
des u n s, & s’éloigner des autres; s’en mettre
en polTeffion , eu jouir , ou les fuir &
éviter leur impreffion, Sans ces conditions ,
les objets extérieurs pourroient, par leur
n a tu re, leur d ureté, leur choc fleu rs ema-
nations, détruireTexiftence des anim au x, ou
y nuire d’une infinité de manières différentes:
ceux-ci ne pourroient erre avertis de la
ptoximitédesobjèrs, diftinguer leurs qualités,
& s’en mettre' en polTeffion , ou les éviter.
Ces deux conditions font rem plies, p a r l’im-
preffion des objets fur les fens; elle eft ou immédiate
, on elle a lieu par l’intermède d’un'e
fubftance qne les objets extérieurs ont rois
en mouvement, & qui agit fur les organes.
Ces différens objets font ceux qui vont nous
occuper dans cet article. Les conditions, dont
nous,venons de parler, ontlieu pour lesinfeétes
comme pour les-autres animaux' : il éroit
d’autant plusénéceffaire qu’elles fulTent remp
lie s, & qu’elles le fulTent avec plus d’exactitude
dans les infeéles, qu’étant plus fo i-
b le s,-ils ont des. dangers plus mu ltipliés,
plus fréquens à reconnoîrre & à éviter , des
befoins plus nombreux à fatisfaire.
D e s fen s , de leurs o r g a n e s d e la manière
dont les corps extérieurs les ajffeclent • des
fu ites de l’imprejjion des objets extérieurs
' fu r les fe n s, ’ & d e là manière dont cette,
impreffion ejl tranfm'fe.
Les animaux qu’on regarde comme parfaits
, parce qu’ils réunifient tous les avantages
que comporte Texiftence a n im a le, ont
cinq fens : on fait que ce font le toucher,
la v u e, l’o u ie Y o d o r a t & le goût ■ les: quadrupèdes
, les cétacés, les quadrupèdes'ovi-
pares, leso ifeau x, les.reptiles, peut-être tous
les pouffons, jouiffent des cinq fens que nous
avons nommés; mais il eft une foule d’autres
animaux qu’on regarde comme imparfaits,
principalement parce qu’ils femblent manquer
de quelque fens ; les infeéles font dans ce
dernier cas , en général & en particulier, félon
le différent état de leur vie dans lequel
ils fe trouvent. C ’eft ce que nous allons éclaircir
en nous occupant des différens fens fuc-
ceffivement.
D u toucher.
L e toucher eft le fens par lequel les animaux
font avertis du contaét des objers , Si
font affeélés par plufieurs de leurs.qualités ;
comme la folidité ou la flu id ité, la. durete
ou la 'm o llette, la chaleur ou le froid. L ’exercice
de ce fens a fieu de deux-manières; i° .p a r
le contait des objets extérieurs déterminé par
une caufe qui les a mis 'e n mouvement ;
i° . par leur contait que les animaux ont
recherché eux - mèmès en s’approchant des
objers : ils affeétent, de l’une ou l’autre m a nière
, ou tour le corps , ou feulement
une portion de fon étendue. T ou te la fur-
face de la peau eft fenftble à Taétion du
toucher, les parties.qu’elle couvre, & même
les parties internes mifes à d écouvert, ou
touchées par un corps introduit à Tinterieur
pat une caufe quelconque , y font également
fenfibles ; c ’eft par la furface des parties
que le- toucher les affeéte en général ;
mais chaque partie devient ferffibie a fon
aétion dans fon intérieur, fi elle a été entamée
& o u verte, parce que la plaie change
l’état des chofes & que les parties^internes
ouvertes préfentent à leur intérieur une fu r-
face au corps qui les touche en cet endroit.
Toutesles parties du corps font donc fenfibles
à l ’aétion du toucher, elles l’éprouvent par
leur furface, & elles peuvent en être affrétées
dans tous les points d e leur intérieur, fi les
circonftances Font que chacun de ces points
préfente une furface ; il s’enfuit que c’eft
par l’extrémité des parties qui font l’organe
du 'toucher , parties que nous allons déterminer
dans Tinftant-, qu elles éprouvent l’action
du contaét des objets extérieurs.
Quoique toutes les parties piaffent', fui-
vanc les circonftances , éprouver , même a
l’intérieur , l’effet du contaét, dans-l’état naturel
, c’eft la furface du corps , ou plutôt la
furface de là peau qui eft deftinée. à cet ufage ;
elle y fert en général, foit que ie contact des
objets extérieurs déterminé par une caufe
P R E L I M I N A I R E . lix
quelconque , ait lieu de leur p a r t, Toit que
les animaux fe foient approchés des objets,
& mis en contaét avec eu x, ou volontairement,
ou involontairement ; mais certaines portions
de la furface de la peau font fpécialement d ébinés
au contact que les animaux exercent
volontairement ; ces portions font plus -fenfibles
, le contaét les affeéte plus v iv em en t,
les organes qui ' fetvent à ,1’exercice dy
toucher y font plus nombreux, plus à découvert
& plus à la furface de la peau ; d’ailleurs
ces portions de la peau couvrent, des parties
dont la forme , la foupleffe, la ftruéture, qui
leur font particulières , leur permettent de
-toucher les corps par une plus grande fut-
face en même rems , d ’en , m ieux fuivre les
contours , les, éminences , les dépreffions &
la forme totale. 11 y a donc, deux lièges du
fens du toucher; Tun général moins d élicat
, c’eft la. furface de la peau dans toute fou
étendue ; l’autre particulier & d ’une fenfibi-
lité plus grande , c’eft la furface de la peau
de certaines parties feulement ; on regarde
ordinairement ,,ces parties comme le liège
’principal du. toucher. C ’eft dans l’hom m e,
l’extrémité des doigts de la main , au deffous-
de l’o n g lè, à la furface interne; le nombre
des nerfs qui aboutilfent en cet en d roit, leurs
divifions nombreufes , les houppes qu’elles,
fbrrr int y le u r proéminence fous Tépiderne ,
rendent le toucher plus fenfible en ce point
qu’en aucune autre partie du corps ; la foupleffe
des doigts , leur ftruéture , metrenqen état
de mieux fuivre les contours & la forme des
objets : c’elt auffi l’extrémité des doigts que
nous appliquons à la furface des corps , quand
nous voulons en juger d’après le toucher ; les
antres parties de notre, corps font bien .affrétées
par ce fe n s, mais d’une manière
i-jin s parfaite , à caufe de- la forme des
doigts & dé l ’extrême finette du raét qui a fon
liège à leur extrémité.- Aucun des animaux
n a les mêmes moyens de toucher, en même
rems les objets dans une auffi grande étendue,
en en fuivant de même les conrohts, la formé
&lesaccidens qu’elle prélente; cependant les
propriétés des objets que le toucher fait con-
noître , font nombreufes , elles font im portantes'à
déterminer ; d’ailleurs les rapports
de ce' fens , les réfultats qui en fui-
v e n t, font fûrs , au lieu que les autres- fens
font fujets à tromper , qu’on eft certain de
1a fidélité, de leurs .rapports qu'aptes les
avoir vérifiés par celui' du toucher , ainfi, que.
nous Texpoferons dans un inftant : la perfection
du fens du tou ch er, procure donc une
grande fùpérioritéphyfique. Nous ne parcourrons
que rapidement l’état des différens a n imaux
à cet ég a rd , il paraît que le fens du-
touchet a un liège particuliervdans quelques
uns ; qu’il fe trouve dans l’Eléphant à l’extrémité
d'ê fa trompe ,- qu’il applique inceffam-
ment à la furface des objets Si qu’il plie à
l’entour : l’intérieur de la bouche du C h e v a l,
la furface de fon palais , les coins de fa bou-
x h e font plus fenfibles qu’aucune autre partie
de Ion corps; c’eft par cette raifon que le
frein qui lui eft mis dans la bouche le dompte
& le foumet à la volonté de.celui qui le faic
agir. 11 n’elt pas facile de déterminer, fi le
toucher a un liège particulier dans d ’autres
animaux , même dans les Singes : quoique la '
conformation de leur main diffère peu de la,
conformation de la main de l’homme , ils ne
paroiffent pas s’en fervir fpécialëment pour
toucher ; mais leur main peut être apte à cec
u fage, fans qu’ils l’y em p lo ient, parce qu’ils
ne font rien avec attention,. Seront fans réflexion
, avec étourderie’ & précipitation. Sans
décider donc fi il y a d’autres animaux que
l’Eléphant & le Ch eval en qui le toucher
ait un fiège particulier, nous nous bornerons
à remarquer que lè toucher exercé parla furface
de la peau couverte par les poils dans les q u adrupèdes,
parles plumes dans les oifeaux, par
les écailles dans les poittons & les reptiles , ne
peut avoir beaucoup de finette dans ces d ifférens
animaux ; que dans les infeéles dont le eprps
eft couvert par une peau épaitte , dure &
membraneufe, ainfi que dans les autres animaux
auffi couverts & enveloppés par un têt
folide , le toucher ne peut être qu’un fens
fort obtus ; à moins que la peau des infectes
& le têt des animaux , qui leur jrettemblenc
dans la manière' d ’être couverts , ne foienc
percés de pores à travers lefquels s’avance
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