l’article fuivant, une troifième, qui , jointe :
aux deux autres, 'jettera un grand jour fur
l’organifation des infèâes, & rendra évidente
la caufe d’un des plus linguliers phénomènes
que préfente leur tiiftoire.
De la refpiration , troifième & dernière caufe
de l'exifience actuelle, & des organes qui y
fervents
La refpiration eft une fonction au moyen
de laquelle l’air entre dans la poitrine, &
en fort alternativement ; elle concourt avec
les deux autres fondions qui nous ont occupés
, l’irritabilité & la circulation , au produit
de l'exiftence actuelle ; elle commence
au moment de la naiflànce, Sc ne ceffe qu’au
dernier inftant de la vie ; mais elle diffère
des deux autres fonctions en ce que l’exercice
de celles-ci commence dès l’inftant de la
formation , au-lieu que celui de la refpiration
ne date que du moment de la fortie de
l ’utérusou de l’oeuf, fuivant que les animaux
font vivipares ou ovipares, ou du moment,
au moins, où l’air eft introduit foit dans la
matrice, foit dans l’oeuf. L’irritabilité & la
circulation Ont lieu dans i’embrion qui ne
vient que d erre formé , dans le foetus qui
fe développe, & qui prend fon accroifle-
ment ; mais ni l ’embrion, ni le foetus ne
■ refpirent point, & le foetus ne commence à
refpirer que quand une ouverture , faite aux
tégumens qui ^entourent, ou dans la matrice
,-oü dans l’oeuf , donne paflagê à l’air,
inftanf'où il eft prêt de naître, & où l’aéte de
de fa naiflance eft commencé.
Les organes de la rèfpitation font le
poulmon qui en eft l ’organe immédiat, &
des parties qui y concourent fécondairement :
ces parties font la trachée-artère, les bronches
, le diaphragme, les côtes & - les mufti
s qui fervent à leur élévation & à leur
»bâillement alternatifs.'
La trachée artère eft un tuyau cartilagineux
, cothpofe d’anneaux, qui du haut de
la poitrine aboutit au fond de la bouche ,
s’y cvafe en un pavi'Ion formé de plufieurs
•cartilages , qu’on nomme Larynx, fitué devant
l’oefophage, ou le canal par lequel les
alimens defcendent dans l’eftomac ; la trachée-
artère fert au paflage de l’air.
Les bronches font deux canaux qui naif-
fent de la bafe de la trachée , & qui ont
la même conformation ., à . l’exception que
les anneaux, dont elles font formées , font
entièrement cartilagineux , au-lieu que les
anneaux de la trachée ne le font qu’aux trois
quarts , & qu’à la partie poftérieure ils font
membraneux.
Le d iaphragme eft un mufcle, d’une irritabilité
exqnife, d’une forme âpplatie fitué
tranfverfalement au bas de la poitrine dont il
fait la réparation d’avec le bas-ventre: il fe
contraéte dans le moment de l ’expiration ou
de la fortie de l’air ; il eft par fes attaches
fixe de façon qu’en fe contractant il s’élève,
rentre dans la cavité de la poitrine, en diminue
l’ampleur 6c comprime le poulmon ; il
tombe dans le relâchement au moment de
l’infpiration , il s’affaifte fur les vifcères contenues
dans le bas-ventre, il les refoule par
fon poids, 6c la cavité,de la poitrine en eft
amplifiée.
Les côtés font des os longs , appfatis, qui
approchent par la-forme de celle qu’aliroir la
lettre S alongée 6c moins courbe; ils font
articulés par leur pins grofte extrémité aux
apophifes ou éminences des vertébrés, ou des
os qui forment la colonne dorfale; leur articulation
eft telle qu’ilsfont fufcepdbles d’élévation
6c d’abàiftement, d’écartement du
centre â la circonférence, & de rapprochement
de la circonférence au centre.
Les côtes font mues par différens mufcles,
mais principalement par deux couches de
mufcles fitués entre chaque côte , qui fe
croiftent , dont les fibres ont letn: attache dit
bord inférieur de la côte fùpérieure , au bord
Supérieur de la côte qui eft au^defTous : on
lés nomme mufcles intercoftaux.
La poitrine , dont les côtes 6c les mufcles
intercoftaux forment les paiois , qui reftem-
ble à une hoie renverfée, eft conformée de
façon que, quand les côte font élevées par
la conrra&ion d’un des deux plans des mufcles
intercoftaux, 6c par l’aéiioû des autre«
mufeles qui fécondent la leur , la cavité de
]a poitrine eft confidérablement amplifiée j
quand, au Contraire , les côtes font abaiftees
par la contraction du plan oppofé des muf-
cles^ intercoftaux , 6c des mufcles qui concourent
à la même aétion, la cavité de la
poitrine eft reftèrréej c’eft dans l’inftant de ]
î’infpiration ou de l’entrée de l’air que’ les
côtes s’élèvent, que le diaphragme s’abaifte,
6c c’eft dans le moment oppofé, celui de
l'expiration oux de la fortie de l’air , que
îes côtes font abaiftees, que le diaphragme s'élève
; ainfi dans le premier inftant toutes les
circonftances- favorifent l’amplitude de la
poitrine, la dilatation du poulmon & l’entrée
de l’air, toutes concourent dans le fécond à .
reftèrrer la poitrine à comprimer le poul-
mon 6c à repoufter l’air au-dehors. Les cau-
fes immédiates de fon entrée & de fa fortie
font donc la dilatacion de la poitrine ou
l ’élévation des côtes| 6c -> ï ’abàiifeme.ot du
diaphragme ; ^élévation de ce mufcle & l’a-
baiftèment des côtes; mais quelle caufe détermine
le mouvement alternatif de ces différentes
parties ?
• Cette queftion a de tout tems embarrafle
les phyfiologfftes, qui n’y ont pas encore répondu
de manière à réfoudre la difficulté ; '
l ’opinion la plus vraifemblable me paroîc
être la fuivance.
Dans lïnftant où le foetus naît, Paétion
de 1’ air, qu’il n’avoit pas encore éprouvée, I
excite nécefTairemenc l’irritabilité de toutes
les parties qui y font expoféesl; ces parties
font en général toute la furface du corps, 8c
fpécialement’les narines & la bouche, deux
cavités que l’air trouve vuides & dans lef—
quelles il entre par l'effet de fon poids & de
la tendance à T'équilibre ; l'irritabilité des
parties fur lefquels l’air agit, fe communique
en général , par laiiaifon des ’nerfs,
aux puiflances deftinées aux mouvemens
de la poitrine, & par une connexion plus
intime , d abord à celles qui doivent procurer
fa dilatation ; l’air qui la trouve
vuide s’y introduit donc1, & la remplit à
mfefure qu elle fe dilate ; mais quand l’air a
aiftendu les poulmons, ils interceptent par
leur compreffion fur les nerfs la communication
du cerveau aux puiflances dont l’action
amplifie la poitrine'; le relâchement
de ces puiflances eft l ’effet de cette interruption;
dans ce moment les puiflances op-
pofées qui fervent à rétrécir la poitrine ,
entrent en action Sc repouflent l’air ; auffi-
tot quîl eft fort!, les puiflances qui l’ont
expulfe tombent dans le relâchement, parce
qu’il n’y a plus de caufe qui excite leur irritabilité
; mais dans le troifième infiant où
la poitrine vuide fo retrouve comme au premier,
& les deux puiflances oppofées dans
l’inaétion, l’air revient s’introduire par fon
poids dans les narines & la bouche , déterminer
une nouvelle contraâion des puiflances
motrices, qui doit fe renouveller & fe perpétuer
fansceflè, jufqu’à la fin de la vie ,
parce que . jufqit’à cet inftant, les circonflan-
ces feront toujours les mêmes.
L’hypothèfe qui vient d’être expofée fait
fans doute honneur au génie de ceux qui
l ont imaginée ; mais les preuves en font
foibles, & la connexion par l’intermède des
nerfs, entre les parties fut lefquelles l’ait
agit immédiatement, & celles fur lefquelles
il a une aètion fécondaire', eft loin d'être
fuffifamment démontrée. Uneautre queftion,
non moins importante, & qui a autant em-
barrafle les phyfio'logiftes, eft celle qu’on
peut faire fur l’iifage de la refpiration.
Quel eft-il? Avant de répondre quelque
éhofe à cette queftion difficile, occupons-
nous de la ftruéture du poulmon , organe
immédiat de la refpiration , que nous ne
connoiflons pas encore. Ce n’eft qu’après une
connoiflance exaâe de toutes les pièces d’une
machine qu’on petit efpérer d’en connoître
l’adion & les effets.
Le poulmon eft un vifcère double, très-
ample ; il occupe en grande partie la cavité
de la poitrine, qu’il remplit avec le
coeur & les parties dépendantes de ce vifcère;
chaque poulmon eft divifé en deux lobes à
peu près triangulaires, de'forme pyramidale,
concaves en deflous, arrondis fur les côtés,
& légèrement déprimés en arrière ; les deux
lobes du poulmon forment un cône renverfé,
d ij