
longitudinale , bien par - delà le point où
elles le fupporteroient en équilibre , font
d'excellens nageurs , & ils marchent fi ma!
qu’ils fe traînent à terre : les Pélicans s les
Albatros , les Fous , Sic. , dont les quatre
doigts font réunis par une membrane commune
, nagent très-bien , & marchent plus
mal que les Oies, les Canards, les Geolands,
Sec. , dont le doigt de derrière eft libre , &
qui ne font pas d’aulli habiles nageurs.
Les oifeaux que je viens de nommer , &
tous ceux qui ragent naturellement , ont
les jambes placées beaucoup plus en arrière
qu’en avant , par-delà la ligne tranfverfale
qui couperait le corps en deux parties d’un
poids égal, & le foutiendroit en équilibre;
plufieurs ont l’os de la jambe applati, &
comme en forme de lame ; la plupart ont
les trois doigts antérieurs réunis par une
membrane ; dans quelques uns le doigt pof-
térieur.eft auffi engagé par la membrane qui
lie les trois doigts de devant ; cette membrane
s’étend ou de l’origine des doigts à
l’extrémité de leur dernière phalange , ou de
leur origine à l’extrémité de la fécondé pha
lange feulement ; dans plufieurs efpèces les
•doigts , au lieu d’être réunis par une membrane
entière , & qui leur eft commune,
en ont chacune une particulière , qui s’étend
le long de leurs bords, qui eft plus ou
moins large dans différentes efpèces, & qui
tantôt eft unie , tantôt feftonnée le long du
bird antérieur de chaque doigt, & toujours
plus large de ce côté. Tous ces oifeaux en
nageant , étendent leurs jambes en arrière,
dans la direétion du corps; ils courbent leurs
doigts ou leurs pieds perpendiculairement,
ils redrefient le col , Si le portent ou droit,
ou appuyé fur le haut du dos , replié dans
la forme d’une S ; leurs corps , en équilibre
entre les jambes & le col, pofe fur l’eau ;
la forme de leurs flancs & de leur ventre ,
fur lequel ils font fourenus, femblable à' la
coupe d’un navire, eft favorable pour fendre
l’eau , & gliflèr à fa farface. Veulent-ils exécuter
ce mouvement & nager, ils- étendent
leurs pieds en arrière , les ramènent à la pofition
verticale , les étendent de nouveau J
en frappant l’eau en arrière ; fa réfiftauce ,
fa réaction , l’effort de leurs pieds auxquels
l’eau fert de point d’appui, les pouffent en
avant , fuivant une ligne droite, parce que
les deux pieds placés un de chaque côté du
corps , qui fe trouve au milieu , ont une
force égale ; pour changer de direéhon , il
leur fuffit de porter d’un côté ou de l’autre
leurs jambes , qui font alors l’office de gouvernail.
Ces pieds font donc dans ces oifeaux
des rames larges & approchantes de la forme
circulaire , au lieu d’être longues Si étroites;
placées en arrière du corps , au lieu d’etre
pofées fur les côtés, & les jambes fervent de
gouvernail ; la preuve que ce n’eft pas la
queue , c’eft qu’elle demeure au - deflus de
l’eau pendant que les oifeaux ragent. Le
mouvement que-je viens de décrire , ne leur
coûte prefqu’aucun effort ; il leur eft fi peu
pénible , que plufieurs , comme on le voit
fouvent pratiquer au Cigne , ne font agir «
qu’mi pied en nageant , ils le rapprochent
alors du milieu du corps, mais ils ne décrivent
jamais dans ce cas une ligne parfaitement droite.
Les mêmes oifeaux exécutent un autre mouvement
qui leur coûte davantage , c’eft celui
de plonger & de nager entre deux eauxk I
Pour plonger ils abaiffent perpendiculairement.
leur cou dans l’eau , ils plient leurs
jambes fous le ventre ; le poids dtr cou entraîne
la partie antérieure du corps ,les pieds,
dont la plante fe trouve tournée du côté de
la fùrface de l'eau , & couverte d’une couche
de ce fluide , en y appuyant , foulèvent la J
partie poftérieure du corps ; il fait la bafcule
entre cette force qui l’élève par derrière ,
le cou qui le tire en bas , par devant, & il
fe redreflè perpendiculairement fur l’eau dans
la pofition inverfe à la pofition ordinaire;
fi les oifeaux ne veulent atteindre qu’à des
objets éloignés d’une diftance égale à la longueur
de leur cou , toute leur opération eft ,
finie , & c’eft ainfi qu’on les voit fouvent
fouiller dans la vafe ou dans le fable ; mais
s’ils veulent nager entre deux eaux , & fuivre
une proie qui les y devance , ils ont un
[ nouveau travail à exécuter , & dont un petit
nombre d’efpèces feulement eft capable; ils
laiffent pendre leur cou vers le fond de l’eau ,
mais ils relèvent la tète fur la première vertèbre
, & la tiennent dans une pofition horizontale
; elle eft necetfaire pour voir devant
eux &' le bec ouvre, fend l'eau , facilite la
natation ; ils frappent précipitamment de
la plante de leurs pieds , la couche d’eau
qui la couvre , comme la direction de la
plante des pieds à cette couche, eft oblique
de haut en bas, d’arrière en avanc, les coups
de la plante des pieds enfoncent le corps dans
l’eau, &rie projettent ou le pouffent en même-
tems en avant } plus il enfonce , plus les
efforts ont d’effet parce que les pieds trouvent
un point d'appui plus réfiftant dans
une couche d’eau plus haure \ mais quand
les oifeaux, parvenus! une defeente fiiffifanre,
veulent s'élancer avec plus de vîteffe en
avant, ils étendent leur cou en avant , leurs
jambes en arrière ; cependanc ils n’exécutent
ces deux mouvemens qifen partie & incom-
plettement, parce que s’ils les exécutoient
en entier, la légèreté de leur corps, au moins
dans beaucoup d’efpèces , les feroit remonter
a la furface ; leur corps reprend donc
à-peu-près la pofition horizontale par l’effet
de l’équilibre , que récablilfent en partie le
poids du cou, & celui des jambes ; alors
les oifeaux s’élancent en avant par les memes
mouvemens, qu’ils nagent à la furface de
Teau. C ’eft par ces différens mouvemens que
le Cormoran 8c quelques autres oifeaux, pour-
fui vent le poiftbn entre deux eaux } que le
plongeon qu’on voit à une rive ., difparoît ,
coupe l’eau en travers, fe remontre au milieu
du fleuve , ou fur la rive oppofee, félon
l’étendue qu’il a à parcourir ; car tous les
oifeaux , les nageurs comme les autres , &
ceux même qui plongent, ne peuvent refter
long-tetns fans refpirer l’a'ir \ ils ne fauroient
par cette raifon , plonger que par intervalles
c o u r t s& ils font forcés de revenir promptement
à la furface de l’eau.
Les quadrupèdes ovipares qui nagent naturellement:,
tels font la Grenouille, le Crapaud
, &ç. ont les jambes poftérieures fort
longues , un commencement de membrane
à l’origine des doigrs des pieds de derrière ;
ces doigts font très longs} ils font ainfi que ceux
des pieds de devant , terminés , non par
une griffe , mais par un ongle plat 8c arrondi
qui couvre un bourlet , ou renflement femblable
par fa forme , à un petit globule
ces quadrupèdes étendent en nageant leurs
jambes poftérieures en arrière , -fléchiîient
les pieds obliquement, entre la direction
perpendiculaire Ôc latérale , en dehors du
corps, ils en frappent l’eau en arrière , à la
manière des oifeaux qui ont les pieds* palmés
5 c’eft leur façon de nager ordinaire ÿ
mais quand ils veulent s’élancer avec plus
de promptitude , ils plient la fécondé portion
delà jambe fur la première , 1 approchent dit
corps , l’en écartent en l'étendant, fans ceiTer
de faire agir leurs pieds , 8c frappent par ces
mouvemens une plus grande furface. Les autres
quadrupèdes ovipares., tels que les Lézards, ne
nagent qu’accidentellement à la maniéré des
vrais quadrapèdes , dont nous allons parler.
Cependant la Salamandre y qui habite toujours
dans l’eau , a les quatre jambes articulées
tranfverfalement, 8c elle n’a point de
pieds palmés j aufli ne nage-t-elle que fort
lentement y 8c à peine nageroic-elle à la faveur
dés mouvemens de fes quatre jambes ,
fort courtes , fi elle n'étoit fécondée par
l’adion de fa queue ; elle eft large , longue ,
platte 8c perpendiculaire \ elle l’agite en nageant,
la replie 8c l’étend } fes ondulations,
en frappant l'eau d’ayant en arrière, pouffent
le corps en avant.
Les reptiles naturellement nageurs, comme
le Serpent a collier, plufieurs efpèces de vers
nagent en pliant leur corps de droite à gauche,
de gauche à droite , en le fléchi fiant 8c l’étendant
alternativement \ fes finuofités, fes
ondulations, fervent à la natation de la même
manière que la queue de la Salamandre.
Je ne m’arrêterai pas à décrire la manière
de nager des animaux pour qui la natation
eft un mouvement contre nature ôc acoii