
tâtions d’arbres ; on eft donc réduit , dans
ce cas , à fouit la terre au pied des jeunes
arbres, & à enlever les larves. Quelques
perfonnés confeillent , en faifant les plan-
rations , de mettre de la fuie au bas de la
tige de chaque plan , & d’en couvrir la iur-
face de la terre pour les jeunes feinis qui
font levés. Ce procédé paraît pouvoir avoir
quelqu’effet, parce que’ les pluies , en détrempant
la fuie , ,en l’entraînant dans la
terre qu’elles pénètrent , peuvent répandre
autour des racines un amertume qui déplaît,
en général , aux infeéles.
Les dégâts dont nous venons de rendre
compte,, exercés fur les' racines, font la caufe
de la perte d’ un grand nombre de plantes,
potagères , & un des- qbftacles qui s’oppofen:
davantage à la multiplication des jeunes , arbres,
qui retardent, fur-tout , les femis ou
les plantations des bois que leur étendue empêche
de foigner.
Il nous relie à nous occuper des végétaux
dont les botanilles forment des herbiers , &
de ceux que nous employons comme meubles
ou matériaux.
Les herbiers font fouvent endommagés par
les deux efpèces d’Atithrennes, l ’Amourette
ôcl’ Anthre'nne airoderie. Ces voraces infeéles
vivent également' de végétaux frais & def-
féchés . & de fubltance animale1, mais il faut
que celle-ci foit deflechéé. La Pinee ell l’in-
fe£le le plus commUn'dâns lés'herbiers-, &
celui qui les gâte le plus : on y trouve aufli'
des Bruches ; les Mitres qu’on voit courir
attaquent plus le papier que lés végétaux qu’il
couvre. Il n’y a de moyen dé 'conferver les
plantes , que d’enfermer les 'Herbiers dans
des boîtes bien clofes ; & quand ils font attaquées
par lés infeétés , que d’éxpofer fuc-
ceffivement les cahiers à la chaleur d’un four
dont on vient de retirer Iepain, mais il faut
plutôt les 'étendre que trop' les amonceler ,
parce que fi les ras êroient trop épais , la
chaleur ne pénétrerait pas jhfqù’aù centre.
Les bois mis en oeuvre pour la charpente ;
la-menuifeiie , la marqueterie , & employés
comme matériaux ou comme meubles , font
piqués par les larves de quelques infeéles qui
s’y enfoncent pour s’y nourrir de leur fub-
ftance. Il n’y en a pas qui les pique plus fou-
vent & en plus grand nombre que la Vrillette.
Mais c’eft un très-petit infecte • le trou que
fait fa larve à peine d’ une demi-ligne de
diamètre , n’en a pas plus de deux ®u trois
de profondeur : quelque multipliés que foienc
donc ces troux lur les pièces de bois de charpente,
ils n’en n’altèrent point la folidité,mais
ils forment de grandes défeéluofîtés fur les
meubles, les boiteries & s’ils font très-rapro-
chés, fi les pièces font foibles, iis en altèrent
la folidité, ils caufent même la féparation &
la chute des parties faillîmes que leur poids
entraîne. Les bois ainfi piqués à l’excès, font
ceux qu’on appelle bois: vermoulus. La peinture
à l’huile & le vernis mettent les bois
à l'abri d'être piqués pendant long-tems ; car
ces fubftances-s’altérant ou s’évaporant à la
longue, fion-ne les renouvelle pas, les boi-
feries & les meubles font percés comme s’ils
rieuflent pas été peints. Les Vrillectes n’attaquent
pas les boi"s qui font encore vérd's ;
elles préfèrent les’plus fecs & les plus anciennement
coupés. Elles faveur, dans les bois
réfineux , comme le fapin , n’attaquer que
les parties fib’reufes , & elles laiffent de côté
les molécules de -féline. C ’eft pourquoi elles
riè font pas’à'Ctalnd-te parmi les bois médicamenteux
dont elles ne rongent que les fibres
ligneufes, inertes, & elles laiffént la partie ré-
ifiheufe qui eft- la feule aélive : ainfi le quinquina
piqué dé vers n’en a que plus’de Vertu
fouS un même-volume.
Quelque nombreux que foie'nt' les -dégâts
faits par les’ infêétesriont' nous venons- de
faite l'énft'mératiôn , nous en avons lurement
omis beaucoup. Mais cette partie deThiftoire
de ces'animaux eft-fi-éfendüe qu’il eft peut-être
impoftiblè d’en réunir tous les fajts. De même
quelques- torts que nous faffent les infeéles
d’après les faits que nous avons cités , quel-
qu iîîsom-modes que foient pour nous ces animaux,
ni les dégâts qu’ils exercent dans nos
contrées, ni leur importunité , ne font rien
en comparaifon des ravages qu’ils exercent
dans les pays chauds, & des incommodités
qu’ils y caufent aux hubitans. j ’ajouterai donc
à ce que j’ai déjà d it , & je terminerai par la
cet article : i ° . une obfervation générale ;
a0, l’hiftoirede trois infeéles, dont undévore
& gâte, dans les habitations, toutes fortes
de fubftances , dont un autre n’épargne rien
non plus dans les lieux habités où il pénècre,
& caufe la chute des batimens; ces mêmes
infeéles détruifent les récoltes au dehors ;
enfin , je finirai par un troifième infeéle
qui dévore toutes les ^parties des végétaux
herbacés , dont l’apparition a fouvent été
fuivie de la famine & de maladies conta-
gienfes. Ces infeéles font: i ° . 1 es {Blattes
ou Kakerlas ; les Thermes ; 3 °. les
Sauterelles. Avant de parler des dégâts qu’ils
font , je remarquerai que plus uu pays eft
inculte , plus les infeâes s’y multiplient ,
parce que par la culture on détruit, fans en
en avoir le deffein , beaucoup de leurs oeufs&
de leurs chryfalides. C ’eft par cette raifon que
les Confins, qui ne font qu’incommodes dans
nos . contrées, font dans les régions peu cultivées
ou inhabitées , fi nombreux qu’ils forcent
les hommes, même les moins délicats, à
fe garantir de leurs piquures , dont le nombre
.produirait une inflammation générale
de toute la peau. Mais à proportion que le
climat en plus chaud , les infeéles y font encore
en plus grande quantité , & plus préjudiciables
,_ parce qu’ils ont plus d’aélivité.
De là vient que dans les pays chauds , même
cultivés , les infeéles font beaucoup plus de
torts , & font plus incommodes que dans
nos contrées.
. Nousavons, dansnos.campagnes, quelques
Blattes , mais fort petites , & qui n’y font
aucun dégât. Il y en a , dans les maifons,
une .efpèce plus grande ; elle fe retire dans
les cuifines dans les fentes quelle trouve
près des cheminées ; elle eft fur-tout commune
chez les boulangers , où elle trouve
de la farine , dont elle eft avide , & près
du four, la chaleur qui lui eft néceflaire.
On trouve aufli une efpèce de Grillon dans
les mêmes endroits. Ce font tous deux d*
forts grands infeéles, d’un afpeél hideux 3
c’eft de ces deux efpèces qu’on trouve quelquefois
des fragmens dans le.pain , qui en
rendent les morceaux , où on les apperçoit,
dégoùtans ; c’eft à peu près tout le tort.
que ces infeéles nous font. Mais il en eft
tout autrement des Blattes dans les contrées
méridionales des deux continens ; ces infeéles
y font très-grands ; les efpèces en font
variées , & le nombre des individus eft
exceffif. Les Blattes fe cachent pendant le
jour dans les trous de murailles., fous les
meubles & dans tous les recoins obfcurs ,
mais elles font dans une. extrême aélivité
pendant la nuit; elles courent,.fe répandent,
& volent alors de tous côtés ; elles fe jettent
fur les comeftibles de toute efpèce, les dévorent
& en infectent les telles par l’odeur
qu’elles y répandent ; car ces infeéles eh ont
une très-forte, très-défagréable, qu’ils communiquent
à tout ce qu’ils touchent ; les
Blattes, au défaut des alimens qu’on fouf--
cxa.it à leur voracité , fe jettent fur les meubles
, rongent le cuir & les peaux de toutes;
efpèces , la toile & les différentes étoffes ;
elles cherchent même, jufques fur la tête des
perfonnes qui dorment la tête découverte ,
les relies de la poudre qui s’eft amaflee à la
racine des cheveux., & comme, en la fai-
fiflanc, elles pincent fouvent la peau, elles
éveillent d’une manière défagréable. Elles,
font attirées par la lumière , & le foir elles'
fe précipitent fur les tables où elles courent,
où elles tombent au milieu des mets & en
dégoûtent. On les regarde généralement
comme un fléau , par les dégâts qu’elles font
dans les comeftibles, les meubles, les vê-
temens, les bibliothèques où elles rongent
les livres, St à caufe de lodetir fétide &
répondante qu’elles répandent & qu’ellas
communiquent à ce quelles ont touché.. Le
plus fur remède contre les Blattes ,èft la propreté
, de tenir les murs bien enduits , de
boucher tous les trous, & de leur faire, pendant
le jour, la chaffe , dans les.retraites
obfcures où elles peuvent fe cacher. Nous