repréfente les chofes, if eft de.néceflrté que
1» colonne totale foit compofée de portions,
de molécules ou de globules: qui ne font que
contigus, qui fe touchent: elle ne peut être
un feul & même tout ; il .faut donc que le
mouvement, communiqué à la bafe de la
colonne, fe propage;par portion de teins &
de diftances ; mais cette communication eft fi
rapide, comme dans la férié des boules; que
les intervalles dans lêfquels elle a lieu , quoiqu'ils
foient de nécelïité abfolue échappent,
à nos fens. Ce font donc les trois caufes
affignées qui produifent le. mouvement du
fang dans ' les artères , l ’impülfion communiquée
en arrière, l’élafticité des. artères &
leur irritabilité.
Le fang, paffé des extrémités artérielles
dans les radicules des veines,foit immédiatement,
foit par l’intermède des vaifleaux
lymphatiques , coule d’un canal plus étroit
dans un conduit qui va toujours.en s’élar-
gillant; il ne diftend donc pas ce canal, &
celui-ci n’a point à agir en raifon de fou
élafticicé ; il n’eft ni dilaté. ni il ne revient
fur lui-même : le fang qui fe trouve toujours
de plus en plus au large, n’agit que
très-foiblement fur les parois de ce .fécond
genre de canaux; il excite, très-foiblement
çu plutôt il n’excite pas leur irritabilité;
c’eft donc parce que les veines ne font ni
diftendues dans leur diamètre, ni que leur
irritabilité n’eft excitée, qu’elles n’ont point
de battement : mais Fimpulfion, communiquée
en arrière à la colonne, du fang a l’origine
de cetre colonne qui eft, à la bafe du
çoeur, continue de fe propager & d’agir fur
la férié des molécules fanguines patvenues
dans les veines : cette impulfion retardée
par l’élargiffemenc fucceffif des canaux.,; eft
fupplée par une caufe, fécond aire; c’eft la
dilatation des artères le long & en çontaâ
defquelles les veines ont leur djreétion : car
les artères -, en fe dilatant, compriment les
veines , pouffent le fang qu’elles contiennent,
& concourent avec l impulfion qu’il reçoit
en arrière, à fon mouvement ou fon cours
çn ayant ; ainfi - l ’impujfion. communiquée
fang à la bafe.de la cqjoune , Sç }a dtlatation
des. artères, font les deux caufes efficaces
& primordiales du cours du fang dans
les veines ; ces deux caufes font dans différentes
parties & en différences circonltances
fécondées par le mouvement des mufcles,
dont: la concraétion comprime les veines Si
accélère la progrellion du fang.
Il ne nous refte qu’à examiner les organes
de la circulation dans.les infeétes , de à les
comparer .aux mêmes organes dans les autres
animaux ; l’application des caufes du cette
fonétion fera aifée, & n’exigera pas que nous
revenions, à cet égard , fur ce qui vient
d’être dit.
Un long canal ou vaiffeau, partagé par
des étranglemens en autant de fegmens qu’il,
y a d’anneaux dont le corps des infeétes
eft compofé, s’étend de leur tête à l’extrémité
de leur corps : il eft ficué au-deffous,
de j’enveloppe commune ,ou du tégument
qui couvre tout-le ..corps, fous l’amas ,de.,
graille qu’on découvre Jolis ce .tégument
il s’étend .le long de la partie qui répond au-
dos au-deflus des vifeères; les étranglemens
qui le rérréciffent font ouverts,Si établiffent.
un conduit ou pallsge intérieur de fegm.ens,
en fegmens ; ces fegmens fe dilatent & fe.
coniracisnr alternativement les uns après les,
autres :-ce mouvement fticceffif. de l’un à
l’autre commence.dtt côté de la tête, fe propage
le long du corps, fe termine à fon
extrémité, &. recommence,auffi-toc vers, la-
tête pour continuer, fans, interruption, ,de
la même façon:
Le vaifleauqnérje viens de décrire, ? été,
regardé par Mâlpighi, Swammerdam., Wal-
lifnieri , Réaumur , & , en général., par les
plus habiles anatomiftes & naturaliftes, comme
une fuite de coeurs qui ont communir
cation.des uns aux autres,; ils ont peUfé que
chaque fegment remplit à la fois les fonctions
de coeur; & d’oreillettes; ; que quand
le fegment le plus près de la tête eft
vuide , & relâché , que le fang a paffé dans
tontes .les parties du, corps, il .eft. .rapporté
dans;: ce Jegment, qu’il, le dilate & que fa
ptéfençe en excite la contraction , qu’alors,
je fang paffe 'dans 1$ fécond fegment qui
eft dilaté, & de celui-ci, par les mêmes caufes,
dans le troifième; ainfi fucceffivemeut
de fegmens en fegmens, jufqu an dernier;
alors le cours du fang rapporte ce fl.uide. au
premier fegment, ou à celui qui eft le plus
près de la tête : .il patoîc donc que la circulation,
eft plus lente dans les infeétes que
dans les autres animaux , puifque ce neft
qu’après le paffage fucçeffifdu fang, de fegmens
en. Jegmens, à travers toutes les parties,
qu’il revient au premier point d’ou il a
été'pouffé, qu’il fe paflè un intervalle allez
long entre ce retour , au-lieu que le coeur
des autres animaiix fe conrraéte & fe relâche,
de momens en momens fort courts : il pa-
roît de même que touce la quantité du fang-
paffe fucceflivemenr de fegmens en fegmens,
& à travers les différentes parties, qu’il jie
forme pas, comme dans les vaifleaux des
grands animaux , une colonne continue ;
car alors la concraétion du premier fegment
communiquerait au fécond une impulfion
dont leffec rapide fe ferait fentir à l’extré
mité de la colonne, & vetferoit le fang
dans le premier fegment auffi-tôt après qu’il
fe . ferait relâché. Auffi les infeétes. pa-
roiffent-ils en général avoir peu de fang &
d’humeurs , en avoir moins , même à proportion
du volumedu corps,que les autres animaux;
leur fubftauce dans l’état de perfeéiion,
qui eft celui dans lequel nous les confidérons
dans ce paragraphe, eft plus sèche; les plaies
qu’on leur fait, ne iaiffent pas, ou à peine,
échapper de férofité. Mais naît-il des fegmens,
ou de chaque coeur, dès, vaifleaux
qui tranfportent le fang; en naît il de chacun,
ou du dernier feulement? Ces vaif-
feaux font-ils artpriels & veineux? Je ne trouve
rien dans les auteurs qui me mette à portée
de. fatisfaire à ces queftions, & la petiteffe
des objets en rendra toujours, la folution
[très-difficile, Quelques obfervateurs onc remarqué
des filets qui leur ont paru prendre
tiaiffauce le long du vaiffeau qui tient lieu
de coeur ; ils ont jugé que ce font des vaif-
feaux fanguins.: mais doic-on les diflinguer
en artériels & veineux , & même en lymphatiques
? L analogie l infitine ; i’obfervation ne
Hijloirt Naturelle, Infectes. Tome I.
le décide 'pas. Comment fe fait-il, s il naît
des vaifleaux des différons fegmens , que le
fang, pouffé dans ceux qui tirent leur origine
du premier , n’y foie rapporté qu’en même-
cems que celui qui coule à travers les vaif-
feaux qui naiflent du dernier fegment ? Cette
queftion préfente une très grande difficulté :
pn peut cependant fuppofer le trajet des premiers
vaifleaux plus long & celui des derniers
plus court; le lieu de leur origine ne
fait rien , parce que les vaifleaux , émanés
près de la tête, peuvent fe porter à l’extrémité
du corps, & ne revenir aboutir près dé
leur origine, qu’après avoir traverfé les différentes
parties ; ceux qui naiflent à l’extrémité
du corps, peuvenc regagner direéte-
rnent , & par un trajet plus court, le point
de leur naiffance. Mais ce ne font là que
des conjectures, & l’obfervacion feule, la
vue des vaifleaux, leur direétioir connue,
peuvent réfoudre la difficulté. Quoi qu’il en
foie, il eft aifé de faire aux infeâés l’application
de ce qui a été dit pour les autres
animaux, & de concevoir que l’irritabilité
& l’élafticité des vaifleaux. font dans les.uns
& les autres: deux caufes de la circulation :
mais la troifième, l’impulfion, communiquée
à la première colonne de fang à celle qui
fe trouve à la bafe des vaifleaux , paraît n’avoir
pas lieu dans les infeétes : comme cette
caufe a une forte aétion, c’eft une raifon
pour que la circulation foit moins aftiv.e
& plus lente dans les infeétes, comme elle
paraît l’être en effet. Il fuit une autre confc-
quence, &. qui fe déduit d’une manière plus
sûre, de l’organifation qui, viencd etreexpofée.
Il y a autant de fegmens que d’anneaux
dont le corps eft compofé;-chaque fegmenc
eft un coeur complet, & en érat d’exercer
les fonétions de ce vifçèrê ; Je corps peut
donc être divifé cranfverfalemenc en autant
de portions qu’il contient d’anneaux ; & à
chaque portion il y aura un coeur complet,
comme nous avons v.u qu’il y a auffi,par
la même difpofition d’organifation , un cerveau
complet ; je prie le lecteur de ne pas
perdre de vue cette double obfervation à
laquelle nous en .ajouterons, à la fin.de