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fes parties à la fois, qui ne peuvent la plier
Sc ea mouvoir des portions les unes fut les
autres; mais dans les infêétes q,ui otit cette
faculté, dont certaines portions des nervures
font mobiles, il y a des mufcles qui s’étendent
d’une nervure à une autre, qui les approchent
ou les écartent, les étendent ou les plient, &
fervent à appliquer les pçrtions de l'aile les
unes fur les autres ; ou peut-être ne font ce que
des tendons prolongés.qui viennent des muf
des contenus dans le corcelec : ç’eft ce que
je n’oferois décider , quoiqu’à l’infpeétion
il paroiffe y avoir de vrais faifceaux muf-
culaires, étendus d’une nervure à une autre.
Quoi qu’il en foit , le mouvement des ailes,
dont les. portions en ont les unes fur les autres,
eft de deux fortes ; il confifte i° . à rapprocher
& à plier la pellicule de l’aile, ou à l’écarter
& l’étendre par un mouvement femblable
à celui qui plie ou qui déploie le papier d une
éventail , en rapprochant ou écartant les
deux bâtons auxquels il eft fixé par les bords.
a°. Par le mouvement des portions de leurs
ailes les unes fur les autres, les infectes peuvent
en replier le côté extérieur fur la fur-
face interne fupérieure , comme le font les
Guêpes, ou coucher la pointe de l’aile pliée
deffus ou deffous fa partie principale, comme
font les Coléoptères. Les infeéfes qui ont la
faculté de mouvoir les parties de leur aile les
unes fut les autres, ont plusde rapport avec les
ailes des oifeaux dont les parties font aufli
mobiles les unes fur les autres , que n’en
ont les infectes dont l’aile toujours étendue
n’eft mue que par un mouvement commun
à toutes fes parties.
Les ailes des infeétes qui font couvertes &
opaques , celle des lépidoptères , ont en general
, comme les ailes des oifeaux , une
forme triangulaire, mais irrégulière & très-
variée, félon les efpèces; les ailes des in-
feâes qui n’en ont que deux , comme les
diptères & les coléoptères , ont aufli une
forme triangulaire , & celles des coléoptères
fe rapprochent davantage de la forme de l’aîle
des oifeaux ; mais les ailes des infeétes qui
en ont quatre, s’éloignent plus que les ailes
O U R S
des autres infeétes, de la forme de l’aile
des oifeaux , & fl elles confervent encore la
forme triangulaire, c’eft celle d’un triangle
étroit & fort prolongé.
Les ailes des 'oifeaux ont une étendue ,
un poids proportionnés à la puiflance qui les
meut ; quand elles font plus grandes , plus
pefantes, la puiflance motrice eft plus énergique
; de là vient qu’une plus grande étendue
d’aile eft une des caufes qui facilitent le
vol des oifeaux. Dans les infeétes, au contraire
, les ailes font fouvent difproportion-
nées avec la puiflance motrice , & paroiffent
par leur étendue & leur maffe , un fardeau
accablant ; c’eft ce qui a fur-tout lieu dans
beaucoup d’efpèces de Papillons. Aufli ces
infeétes ne volent-ils qu’avec effort, en battant
fréquemment des ailes , & feulement
quand l’atmoiphère eft tranquille ; ils ne
peuvent réfifter à fa plus légère agitation, &
volet quand le vent la met en mouvement.
Les ailes des Coléoptères font trop petites
pour le voltlme & la maffe du corps ; ces
infeétes volent pefammënt, avec effort, en
frappant l’air fréquemment ; ils ne fauroient
voler fi l’air n’eft calme, & fi ils s’y hafar-
dent lorfqu’il eft agité , ils font entraînés &
précipités par fes divers courans ; ils ne volent
bien que quand ils ont le vent arrière,
parce qu’il les pouffe alors dans fa direétion,
en frappant leurs élitres, élevés à angle pref-
que droit. Si on y faifoit attention, on trou-
veroit peut-être que les Coléoptères ne volent
que par un calme plein ,. ou vent arrière.
Les infeétes qui ont deux ailes nues ,
les Diptères, ont en général les ailes d’une
forme triangulaire, allez bien proportionnées;
ils ont communément le vol léger , rapide &
aflez foutenu ; mais il n’eft point d’infeétes
qui volent aufli bien , dont le vol fait aufli
rapide , qui le foutiennent aufli long - rems
que plufieurs de ceux qui ont quatre ailes;
il n’en eft point qui maîtrifen; de même le
vent, qu i, malgré fa direétion & fa force ,
fe dirigent en l’air de tous côtés à leur gré1;
ces infeétes ont en général le vol facile ; cependant
il en eft , & même en aflez grand
nombre
P R É L I M xevi
nombre dans cette claffe , dont le vol eft
■ pefant , qui ne l’exécutent qu’avec effort &
qui ne volent qu’à de petites diftances. Ces
derniers ont le corps gros & pefant ; les
ailes petites à proportion , les inférieures
inclinées , même pendant le vol , de devant
en arrière , félon la longueur du corps , &
formant avec lu i, à leur bafe , un angle peu
ouvert ; ce qui diminue beaucoup leur action
; les premiers, au contraire, ont lecorps
petit, léger , & les ailes fort grandes à proportion
; toutes -quatre font dans une direction
tranivetfale avec le corps ; elles font
très plates & d’excellentes rames; elles en
ont même la forme, & en réunifient les conditions
; elles font minces , légères , étroites,
grêles & pointues du côté de la puiflance qui
les meut, larges, plates ,& à‘bord plat,
arrondi à l’extrémité oppofée.
Les ailes font dans les oifeaux le principal
infiniment du vol , celui qui l’exécute; mais
la queue en eft le modérateur , elle en règle'
& en dirige le cours par fes mouvemens :
les_ infeétes n’ont point de partie diftinéfe
qui y réponde , & il paroît que c’eft par cette
raifon que leur vol eft en général plus desordonne
, plus abandonné aux mouvemens
de l’air , qu’ils font moins maîtres de le régler
, & d’en diriger le cours ; mais la mobilité
des anneaux dont leur corps eft com-
pofe , mobilité plus grande dans les anneaux
du ventre , femble fuppléer en quelque
chofe au manque de queue ; les infeétes en
^ côiflant les derniers anueaux de leur corps
d un cote ou de l’autre, peuvent s’en fervir
pour en frapper 1 a ir, pour les oppofer à fon
courant, de la même manière que les oifeaux
fe fervent de leur queue , eu retirer
a-peu-pres les mêmes avantages, & régler
par ce moyen leur vol jufqu a un certain
point ; il faudrait pour apprécier cette con-
jeaure, pouvoir les obferver pendant le vol ;
remarquer fi , quand ils changent de direction
, ils tournent leurs derniers anneaux en
fens contraire : il eft certain qu’ils changent 1
e cours de leur v o l, par confisquent ils fe
dirigent, & il n’eft pas facile de concevoir
Rifioire Naturelle, Infectes. Tome h
I N A I R E.
qu’ils en aient un autre moyen. D ’ailleurs,
ainfi que nous l’allons remarquer tour-à-
l’heure , ceux dont les derniers anneaux font
les plus alongés , les plus mobiles, qui peuvent
préfenter plus de furface d’un côté ou
de l’autre, & mieux imiter l’effet du gouvernail,
font ceux qui réfiflent mieux au vent,
les feuls qui le maîtrifent , & qui règlent
leur vol à leur gré.
Les oifeaux qui ont les jambes longues ;
comme les Cigognes , les Grues, les Hérons,
&c, & les oifeaux d’eau , en général, donc
les pieds font palmes ou femi-palmés , portent
en volant , leurs jambes étendues en
arriéré dans la direétion du vo l, tandis que
les autres oifeaux les replient fous le ventre
& ferment les doigts de leurs pieds : de
meme les infeétes dont les pattes font longues
, comme les Guêpes , les Ichneumons ,
un grand nombre de Coléoptères , porteur
en volant les deux dernières patres étendues
par-delà le corps , dans la direétion du vol,
& les deux premières paires inclinées en
arriéré fous le ventre , le long duquel elles
font couchées : mais les infeétes qui ont les
pattes courtes , comme les Demoifelles , les
replient fous le corps en volant. La pofition
des pieds en arrière dans les oifeaux donc
la queue eft courte , comme dans les oifeaux
d’eau femi-palmés, qui n’ont point de queue
à proprement parler , tels que les Grèbes ,
fuppléeroir-elle à fon défaut , & les pieds
pourraient ils par leur mouvement, tenir lieu
de gouvernail ? La chofe paraît pofiible dans
les Grèbes, & autres oifeaux femi-palmés,
dont la jambe eft applatie , courte , & préfente
une furface aflez large ; mais dans les
oifeaux dont les jambes fontarrondies, grêles
& fort longues, il femble que les pieds ne
peuvent guère faire l’office de gouvernail ,
qu’ils en feraient un fort mauvais, & que
les oifeaux ne les portent étendus en arrière
que pour qu’ils gliflent fur la furface de
l’air, ne le coupent pas dans * e longue ligne ,
comme ils le feraient dans une autre po-
ficion, & ne retardent pas la vîteffe du vol.
De même il femble que les infeétes, qui
a