
» la charge, rcuflfiflent ou cherchent plus loin
à fe fàrisiaire. Mais il eft des âccouplemeiis
plus iinguliers , ce font ceux des Araignées &
des Abeilles, (i la manière dont ces derniers
infeâes font fécondés mérite le nom d’accouplement.
Le le&eur fait déjà que les Araignées
ont des habitudes féroces , qu elles s’entre
dévorent quoique de même efpèee ; mais
je n’ai pas encore eu occafion de lui dire que
le befoin de multiplier 3 l’aéfce même de l’accouplement
n’adoucit point ce penchant barbare.
Toutes les Araignées femelles font en général
plus grandes & plus fortes que les mâles
de leur- efpèee ; elles ne les épargnent pas ;
ceux-ci, qui fentem leur foiblefle, fuient ordinairement
les femelles de très-loin : mais
dans la faifon de l’accouplement ils oublient
ce qu’ils ont à craindre ; un penchant plus
v if que celui de leur confetvation , les entraîne
vers les femelles ; ils n’ofent cependant
s’en approcher d’abord qu’à une diftance qui
leur lailïè une redoutée dans la fuite , ils
eflaienc de connoître les difpofitions dans lef-
quelles ils les-trouveront, & ils ne fe livrent
à leur diferétion que quand le befoin pref-
fant qui les tourmente leur fait oublier toute
autre impreffion. Un accouplement que précèdent
& qu’accompagnent tant de foins ,
tant d’inquiétudes., ne paroîrra pas une jouit
fance pour les mâles , mais plutôt la contrainte
de céder à un defir qui les domine. Ils
commencent par quitter leur retraite , chercher
celle d'une femelle ; en s’en approchant
ils s’arrêtent, alongent une de leur patte &
en tirent un des fils projettes le plus loin ; à
ce mouvement qui fe communique au centre
ou fe tient la femelle, ellefort pour en récon-
noître la caufe , le mâWa déjà pris la fuite ,
mais bientôtil revient, if Fait unenouvellêten-
tative , il l’a fait à un pas plus près du centre
de l’habitation , il fuit encore pour revenir
& s’approcher davantage , mais par degré à
chaque retour : cet exercice eft toujours de.
plufienrs heures , quelquefois de plus d’une
demi journée ; il arrive allez fouvenc que la1
femelle qui n’a pas rentré dans fôn trou, ou
qui n’a pas regagné le centre de fes fils ÿ
mais qui demeure en la place ou elle s’eft
d'abord arrêtée , plus preffée par fa voracité ,
que par le befoin de s’unir au mâle fe jette
fur lui , ou le pourfuir dans un de fes retours
& le dévore ; mais quaftd le befoin de
l’accouplement domine dans la femelle, celui
de la voracité , elle laide enfin approcher le
mâlejufqu’à elle, s’y unir & remplit le befoin
qtii ja preffe elie-même , mais à peine eft-elî»
. fatisfaite, à peine l’accouplement eft-il fini
que le penchant féroce reprendTon afeendant,
elle fe jette fur le mâle qui échappe bien rarement
, m#'gré fa promptitude à prendre la
fuite. Des habitudes auffi atroces juftifient ,
en quelque façon , l’aver-fion que les Araignées
infpirenc en général & ' femblent une
forte de tache dans le tableau que nous ob-
fervons. La manière oppofée dont la mère
Abeille eft fécondée , effacera l’idée de la férocité
que nous venons-de peindre , mais elle
n’en offrira pas moins des faits très-extraordinaires
, & qui demandent à être vérifiés.
On fait qu’il n’y a qu’une mère par ruche .
& des mâles dont le nombre s’élève quelquefois
à cent ; on reconnoît, en les examinant,
qu’ils font organifés comme tous .les
males des infectes qui contractent une union
intime avec leur femelle : cependant aucun
obfervateur n’eft parvenu à furprendre la
mère Abeille unie avec un mâle, à en voir
aucun en contaâ d’aucune partie de fon
corps à une diftance d’elle qui pur faire foup-
çonner qu’il étoit prêt de s’unir , ou qu’il
forcoit de s’accoupler; elle en eft néanmoins
environnée, ils lui forment un cortège nombreux,
ils la fuivent & l’accompagnent dans
tous les endroits par où elle paflë , ils font
de plus, & ce qui eft plus furpren&it, dans
l’état d’un infecte mâle prêt à s’unir à fa femelle
, c’eft-à-dire, que l’orifice des parties de
la génération eft dilatée, qu’elles fe préfen-
tent à l’ouverture du dernier anneau du. corps
qui, les cache dans les momens ordinaires ;
mais les mâles , dans cét état même qui leur
eft. habituel , fe t-ïennéric àJ un intervalle ,
une diftance de la femelle qu’ils fuivent ,
faits l’approcher plus en un rems qu’en Un autre.
Ils répandent , a-t-on dit , une odeur
très-forte: toute perforine qui aura obfetve
des Abeilles , reconnoîtFa aifémenc cette
odeur ; elle eft produite par des émanations
qui fécondent la feme’le ; la jouilfauce des
mâles confitte à répandre ces émanations ,
celle de la femelle à les recevoir; elle feroit,
fi cette ftippofitiou eft vraie , d’une duree
égale à celle de la vie des mâles & de la
ponte des femelles ; mais feroit-ce parce que
les mâles ne fournilfent que de Amples émanations
, qu’ils dépenferoienr peu à la fois,
qu’ils ne s’épuifent pas par un feul a dé préc-t
pité, que leur vje fe prolongerait & qu’ils
l’urviveroient à la fécondité de la mère ,
au lieu que' les autres infeÆltes s’épuifent en
un moment, & périlfenr après avoir fécondé
leur femelle. Cecre différence fèmble appuyer
l’opinioii fur la manière donc on a cru,
d’après Swamtnerdam , que la mère Abeille eft
fécondée. Mais ni le fentiment de cec obfer-
vateur , ni le manque de faits dans lefquels
on ait furpris un mâle uni à la femelle, ni la
durée de la vie des mâles ne fuflifent pour
qu’on foie alluré qu’il n’y a pas de véritable
accouplement entre la mère Abeille & les
mâles qui l'accompagnent : il eft poflible que
l'accouplement foie intime, qu’il ne confifte
qu’en un Ample ccntaéf ; & comment fe convaincre
qu’un fait n’a pas lieu parce qu’pu ne
l'obferve pas relativement à un infeéfe toujours
environné d’autres infeéfes qui le ca
thent ou en totalité , ou en partie , & qui
dérobent la vue de fes aétions au fpedtaceur
qui l’obferve ?
Quels que foient les préludes qui précèdent
l’accouplement des infetftes, le mâle
le commence dans la plupart des efpèces ,
en fe pofant fur le dos de ta femelle ; il a,
dans ce moment , les organes de la géné-
fation tuméfiés & faillans, en "partie fot-
tis hors du dernier anneau de fon corps;
il abaifte cec anneau vers l’anneau correfpon-
danrdu corps de la femelle , qui , ordinairement
, élève ce dernier anneau , & dont
1 orifice ou l’anus eft dilaté; il y a , fur les
tords de cec anneau, deux crochets à l’intérieur,
le mâle en a aullî' deux , tournés
en fens oppofé , il tes engage contre les anneaux
de la femelle , s’en 1ère pour les comprimer
8c fixer l’anneau qui les founenr ; la
femelle ne peur alors fe foirftraire à fes defirs,
il la retient fans qu’elle puifte fe féparer de
lu i, il en jouit ; l’accouplement eft ordinairement
fort long , il dure au moins quelques;
heures, & fouvent trois ou quatre, & même
davantage ; cependant il. arrive fort fouvenc
que le mâle, après s’être uni à la femelle,
change dç poficion, qu’il fe laitïb gliffer de
deffus le dos de la femelle , & que, ou il
refte pofé à côté d’elle dans la même direction
, ou qu’il en prend une direétemenc
oppofée , & danç laquelle fa tête eft tournée
en fens contraire de celle de la femelle ; il
y a des infeites qui ne s’approchent que de
côté , à reculons , & qui après avoir rencontré
mutuellement les parties de la génération
, fe tournent en fens diamétralement
oppofé l’un à l’autre : il s’enfuit que ces ani-1
maux n’ont de fenfition , pendant l’afle ,
qu’aux parties qui en font les ageris , qu’lis
n’éprouvent point cette commotion, ce frif-
fonnemenc que le contait de la p. au excite
dans les autres animaux ; ce contait peut
avoir un effet même à travers la couche des
poils ou des plumes , mais il eft difficile
qu’il foie fenti à travers le têt dur qui couvre
le corps des infectes. Ils éroient pleins de
vivacité, agiles & dans un mouvement continuel
avant faite, ils font engourdis pendant
qu’il a lieu, iis ne changent pas de place,
à moins qu’ils n’y foient forcés ; car fi
quelqu’objet les effraie, ils s’éloignent conjointement
& fans fe fcparer ; la femelle
emporte ou entraîne le mâle, fuivant fa poficion
; on le voit quelquefois dans une pareille
circonftance ,' renverfé fur le dos &
traîné par fa femelle , à laquelle il continue
de relier uni ; d’autres fois , & c’eft, félon
les efpèces , la femelle s’envole , elle forment
le mâle pofé fur fon dos, eu fufpendu à
fon dernier anneau ; il paraît encore plus
abforbé que la femelle , & engourdi au
point qu’il n’apperçoit aucuns des dangersqui
le menacent, qu’il ne fait aucun motive