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ration pénible , 8c le tems qui le précède
& qui le fuir, un tems de mal aife ; les
infeétes s’y préparent par un repos & une
abftinence de quelques heures, d’une demi-
journée , ou d’un jour entier ; ils gardent
encore le repos, & s’abftiennent, quelques
tems après , de prendre de la nourriture. Leur
Upuvelle peau , en quittant la première ,
manque de folidité, elle eft molle & abreuvée
de férofité ; elle eft un foible foucien
pour les parties auxquelles elle fertde fupport:
les infectes font donc foibles ; ils ne fau-
roient exécuter de grands mouvemens, & un
léger contaâ fuffiroit pour les bleffer ; leur
peau n’eft pas non plus colorée , & les
nuances en font très-foibles ; mais cet état
ne dure que peu de tems ; l’aélion de l’air
diffipe bientôt l’humidité fuperflue, la peau,
en fe defféchani, acquiert la folidité né-
ceffaire , & prend un coloris qui fe fonce
de plus en plus. Alors les infectes ont repris
leur vigueur, & ils recommencent à fuivre
leur manière ordinaire de vivre.
Ce changement de peau eft une opération
que tous les infectes fubiffent ; ceox
qui ne changent pas de forme , à différentes
époques de leur vie & à mefure qu’ils augmentent
de volume, ceux qui paffent par l’état de
larve quatre à cinq fois dans ce premier état;
mais parmi ces infeétes , les uns, avant de
devenir chtyfalides, dépouillent toutes les
peaux de larves, comme les Papillons, les
autres ne dépouillent que les premières peaux
8c confervent la dernière fous laquelle ils
deviennent chtyfalides. Un- grand nombre
des infedes qui dépouillent toutes lés peaux
de larves avant de devenir chryfalides, s’enferment
fous une coque avant de rejetter la
dernière peau; ceux qui la confervent &
& qui paffent fous cette peau à l’état de
chryfalide, ne s’enferment pas fous une
coque ; la dernière peâu de larve qu’ils .con-
fetvent, qui fe durcit, leur en tient lieu &
devient pour eux une véritable coque.
Le paffage à l’état de chryfalide s’exécute
gomme un fimple dépouillement de peau
de la part des infedes qui rejettent toutes
les dépouilles de larve avant de le fubir ;
c’eft-à-dire, que foit que la larve fe foit fuf-
pendue, comme les Chenilles qui deviennent
des Papillons diurnes, foit qu’elle fe foit
enfermée fous une coque avant de devenir
chryfalide, au moment du paffage à ce dernier
état, la dernière peau de larve fe fend
fur le dos, la partie fupérieure & antérieure
de la chryfalide patoît à découvert, elle
courbe & élève le devant de fon corps au-
deffus de la peau de larve qui eft entrouverte
; cette peau defféchée eft pour elle un
point d’appui dont elle profite ; elle repofe
deffus la partie antérieure de fon corps, la porte
en avant en la pouffant par le moyen des
anneaux poftérieurs qu’elle rapproche les
uns des autres ; elle pince en même tems
entre les plis qu’ils forment les bords de
l’ouverture de la peau, & parvient de cette
manière à s’en dégager parfaitement., à la
faire paffer en un paquet à l'extrémité de
fon corps, dont elle le détache & d’où elle
tombe.
Mais l’opération eft différente pour les
infedes qui deviennent chryfalides fous la
dernière peau de larve. Ceux-ci commencent
par fe contra&er, fe retirer fur eux-mêmes
en tout fens , ils fe détachent intérieurement
de leur propre peau , 8c fouvent ils laiffènc
entr’eux & elle un efpace vide affez grand
pour qu’on puiffe le remarquer : la peau
expofée à l’air depuis quelque tems, & ayant
déjà une forte confiltance par cette rai fon,
achève de fe deffécher , étant ifolée de toute
part, & elle devient, pour la chryfalide ou
la nymphe , une partie étrangère • qui eft
une véritable coque , comme nous l’avons
déjà remarqué.
La forme de la chryfalide eft abfolument
& entièrement différente de celle de la
larve; il n’y a aucun rapport de ce côte
entre le premier & le fécond état de l'in-
feéte, ou il eft totalement différent de lui-
même dans ces deux états quant à la forme.
Mais ce n’eft qu’une différence extérieure ;
qui pourroit ne rien changer au mécanifme 1
intérieur dans lequel l’infede éprouve des
changemens plus importans & relatifs aux
fondions principales. Dans la larve, lesbatte-
raens fucceflifs des portions du vaiffeau qui
tient lieu de coeur ,commençoienf du côté de
la tête, & fe propageoient vers la queue où ils
finiffoient pour recommencer dans le meme
ordre; ils en fuivent. un complètement invertis
dans la chryfalide.
La larve étoit entièrement compofée d’anneaux
d’une extrémité à l’autre de fon corps,
les anneaux étoietit la plupart couverts de
deux ftigm'ates, un de chaque côté ; ces
bouches ou conduits de. l’air étoient à fleur
de la peau. Une partie compofée d’une feule
maffe, qui n’eft point divifée par anneaux,
forme la partie la plus groffe du corps de
la chryfalide, elle-en eft à peu-près le tiers
& la portion antérie’ure : ce n’eft que le refie
du corps qu i, comme celui de la larve, eft
compofé d’anneaux ; la portion qui n’en eft
pas formée couvre antérieurement la tête de
l’infeéte parfait, & plus en arrière foncorcelet.
11 n’y a fur cette portion de chaque côté qu’un
ou deux ftigmates, placés non fur une
ligne longitudinale, comme fur les anneaux
de la larve, mais fupétieurement &
inférieurement , 8c fréquemment , au lieu
de s’ouvrir à niveau de la peau, ils fe prolongent
& aboutiffent à des éminences des
.efpèces de cornés élevées au-deffus du corce-
let de la chryfalide ; quelquefois leur orifice'
eft couvert par des appendices membraneux
en forme de cornets ou d’oreilles ; on ne
remarque pas de différence entre les ftigmates
des .anneaux, du corps de la chryfalide
& ceux de la larve, fi ce n’eft que les
deux derniers aboutiffenr fouvent dans la
chryfalide à des efpèces de tuyaux proémi-
nens. Ces différences , quelque, confidéra-
bles qu’elles paroiffent , ne font cependant
encore que légères , . & ne changent rien
au fond du mécanifme. C ’eft toujours par des
organes qui ont la même conllruélion , qui
produifent les mêmes effets , que s’opèrent
la circulation & la refpiration. Mais voici
des différences plus importantes entre la chryfalide
& la larve, puifqu’elles tiennent au
fond du mécanifme 8c qu’elles changent la
manière d’êtré.
La larve contenoit la chryfalide & l’ infecte
parfait, elle devoir fournir à fon développement
8c au leur ; elle avoir befoin
de prendre de la nourriture, 8c elle devoit
en confommer beaucoup ; elle avoir ou des
mâchoires ou un fuçoir, fon eftomac & fes
inteftins avoient beaucoup de capacité ; il
étoit néceffaire. qu’elle pût fe mouvoir 8c
changer de place pour chercher des alimens.
En paffant à l’état de chryfalide , elle jaiffe
tenir à fa dernière dépouille’ les mâchoires
qui lui ont fervi , quand au lieu de mâchoires
, l’infeéte parfait doit avoir une trompe
j comme le Papillon ; elle ne dépouille
au Contraire que l ’étui ou la.gaine de fes
mâchoires , quand l’infeéte parfait doit aufli
en avoir. Mais quelque foit la partie qui lui
lervira à prendre de la nourriture, elle fe
trouve enfermée & enveloppée fous la*peau
de chryfalide, de manière à ne pouvoir faire
de mouvemens , 8c de façon à relier fans
aétion; aufli la chryfalide ne prend-elle poinc
d’alimens, elle n’a pas befoin de faire de
mouvemens pour en chercher : les pieds de
la larve relient à fa dépouille que îa chryfalide
rejette, & celle ci n’eft plus capable
que d’un (impie mouvement de trémouffe-
ment, de pirouettement fur elle-même; elle
ne peut paffer d’une place à une autre.
La larve, qui devoit fournir à fon propre
accroiffement, au développement de la chryfalide
& de l’infeéte parfait, avoir un eftomac
&• des inteftins très-amples; ces vif-
cères fe tettéciffent 8c la chryfalide s’en défait
en partie. Pour donner une plus jufte
idée de ce changement, je rapporterai les
obfervations de Swammerdam à l’égard d’un
Papillon qui relie à peu près dix-huit jours
en chryfalide , qu’il obferva jour par jour
dans cet état, en notant les différences qui
avoient lieu en vingt-quatre heures. Le fécond
jour l’eftomac étoit fenfiblement diminué
, beaucoup moins long; l’oefophage,