
ccliv D I S C
dant pourvu d'une mère "ou femelle &
l’autre en relia privé.
L ’auteur rapporte ce qui arriva à chaque por
tion de cet elfaim. Il diftingua dans le pte
mier la mère qu ’ii vit marcher dabord (eule
le long des parois du verte , mais bientôt
plufieurs mouches fe rendirent auprès d’elle
& la fuivirent ; il s’en forma deux lignes
qui ne cefsèrent plus de l’accompagner. L auteur
rapporte enfuite très en détail les événe-
mens qui eurent lieu le jour que l’effaim
eut été partagé, 8c les jours fuivans. Ces évé-
nemens concourent à prouver qu’il n’y a d’action
8c de travail que dans une ruche où il fe
trouve une mère ; que tout demeure dans l’en-
gourdiffement dansceile qui en elldépourvue
& que les Abeilles qu’elle contienc , aufli-tôt
qu’elles ont reconnu par un m oyen quelconque
une autre ruche où il y a une mère s’y tranf-
portent ; mais que les Mouches en poffeflion
de cette ruche reçoivent mal les nouveaux
h ô tes, fu(ïem-ils même accompagnés d ’une
m ère, qu’elles leur livrent de rudes combats
& leur donnent la mort.
Cependant ce n’eft pas à la mère avec laquelle
i’ effaim eft forri & qui eft née dans la
même ruche qu’il eft individuellement attach
é, comme on pouvoir le penfér; car M . de
Réaumur ayant féparé les M ouches de la mère
avec laquelle elles s’étoient établies, les ayant
placées dans une ruche où il mit en même
tems une mère tirée d’une ruche qui leur étoit
étrangère, celles-ci adoptèrent cette nouvelle
mère & travaillèrent avec autant d ’aélivité
qu’elles avoient fait dans la ruche d’où on les
avoic tirées, & avec la mère qui avoit vécu la
première avec elles. Je me fuis affûté, dir M .
de Réaum u r, que les Abeilles s’intéreffenr
toujours 8c s’attachent à une m ère, même
étrangère pour elles. Cette affertion eft confirmée
par le fait fuivant.
Parmi des Abeilles fubmergées étoit une
mère d’une autre ruche que ces Ab eilles, toutes
furent retirées fans mouvement; mais la
chaleur leur en rendit ; les premières Abeil-
O U R S
les qui purent fe mouvoir s’aprochèrent de la
mère reliée engourdie, ne cefsèrent de la frotter
de leur trompe, tandis qu’aucune ne s’a-
procha des autres Abeilles également fans
mouvèment; le même attachement pour une
mère quelconque eft encore prouvé par les
faits fuivans ; u n e , deux &. jufqu’à trois meres
ayant été introduites dans une ruche qui en
avoit une, 8c dont les travaux éroient en aéli*
viré, ces mere.. furent bien accetullies Cependant
ce fait eft contradiéloire à ce qu’on
a de tout tems avancé Ier les combats qu oc-
cafionne la préfence de plufieurs meres dans
une ruche & ces combats font réels. Mais
les circonftances font differentes, & ces faits,
quoique contradiéloires en apparence , feront
conciliés eu faifant l’hiftoire des effaims: l’auteur
remet à ce tems à Ifs expliquer; il con-
clud de tout ce qu’il a dit que l’attachement
des Abeilles pour une mère eft le principe
de toutes leurs actions & que cet attachement
a lui-même pour caufe leur amour pour leur
poftérité.
6e. M é m o i r e .
D e s parties extérieures des A beilles ordinaires.
Comment elles fon t dans les campagnes
la récolte de la cire & celle du
miel.
M . de Réaumur paroît avoir penfé que ce
font la forme des A b e ille s, la ftruéture de
leurs différentes parties externes, dont plufieurs
leur fervent en effet d’inftrumens, qui
contribuent à leurs travau x, qui les faciliten
t, & on pourroit peut être dire qui en décident.
E n conféquence il fait avec le plus
grand détail la defeription de l’extérieur des
A b eilles;n o u s lefuivronsdans les principaux
articles ; il commence par la tête dont le dé-
vant eft plat 8c à peu près triangulaire & qui
de fa partie fupérieure à fon extrémité inférieure
va en s’étréciffant : les yeux a téfeau
placés fur les côtés font des efpèces d’o vales,
dont un des bouts eft moins ouvert. Ils
font féparés par utt intervalle qui a quelques
inégalités, & de chaque côté naît une
antenne pofée fur une petite éminence ; les
antennes font de fubftânce cornée , formées
de pièces articulées bout à b o u t, 8c elles peuvent
fe plier en deux ; leur bafe eft u» b o u ton
o b lo n g , rouge & lu ifa n t, cette bafe eft
articulée avec une forte de fufeau au-deffus
duquel font dix pièces dont la dernière eft
une forte de b o u to n , 8c dont les neuf autres
font cylindriques.
L a tete de l’Abeille eft plus longue qu’é-
paiffe 8c que large. Sa partie fupérieure eft
arrondie & c’eft fur fa portion la plus éle-
vee 8c en arrière que font placés triangulai-
rement trois yeux liffes.
L es Abeilles ont une trompe 8c des dents ;
celles ci contribuent à rendre la figure de la
tête triangulaire; elles font couvertes par une
levre cruftacée qui termine le devant de la
tête. Les dents ne fervent pas feulement à
l’Abeille pour broyer les alimens; mais fur-
tout pour exécuter fes plus grands travaux ;
chaque dent agit latéralement & laiffe en s’a-
prochant un efpace vide entre elles deux ;
cet efpace eft rempli par des poils qui naif-
fent des mâchoires & qui fervent à retenir les
parcelles qui ont été broyées; cependant les
mâchoires peuvent s’approcher complet tentent,
& ' même fe croifer.
La tête tient au corcelet par un col co u r t,
mais charnu & flexible ; près de fon origine
eft placée la trompe ; quand elle eft en repos
elle fe dirige en a v an t, puis elle fe réfléchit
en artière.
Les quatre ailes font attachées au-deffus du
corcelet & fur les cô tés, & les fix jambes le
font en deffous. Les quatre principaux ftigma-
tes font aufli placés fur le corcelet; il ne tient
au ventre que par une effèce de filet ; mais
ce filer eft très-court & le corcelet étant terminé
en pointe, & le ventre préfentant à fon
origine une c a v ité, ces deux parties paroiffent
ordinairement, 8c hors les cas de mouvemens
extraordinaires , comme jointes l’une à
l’autre.
L e corps ou ventre eft compofé de fix anneaux
, compofés de deux pièces écailleufes,
dont l’ une couvre le deffus & les côtés & l’autre
le deffous. Cette ftruéture allure aux A b e illes
une couverture capable de réfiller & qui
fe prête en même tems aux mouvemens né-
ceffaires.
Les Abeilles ordinairesont plufieurs taches
rouffàtres; elles font dues à des touffes de
poils de grandeur inégale, rameux & fembla-
bles à des tiges couvertes de branches ou à
des tiges de moufle; les yeux à réfeau en font
remplis, mais de fi fins qu’on ne les voit qu’à
l’aide d’une forte loupe. Ces poils ont fait
douter que les yeux à téfeau des Abeilles fuf-
fent véritablement de ces fortes d ’yeux & les
.ont fait regarder comme autant d ’yeux
liffes; quoiqu’il en fo it, les différens yeux des
Abeilles leur fervent à diftinguer les objets;
car fi on ne couvre que les uns ou les autres
de vernis, elles continuent de vo ir, 8c fi on
en couvre les uns & les autres, leurs mouvemens
prouvent qu elles ne voient plus 8c
leurs geftes , leur allure font d’animaux
aveugles.
M . de Réaumur s’attache à décrire les
poils des Abeilles parce que ces poils ont des
ufages, autres que de vêtir, dont il fera parlé.
Il paflë enfuite à l’examen des jambes; celles
de la première & de la fécondé paire d iffèrent
peu de longueur, mais celles de la rroi-
fieme paire fonc beaucoup plus longues que
celles des deux autres ; elles ont environ cinq
lignes de lo n g , tandis que les autres n’en n’ont
guère que trois ; chaque jambe eft compofée
de cinq parties principales, d’une fubftânce
éca illeu fe, brune & luifante. L a première partie,
celle qui eft attachée au corcelet eft la plus
courte ; ce n’eft qu’une efpèce de bouton conique;
la fécondé pièce eft oblongue & un
peu contournée ; la troifieme eft plus tonfi-
dérable & autrement faite dans la troifieme
paire que dans les deux autres ; elle eft dans