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membres 8c qui les agite tous. Une caufe
encore plus puifTame agit for le mâle.
La liqueur prolifique extraite de fon
fang , eft dépofée par les organes qui la
filtrent dans des réfervoirs où elle acquiert,
en s’épaiffiffanr, une nouvelle qualité} elle
y demeure en réferve . pour être employée ,
dans les momens de la jouilïance, à la pro-
duétion de nouveaux individus ; mais dans
les tems d’intervalle, elle rentre en partie
dans la maffe du fang dont elle a été fépa-
, rée ; elle fe répand avec lui dans tous les
membres , & leur communique fa chaleur
vivifiante. De là vient que les animaux qui
la répandent au-dehors en totalité par des
actes trop fréquens , n’acquièrent pas la
même vigueur que ceux qui font tempé-
tans, qu’ils perdent la force qu’ils avoient
acquife d’abord , qu’ils s’énervent, s’aftoi-
bliffent & tombent dans l’épuifement. Car
les focs fe portent toujours vers les parties où
l ’iritation ell la plus forte, & les adtes renouvelles
augmentant à chaque fois l’irritation
des parties de la génération , tous les
focs nourriciers affluent à ces parties au détriment
& à la ruine de l ’individu. L’animal,
au contraire en iiberté, qui jouit,
mais qui n’abufe pas, comme celui à qui
la domefticité en infpire la fatale habitude
, devient de jour en jour plus fort ;
fa vigueur augmente jufqu’au terme où il
commence à vieillir. Alors les organes qui
fervent à fon entretien , fournilfent un fang ■
moins riche , ceux de la génération en extraient
des focs moins abondans , moins vi-
vifians; ce dépéri(Tement, lent d’abord,
croît infenfiblement dans les premiers tems ,
il augmente enfuite rapidement, quand le
defféchement de la fibre caufant la vieil—
leffe, les organes nutritifs ne fourniflènt
plus qu’un fang appauvri, & que ceux de
la génération celfent d’en extraire un fuc
vivifiant. Quant aux femelles, les parties de
la génération ne font plus abreuvées par des
humeurs auffl abondantes, auffi propres à
les foll iciter > de leurs libres defTcchées, de- ;
yçnuçs plus çompa$es, plus épaiflfes, cçflTenç
O U R S
d'être feufibles à Talion d’une hum eut’qui
s’épuife & qui perd fes propriétés.
Les animaux dont le cours de la vie em-
bralTe plufieurs années , croiflTent , parviennent
au terme de leur grandeur & de leur
force , dépendent en vieiilifïant , d!autant
plus lentement, font d’autant plus tard aptes
à la génération, & le font d’autant plus long-
tems qu’ils vivent un plus grand nombre
d’années : ceux qui ne patient pas cinq à fix
ans | commencent à être féconds dès 1e milieu
de leur première année, & ne celfent pas
de l’être jufqu’au terme de leur vie / ou peu
de mois feulement avant qu’elle finitïe j
ceux au contraire dont la vie s’étend jufqu’à
vingt ôc trente ans, ne commencent à être
en état de fe reproduire que quand ils ont
atteint la quatrième ou cinquième année de
leur âge , ôc ils celfent d’être propres à la génération
dans les dernières années qu’ils vivent
eacore. Quel que foit le terme de la’ vie,
l’âge où les animaux peuvent engendrer , de
celfent d’être en état de fe reproduire, la faculté
prolifique fe développe plutôt , de
elle celfe plus tard dans les mâles que dans
les femelles. Celles ci contribuent bien davantage,
Ôc peut être feules au développement
du germe ; elles fournilïent au foetus,
pendant tou.t le tems de la geftation, la nourriture
dont il a befoin. Un corps qui commence
à être lui même épuifé , dont les organes
affoiblis ne fournilfent plus complette«
ment à fon entretien , n’a point de fucs fura-
bondans / il ne fauroic concourir ni au développement
du germe , ni à l’entretien de
i’embrion } à peine en état de s’entretenir lui-
même , il celle d’alimenter les parties de la
génération inutiles à fa • confervation ^ 8c
celles-ci celfent d'être en état d’exercer leurs
fonctions j la femelle de pouvoir engendrer.
Le mâle, au contraire > ne contribue que pendant
un inftant à la génération ; il vivifie le
germe , mais il ne fait rien pour fon développement
& pour l’entretien du foetus ; il ne
fournit , dans l’inftant ou il communique la
vie , qu’une petite quantité de fucs : ils peuvent
çtre préparés lentement dans fes prgâp
r é l i m i n a i r e .
nés qui reçoivent encore quelques focs fura- I
boudants / s ’y filtrer & s’y amaflèr en beaucoup
de rems, être dépofés par intervalles ,
& le mâle continuer.de pouvoir engendrer
long-tems , s’il ne le tente qu’à des époques
reculées , plus diftantes les unes des autres
à mefure qu’il vieillit , & s’il ne fe livre à
des aétes rares que quand il eft excité par la
ftrabondance des fucs-qui fe font amaffés
lentement.
Les poiftbns font dans l’ordre de l’accroif-
fement & dans celui de la génération, une
exception bien remarquable ; il n’eft pas
conftaté s’ils ne. croiftent pas jufqu’au terme
de leur.vie , mais il l’eft , au. moins qu’ils
croiffent beaucoup plus long-tems , à proportion
de la durée de leur vie , que les Surres
animaux. On ne fait pas précifémenc non
plus à quelle époque de leur âge ils commencent
& celfent de fe reproduire ; çnais on eft
inftruit qu’en général ils multiplient, dans nu
âge plus précoce , & dans un âge plus avancé
que les autres animaux. Cette dernière faculté
paroît être une fuite de leur accroiffetnent
plus long-tems continué. Quant à cette dernière
propriété , on ne peut guère douter
qu’elle ne dépende de la conftitiuion primitive
des poiffons, & de l’élément qu’ils habitent
: leur fibre eft plus molle, plus lâche que
celle des autres animaux ; le milieu qu’ils habitent
eft propre à entretenir la foupleffe , &
à. éloigner pendant long-tems le deffèche-
ment de la fibre. Le manque de chaleur naturelle
concourt au même effet. Ce font des
raifons foffifantes pour que les organes des
poiffons foient long-tems en vigueur, pour
qu’ils fourniffent une grande abondance de
focs nutritifs , pour que leurs membres fe
prêtent à une éxpanlion tardive , & croiffent
pendant un long intervalle ; c’en font également
pour que les focs forabondent en plus
grande quantité que dans les autres animaux,
qu’il s’en porte plutôt une partie & pendant
plus de tems aux organes de la génération.
Les infeétes qui ne changent pas de forme
ne fe reproduifenr que quand ils ont atteint
dxxxiij
le terme de leur accroiCernent ; ceux qui paf-
fent par différens états ne multiplient que
dans le dernier. Non-feulement ils ne fe
cherchent point dans leurs premiers états ,
mais ils fe chercheroient eu vain , ils ne
pourtdient s’unir. Les organes de la génération
exiftent cependant dans les individus ,
dans la larve , dans la nymphe, dans la chry-
falide ; mais elles ne contiennent que le
germe & les premiers linéamens des parties
de la génération ; leur développement n’a lieu
que pendant le paffage du premier au fécond,
ou du fécond au troifième état , &
elles ne font propres_à exercer leur fonétion
que quand l’infeâe eft parvenu à fon dernier
terme. Tous les focs fournis par les organes
de ta larve , font employés pour fon accroif-
fement rapide , pour le développement de la
chryfalide , pour le dépôt de fobftance nu-
' tritive que celle-ci doit contenir. Les fucs dépofés
par les organes de la larve dans la
chryfalide , au développement de laquelle
elle a d’abord fourni, paffent , pendant que
rinfeéte en a la forme , dans les membres de
l ’individu qui en doit forcir , leur procure la
Forme, la grandeur, la force qui leur font propres
, & la partie forabondante de ces mêmes
fucs développe les organes de la génération ,
les met en état d’extraire la liqueur prolifique
dans les mâles, & produit le développement
des germes dans les femelles. Les nymphes
qui n’ont ni mouvement, ni qui ne
prennent d'alimens , font dans le même cas
que les chryfalides , & les organes de la génération
ne fe développent dans ces infeétes,
que pendant leur paffage à leur dernier état.
Les nymphes qui ont du mouvement , qui
prennent des alimens, manquent de parties
qu’elles acquièrent , ou plutôt qu’elles ont,
mais qui fe développent ; les focs nourriciers
font employés à raccroiffement de ces parties
, ôc il n’y en a de furabondans qui fe
portent aux parties de la génération , que
quand la nymphe a toutes fes parties complètement
conformées j elle eft apte alors à la
génération. Il n’elt pas étonnant que les infeétes
ne fe reproduifenr pas dans leurs premiers
états, püifque pendant qu’ils y font,