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che de la ftruéhire de celai des oifeaux
purement granivores , mais il n’eft pas aufli
fort.
Les Pics 8c les Grimpereaux qui fe nour-
riflenc les premiers des infeâes enfoncés dans
les trous des arbres , que ces mêmes infectes
ont percés; les féconds de ceux qui fe
cachent encre les gerfures de l'écorce, ont
chacun une conformation & des inftrumens
qui répondent à leur manière de vivre. Les
oifeaux de cés deux genres ont des doigts
longs , des ongles crochus , tels qu’il en faut
pour gravir le long du tronc & des branches
; tous les. Pics & plulîeurs Grimpereaux
ont une queue dont la courbure a fon extrémité
, la force & la roideur des parties qui
la compofent , fâvorifenc leur fufpenfion aux
arbres en fervant de point d’appui ; le bec
des Grimpereaux qui cherchent les plus petits
infeâes entre les gerfures les moins écartées
, onc le bec long , effilé & arqué. Il
O U R S
terminé en pointe à chaque mandibule , &
de chaque côté en bifeau, eft par lui-même
une forte de cifeau très- tranchant- & de
coin très-fort; il eft propre à couper les fibres
du bois, â les rompre, à les écarter ; le
poids d’une tête énorme 8c difproportionnéi
dans la plupart des Pics , augmente par fa
maftê les coups portés par le bec : la langue
eft un mufcle arrondi; elle a la forme d’un
ver ; elle eft terminée par un cartilage pointu
fort folide : l’oifeau peut la retirer toute entière
ne faut pas confondre avec les Grimpereaux'
qui vivent ftriâêment de la manière énoncée
dans nos climats froids , où ils ne trouvent,
pendant l’hiver, d’infectes qu’entre les gerfures,
avec ceux qui habitans des pays
chauds , ne font que courir fur les branches
horizontales, on peu inclinées, & y
trouvent en-tout tèms une pâture plus abondante,
moins difficile à ramalfer. Les Pics
font leur proie de vers & de larves cachés
dans ■ des froüs ,; fonvent profonds dont
l’ouverture eft très1 étroite, & qui vont en
s’élargiflanï ; ces dimenfions font fondées fur
ce que l’infeéte-, caché au fond du trou
dont il remplit la capacité, éroit fort petit
quand il a commencé à l’onvrir du côté de
l’écorce , qu’il a aggrandi ce même trou en
profondeur & en diamètre, à proportion
qu’il a Ini-même augmenté de volume ;
les Pics ont donc deux chofes à faire pour
tirer les infeâes de leur retraite de s’en nourrir;
r°. à pénétrer jufqirà eux ; i° i â
agrandir allez le trou , futvant toute fa profondeur
, pour qu’il laiffe palTer le corps de
l'infeéte ; leur bec très - long, ; formé d’unê
fubftance cornée, compaâe, dure, pefante;
à l’intérieur & la darder bien au-delà
de fon bec ; il l’enfonce donc dans le trou
qu’il a fuffifamment élargi ; il en darde la
pointe fur l’infeâe qui eft caché, il la retire,1
& avec elle l’infeéte empalé.à fa pointe. Les ’
feuls oifeaux fourniraient une foule d’exemples
: que n’y auroit-il pas à dire fur la
langue, en forme de trompe, des Oifeaux-
Mouches & des Colibris,& de la fubftance
liquide dont ils fe nourriflenc; fur le bec fin,'
droit & pointu des Figuiers , qui vivent de
la pulpe des baies & des fruits dont ils
n’ont qne l’enveloppe, peu folide, apercer ;
fur celui des Méfanges I également court Se
pointu, mais gros, conique, d’üne fubftance
bien plus folide, qui, iàns être individuellement
beaucoup plus forts, percent à coups
redoublés le bois des noifertes & des différen-
rences amandes ; fur la force des deux portions
ou mandibules coniques du bec des
oifeaux qui écorcent le grain, de ceux qui
le broient avant de l’avaler ; fur la forme
du bec femblable à des ciféaux courbes, dont
les deux branches feraient dirigées en fens
contraire du bec croilé qui cerne & fépare
les écailles ferrées, fortement jointes, des
pommes de pins & autres fruits analogues,1,
pour trouver deflous l’amande) dont il fe
nourrit, Sec. ? Mais je finis par les traits
que me fourniflent lesCanards Se les Hérons :
les oifeaux de ces deux genres fe nourriflenc
ou en totalité, ou en partie, de poiflons ;
c’eft une proie dont la fuite eft rapide , qui ,
couverte d’écailles unies, dures , gliflànces,
eft difficile à arrêter, à retenir , qui fe foufi-
trait à la preflkm Se échappe âifément. Le
bec large & applati des Canards agit par une
furface
? E L I M EN A I R E . xli
furface étendue ; fa partie fupérieure eft têt'-
tninée par un onglet courbe Se tranchant,
Se les côtés des deux mandibules font garnis
cranfverfalement à l’intérieur d afperites,
rangées fur des lignes parallèles, femblables 1
aux dents d’une lime ; elles font inclinées
de devant en arrière , 8c cette direction eft
d’autant plus marquée, que lés afperites plus ;
longues reflemblent davantage, fùivant les
efpèces, à de véritables dents; toutes ces con-
ditions rendent le bec des oifeaux, du genre
du Canard, propre à comprimer fortement,
à froifler’Se fillonner une lurface polie , &
par conféquem à faifir la proie qui convient
à ces animaux , à la retenir & la faire
partir, par la direélion des ctochets donc
leur bec eft armé , vers leur intérieur.
Le Héron a le bec Ipqg-, très, fore ; fes
deux portions ont à-peu-près les mêmes di-
ntenfions ; elles ne fout pas fillonnées par
des dents , mais,les bords en font ,trancha;is
dans toute leur longueur , & ils s’appliquent
éxaéfement l’un fur l’autre ; il en réfuke que
le Héron qui faifit un poiflbn , le comprime
entre deux pinces très-Fortes, qui pénètrent
la furface de fçs écailles , Se le preflènt dans
une grande étendue ; -ce moyeu eft donc
propre pour l’arrêter 8c s’en emparer ; c’êft
ordinairement en travers , par le milieu du
corps I que le Héron faifit le poiflon ; cette
pofition n’eft pas convenable pour l’avaler ;
l’oifeau qui fe retire du bord de l’eau en
tenant fa proie entre les deux portions de
fon bec, la jette d’un cou de tête en l’air ;1 lé
poids de la tête du poiflbn entraîne lecorps qui
retombe & déterminefa direélion ; le Héron
le reçoit dans l’ouverture de fon large bec
qu’il tient ouvert ; la forme du poiflon , fa
furface liffe , rendent fon partage aifé vers
l’eftomat de l’oifeau ; fi on lui fait lâcher
fa proie au moment où il vient de la retirer
de l’eau , Se qu’on l’examine , on la trouvera
contufe en travers , & l’on diftinguera fur les
écailles i’impreflion des bords tranchans des
deux mandibules.
Le Canard qui vit de poiflons, de différentes
parties des végétaux , & de beaucoup
Hijloire Naturelle, lnfc8.cs. Tome I.
de grain, a I’eftomac fort Se mufelé comme
celui des oifeaux granivores ; il lui croit ne-
ceflaire de pouvoir à la fois le plus 8c le
moins. Le Héron , qui ne vit que de poiflbn ,
a l’eftomac beaucoup moins fore , & qui
approche plus de la éonfdrtnatiôn de lefto-
mac . des 4'Aïmàux Carnivores , que de celle
de l’eftomàc ;'des oifeaux granivores. Mais
j’ai été entraîné par la facilité à multiplier
les exemples qui prouvent le rapport entre
la nature des alimens , les parties qui fervent
à les prendre & à en faire la digeftion. Je
parte aux infeâes, qui font mon objet principal.
Les infeâes vont nous fournir des preuves
plus fortes encore , que les' autres animaux,
des rapports que nous examinons. On laïc
que les infectes partent la plupart par diffe-
rens états , ou différentes formes ; que beaucoup
fe nourriffènt d’atimens différens, dans
létirs différens états ; que ceux qui en fu-
biflent trois, ne prennent pas dalimens dans
le fécond. Les parties.qui fervent à en prendre
dans le premier état, né font pas, dansbeaa.
coup d’efpèces, les mêmes qui fervent à en
prendre dans le troifièmê; & dans d’autres ef-
pèces, il y â'des différences 'très-grandes entre
ces parties, qui cependant ont quelques rapports
dans les deux états pendant lefquels l’infeâe
prend de la nourriture. Dans l’état
mitoyen Pinfeâe n’a point de parties qui
puiflent lui fervir à prendre de la nourriture.
Entre le premier 8c le dernier, il y a des
différences très grandes dans les vifeères , 1
l’intérieur defquels la digeftion s’opère ,
comme il y en a entre la nature des alimens
fort différens aufli dans ces deux écacs.
Je commence par le Papillon qui fubic
trois états, dont l’exemple eft frappant, &
peut être appliqué à beaucoup d’autres in-
feâes.
L’érar de Chenille eft le premier du Papillon
, qu’elle contient à fon intérieur déjà
formé , mais non pas développé, comme
nous l’expoferons en traitant des changement