
circonftance.Cependanr, tandis qu’ils s’élèvent
à la furface , leur changement s’opère , & il
eft fi fubic, que l’Ephémère prend fon vol en
arrivant à la furface de 1 eau j a 1 inftant ou
if y eft parvenu l’enveloppe du Ver s’eft fendue
fur le dos , les ailes ont inftantanément
pris leur étendue, leur conliftance ; 1 Ephémère
a dégagé toutes fes parties & pris fon
elTor ; il a lailfé fon enveloppe, & avec elle
les filets qui fervoient de nageoires, fes mâchoires
, &c.
Après avoir pris fon eflbr, l’Ephémère fe
fixe fur le premier corps qu’il rencontre ,
n'importe lequel. Audi-tôt qu’il y eft fixé il
eft pris d’ün tremblement convulfif, au milieu
duquel la peau fe fend fnr le dos, l’E-
phémère dégage par cette onverture fon dos,
fa tête , fon corps & tous fes membres, dont
il laiffe l’empreinte ou plutôt le moule extérieur
adhérent au corps fur lequel il s’étoir
fixé ; ce changement a même lieu pour les
ailes , q u i, dans l’opération, font retournées
comme nous retournons un gant, en forte
que la furface fupérieure devient l’inférieure.
Pendant ce fécond changement de peau tout
le corps, mais les pattes fur-tout & la queue ,
prennent beaucoup plus de longueur; les poils
dont différentes parties étoient recouvertes
Sc le font encore, laiffent une dépouille te,
nant à la dépouille commune; car ils étoient
auffi enfermés dans une gaine ou enveloppe
d’où l’Ephémère les retire, ils font aiors
moins rapprochés, moins adherens les uns
aux autres.
L ’Ephémère, après l’opération qui vient
dette décrite, retourne en volant à la furface
de l’eau; il y voltige tantôt avec vîteffe, tantôt
avec lenteur, il monte , il defeend , il
remonte , & enfin s’appuyant fur l’extrémité
de fa queue pofée fur l’eau, il fe foutient
verticalement en battant des ailes. La femelle
répand dans cette pofition fes oeufs qui font
difperfés fur la furface de l’eau, & le mâle
les féconde en les arrofant de fa laite,
Swainmerdam eft convaincu que les Ephémères
ne s’accouplent ni dans l ’eau, ni dans
l ’air. Dans l’eau, parce qu’ils n’y peuvent
relier qu’en nageant, qu’ils la quittent avant
d’avoir fubi leur dernier changement. Dans
l’air, parce qu’ils n’y font en repos que pour
fubir leur dernier changement, que l’appareil
de l’accouplement en volant lui paroîr
trop difficile, & que la longueur exceffivc
des pattes du mâle* après fon dernier changement
lui femble ajouter à cette difficulté.
Mais M. de Réaumur a obfervé que les
Ephémères, en voltigeant à la furtace de
l’eau , s’approchent & fe touchent eh paffant
comme plufieurs Poiffons fe jouent également
dans l’eau en pareille'circonftance, & il a
fuppofé que «e concaét des deux fexes eft un
accouplement; la fuppofition paroît au moins
fondée, & l’accouplement de beaucoup d’oi-
feaux ne confifte non plus que dans un contaét
momentané : cependant, partagé entre
l’opinion de Swammerdam & le fentiment
probable de M. de Réaumur, je crois qu’on
doit attendre de nouvelles obfetvations pour
décider le fait.
11 faut remarquer qu’il y a dans le dernier
état des différences notables entre le
mâle & la femelle. i° . Celui ci change deux
fois de peau, ou une fois après avoir quitté
l’enveloppe de V er , & la femelle ne quitte
que cette enveloppe; elle ne mue plus après.
i° . Le mâle eft plusalongé, fes pattes fur-tout
& fa queue font beaucoup plus longues après
le fécond changement de peau. Le mâle a
les yeux beaucoup plus gros. 4.". La couleur
des mâles eft plus foncée 5c tire plus au
rouge.
C h a p i t r e I X .
Combien de temsl Ephémère vit dans f in dernier
état, 6' de (e gui hâte fa mort,
L’Ephémère qui s’eft rendu à la furface
de l'eau , & qui s’y joue en volant, vit de
quatre à cinq heures, & c’eft depuis fix
heures environ du foir à dix ou onze heures.
Aucun nç périt de mort naturelle hors de
l’eau, mais tous finiffent leur vie à fa furface
quand rien n’en traverfe le cours , car une
infinité de circonftances les expofent à perdre
la vie depuis l’inftant où ils quittent les eaux
jufqu’à celui où ils' terminent leur exiftence
à leur furface ; en nageant pour forcir de
l’eau ils font expofés à la voracité des Poiffons
qui en font avides ; ils y font de même
expofés en retournant à fa furface pour y
multiplier, & tandis qu’ils fubiffent leurs
chaugemens fut la tetre, ils font la proie
de beaucoup d’oifeaux, ainfi que pendant
qu’ils fe jouent en voltigeant dans l’air,
L’Ephémère, de l’inftant où il fort de
l’oeuf, vie donc trois ans, dont il paffe quatre
à cinq heures dans l’état d’infeéte parfait :
il eft trois ans à parvenir à cet état, qu’il
n’atteint que pour le reproduite 8c ceffer
d’exifter. Ainfi, fon être, fon accroiffement,
fes changemens ne tendent qu’au but où il !
trouve le terme de fa vie.
C h a p i t r e X.
L ’Ephémère continue quelquefois de voltiger
trois & quatre jours ; énumération des di-
yzrfes efpècts d Ephémères.
Swammerdam obferve qu’il eft connu de
tous ceux qui habitent Le bord des rivières
ou qui les fréquentent, que la volée des Ephémères
eft de trois jours; il affure cependant
qu’il en a vu le quatrième jour, mais en bien
moins grand nombre, & il penfe que ce font
des Ephémères dont le changement a été
retardé par quelques circonftances particulières.
( Il ne faut pas imaginer que cette
ôbfervatibn change rien à la courte durée de
la vie des Ephémères, car ceux qu’on voit
chaque jour ne font pas les mêmes que ceux
qu’on a vu la veille.) Notre auteur fait enfuice
l'énumération & la defcripcion des différentes
efpèces d’Ephémères qu’il a obfervées.
Troifème ordre de changement.
Pour faite mieux comprendre ce qui a lieu
dans ce troifième otdre de changement ,
Swammerdam rappelle ce qui arrive dans les
deux autres. Dans le premier, l’infeéte naîc
parfait, & le feul changement qui lui arrive
confifte dans l’accroiffement de fés parties
; dans ie fécond ordre, l’infeéte naît imparfait
en ce qu’il lui manque des ailes ; fon
changement confifte & dans l’accroiffement
de fes parties & dans la germination des
aîles qui lui pouffent, ou il les acquiert à nud
Si fans être couvert par une enveloppe fous
laquelle elles pouffent & qu’il quitte, comme
la Punaifi, le Népa, ou les aîles croiffent fous
une pareille enveloppe, comme celles de la
Demoifelle, de Y Ephémère ; mais foit que
l’infeéte de cet ordre appartienne à l’une ou
à l’autre feélion, il ne ceffe pas de fe mouvoir,
de marcher, de prendre de la nourriture.
Dans le troifième oidre, l’infeétè naît plus
imparfait que dans les deux précédens, c’eft-
à dire, qu’il n’a ni, comme dans le premier,
la forme parfaite qu’il aura dans la fuite,
ni, comme dans le fécond, cette même forme,
' au manque près des aîles ; mais il n’a ni là
forme qu’il prendra, ni on ne découvre à fort
extérieur plufieurs des parties qu’il offrira â la
vue ; tels font fes pieds, fes aîles, fes ancennes,
fes ancennules, fa trompe, & c. Dans ce troifième
ordre le changement confifte, comme
dans le premier, dans l’accroiffement des parties,
& comme dans le fécond, & dans l’ac-
croiffement des parties Sc dans la germination
de parties nouvelles. Mais dans le premier ordre
cet accroiffement fe fait â nud, & dans le
fécond, de la même manière ou fous une
enveloppe qui ne change pas totalement la
forme future, & la laiffe au contraire apper-
cevoir. Dans le troifième ordre, & l’accroif-
fement des parties & la germination de parties
nouvelles ont lieu fous une peau qui
couvre les parties, qui en cache la forme,
qui 11’en laiffe rien appercevoir, & qui donne
a l’infeéle une figure tout-à-fait différente
de celle qu’il aura après avoir quitté cette
peau. Enfin, dans les deux premiers ordres
l’infeéte 11e ceffe ni de fe mouvoir , ni de