent le moins de palfage à l'a it,
dont les matériaux font mieux entrelacés, font
ceux des efpèces qui ont le bec plus long
& plus fin ; ce bec fait l ’office d’une pince
qui agit de plus loin , par un levier plus
long, qui a plus de force, qui écarte moins
les matériaux en s’introduifanr entre leurs
couches. Ainfi le nid des Fauvettes, en général
, & des oifeaux à bec fin, eft mieux
confirait que celui des gros-becs, des Pinçons
, du Bouvreuil, &.c. Pour le fufpendra
il faut nècelfairemenc employer plus d’art
polir entrelacer les matériaux, d’abord autour
d'une branche ,. enfuite einr’eux , fuivanc
la longueur du nid, car ceux-ci fout ordinairement
oblongs. Le Loriot , les Troupiales
qui fu'pendent leur nid , ont le bec fort
long, le Troupialel’ade plus fort délié ; fon
nid eft plus folide & beaucoup mieux conf-
truit que celui du Loriot, dont le bec eft
moins long & plus épais. Le Remiz, qui
fufpend aulfi fon nid, a le bec affiez court,
mais il eft très fin.
Il y a des efpèces qui , quoiqu’elles fe
perchent, ne placent pas leur nid comme
je viens de l’expofer ; tel eft le Moineau-
franc. Accoutumé à fe retirer dans des trous,
des fentes , les cavités des vieux bâtimens ,
il y fait fon nid & le conftruitavec allez de négligence;
il n’a befoin de préparer qu’un coucher
doux&chaud;les parois du trou contiennent
les. matériaux du nid qui ont à peine
befoin d’être joints enfembie ; auffi le moineau
fecontentfe-il à-peu-près de les ramafter
& de les porter dans le trou où il a deftein
de nicher. Les Pics, les Perroquets, ne nichent
pas non plus fur les arbres., mais dans
des trous, ou qu’ils y creufent dans le tronc,
ou qu’ils y trouvent déjà ouverts. Ce font
les Pics qui creufent les trous : iis ont le bec
en forme de coin, très-forr & gros; il eft
propre à entamer le bois , à en rompre les
fibres , à le creuier, il le feroit peu à
ramalfer des brins d’herbes , & point du
tout à les entrelacer. Les Perroquets, donc
le bèc eft court, excelîivement épais ,• dont
les deux mandibules font crochues, ne
pourraient entrelacer & lier enfemble au