
Teignes, ne deviennent pas des Papillons.
L ’uniformité de nom induit en erreur. Il en
faudrait un différent.
Le tuyau des Teignes aquatiques eft à
l'intérieur tout de foie, liffe & uni, fortifié
au-dehors par des fragmens de toutes fortes,
peu importe , pourvu 'qu’ils fervent à renforcer
le fourreau. Audi lorfqu'e ces Teignes
viennent à quitter un fourreau devenu trop
étroit, & quelles s’en font fait un nouveau ,
le dernier eft- il à l’extérieur tout à fait différent
du. premier ; ce qui dépend des frag-
mens quel’inleéte a trouvés dans le moment
à fa portée. Ces fourreaux font bigarrés ,
irréguliers , comme déguenillés & compotes
de chiffons, de haillons raffemblés. Cette
apparence ne les rend pas moins propres à
leur ufage. Sont - ils couverts de portions
plattes de feuilles, le fourreau a L’air plat,
quoiqu’il foit cylindrique ; font-ils fortifies
par des brins de jonc appliqués les uns contre
lés autresjils ont l’air d’un ouvrage cannelé,&c.
Ce ne font ni des feuilles, ni des tiges qui
fervent à d’autres Teignes, mais elles chargent
leur fourreau de grains de fable , de fragmens
de coquilles.
Il ne patoîc pas que les Teignes s attachent
plutôt à une fubftance qu à une autre
pour couvrir leur fourreau, mais a celles qui
peuvent en général l’alléger , augmenter fa
furface & en rendre les mouvemens plus
faciles dans l’eau. Cette reffource étoit né-
ceffaire à des animaux qui nagent mal, qui
marchent dans l’eau, fur të fable , la valé,
les plantes , qui traînent leur fourreau après
eux. Il faut cependant excepter les Teignes
qui fe ieftent avec du fable.
Dans l’énumération que M. de Réaumur
fait des parties de la Teigneaquatique qu’il
décrit, on doit remarquer des filets membraneux
qui fortenc en grand nombre de
ces anneaux ; ils n’avoient paru , a M. Val-
lifnieri, que des liens qui attachent le corps
de la Teigne à fon fourreau , mais M. de
Réaumur foupconne qu’ils ont du rapporr
avec les ouyes des Poiffbns II les croit inutiles
pour fixer le corps au fourreau , parce
que ce befoiri eft rempli fuffifam trient par
deux crochets, fitués à la partie poftérieure
& inférieure du corps , & fon foupçon eft
encore fondé fur .ce que l’on voit ces filets
dans, certains momens former des aigrettes
& s’agiter.
Les Teignes aquatiques ont, ainli que
les Chenilles, la faculté de filer , c'eft par
le moyen de cette faculté qu’elles com-
pofeut l’intérieur d u ‘ fourreau de foie , &
qu'elles attachent en-deffus les différentes parties
étrangères qui y font néeeflaires ; c’eft dans
leur fourreau qu’elles fùbiffent l’état de chry-
falide : elles bouchent les deux bouts du
fourreau, quand elles lonc prêtes de cec
état par des brins de foie qui forment une
grille. Àu moyen de cette précaution elles
font à l’abri contre les autres infeétes aquatiques
qui pourraient s’introduire dans leur
fourreau, & cependant l’eau , qu’elles ont
befoin de refpirer fous la forme de chry-
falide, pénètre & fe renouvelle dans le four-;
reau.
Le befoin de refpirer l’eau eft démontre
pour la chryfaltde , en ce quoi? voit alternativement
la grille du fourreau"foulée en
dedans dans l’infpiration, & repouffée en
dehors dans l’expiration.
La nymphe de la Teigne dont nous fui-
vons l’hiftoire a , fur le devant de la tête ,
une touffe de poils que débordent deux crochets
qui forment une efpèce de bec ; ils
fonc différons des mâchoires de la latve, la
mouche n’aura point de crochets ni de ma-
choiresles crochets que nous examinons
appartiennent donc à la nymphe , & il eft
probable qu’ils lui fervent à détacher les
grilles qui ferment fon fourreau lorfqu’elle
eft prête d’en fortir fous fa dernière forme
ou celle de Mouche. Cette Mouche eft du
nombre de celles qui ont quatre aîles ; le
leétear la connoîtra mieux en la défignant
par le nom de Frïgane qu on lui donne
communément,
communément, & fous lequel M. Geoffroy
l’a décrite.
M. de Réaumur s’occupe enfuite d’une
efpèce de Teigne beaucoup plus petite que
la précédente dont le fourreau paraît couvert
d’un ruban vert qui l/entoure. Ce ruban
eft compofé de petites pièces de feuilles
plaquées avec beaucoup d’art. Notre auteur
obferve que les Teignes ont peine à vivre
dans trop peu d’eau ou dans. de l’eau corrompue
, & que cependant elles peuvent
vivre à l’air & fe paffer d eau pendant cinq
à fix jours -, il continue de parler .de differentes
Teignes parmi lefquelles on peut en
remarquer de fort petites qu on a taxe de
ronger & d’endommager les pierres, parce
qu’on les trouve fur les murs, & que leur
fourreau qui eft en*dedans, de foie , eft couvert
de petits fragmens ou de pouflîeres de
- pierre. .Mais il eft probable que ces Teignes,
comme notre auteur 1 a penfe , vivent des
moufles & lichens qui croi.llent fut les pierres,
& qu’ils fe couvrent des fragmens- qui fe
délitent par l’aétion de la gelee & celle de
l'humidité ; il y a de ces Teignes dont le
fourreau eft conique, femblable à une chauffe
d’Hippocras, d’autres dont le fourreau eft
à trois pans prefque plats.
6e. M É M O I R E -
Des Teignes qui fe foui des fourreaux de
pure foie.
Les fourreaux des Teignes de pure foie
font remarquables par leur forme. Les unes
s’en font un qui eft terminé en croffe a fa
partie poftérieure; les autres recouvrent la
partie antérieure du leur de deux plaques
qui forment une forte de manteau. Notre
auteur nomme les. premières Teignes en
•crofle, les fécondés Teignes à manteau. On ;
trouve plus de ces Teignes fur le chêne que
fur aucun autre arbre ; le merifier en nourrit
aufli. Celles en ctoffe du chêne ont un
fourreau brun, & celles du merifier un fourreau
noir. Les unes & les autres rongent
Ilifhire Naturelle , Infechs. Tome IV.
les feuilles à la manière des Chenilles , c’eft
à- d ire, qu’elles en rongent toute la fubftance
, les membranes & le pauenchime.
Leur fourreau n’eft que de foie pure, comme
les coques de beaucoup de Chenilles , mais
le tiffu en eft bien plus ferré , ce qui le
fait paraître, en certains endroits , comme
couvert de petites écailles. Lorfqu’il devient
trop étroit, les Teignes ne l’abandonnent
pas , comme le font celles qui fe vérifient de
de feuilles, mais elles l’élargiffent comme
les Teignes des étoffes, avec cette différence
que celles - ci fendent teur fourreau
longitudinalement en deux endroits, & que
les Teignes qui fe vérifient de pure foie
ne fendent le leur qu’en-deffous ; elles y
ajoutent une bande intermédiaire qui l'agrandit.
Le fourreau des jeunes Teignes à manteau
n’eft point couvert de cette enveloppe,
elles ne l’ajourent qu’en vieilliffant; ce manteau
eft compofé de deux pièces qui font
toujours écartées en deffus & fouvent rapprochées
en deffous du corps.
Les Teignes dont il vient d’être queftion
deviennent de très-petites Phalènes blanches.
Il faut fuivre dans le mémoire même les
procédés quelles emploient pour la ftru&ure
de leur fourreau. Cèt objet n’eft pas fufcep-r
cible d’extrait.
7e. M é m o i r e .
Des Vers ou Teignes qui fe couvrent de
leurs excrémens.
Les infeéfes dont il s’agit dans ce mémoire
n’ont de rapport avec les Teignes qu’en
ce que leur Ver ou larve a befoin de fe
Couvrir , mais elle ne devient point un Papillon
, elle ne fe fait point de fourreau ,
elle fe couvre de fes excrémens. Il femble
donc que le nom de Teigne ne lui convient
pas & ne peut qu’en donner de fauffès
idées ; celui SHotcentot que notre auteur
e e