
dont il eft compofé , ont chacune un conduit
qui aboutit à un canal commun : celui-ci
fe termine au canal inteftinal à quatre à cinq
travers de doigt au-deflous de l'origine de
ce canal ^ & s’ouvre dans fa portion qu’on
nomme le duodénum. Le pancréas eft place
au-deflbus de l'eftomac fur la première des
vertèbres des lombes : on regarde le fuc qu’ri
extrait & qui coule par le conduit commun,
qu’on nomme pancréatique , comme analogue
à la falive, c’eft-à-dire un favon fluide
fort doux.
La bile eft une humeur d’un jaune foncé,
terne, d’un goût âcre & fortement amer ,
d’un afpect gras & oléagineux, d'une fluidité
femblable à celle des huiles-; expofée
à l’air & à une chaleur douce, elle s’épaiflit
par l’évaporation de fes parties les plus fluides
, & laifle un réfidu concret qui s’enflame
aifément, & brûle à la manière des huiles
& des grailles , eirfe gonflant, jettant beau-
couo de fumée & répandant une flamme
vive.
La bile eft féparée dans le foie ; c’eft le
plus volumineux des vifcères , il eft fitué au-
deflous' de l’eftomac du côté droit, dans la
région qu’on nomme l’hypocondre ; fa fub-
ftancè eft entièrement vafculaire , fa forme
eft celle d’une pyramide applatie ; il eft arrondi
fur les côtés, déprimé & excavé en-def-
fous ; fa malle eft divifée en deux portions
ou lobes principaux & en un troifième lobe
plus petit. A fa face inférieure , fous la cavité
du plus grand lobe , eft fitué un fac
creux, pyriforme , une forte de capfule ou
de bourfe , formé par des membranes : c’eft
la véficule du fiel.
La bile féparée dans le foie en pafle , en
partie dans la véficule , en partie dans un canal
qu’on nomme canal hépatique ; celui-ci ,
en fe prolongeant, joint un autre canal qui fe
eonfond avec lui jalors les deux conduits, qui
•n’en font plus qu’u n , font appelles le canal
commun , ou canal cholidoque ; ce dernier fe
décharge près du canal pancréatique , dans
l’inteftin duodénum ; le canal,-qui rejoint le
canal hépatique & fe confond avec lui, vient
de la véficule ; on le nomme canal cyfiique.
La bile féparée dans le foie coule incefr
famment de ce vifcère dans le canal hépatique
, par des conduits qu’on nomme pores
biliaires , & par de femblables conduits ,
elle eft portée en même- tems dans la véficule $
celle qui pafle dans le canal hépatique continue
d’en fuivre le trajet, & eft portée dans
le canal çholidoque qui la verfe dans le tube
inteftinal ; mais la bile qui eft verfée dans la
véficule n’en coule pas en tout tems , & feulement
lorfque l’eftomac rempli foulève le
le foie, en change la pofition & celle de la
véficule, qu’il comprime en mème-tems ;
alors la bile , qui par fon féjour s’eft épaif-
fie , a acquis plus d’énergie, coule de la ve-
ficule dans le canal cyftique , de celui-ci dans
le çholidoque, & de ce dernier dans le duodénum.
La bile eft regardée comme une fubftance
favonneufe , plus aétive que la falive , & que
le fuc pancréatique, qu’on regarde auflicomme
des fubftances favonneufes , mais plus douces
; on fui attribue deux ufages : r°. de fer-
vir à unir avec l’eau les fubftances grafles
contenues dans les alimens, & à en former
cette humeur , qui approche de la nature
des émulfions, qui eft le produit alimentaire
de la digeftion , & qü’on nomme chyle :
i° . à exciter , pat fon acrimonie , le mouvement
periftalrique du canal inteftinal : elle
ne pafle pas. dans, l’état naturel dans le chyle
fous fa forme & en entier ; mais feulement
la quantité qui fert à l’union des fubftances
gralfes & des.fubftances aqueufes qui l’adou-
ciflent en s'emparant de fes principes, en fe
combinant avec elle , & en changeant fa nature
te furplus de la bile fe décharge fur la
mafle des excrémens , la pénètre, teint cette
mafle , lui communique , en partie , l’odeuc
qu’elle exhale , & eft rejette avec elle hors du
corps., C ’eft pourquoi la bile eft mife par les
phyfiologiftes, au nombre des humeurs qu ils
appellent récrémenticielles,• c’eft-à-dire, q u i,
après a-voir été fépatées du fang, rentrent en
partie dans fa mafle , & font en partie pouf-
fées hors du fyftême de l’économie animale.
Il fuit de ce qui vient d’être dit jufqu’ici,
en le réfumant, i° . que les alimens fubif-
fent ou dans la bouche ou dans le jabot des.
oifeaux granivores une préparation antécédente
à la digeftion : z°. que le fuc gaftri-
que eft le principal agent de la digeftion,
& que les agents fecondaires font la chaleur
de l’eftomac & des inteftins , la raréfaétion
de l’air contenu dans les molécules alimentaires
; la preflîon & le mouvement de l’eftomac
& des inteftins ; l’aétion de la falive ,
du fuc pancréatique & de la bile : que
la digeftion eft l’effet d’un mouvement intef-
tin des parties des fubftances alimentaires,
ou d’une fermentation d’un genre particulier
, excité &■ déterminé par la nature du
fuc gaftrique : 4.0. que fon produit eft le
chyle ou l’excraétion d’une partie de la mafle
alimentaire & le changement de cette partie
en une humeur douce , blanche , analogue à
une émulfion, tandis que le furplus de la mafle
des alimens eft pouflee fous la forme d’excré-
mens vers l'extrémité du canalÿilinteftinal
pour être dépofé au dehors.
Nous connoiflons le produit de la digef
tion , & comment il a lieu ; avant d’appliquer
aux infeétes ce que nous favons à cet
égard,, & de les comparer fous les points de
vue qui y ont rapport aux autres animaux ,
examinons comment le chyle pafle dans le
fang, comment il répare les pertes que l’individu
a fouffertes , il le nourrit, & fert à
entretenir & prolonger l’exiftence qui cefle-
roit fans ce fecours; comment d’ailleurs la
partie inutile de la mafle alimentaire eft
pouflée à l’extrémité du canal inteftinal &
dépolée au dehors.
Du troifième tems de la digeftion ou de fes
fuite's'. ’
Le chyle extrait & fép.aré par le mouvement
de la fermentation de la fécule des alimens,
eft pi us léger que cette fécule, il fumage, il la
couvre j il l’encoure , elle occupe le centre du
canal inteftinal., 8c le chyle eft en contaft de
fa membrane interne ; à la furface intérieure
de cette membrane , s’ouvrent des vaifleaux
très-fins; ils afpirent & ils pompent lechyle par
cette loi inconnue, mais confiante, qui fait
monter les fluides dans les vaifleaux capillaires
en général. Ceux dont il s'agit, répandus dans
toute la longueur du canal inteftinal , mais
plus nombreux dans les inteftins grêles, rampent
entre les membranes du canal, les traver-
fçnt, continuent leur trajet au dehors, s’unif-
fent plufieurs enfemble , & en acquièrent un
plus grand diamèttre ; on les nomme alors
veines lactées & on en diftingue du premier
& du fécond ordre. Celles du premier vont
aboutir à des glandes placées en grand nombre
dans une partie dont nous n’avons pas
parlé-, le mé^antère ; c’eft une membrane
double , d’un tilfu très-fin , fort étendue,
fixée d’une part à la colonne lombaire , où
elle fe réunit en formant beaucoup de plis,
3c attachée, pir le côdé;oppofé , au canal in-
teftinal dont elle fuit tous les contours. Cette
membrane fe charge de beaucoup de graifle,
qui fert , à ce qu’on penfe , à lubréfier la
furface externe des inteftins, & à en faciliter
les mouvemens-; elle foutient auflî les veines
laétées qui rampent,entre la duplicature de fa
membrane.
Les veines laétées du premier ordre, tra-
verfent les glandes du mézantère ; on croit
que ces glandes féparent une humeur lymphatique
, qui pafle dans les veines laétées
au moment qu’elles traverfent les glandes ,
& qui rend le chyle plus fluide.
Au fortir des glandes , les veines laétées
prennent le nom de veines du fécond ordre :
elles ont plus de grofleur & de' diamètre ;
elles continuent leur trajet , & viennent
aboutir dans la capacité du bas-ventre, près
de la colonne vertébrale , en une capfule
membraneufe , dans laquelle elles dépofent
i .Je chyle , & qu’on nommé , d’après fon ufa-
ge, ou d’après le nom de l’anatomifte qui l’a