
cruel« , les portent à s’attaquer, s’entre-déchirer
& Jè dévorer les uns les autres ; parce
qu'enfin on tranfporte des vivres' dans fa
retraite , qu’ils font rares-& que la recherche
en eft pénible 8c dangereufe, 8c encore parce
qu un trou qui fe trouve tout fait en terre
& allez grand, unecavitéau pied d’un mur,
dans le tronc d’un arbre , fous des décombres
ralfemblées , fous une pierre , & c. offrent
un afyle dont on profite fans fouiller la
terre.
Le Renard creufe un terrier & s’y refu- .
gie, quoiqu’il foit carnaciér , qu’il puiffe
fe défendre par la force de fes morfures ; la
Fouine , le Putois , la Belette, &c. quoique
ces animaux mordent aulîî cruellement, fe
cachent également dans des trous, foit qu’ils
les creu fen tfo it qu’ils profitent de ceux
qu’ils trouvent tout faits, ou que différentes
circouftances leur préfentent un afyle ; ils
vivent folitaires & ne s’entr’aident pas; tous
ces animaux répandent une odeur très-forte
qui s’exhalant aujoin lès expoferoit trop à
être découverts en plein air, & à être .fur-
pris dans-les momens de repos & 'd e fom-
meil; ils vivent tous dé proie, genre de nourriture
toujours difficile à fe procurer , -qui
profcrit l'alfociation parce qu’il ne permet
pas de partage : le Renard , de plus,
tranfporte dés vi.vres à fon terrier, & les y
conferve. Enfin le tems de la charte le plus
ordinaire parmi ces efpèces ,. eft celui du
repos ou du fommeil pour les autres animaux
, & le jour celui ou ils fe cachent dans
leur retraite pour fe repofer ; il en falloir
donc une où le.bruit, la lumière ne les trou-
blarteut pas 8c ne filfent pas d’impreffions
fur leurs- fens.
Les autres quadrupèdes, foit qu’ils vivent
en plaine, foit qu’ils habitent les bois ou
les montagnes, ne fe préparent pas d’afyle.
La force de leur conllitution les en dilpenfe
fans doute , & quand ils en fouffriroient,
c eft un mal auquel le plus grand nombre
ne peut remédier faute de moyens; car que
pourroient entreprendre & exécuter ceux qui
font folipèdes, ceux dont le pied eft terminé
par une corne bifurquée. Ils fe contentent
donc du foible abri qu’ils trouvent auprès
des corps répandus dans les lieux qu’ils habitent.
Le Lièvre qui, conformé comme le
, Lapin , pourroit, dans les plaines qu’il habite,
fecreufer un terrier, fe cache au milieu
des végétaux quand la terre en eft couverte;
quand la main de l’homme & la rigueur
de la faifon l’en ont dépouillée, une motte
de terre, un fillon, une pierre, la moindre
élévation deviennent un abri pour le Lièvre;
il s arrête au bas de l’éminence qu’il a rencontrée,
toujours au-delfous du vent, donc
elle rompt en par-pie la violence : il trouve
encore d’autres avantages dans cette pofition,
le courant de l’air couche fes' poils le long
de fon corps, le vent & le froid en pénètrent
moins avant, fa peau en eft mieux garantie ;
la pluie ou les autres météotes aqueux en
glilfent plus aifément fur fa robe ,. & l’itn-
bibent moins. Il en eft donc moins mal en.
tout, car on a peine à concevoir qu’il foit
bien : il l’effc fans doute par fa conftirurion,;.
mais il eft expofé , fur-tout en hiver ,- à être
découvert , & il eft fans défenfe. Il forme
donc une exception dont les habitudes font
très- difficiles à expliquer.. Ne tie.ndroient-
elles 'pas à ce que beaucoup plus élevé fur
.les jambes de devant que le Lapin, portant la
tete plus haur, fans celle aux aguets, toujours
prêt a prendre la fuite , ayant peut-être la
vue plus perçante & découvrant.de plus loin ,
ce que la comparaifon des yeux nous appren-
droit, le Lièvre découvre le danger, & s’y
fouftrait de beaucoup plus loin?
Les quadrupèdes qui vivent dans les bpis,
cherchent, pour s’y repofer, les endroits les
plus fourés, ils s’y mettent .à l ’abri fous le
feuillage & les ^branches, & près du tronc
des arbres; ceux qui habitent les montagnes
en font autant quand elles font boifées ,~ ou
ils fe.retirenc fous l’avance d’un rocher, dans
les fentes & les gorges.
Les oifeaux ne fe préparent point de retraite
pour eux, quoiqu’ils en préparent avec
foin pour leurs petits, & , qu’ib en aient
par conféquent le moyen ; ceux a qui leur
conllitution rend un abri moins ouvert à l’air,
plus néceffaire qu’aux autres, le trouve dans,
les trous, les fentes des arbres, des-rochers,
des bâtimens en ruines ou dégradés : tel eft
entr’autres le Moineau franc. Les oifeaux de
nqie qui ont befoin de. cajme, d’obfcürité
pendant le jour, cherchent auffi defemblables
retraites ; les autres-oifeaux , comme les qua-
drtipèdes-,- fujvant qu’ils habitent la plaine ,
les bois ou les .montagnes, fe cachent, les
premiers, au milieu des végétaux, ou fe
mettent à l’abri de quelqu’élévation, les féconds
fe. réfugient fous le feuillage & les.
branches des arbres, & les derniers fe retirent,
comme V Aigle, le P autour, &c. dans
les cavités, les fentes, les gorges des montagnes.
Une partie des quadrupèdes ovipares, tels
que les lézards qu’on voit dans les jardins,
trouve un afyle pendant la nuit & dans les
tems de pluie, en été, dans les creux, les
fentes des murailles ou fous des amas de
pierres ; ces retraites font encore celles où
ils partent l ’hiver engourdis; d’autres Lézards
fe cachent fous les halliers les plus épais, &
fous l’herbe dans les bois ; les quadrupèdes
qui vivent dansl’eau, comme la Salamandre ,
la Grenouille, s’enfoncent dans la vafe , fe
cachent entre les touffes des plantes aquatiques,
fous les pierres qui font dans l’eau,
ou fe réfugient dans des trous qu’ils trouvent
au bord des eaux & qui en font baignés.
Les Crapauds,-quand ils fe jettent à l’eau, &
& qu’ils veulent fe cacher , s’infinuent entre
les joncs , les refeaux & autres plantes aquatiques,
ou-s’enfoncent dans des trous, dans
la vafe, fous des pierres, &c. fur terre, ils
fe mettent à l’abri de la chaleur, du foleii,
de la féchereffe, qui font pour eux le mauvais
tems j fous l’herbe , des amas de feuilles
ou de pierres, dans les trous qu’ils rencontrent
en terre , dans les cavités des troncs
des arbres creux ; ils cherchent ces retraites
dans les lieux frais, ombragés, & ils y relient
jufqu’à ce que la pluie, qui convient à leur
cxvi;
conllitution, qui engage lçs autres animaux
à fe retirer, les invite à fortir , à fe répandre
& à s’expofer au dehors. Des trous creufés
par des animaux qui les ont abandonnés,
loti que quelqu’atttre caufe rend ftéquens à
la furface de la terre leur fervent d’afyles
pendant l’hiver.
Les reptiles, danf nos climats au moins, fe
plaifent dans lès lieux ombragés, ils y férpen-
tent fous Iécouverc des herbes, entre les haies
& les brouffailles; ils fe retirent, pour y relier
en repos, fous les amas de pierres, dans les
troncs des arbres creux, dans les fentes , les cavités
ou les trous qu’ils rencontrent en terre, 8c
ils partent la faifon rigoureufe dans ces derniers
afylès où ils demeurent engourdis. Mais
ces reptiles d’une énorme'taille , tels qu’on
dit. qu’on en rèneontrè en Afrique, qui
étouffent entre' leurs longs replis les plus
grands quadrupèdes, en brifent les os, leur
aplaîirtent le corps, & les engloutirterit en
les fuçanr, en les afpirant lentement , ne
parodient pas chercher de retraite ni d’antre
où ils fe cachent ; leur exceflîve force les
difpenfe de cette précaution dont leur grandeur
rendrait l’exécution difficile.
Les cruftacés , dont le plus grand nombre
habite les. eaux falées., d’autres les .eaux douces
, quelques-uns fur terre , fe mettent à
l’abri & fe cachent, les premiers fdusl’avance
des rochers, ' dans leurs fentes, leurs cavités ;
.les féconds s’enfoncent fous le fable ou la vafe,
ou entrent dans les trous creufés fur les-rives;
les derniers , dont aucun ne fe trouvent dans'
nos climats, fe tiennent dans des trous en
terre , tels font les crabes appellés turlurus à
la Guadeloupe, ou dans des fentes dérocher,
ou fous les racines qui fo.nt une faillie ; parmi
.les cruftacés qui vivent dans les eaux lalées ,
il en eft un,, celui qu’on connoît communément,
fous le nom dz-Bernard-1’Hermite,
dont la partie p'oftérjeure du corps n’eft couverte
que d’une peau molle, & “dépourvue
dù têt , qui défend le relie de fes membres ; il
fetoit dans fes courfes trop expofé au ftoif