c'une des matières propres à conftruire un
nid, ils profitent, fuivant leur taille, des
trous que des Pics de même groffeur ont
creufés l’année précédente ou au commencement
de la faifon , qui ne leur fervent
plus & qu’ils ont abandonnés. Les Perroquets
de taille trop grande pour rencontrer des
trous creufés par des Pics qui leur conviennent
, ou élargiflent ces trous quand il y
peu à faire , ou nichent dans des arbres creux.
Les Hirondelles, dont le bec court, mince,
plat, eft fans force, ramalTentde la terre
que l'eau a détrempée, l’appliquent contre
une muraille ou un rocher , & en bâtiflent
un nid qu’elles garniflènt de quelques plumes
à l’intérieur : c’eft tout ce qu’elles peuvent
faire dans nos climats feptentrionaux. Mais
dans les pays chauds de l’Amérique ,
où il croît des plantes dont les femences ai-
gretées fournillent une houatte ou fubftance
légère , facile à tranfporter, qui fe feutre
ailément ; il y a des Hirondelles qui emploient
cette fubftance pour en conftruire
leur nid : elles lui donnent une forme circulaire
, pyramidale , & le fixent par fa
bafe à la furface d’un bâtiment, d’un rocher
ou d’un arbre.
Les oifeaux de proie diurnes de la plus
grande taille , comme des bigles , les Vautours,
tranfportent quelques bûchettes à la
cime des rochers les plus efcarpés, au haut
des montagnes que ces oifeaux habitent, les
pofenr en travers d’une éminence à une autre
& étendent deffus quelques plantes fèches;
cet amas groflier, qu’on nomme aire, eft leur
nid; il'leur fuffit, fa fituation le met à l’abri
des dangers à craindre de la part des animaux
rerreftres qui ne peuvent parvenir à
fa hauteur, & la puilfance de ceux qui le
conftruifent aflùrent contre les autres oifeaux
la tranquilité des petits auquel il eft deftiné. -
Les oifeaux nofturnes auxquels l’obfcurjté
ne celle pas d’être néceffaire , conftruifent
leur nid dans les antres, les trous de murs, '
Jgs fentes, les troncs dartres creux où ils 9m
coutume de fe retirer pendant le jour, fui-
vant.leur efpèce.
Les oifeaux qui ne fe perchent pas, placent I
la plupart leur nid à terre , mais dans des I
lieux & fur des terreins différens , félon leurs I
habitudes , fuivant la nature des alimens I
dont ils vivent. Ainfi la Perdrixgrife,qui ha- I
bite les plaines , y fait fon nid au milieu des I
terres enfemencées ; la Perdrix rouge, qui vit I
fur les terres en colline , le place parmi les I
brouffailles ; le Proyer^ leTraquet, qui habi- I
tent les prairies, nichent au milieu de l’herbe I
la plus touffue. Certaines efpèces de Tra- I
quets, qui ne vivent que dans les bois, qui fe I
tiennent communément fur les terriers des I
Lapins, & qui ne trouvent apparemment I
qu’en ces endroits les infeétes dont ils fe I
nourrilfent ; les Bergeronnettes, qui fréquen- I
tent aulli les bois plus volontiers que la plai- I
ne , qui fuivent les troupeaux pour prendre I
les mouches qu’ils attirent, conftruifent leur I
nid , les premiers toujours , St les fécondés le I
plus fouvent parmi la bruyère , le gener & I
les brouffailles qui forment la lifière des bois,
lieux près defquels - les troupeaux viennent
fouvent paître.
Les Vanneaux , la BécafTê, le BécafTeau &
tous les oifeaux qui fe nourrilfent de vers de
terre , nichent ou dans les endroits' des bois
les plus humides , ou. la terre fe conferve
plus long-tems fraîche, où les vers en for-
tent plus conftamment ; où ils font leur nid
fur des terreins marécageux , parmi les herbes
grofîîères qui y croilfent. Tous ces oifeaux |
foulent feulement le terrein & l’herbe , au
centre de l’endroit ou ils veulent conftruire
leur nid ; ils entrelaffent enfuite ou les brins
d’hérbe, ou les rameaux des halliers qui bordent
l’aire qu’ils ont battu , ils les courbent
au-deffus de cet aire , ils en font une palif-
fade, & une forte de toît , qu’ils écartent
pour fortit, & qui fe rapproche par fon élafti-
cité ; puisils couvrent le fond & les côtés du nid
demouffe, de crin, de laine, de poils, de plumes,
&c-, pu Amplement de plantes fèches,
fuivant qu’ils font d’efpèçes plus grandes.Si
plus fortes, où plus petites & plus délicates.
Cependant , il y a des oifeaux qui ne feperchent
pas ordinairement, qui fe nourriffent de Poif-
fons , & qui fréquentent , par cette raifon ,
le bord des eaux, dont les uns nichent fur la
cime des arbres les plus hauts , & les autres
fur le fommet des édifices l.es plus élevés.
Tel eft , dans nos pays le Héron ; & dans
ceux du nord la Cigogne. Leur taille, le volume
qu’occupe leur nid , les feroit trop aifé-
rnent découvrit à terre ; ils y feraient trop inquiétés
par le paflage , le concours des autres.
animaux ; d’ailleurs ils- ont le beç très-
long , . fort : effilé à proportion , propre à
tranfporter 8c à mettre en oeuvre les différentes
matières propres à conftruire un nid ; leurs
aîles font très-amples, & leur vol eft prompt.
Il leur coûte donc & je u de tems & peu de
peine pour fe tranfporter du lieû où ils ont
établi leur nid , aux endroits où ils trouvent
leur nourriture ; enfin ils en apportent à leurs
petits jufqu’à ce qu’ils foient en état d’en
chercher eux-mêmes., & ce n’eft que dans
ce tems que les jeûnes commencent à defcen-
dre fut le .bord des eaux. Mais les autres
oifeaux qui fréquentent également les eaux
pour y chercher à vivre , placent différemment
leur nid , d’après des circonftances différentes
dans lefquelles ils fe trouvent. Un
grand nombre a les pieds palmés ou femi
palmés, beaucoup plus en arrièrequ’en avant,
& hors du centre de l’équilibre ; ces oifeaux
auraient beaucoup de peine à fe-tenir fur les
arbres ; ils ne s’y perchent donc pas & n’y
conftruifent pas leur nid ; ils n’apportent point
de nourriture à leurs petits , ils ne leur en dégorgent
pas; mais les petits cherchent eux-
même leurs alimens , prefqu’auflî-tôt qu’ils
font nés , en fuivant leur mère, & ils fe jettent
à l’eau avec elle ; il falloir donc qu’il
puffent defcendre du nid prefqu’en naiilânt.
Le père 8c la mère le conftruifent ou à terre
parmi les rofeaux & les joncs qui fervent à
le cacher, ou fur des troncs d’arbres fort bas,
tels que des fautes, des Ôfiers qui ont été fou-
vent étetés & d’où la defcente ou la chute ,
foit fur le fommet des herbes , foiç fur la
furface de |cauj même eft fans rifque pour les
petits': on doit encore obferver qu’une fois
fortis du nid, ils n’y rentrent plus, mais qu’ils
fe repofent & couchentà terre parmi les joncs
ou autres plantes, fous les aîles & les plumes
de la mère qui les réchauffe. Les Canards, les
Oies , les Poules d’ eau , les plongeons , les
Grèbes, les Foulques, & c ., font, en généra!,
dans le cas dont je viens de parler. Cependant
, il y a quelques oifeaux palmés qui
perchent, & , parmi ceux-ci, quelques uns qui
nichent fur les arbres , tels font les Çormo-
rands,\es Anhingas, le Canard de l’Amérique
feptentrionale , connu vulgairement fous le
nom de Canard branchu , 8c nommé par M.
de Buffon , le beau Canard huppé. Qu’on faffe
attention à la pofition des pieds de ces
oifeaux, on les trouvera avancés vers le devant
, & placés au centre d’équilibre, à-peu-
près comme dans les autres oifeaux qui perchent
; l’hiftoire du Cormorand nous apprend
de plus , qu’il nourrit fes petits 4n leur dégorgeant
ie poiflon qu’il a pris. Quant à
l’Anhinga , les naturahftes ne nous ont pas
appris comment il mène & comment vivent
fes petits. Il refte donc le Canard branchu ;
il fe plaît dit-on, au haut des plus grands arbres
: il y conftruit fon nid : quand les petits
font nés , le père 8c la mère les tranfportenr
doucement, pofés fur leur dos & en planant;
ils les defcendent du nid où ils ne retourneront
plus, à la furface des eaux. La chofe
n’eft peut-être pas impoflible, mais elle a je
né fais quoi de.merveilleux , qui paraît auto-
rifer à en douter. Ne feroit-il pas plus vrai
que les Canards branchus-placent leur nid
affez bas fur les arbres , comme beaucoup de
Canards de nos climats, pour que les.petits
s’élancent d’eüx-mêmes à 1 eau ?
Ce qu’on vient de lire concerne particulièrement
les oifeaux qui vivent fur les eaux
douces: ceux de mer ont coutume de fe raf-
fembler pour nicher fut des rochers à fleur
d’eau,ou des iflots ifolés & défera au milieu
des .flots : c’eft un afyle environné-de toutes
parts : aucun animal n y pénétré ; l’homme
; même n’y aborde qu’avec peine , 8c rarement,
la tranquillité, la fureté y font entières:.