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ou métamorphofes : dans ce premier état, la
Chenille & le Papillon pour lequel elle vit,
pour l’açcroiffement & le développement ;
duquel elle fe nourrit Si croît, vivent communément
des feuilles ou des tiges, Sc des ■
boutons tendes des végétaux j quelquefois;
de leurs fruits, quelquefois ÿiuffi de leurs ’
femçnces, ou dés fibres même,du bois ; le
Papillon .entièrement développé , parvenu à
tout fon accroiffement, pompe pour fe nourrir
dans fon troifième état , le fuc dés fleurs ,
le miel extrait & dépofé dans les .rjeétaires.
Il a pâlie par un état mitoyen , celui de cri-
falidè dans lequel il n’a pas pris de nouveaux
alimens , il n’avoit pas de moyens pour èn
prendre, Si MJk été nourri des-fucs fournis
par les alimens que la Chenille avoir pris ,
dont la furabondance avoit été réfetvée &
mi(ê,eh dépôt pour l’état de crifalide.^:Exa-
minous les parties qui fervént à prendre des
alimens dans le premier & le croifiè-me état,
& les vifcères à l’intérieur defquels ,la di-t
gefiion eft opérée.
La Chenille a deux dents , une. de chaque
côté, placées horizontalement, ayant leur
mouvement danïcette même direélion , d’une
fubftance cornée , arquées , tranchantes, du
côté de la courbure, & finiffant eh pointe :
ce font deux faulx dont la courbure fe regarde
, qui agilfent horizontalement, dont
le tranchant fe rencontre, Si qui fe croifent,
fuivant qu’elles s’approchent ; le bord d’une
feuille faifi entre ces deux pinces, d’abord
écartées , puis rapprochées., eft facilement
coupé par leur tranchant , Sc entraîné par
l’aétion d’une papille qui répond à. la langue
dans le fond de la bouche ; cependant la;
flexibilité de la feuille ferait caufe qu’elle
plierait fouvent ou fous le poids total de’ la
Chenille , ou fous celui, de fa tète , & d’une,
portion de fon corps , que le bord , eu cé-,
dant, fe fjuftrairoit à i’aéfiorr des mâchoires.
La chenille a des lèvres écailleufes , elle en
pince le bord de la feuille, l’alfujetfit,. l’empêche
de plier ; elle le tient en même-tems
entre fes fix pieds antérieurs , trois de chaque;
côté , qui font écailleux & pointu» Le bord
OU R s
de. la feujlle eft donc affujetti ; au lieu de
plier , il réfifte par l’aflion des parties qui
le tiennent tendu ,. & fa réfiftance eft caufe
qu’il eft aifément détaché par le trauchanc
des mâchoires ; aulli une Chenille qui veut
couper une feuille fuivant toute fa longueur,
ne fait-elle qu’en laifir le bord à fon extrémité,,
comme je viens de l’expofet , & a
mefure qu’elle en détache une portion, elle
fe porte en arrière , en contenant chaque portion
du bord quelle veut détacher par le
moyen, de fes lèvres., Sc de fes fix premiers
pieds; parvenue au pédicule de la feuille ,
elle s’avance à.fon extrémité,oppofée , pour
recommencer dq même; Si de cette façon ,
elle prend,la quantité d’alimens dont ellç
a befoin.
Le Papillon -, qui ne fe noutrirpas de fubf-
tàncés folides, mais de-liquides , rï’i point
d'e mâchoires ; il’ a une-trompe quhl fient
roulée 'diras M a t ' de rep’ôs-,*' qu’il-déploie
quand il a befoin d’alimens, qu’il enfonce
dans les neélaires des fleurs , fur la furface
du miel" qu’il fuce , Si que fa rrompe attire
par une adtion femblableâ celle d’une pompe
afpirante', comme nous le démontrerons plua
en détail ,'en: traitant en particulier des différentes
trompes. Voyi\ T rompe.
L’eftomac delà Chenille , & fes inreftins.,
font très - amples:, renrpliflenr une grande
patrie de l’intérieur .de. fon corps , & font
com-pofés de membranes, d’une épaiffeur
affez confid’érabie ; feftomac Si les inteftins
du Papillon beaucoup plus petits, n’oecup-
pentquepeu de place à l’intérieur du ventre,
& font d’un tiffu bien moins forr. L’une
prend, à la fois une grande quantité d’alimens,
& d’alimens dont il faut que, les fucs
nourriciers foient extraits des parties qui les
contiennent, & féparés de ces parties après
leur extraélion; l’autre fe nourrir de quelques
molécules d’un fuc nutritif, prefque tout
préparé, Si qui n’a befoin que de fubir un
léger changement.
Il y a donc un rapport bien marqué entre
la nature des alimens des Chenilles Si des
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Papillons , les parties qui leur fervent à les
prendre-, & à en faire la digeftion. Ce triple
rapport n’eft pas. moins facile a fuivre dans
les différens infêél.es , & félon leurs différent
états; ce qui le rend encore .plus remarquable
que dans les autres animaux. Mais,
pour ne pas infifter trop long-tems fur un
objet auffi aifé à faifir , & fi démontré , je
me bornerai à des exemples empruntes de
différens genres d’infectes.
Parmi les Coléoptères, la plupart fe nour-
rilfent de végétaux dans leur premier Si leur
dernier état ; plu heurs de fubftances animales;
Si quelques-uns indifféremment dé fubftances
animales & de fubftances végétales. Les uns
vivent dans leurs deux états, au-dehors des
fubftances dont ils fe nourriffent, Si d’autres
dans l'intérieur de ces mêmes fubftances
pendant leur premier état. Le Hanneton eft
dans le premier cas- ; le Capricorne dans le
fécond ; prenens-les pour exemple des autres
infeétes qui ont la même manière de vivre.
Le Hanneton eft dans fon premier état
un ver à fix pieds ; il naît & vit en terre ,
où il ronge les racines des .plantes & des
arbres. Cé vec a une têtefort greffe ,& deux
mâchoires conformées comme celles de la
Chenills, mais, à proportion bien plus grandes
& plus forces; le Hanneton , dans fon
dernier état, vit hors de terre, il ne ronge
ni l’écorce , ni les fibres ligneufes des plantes
Si des arbres, mais il coupe les. feuilles
l’oeuf dont il a fotti a été dépofé dans lé
bois où la femelle l’avoit introduit peu profondément
pour s’en nourrir ; il a deux mâchoires Si des
lèvres qui lui fervent, à empoigner ; mais
fes mâchoires, bien plus petites & moins
fortes que celles du ver , font proportionnées
à l’adtion qu’elles, doivent exercer, a
la réfiftance de la fubftance qu’elles doivent
divifer. Quant aux différences entre L’efto-
mac de la Larve & de l’ïnfeâe parfait , ou
du Ver & du Hanneton ,ce font les mêmes
dont j’ai parlé par rapport à la Chenille &
au Papillon, & je ne reviendrai plus à ce s
différences quifont générales ; le lecteur les
fuppléera à chaque article.
Le Capricorne dans fon premier état eft
auffi un ver à fix pieds, à têce écailleufe ;
à l’aide dune tarière; le vet
en naiffant a percé le bois plus avant , s y
eft introduit, l’a creufé en pouffant fa fouille
devant lui, & a trouvé à fon intérieur fon
afyle Si fa nourriture ; il a , comme le ver
du Hanneton , deux mâchoires très fortes
par la denfité de leur fubftance, mais courtes,
peu courbées, enfoncées & en partie
cachées fous la tête qui eft fort greffe, Si
placées prefque tranfverfalement. La tète,
qui eft couverte d’un têt dur , écarté par
fon volume les fibres du bois, procure du
jeu aux mâchoirés ; celles-ci incifent fur les
côtés, & percent en avant par leur pointe
les fibres du bois, les ramaffenr, les approchent
- vers leur centre, Si les reduifent en frag-
mens-donc le ver fe nourrit;- il agrandie
donc en même- tems fa demeure & il pourvoit
à fa nourriture; cependant parvenu au
terme de fa grandeur & au fond du trou
qu'il a creufé , s'il s’y métamorphofoit, le
Capricorne qui doit naître, aurait bien de la
peine à en fortir, Sc ne le pourrait peut-être
pas : fes mâchoires plus baillantes, moins fécondées
par le volume d’une tète plus petite ,
«’auraient pas de jeu & de prife fur les
parois d’un trou proportionné au volume du
ver qui l’a creufé, qui, par cette raifon, va
en rétréciffant du rond à l’entrée; le ver
parvenu'au terme fe retourne donc , il revient
fur fes pas, il élargit lé trou jufqua
fon orifice qu’il agrandit , & fe retirant un
peu en- .arrière-,- il s’arrête pour paffér a l ecac
de Nymphe. Le Capricorne qui naîtra, fe
trouvera la tête tournée du côté de Pouver-
ture du trou , les antennes couchées fur fon
| dos, lés pieds dans une pofition reîle que fa
marche le portera- en avant, &fa forrie s exe-
j cutera fans peine,parce que fes parties, encore
molles , fe prêteront à la flexion dé- fon corps
néceffai-re pour qu’il puiffe s’avancer le long
> de la furface du bois à l’extérieur , & fe tirer
du trou où il eft né. Il y a donc rapport
entre les fortes Si grandes mâchoires du ver
du Hanneton , leur courbure , fa pofition &
les fubftances dures qu’il entame ; il y en a
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