
des mâles fe poutfuivre & fe combattre. Ces
combats font fur ■ tour remarquables parmi
les Papillons & certains Capricornes. Souvent
trois ou quatre Papillons de même ef-
pèce fe poutfuivent en volant, s’approchent
& forment des grouppes dans lefquels ils
fe portent des coups de leur trompe ; fi un
fpetlateur prend fous un filet les combattans,
il trouve que ce font des mâles, & commu
nément une femelle eft placée à quelque
diftance , ou voltige dans les environs fur
les fleurs. Les aflaillans s’écartent après s’être
approchés, ils tournent leur vol vers la femelle
, & le combat recommence ; il aràve
à la fin que les uns s’éloignent d’ un côté
& les autres d’un autre, qu’il ne refte que
le vainqueur. Mais on voit aufli des femelles
pourfuivies par des mâles ; c’eft pour un
autre but : elles ne fe rendent qu’après s’être
fouftraites à l’empreflement des mâles quelquefois
«(fez long - tems ; ils s’acharnent à
les fuivre, & la lutte ne cnnfifte que dans
les efforts pour s’efquiver d’un côté , pour
joindre de 1 autre. Si plufieurs mâles pour-
fuivenc une femelle, alors il fe forme par
inftans des grouppes de combattans, tandis
que la femelle continue fa fuite , & que
quelquefois elle eft jointe par un male qui
ne s’eff pas arrêté à combattre ou qui s’eft
éloigné le premier des combattans. On voit
de même fouvent fut le tronc d’un faule ex-
pofé aux rayons du foleil cinq ou fix Capricornes
de l’efpèce qui fent la rofe, courir
les uns contre les autres, & fe* battre
en s’approchant de leurs longues antennes ;
pendant cette lutte, une femelle qui n’y
prend pas de part, reçoit à quelque diftance
l’impreflion des rayons folaires-; lès combattans
font quelques pas vers elle, fe retournent,
fe pourfuivent, fe frappent jufqu’à ce
que le plus fort ou le plus confiant demeure
feul. Ces combats , quoique les aflaillans
foient excités par le motif le plus aélif qui
acharne les animaux les uns contre les autres,
n’ont rien de dangereux, 8c leur fuite n’eft
pour les vaincus que la privation de l’objet
pour lequel ils ont combattu. Les armes
font trop foibles , les combattans ont des
forces trop égales, ils font couverts d'une
peau ou d’une cuiraffe trop forte pour que
les coups puiffent être dangereux. Mais les
infeâes carnivores font redoutables aux autres
efpèces ; les uns pourfuivent leur proie
fur la terre , comme les Carabus ; ils dévorent
les larves des autres infeétes, celles
même de leur efpèce ; ils n’épargnenc pas
les infeétes plus foibles , dont le corps couvert
d’un têc peu compaét ne réfifte pas à
leurs dents; car ce font leurs armes, D ’autres
chaffent au hauc des airs, fondent fur leur
proie & l’enlèvent à la manière des oifeaux
carnaciers de haut vol. Telles font les De-
moilelles , qui ont les quatre ailes parfaitement
planes & dans la direâion tranfver-
fale avec fe corps , ainfi que je l’ai dit en
traitant du vol ; il y a des infeétes du même
genre & d’autres de genres différens, comme
les Demoifelles qui ne s’élèvent qü’à de médiocres
hauteurs, les Guêpes, les Afiles, &c.
qui épient leur proie , la fuivent-, l’atteignent
au vol & l'emportent, comme les Guêpes,
ou l’abattent pour s’en raffafier, comme les
Afiles. Enfin , les Noroneda, les Hépa, les
Hydrophiles, les Ditiques pourfuivent à la
nage leur proie dans les eaux, 8c la faififlant,
les uns avec leurs mâchoires, la dévorent,
les autres , la perçant avec leur trompe, fucenc
les humeurs qui lui tenoient lieu de fang.
Nous venons de nous former une idée
des combats,des infedes entr’eux, nous au-
I tons achevé tout ce qui concerne i’adion
•mufculaire , quand nous aurons ôbfervé la
manière donc cenains infedes attaquent les
grands animaux, & quelques-uns l’homme
même. Le plus grand nombre de ces infedes
ne s'attache qu’à la ipeau ; ils font en
général fort petits , & c’eft par cette raifon
qu’ils échappent plus aifément aux individus
qu’ils tourmentent, qu’ils éludent leurs
efforts pour s’en débarraffer, & que leur
foiblefle triomphe de la force ; la plupart
ont pour arme un fuçoir aigu avec lequel
ils percent le tiflu de la peau & pompent
ou la limphe ou le fang qui coulent dans
les vaiffeaux qu’ils ont ouvetts, tels font
les Poux des différens animaux , les Tiques.
D ’autres ont une trompe qui n’eft qu’un fuçoir
plus long & qui pénètre plus avant :
mais il "y en a qui entament la peau avec
leurs mâchoires, & qui boivent le fang
épanché avec leur trompe qu’ils enfoncent
dans la plaie, tels font les Taons. Les uns
ne quittent pas la furface du corps de l’animal
aux dépens duquel ils vivent; ils s’y
nourriffenc, ils s’y reproduifent , ils y dé-
pofent leurs oeufs ; les autres ne fe tiennent
pas habituellement fur lé corps des animaux
qu’ils piquent, ils ne s’y attachent qu’en
certains momens, quand ils trouvent les
animaux à leur portée : parmi ceux-ci, les
uns une fois attachés à un animal, ne ceffent
pas de fucer fes humeurs qu’ils ne s’en foient
gorgés à un point exceflif; ils ne quittent
pas la place à laquelle ils ont enfoncé leur
fuçoir : c’eft un conduit toujours ouvert,
un canal afpirant qui leur tranfmec fans in-
rermiflion des fucs nourriciers ; leur abondance
hâte la crue des infedes ; de très-petits
qu’ils étoient, ils deviennent à proportion
d’un volume énorme. Non-feulement la continuité
de leur piqûre eft un tourment fans
relâche, mais leur crue augmente la plaie
qu’ils ont faite, ils s’y enfoncent & y logent
une partie de leur corps; ils pénètrent plus
avant de jours en jours, & leur piqûre
devient un véritable ulcère. Ces infedes font
encore redoutables par le grand nombre dont
un animal en eft quelquefois chargé ; cependant
ils peuvent fe paffer du fang dont
ils font avides , ils naiffent, ils fe multiplient
furies arbres dont ils piquent les feuilles
& en tirent des fucs qui les nourriffenc. Mais
quand ils rencontrent des animaux auxquels
ils peuvent s’attacher, ils préfèrent d’en fucer
le fang , & ce genre de nourriture leur
procure en peu de jours une crue beaucoup
au-deflus de celle qu’ils auraient acquife fur
les feuilles, & une grandeur à laquelle ils
ne feraient même jamds parvenus; ils ne
fe détachent de l’endroit qu’ils ont piqué que
par quelqu’accident, quelque frottement qui
les faic tomber , ou que quand, devenus
Éxceflivement gros & gorgés de fang qu’ils
ont pompé au-delà de ce qu’ils en peuvent
digérer, ils tombent dans une forte d’en-
gourdiffement, & s’abandonnent à leur poids
qui les détache. Telles font les Tiques.
Les Coufins, les Stomoxes, les Taons, & c .,
ne boivent non plus de fang que par occa-
fion ; ils peuvent vivre & fe reproduire
fans ce genre d’alimens ; mais il a pour
eux un puiffant attrait; ils volent fur quelque
partie d’un animal, fur celles de l’homme
même qu’il porte nues , ou qu’il ne
couvre que d’un vêtement peu épais ; ils
enfoncent leur trompe, percent quelque
vâiffeau cutané, fe raffafient, retirent leur
trompe & s’envolent. Les uns ne font incommodes
que par leur piqûre , la douleur
qu’elle caufe eft vive , mais elle ne laiffe pas
d’imprefliou après elle; tels font les Stomoxes,
les Taons; les autres fe font peu fentir dans
le moment qu’ils piquent, mais on éprouve,
après qu’ils fe font retirés, une douleur pon-
gitive; elle augmente pendant plufieurs heures,
elle eft accompagnée de démangeaifon,
de gonflement, de chaleur, de rougeur &
de tous les fymptômes d’une légère inflammation
ài’endroit piqué ; tels font les Coufins.
Il y a deux opinions fur la caufe de la
douleur que leur piqûre occafionne ; les uns
penfenc qu’elle eft l’effet d’une humeur que
le Coufin verfe dans la plaie, pour délayer
le fang trop épais & faciliter fon afcehfion
dans là trompe; les autres, qu’elle n’a lieu
! que quand le Coufin, trop prefle dans l’action
de retirer fa trompe , comme quand
quelqu’objet l’effraie , la rompt & en laiffe
une portion engagée dans la plaie ; èlle y
devient alors un corps étranger dont la pré-
fence produit les fymptômes qui ont lieu.
M. de Réaumur, qui étoit de ce fentiment,
l’appuyoit fur ce que fi on laiffe un Coufin,
dont on eft piqué , faire fon opération tranquillement
, qu’on n’ait pas fait de mouvement
avant qu’il s’en vole, la piqûre qu’il
a faite n’eft fuivie d’aucune douleur , & qu’il
en furvient toutes les fois qu’on a précipité
la retraite du Coufin, ou qu’on l’a écrafé
fur la place. J’ai répété plufieurs fois cette