
5'. M é m o i r e .
Des A l eHles dont Us nids font faits d’efpèces
de membranes J'oyeufes, & des Abeilles
tapiffîèrcs.
Les premières Abeilles dont il eft quef-
tioii dans ce mémoire conftruifem des nids
quij pat leur forme, ont du rapport avec
les précédens, mais qui en diffèrent par la
matière dont ils (ont compofcs ; les Abeilles
qui les conftruifem les placent entre les joints
des pierres, dans des trous qu’ei'es y trouvent,
ou qu’elles y fa vent creufer; elles diffèrent
de toutes les Abeilles folîtaires donr
il a été parlé jufqu’i c i , en ce qu’elles cherchent
l’espofition du nord, tandis que les
autres cherchent cel e du midi : leut nid
eft compofé de cellules, dont chacune a la
forme d'un dez à coudre dj deux lignes de
diamèttre ; l’étui contient de deux à quatre
cellules mifes bouc à bout. Chaque cellule
& l’étui entier font formés d’une fubftance
membraneufe y-'e'.le paraît être le produit
d’un gluten que f’Abeille rejette & qui fe
dçflèchç.
M. de Réaumur, malgré fa fagacité or-
(J nuire, n'a pu déterminer d’une façon entièrement
fatisfaifantç la nature & la fabrique
de ces nids il pafle à l'hiftoire des
Abeilles qui creufeut perpendiculairement
la terre Je long des chemjns, il en a déjà
précédemment parlé , mais, feulement de
celles qui ne font que preufer dgs ttpus fans
tien appliquer à leurs patois ; il s’occuppe
pu cet endtoiç d’une près - petite Abeille
qu i, après ayoir çteufé en terre un trou,
Je rapifîe de pièces quelle coupe fut des fleurs
de coquelicot nouvellement épanouies. Au
fond de ce trou ainfi rapide, qui a trois
pouces de long à peu près, l'Abeille amafle
de lg pâtée Se y. dépole un oeuf; quand ce
double ouvrage eft achevé elle rabat fur la
pâtée les pièces qui tapiffoient le trou ; ces
pièces forment un couvercle atpdeflqs duquel
il relie un, vide d’environ deux pouces;
j ’^beille le remplir fi ardftement de terrç
qu’il n’eft plus poflîble de teconnoître l’endroit
où le trou a été ouvert.
t>6. M e u o r K i.
Hiftoire des Guêpes en général & en particulier
de celles qui vivent fous terre en
fociété.
Il y a des Guêpes qui vivent en fociétés
nombreufes , d’autres donr les fociétés ne
font compofées que d’un petit nombre d individus,
il y en a enfin qui vivent folicai-
res : elles font tôutes remarquables par leurs
travaux , par les foins qu’elles prennent pour
leur poftérité ; mais elles nous font non-
feulement inutiles , pelles nous font encore
nuifibles par le tort qu’elles fout aux fruits
& par la perte des Abeilles qu’elles ruent
& quelles dévorent. De ces généralités M..
de Réaumur pafle aux caraétères qui diftin-
guent les Guêpes , & les principaux font
le corps attaché au corcelet par un fimple
filet; point de trompe & des dents en dehors
| de la bouche; les ailes fupérieures-pliées fui,
vaut leur longueur dans l'état de pofition ;
le brun & le noir partagés par anneaux peur
couleurs dominantes.
Les Guêpes diffèrent beaucoup en grof-
feur. La première efpèce, à cet égard, eft
la Guêpe connue en latin fous le nom de
Crabro Se en françois fous celui de Frelon,
Celles qui vivent en fociété bâtiffent, ainfj
que les Abeilles, des pellules hexagones;
mais elles emploient ppnr les conftruire,
n >o de la cire, mais des fibres des végétaux
qu’elles rédpifent en une forte de papier.
Qn appelle Guêpier, l’afleniblage de
leurs cellules. Les Guêpes s’établiflent, fni-
vam le? efpèce? , en diffépens. lieux ; les
j unes bâtilfgnp à couvert & les autres en
| plein air; les plus comptines en ce pays,
habitent fous terre ; ce fpnt celles qui piquent
les fruips en supomne, quj ’ entrent
dans (as apparremens, & fur-tout dans le$
pièces où l’odeur des alimens les attire,
I Notre aurepir s’attache principalement i le#
hiftoire , parce que les faits qui la composent
peuvent en général s’appliquer aux autres
Guêpes qui vivent en fociétés par rap-
p irt auxquelles il fuffit de remarquer les
faits qui leur font particuliers.
Les Guêpes communes ou celles qui vivent
fous terre ne fe nourilfent pas feulement
de fruits , elles font carnacières, elles
font une guerre cruelle aux autres Mouches
& partiêulièrement aux différentes efpèces
d’Abeilles ; elles fondent de.flus , les terrai-.
fent, féparent à coups de dents redoublés
le corps du corcelec, s’envolent en emportant
entre leurs dents le corps dont elles'
font principalement avides ; elles le font
aulfi de viandes plus folides, descelles que
nous préparons pour nous; elles fe jettent
fur les pièces expofées dans les boucheries,
s’y raff'afienc & coupent en fe retirant un
morceau qu’elles emportent à leur guêpier.
Mais leur préfençe répare leur larcin, par
ce que les Mouches bleues qui déponent
leurs oeufs fur la viande & qui en hâtent
la corruption, n’ofent pénétrer dans les boucheries
dont les Guêpes le font emparées;
en conféquence les bouchers ont .coutume
de les y foufftir & même de les y attirer
en leur abandonnant chaque jour un morceau
de rate ou de foie, qui font les mets
qu’elles préfèrent.
On fait déjà que les Guêpes communes
habitent fous terre ; leur demeure ou guêpier
eft tantôt à la profondeur de fix pouces feulement
, tantôt à celle d’un pied & demi ,
& dans les proportions entre ces extrêmes:
fon entrée, qui n’eft qu’un trou à la furface
de la terre , n’a qu’un pouce de diamètre,
& conduit à . une gallerie torcueufe , de
même diamètre excavée en terre ; les bords
extérieurs du trou font labourés, comme
ceux d’un clapier de lapins : le guêpier auquel
la gallerie aboutie à une forme aron-
-die, plus ou moins régulière & plus ou
moins alorgée, il eft couvert d’une enveloppe
commune , femblable à un papi r
très-épa s , d’un gris cendré , quelquefois
d’un brun jaunâtre; la furface en sft inégale
& rabotteufe; elle eft percée de deux trous
dont l’un ferc aux Guêpes d’entrée & l’autre
de forrie ; il n’en peut pafler qu’une à
la foisï;, mais la combinaifon de leur marche
empêche qu’elles ne fe nuifenr. L’intérieur
du guêpier eft occuppé par des gâteaux
plats , parallèles , placés horizontalement ,
femblables aux rayons des Abeilles & réful-r
tans de l’affemblage de cellules hexagones:
le papier ou une matière analogue au papier
eft celle des gâteaux ainfi que de la
couche extérieure. 11 y a dans un guêpier,
fuivant fa grandeur de onze à quinze gâteaux
; il n y a qu’un rang de cellules par
gâteaux, elles ont toutes leur ouverture tournée
en bas; entre les gâteaux font des vides
qui fervent de paffage ou de chemin;
ces vides ont environ un demi-pouce d’é-
paiffeur & ils font traverfés en beaucoup
d’endroits par des fibres ou liens de papier
plus ferrés, qui lient les gâteaux les uns aux
autres ; entre les bords des gâteaux & l’enveloppe,
totale du guêpier il y a d.s endroirs
où les bords des gâteaux ne tiennent pas à
l’enveloppe, ou ils font flexibles, Se ces
endroits font des paflages pour aller d’un
gâteau ou rayon à un autre. Après cette
deferiptiou générale de la forme & de la
compoficion d’un guêpier, M. de Réaumur
examine comment les Guêpes le conftruifuic
& ce qui fe pafle enfuite à fon intérieur
pour leur population ; il avertit que c’eft
en plaçant les Guêpes dans des ruches vitrées
qu’il a pu fe procurer les connoiffan-
ces néceffaires pour traiter de ces objets. Il
fauc remarquer parmi les chofes qu’il dit à
cet égard que l’attachement des Guêpes pour
leurs petits eft fi fort, que quoi qu’on btife,
ou divife le guêpier, elles ne les abandonnent
point & les fuivenc dans la ruche où
on les place. Elles y entrent d’elles-mêmes
avec emprellemerir, Se fe mettent auflî-tôc
à réparér les défordres qu’on a caufé à leur
guêpier. La matière donr il eft formé eft
dans l’origine une pâte que les Guêpes
recueillent à la campagne, & qu’elles com-
pofenc des fibres ligneufes des plantes qu’elles