
partent, ou dans lefquëls ils travaillent, en
font fouvent a (faillis. Ces perfonnes s’en délivrent
aifément par des foins de propreté,
ou en facrifiant leur chevelure , (i ces foins
ne fuffifent pas. Mais les indigens qui fe rencontrent
avec- d’autres infortunés déjà attaqués
, ou qui leur fuccèdent dans les lieux
que les premiers ont fréquentés, font dans
l ’impolfibilité de n’ëtre pas eux-^iêmes attaqués
, ils manquent fouvent & de moyens &
de tems pour prendre les précautions de propreté
néceffaires, & ils éprouvent bien-rôt
tous les maux que cette fatale efpèce d’infecte
peut caufer. Il y a plufieurs moyens connus
de la faire périr , comme l’emploi de
ïonguent gris, fouvent mis en ufag.é , la poudre
àejlapkifaigre, eu herbes aux Poux, & c.
Mais ces moyens , fur tout ceux dont je ne
parle pas , parce que je crois dangereux de
les indiquer à ceux qui ne les connoiffent pas ,
peuvent fouvent , Suivant les cas, etre pernicieux
; il ferait donc à defirer qu’on n’en fie
pas ufage fans confultet un homme de l’art
qui ne refuferoit pas fon avis , & qui pref-
etiroit le moyen à employer , la manière de-
s’gn fervir félon les cas. Ces reffources , fort
bonnes pour les perfonnes qui ne font furpri-
fes par la vermine qu’une fois , ou qui font
rarement expofés à en être attaquées , font un
fjible fecours pour 1 indigent, que la fréquentation
met dans le cas d etre artailli pref-
qu’aulfi-tôt qu’il s’eft délivré. Il n’y a donc
de Véritable reflburce que la propreté , le
fréquent- renouvellement de paille fraîche ,
le changement fuffifanc de vêremens-, le nettoiement
de ceux qui ont été.quutés, le foin
de ne laiiîer entrer dans l’afyle que des hommes
qui aient été auparavant vifités & purifiés.
Ces fecours font praticables dans les retraites
publiques ouvertes à l’infortune ; mais
ils font encore au-deffus des moyens de. l'indigent
réduit aux feules reffources qui font en
fon pouvoir ; qu’il ait donc recours à la propreté
autant qu’il le peut, c’eft le feul.con-
f-il que je puiffe lui donner , en regrettant de
n’eii avoir pas d’autre à lui offrir.
11 y a trois efpèces. cl’Acarus qui tourmentent
l’homme ; la première que quelques nar
turaliftes Ont regardé comme une efpèce de
Pou , dont on ne'prononce le nom qu’avec
une forte de répugnance & de honte , eft le
Morpion ; il s’attache fur le pubis autour des
parties de la génération , & y caufe lés
mêmes incommodités que le Pou fur la peau
qui couvre la tête ; il multiplie beaucoup
moins, il eft moins difficile , par cette rai-
fon , de s’en délivrer , 8c fa préfonçe fup-
pofe encore plus de négligence & de malpropreté
; les moyens de s’en délivrer, quand
on en eft attaqué , ce qui eft plus rare , [font
d’ailleurs les mêmes«. Ce n’eft guère que par
une fréquentation intime qu’il fe communique
d’un individu à un autre , & c’eft pour
cela qu’il eft honteux d’en trouver fur fa perforine
, quoique quelques fois cela arrive
innocem/nent.
Il y a fur les feuilles de haricot, à la fin de
l ’été, une muhirude d’une efpèce de très-petit
Acarus, que le lieu où on le trouve fait affez con-
noître. Ain fi je n’en ferai pas en cet endroit
la defcription. Une dame qui revenoit fou-
vent à pied , de Montreuil, à l’entrée du fau-3
bourg Saint - Antoine, pour fe promener ,
& qui laifïànr la route , prenoît à travers
des fén tiers & -des champs récoltés, avoit
éprouvé, trois fois de vives démangëaifons
dans fes promenades de Montreuil à Paris,
& avoit eu les jambes couvertes de petits
boutons ; mais le lendemain les' cuiffons fe
diflipoient & les boutons difparoiffoient. La
croifième fois que cette dame éprouva cette
incommodité , & quelle s’en plaignoit plus
que les deux fais précédentes, je me trouvai
chez elle , j’examinai fes jambes & les
petites pullules dont elles étoient couvertes
avec une/louppe ; je remarquai dans chaque
puftule un petit infeéle, j’en rirai plufieurs
avec la pointe d’une aiguille; la dame qu’ils
tourmentoienc fe frotta, fuivaut mon avis,
. les deux jambes avec de l’huile , fort peu
après elle ne fentit plus de démangeaifon ,
& au bout d’unj heure les pullules étoient
ditlïpces.. Je lui demandai fi dans lès promenades.
elle ne traverfoit pas des champs
rt
de haricots dont les feuilles commençoienc
à fe tanner, à être blanches, & dont il fem-
bloic'que la fuperficie avoit été enlevée ; elle
me répondit qu’il y : »oit beaucoup de ces
champs le long des fehriers qu’elle fuivoic,
& que fouvent , pour abréger , elle palloic
à travers ces champs. Alors je lui dis que
les feuilles de haricots étoient couvertes, des
mêmes petits infeétes dont j’avois retiré
plufieurs de deffus fes jambes, qu’ils s’ac-
tachoient à fa peau en rraverfant les mailles
des bas, qu’ils étoient caufe des cuiffons
qu’elle avoir éprouvées , & qu’en évitant les
pièces de haricots , elle n’éprouveroic plus
de pareille incommodité ; l’expérience a confirmé
mon opinion. Cependant on ne parle
pas de cet Acarus aux environs de Paris, &
les agriculteurs qui devraient en être incommodés
ne s’en plaignent pas. Mais ces hommes
, dont le hâle a defféché ' & endurci la
peau, l’ont beaucoup moins fenfible qu’une
femme qui vit à l’intérieur d’une grande
ville ; elle-même n’a éprouvé que des cuiffons
incommodes ,'diffipées au bout de douze
ou quinze heures ; il eft donc probable que
l ’incommodité, produite par l’Acarus, des
feuilles de haricot eft une de celles que les
gens' de la campagne regardent comme trop
légère pour en parler , qu’ils la négligent
parce qu’elle eft de peu de durée , & que
l’Acarus qui l’occafionne quitte la peau, s’en
détache après l’avoir piquée. M. Olivier qui
avoit remarqué cet Acarus en Provence, &
qui en fera la defcription en fon. lieu , m’a
dit qu’il n’avoir jamais entendu dire qu’il
fûc malfaifant; le fait que j’ai rapporté prouve
néanmoins qu’il doit être mis au moins au
nombre des infeétes qui incommode l’homme
dans fon propre individu.
La troifième efpèce d’Acarus, bien autrement
redoutable que lés deux précédentes,
eft la Chique, ou Tique , connue dans les
pays chauds., & particulièrement en Amérique,
où elle fait fenrirà l’homme fa cruelle
atteinte. Ce formidable infeéle a été trop
peu exactement décrit pour qu’on puiffe décider
s’il n’y en a qu’une ou plufieurs ef-
<pèçes qui s’attachent à l’homme; on fait feulement
que c’eft un Acarus , que cet Acarus
vit fur les plantes, & qu’il s’attache au pied
ou à la jambe des hommes qui traverfent
nuds les campagnes ou, les bois; il eft petit,
St fa piquure fi peu douloureufe d’abord,
qu’à peine, s’en ,apperçoit - on ; on en eft
averti par une démangeaifon qu’il ne faut
pas négliger , comme il arrive trop-fouvenr,
il faut au contraire examiner avec foin fi la
démangeaifon n’eft pas excitée par une
Chique , & la retirer promptement dans ce
cas ; fi l’on diffère, l’infecté s’enfonce fous
l’épiderme, devient plus, difficile à découvrir
; il pénètre même dans la peau; bientôt
il fe tuméfie par l’abondance des fucs qu’il
pompe ; il commence à exciter de vives
douleurs , & il s’élève autour de lui une
tumeur d’abord imflammatoire , bientôt fa-
îiienfe & dégénérée en ulcère. La Chique
acquiert beaucoup de volume , & l’ulcère
de diamètre & de profondeur, car la Chique
tend toujours à s’enfoncer ; alors les douleurs
font atroces, route la jambe s’engorge,
les maux'qu’on y relient excitent un fpafme
& une fièvre générale, & la plaie devient
gangréneufe ; cet état conduirait à la more
dans des tcurmens horribles, fi on n’y.remé-
dioit pas , & fi on enlevoi: la Chique en
dilatant la plaie que l’on panfe enfuite avec
des lotions convenables. Cependant le cruel
itifeéle qu’on a laiffé pénétrer le riffu de la
peau , s’y entoure d’un ulcère qui eft un lieu
d’abondance pour lu i, y pullule, doiirte
naiüance à d’autres infeéles de fon efpèce,
qui augmentent le fupplice qu’on endure
dans la première plaie, & qui, s’en éloignanc
enfuite , en forment bientôt de nouvelles à
quelque diftance.
On v o it , i°. qu’on eft guère expofê à
être attaqué par les Chiques qu’en traver-
fant les campagnes pieds ou jambes nues ;
mais c’eft à quoi font forcés les malheureux
nèg.rps , à quoi ils font fans ceffe expofés :
il eft affreux fans doute de voir que les maux,
les -dangers de toutes efpèçes, font fufpen-
dus fur la tête du pauvre & de l’infortuné