
qui n’arrive qu’à peu de perfonnes, une légère
& courte cuiffon ; mais lî vous voulez chafler
les importuns infeétes qui ont commencé à
vous piquer, ii vous les punilïez en les écra-
faut fur l’endroit où ils fe font pofés, dans
le premier cas , en fe hâtant pour fuir, ils
ramperont une partie de leur trompe qui
reliera engagée dans la plaie ; dans le fécond,
elle fe brifera encore plus furement , & il
en demeurera dans la plaie une portion
plus confidérable ; vous éprouverez donc
tous les effets & les maux légers que vous
aurez voulu & cru éviter ; que faire alors
pour les adoucir ! Le mal eft une légère
inflammation , il faut détendre , amollir ,
& rafraîchir la peau ; un peu de lait dont
vous vous frotterez, de l’eau à laquelle vous
aurez mêlé un peu de vinaigre , ou dans
laquelle vous auriez fait paflèr, par l’ébullition
, le mucilage de la graine de lin ou
des plantes émollientes , l’huile d’olive bien
fraîche , ou celle d’amande douce rempliront
cette indication. C ’eft parce que l’huile
detend & amollit la peau mieux qu’aucun
autre moyen , que quelques perfonnes emploient
ou confeillent de fe frotter avec l’eau
de luce ; il n’y a que l’huile qui entre dans
la compofition de ce remède qui opère dans
Je cas dont il s’agit ; l’alkali n’y eft que nui-
fible, & l’huile feule vaudrait beaucoup
mieux. Mais c’eft trop nous étendre fur un
auffi petit fujet.
L ’efpèce d’importunité qu’occafionnent les
Puces & les Punaifes eft connue de tout le
monde. On fait’que leurs piquures troublent
& interrompent le fommeil ; qu’elles fatiguent
, à la longue , pat cette raifon ; que
les légères échimofes ou taches qui en (ont
les fuites difparoiffent promptement ; on fait
de même que les Punaifes répandent de plus
une odeur très-défagréable , & que c’eft une
incommodité de plus qu’elles occafionnent.
La propreté & le changement fréquent de
vêtemens font les deux précautions les plus
Jures contre ces deux genres d’infeélès ; il
eft plus difficile de fe garantir des Puces &
de s’en délivrer, quand une fois on en eft
attaque; parce qu’elles s’attachent, ou à noire
propre individu, ou à nos vêtemens, & nos
différantes fortes de couvertures ; qu’plies
dépofent leurs oeufs ou fur ces objets , ou
fur la peau ; que leur larve s’attache à l'épiderme
eu différentes parties, & fe nourrit
de 1’ humeur de la cranfpiracion; enfin j parce
qu'elles ne nous quittent pas perfonnelle-
menr, ou nos vêtemens, ou les lits fur
lefquels nous prenons le repos de la nuit ;
cependant en changeant fréquemment de
linge , on écarte, avec ce vêtement, les
Puces qui s’y trouvent fixées, Scieurs oeufs ;
en le nettoiam par des frictions., ou par le
moyen du bain , on fe délivre de leurs larves.
La propreté qu’on entretient fur fo i, dans
fon linge, dans fes vêtemens & fon coucher,
ne leur permet donc pas de fe multiplier.
C ’eft par les raifons contraires que les ên-
fans , qui font deux-mêmes mal-propres,
qui transitent beaucoup & ne fe nettoient
pas la peau , que les gens négligens & les
pauvres font tourmentés par les Puces beaucoup
plus que les perfonnes que leur caractère
porte à prendre les foins de la propreté,
& que les gens aifés , à qui leur opulence
le. permet. Ainfi l’indigence entraîne après
elle tous les genres de calamités , & les
maux de toute efpèce fe réunifient fur la
tête du pauvre pour le tourmenter.
Quoique les Punaifes pompent notre fang
comme les Puces pendant les heures du fommeil
, elles ne nous environnent pas fans
ceffe immédiatement comme les premières :
elles attendent l’inftant de notre repos.pour
nous affaillir ; fi elles le troublent affez pour
nous en faite forcir , & nous déterminer à
prendre du mouvement, ou fi elles fe fonc
raflâfiées tranquillement de notre fang pendant
notre repos , elles fe retire ni ou fur
le coucher où nous avons coutume de le
venir prendre , ou fur les objets qui en fonc
proches. Elles fuient le jour, & fe cachent
dans des trous ou des fentes où elles attendent
le retour de la nuit ; elles y dépofent
leurs oeufs dont il fort des nymphes, q u i, en
naiflant , opt les mêmes habitudes que leur
mère. En vain donc change-t-on de linge a
fou réveil , fe lave-t-on & renouvelle-t-on
les vêtemens dont on s’eft couvert la nuit;
on n’enlève ni les Punaifes, ni leurs oeufs,
ni leurs nymphes ; c’eft dans leur retraite
qu’il faut les chercher, les détruire, elles &
leur importune poftéricé. Mais il ne fume
pas de les pourfuivre fur les- couvertures ,
les rideaux , les bois de lit. Ces objets en
font communément les plus infeélés , parce
que ce fonc ceux qui font plus à leur portée
& plus prêts du centre où nous repofons;
mais une partie des Punaifes, en nous quittant
le matin, fe répand par toute la chambre
où elles nous ont piqué pendant la nuit;
elles entrent dans les trous ou les fentes de
tous les meubles, dans les gerfures ou les
trous des plafonds & des murailles; elles fe
cachent fous les étoffes ou les papiers dont on
couvre les murs, fous les glaces & les tableaux;
elles aiment fingulièrement à fe retirer entre
les feuillets des livres ou les papiers qu’on ne
remue pas habituellement. C ’eft donc & autour
du coucher fur lequel vous repofez,
for la furface de toute la pièce que vous habitez
la nuit, & fur tous les meubles ou
cïbjets que vous y confervez, qu’il faut les
chercher, & vous en délivrer en les fai-fa rat
périr elles & leur poftérité. Mais quand on
aura vifité toutes les parties de la chambre
où l’on couche, tous les objets qui la gar-
niffent, qu’on aura extirpé la race, bouche
tousles trous & les fentes pour y enfermer les
ennemis qu’on n’a pu atteindre-, fans qu’ils
puiffenc en fortir , on n’aura fouvent pris
qu’une précaution inutile ou dont l ’effet ne
fera que paflager. Si les appartemens qui
communiquent avec le vôtre contiennent
des pièces - où des Punaifes fe foient multipliées
& qu’on ne les en nettoie pas, elles
pafferont dans le vôtre & y jetteront de
nouvelles colonies ; car ces maulfades & pe-
fans infeétes font cependant voyageurs. Une
autre remarque à leur égard , c’eft que le
long-terris qu’un lieu n’a été habité n’eft pas
une raifon pour qu’il n’en foie pas in-
feété. On eft étonné'de la longueur de l’ibfti-
nence qu’elles peuvent fourenir ; on en a vu
affaillir & pour ainfi dire dévorer des perfonnes
la première nuit qu elles onc pafîée
dans un appartement qui n’avoit pas été occupé
depuis deux ou trois ans. Si on s’en méfie
& qu’on en faffe la recherche avant leur
premier repas , on les rrouve tellement ap-
platies, qu’elles font tranfparentes & ne fem-
blent que deux pellicules minces collée.- l’une
fur l’autre ; mais dans cet état même elles'
n’ont rien perdu de leur tardive agilité.
On voit par ce qui vient d’être dit ;
combien il eft plus difficile dé. fe garantir
ou de fe délivrer totalement des Punaifes
que des Puces, quoique la propreté foie le
remède le plus fût contre les unes & les
autres. Voici encore quelques remarques qui
peuvent avoir leur utilité. On fera moins expofé
aux Punaifes dans un bâtiment neuf, quoiqu’on
né le foie pas moins aux Puces ; on en font la
raifon : l’expofition du nord eft celle où on
fera le moins pourfuivi par les unes & par
les autres, parce que ces infeétes aiment la
chaleur & qu’elle favorife leur propagation.
Mais' ce ferait acheter un léger avantage
par la privation de biens puis réels,
que procure une expofition plus favorable
à bien d’autres égards : ainfi le choix d’une
habitation au nord pour coucher ne peut convenir
qu’aux perfonnes à qui leur pofition
permet d’en changer ptufieurs fois à volonté
, & elles ne doivent, s’y retirer qu’en été
où l’afpeét du nord n’a pas les mêmes in-
convéniens que dans les autres faifons. On
ne manque pas de recettes données comme
propres à délivrer des Puces & fur tout des
Punaifes , dont on s’eft plus occupé parce
quelles font plus incommodes : mais toutes
ces recettes font fans efficacité. M. de Réau-
mur prétend que les perfonnes qui fument
habituellement n’ont rien à craindre des Punaifes,
que'l'odeur du tabac les fait fuir des
lieux où elle eft ordinaire. .Si ce fait eft
vrai , une légère fumigation de tabac chaque
jour feroit un bon moyen pour ceux à qui
cetre odeur ne déplaît pas, ou qu’elle n’incommode
point : celle des feuilles de noyer
qu’on met fous le travertin, fous les matelats,