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mâles de onze. Le premier article du côté
de la tête eft plus court dans les mâles que
dans les ouvriers & les femelles. Au-deffus
des antennes des ouvriers & de celles des femelles,
il y a un poil qui a très-peu de barbes,
& ‘i! y en a tira dans les mâles qui a beaucoup
de filets ou barbes.
Au de [Tu s des mâchoires dans les ouvriers
& dans la femelle , eft une forte de lèvre
de fubftance cornée, beaucoup moins remarquable
dans les mâles.
%
Les trois fortes ont deux dents ou mâchoires
courtes & petites dans les mâles, un peu plus
grandes dans les femelles , & beaucoup plus
grandes dan? les ouvriers.-
La trompe des mâles eft de moitié plus
courte que celle des ouvriers ; Swammerdam
a négligé d’obferver celle des femel.es.
Le corcelet eft dans les trois fortes arondi
avec un bourlet ou rebord en-delfus & en
arriéré ; il eft couvert dans les ouvriers de
■ poils peu ferrés, plus'nombreux dans les
mâles, rares dans les femelles, â peu près
d’égale longueur dans les trois fortes , mais
d’un gris plus foncé dans les mâles.
Toutes les Abeilles ont quatre ailes, plus
longues & plus larges daris les mâles, &
qui, quoique plus grandes, auffi dans les
femelles que dans les ouvriers, paroilfênt
petites à caufe du volume du ventre. Elles
produifent un fon par leur mouvement
quand les Abeilles volent. Ce fon eft un
eff c deSl’air qui fort des trachées ; qui s’é-
c happe par des véficules aeriennes qui entrent
dans la compofitiondesailes. Il eft auffi produit
par le mouvement de cesparties à leur
jonâion avec le corps.
Les Abeilles ont fix pieds compofés de
neuf articles : trois forment la cuiffe, deux
la jambe, quatre le pied proprement dit ou
le tarfe. Les cuilfes poftérieures des ouvriers
font beaucoup plus larges que leurs cuiffes
antérieures. C ’eft fur le cinquième anneau
ou le premier de la jambe , que lès ouvriers
chargent & tranfportent la cire; ils la placènc
fur le côté extérieur de cet anneau, moins
velu que le côté interne, & de plus il y a
à l’extrémité de la ïambe quelques poils
roides dans les ouvriers, que n’ont pas les
mâles, & qui font peu fenfibles dans les
femelles. Le quatrième article du pied eft
plus ample que les trois autres & il fert
d’attache aux mufcles deftinés au mouvement
de ce membre. Enfin chaque pied eft termine
par deux grands 8c deux petits ovales
qui font comme articulés enfemble. Us font
garnis d’un duvet très-doux , entre lequel
l’Abeille peut retirer fes ongles’ou" les faire
fortir , comme le chat alonge ou retire fes
griffes.
Les fept anneaux du ventre font à leur
extrémité d’un noir jaunâtre dans les ouvriers;
ils font d’un jaune plus décidé dans les mâles
& dans les femelles.
Les ouvriers & les femelles ont un aiguillon;
il eft droit dans les premiers, courbe dans les
féconds, & les mâles n’en ont pas.
Le mâle eft du double plus grand que
; l’ouvrier; il eft plus gros, mais beaucoup
moins alongé que la femelle. Les ouvriers font
d’un jaune obfcut ; les mâles tirent fur le
gris, & le ventre de la femelle eft d’im
jaune décidé.
Les ouvriers n’ont pas de fexe, les mâles
ont des organes très-exprimés , & l’ovaire
eft la partie des femelles.
Des parties internes, & d’abord de celles qui
font communes aux trois fortes]
Swammerdam fait ici l’énumération de
ces parties, puis celle des parties propres
ou aux mâles, ou aux femelles, ou aux ouvriers.
Ces deux dernières fortes ont de commun
d’avoir un aiguillon qui manque aux
mâles ; de cette conformité 6c d’autres traits
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de réffemblatice recueillis, en comparant
les femelles & les ouvriers, Swammerdam
conclut que les ouvriers approchent beaucoup
plus de la nature des femelles que
de celle des mâles, & qu’ils ne diffèrent
des premières qü’en ce qu’ils n’ont pas
d’ovaires. Cependant, comme après cette
énumération générale on trouve un examen
particulier de chaque partie, je paffe à cet
examen. Mais avant d’y venir, notre auteur
expofe des généralités qui ne doivent pas être
omifes.
Les ouvriers font deftinés à ramaffer là
cire & le miel, à conftruire les alvéoles, à
les garnir d’aiimens. L’unique objet des mâles
& des femelles eft la génération ; toutes les
Abeilles d’une ruche font fouvent, à la fin
de; l’été , le produit d’une feule femelle qui
exifto.it au printems , & df quelques mâles,
& les ouvrages qui ont lieu , le travail de
quelques milliers d’ouvriers.
Lorfqu’une femelle a paffé ou qu’elle a
été tranfportée dans un lieu propre à établir
une ruche, qu’elle s’y eft fixée, les ouvriers
commencent à conftruire des cellules, & au
bout de fix jours la femelle fe met à pondre ,
elle dépote un oeuf dans chaque cellule, elle
le fait avec beaucoup de promptitude, paf-
fant d’une cellule à une autre, foit qu’elle
fôit achevée ou non, mais pourvu que fon
fond foit établi ; elle eft fuivie dans cette
opération par une grande quantité d’ouvriers
qui travaillent avec ardeur à achever les
cellules à mefure que la femelle y a dépofé
un oeuf, tandis que d’autres ouvriers conf-
truifent de nouvelles cellules. Cependant fi
l’on enlève la femelle , les ouvriers ne continuent
pas moins leurs foins pour lès oeufs
& les vêts qui en naiflent, contre l’opinion
qu’ou a ordinairement à ce fujet.
Les oeufs font oblongs, plus gros à un
des deux bouts, un peu courbes & cranfpa-
rens ; ils tiennent à la cire par le bout pointu
, & ils demeurent pofés verticalement.
Mais quelquefois leur pofition eft plus ou
moins inclinée, & ils font dépofés plus ou
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moins avant fur le fond ou ttiêm'e fur le côté
des cellules.
Les oeufs n’êclofent que pat là chaleur de
la ruche en général. C ’eft une fable què les
mâles fuient chargés de les couver. Au rèfte,
la chaleur d’unU ruche eft fi 'gtàHde , que îë
miel ne s’endurcit pas même pendant l’hiver.
Auffi les Abeilles continuent-elles d’êifê en
aétion à l’intérieur , la femelle de pondre ,
lfes ouvriers de vaquer aux foins nécëliaires
pour les petits. Cette chaleur, que lés Abeilles
produifent par leur cohabitarien eft peut-être
une faculté qui leur eft particulière car les
autres infêétes, même lès Bourdons , les
Guêpes, s’engourdiffèiit & perdent le mouvement
en hiver.
Lé Ver forti de l’oeuf né trouve point autour
de lui de noutritute qui ait été dépofée
■ pour fes befoins, comme cèlâ arrive â beaucoup
d’infectes. Mais l’aliment qui lui eft
néceflfaire lui eft fourni journellement par
. les ouvriers. Cer alimèiit eft ciné pulpe blanche
, fi douce qu’elle ne fait aucune im-
prèffion fur la langue, de la cônfiftànce du
blanc d’oeuf qui commence â s’épâiflir par
la cuiffon. Swammerdam penfé que cec aliment
eft du miel élaboré par l’aâion ou
de l ’eftomac, ou peut-être Amplement de
la trompe des ouvriers , qui dégorgent cette
fubftance & la dépofent dans chaque cellule
où il y a un Ver qui la pompe pour s’en
noutrit.
Ce foin des ouvriers dure éii été â peu près
vingt-quatre jours pour chaque ver,tems après
lequel je Ver celle de prendre des alimens.
11 occupe alors toute la capacité de la cellule ,
& il s’y replie fur lui-même en rond. Avant de
pouffer plus loin i’hiftoire du Ver, Swammerdam
en fait ici la defcription & l’anatomie.
Il eft compofé de quatorze anneaux; oi*
remarque fur fa tête , les yeux , les lèvres ,
deux points qui deviennent par la fuite les
antennes, & deux autres points qui feront
1. remplacés par les dents ; plus bas un petic