
ou pèfent également d’un côté & de l’autre ;
le centre de leur gravité paffe don» a travers
leur propre ligne cen trale, & elles pefent les
unes fur les autres par tous les points, d e leur
furface également : cette répartition égale ce
poids général fur toutes les parties entr’elles,
& d’elles- mêmes fur tous les points de leur
furface , allège le fardeau , & eft une forte
d’état de repos. A u d i voït-on les animaux
prendre d’eux-mèmes l’état de dation après
des exercices violens qui les avoient épuifés ;
Si lorfqu’ils y font demeurés quelque rems,
en -fortir avec une vigueur que les exercices
qui J’avoient précédé leur avoient fait perdre.
Mais ce n’eft qu’ un délaflement , & non
un état de repos parfait. La dation donne à
la nature le tems de raffembler les principes
qui produifent la force & la v igu eu r, elle
dépenfe moins de ces principes pendant
qu ’elle dure que les fécrétions n’en fournif-
féjit-, & en cela la dation ranime; mais
elle en dépenfe pour la conrraéfion des muf-
cies , & cette dépenfe ed caufe que la dation
ne répare pas complètement, qu’ elle n’eft pas
un repos parfait ; il n’y en a que quand tous
les- mufcles , au lieu d'être dans la contrac-
tio r , même la plus légère , font dans un relâchement
total & général ; que quand les
parties ne pefent plus les unes fur les autres,
mais que le poids de chacune & du corps
entier ed fupporté. par un plan auquel
l’animal confie la malfe de fon individu , &
fur lequel il s’étend , fe couche à fa manière,
mais de fa ç o n , drivant fon efp èce, que le relâchement
des mufcles ed complet. Alors il
n’y a aucune dépenfe des principes qui produifent
la fonte , que celle qu’exigent les
mouvements involontaires , ou les môuve-
menS néceilaires pont la produélion ou la
confervation de l’exidence , comme la con-
trafiion du coeur , & c . Pendant cet état , la
nature raffemble donc une grande abondance
des principes qui produifent la force, & pat
cette rà ifjn , cet état la répare : c’ed un tems de
repos & de redaararion complette; cet état ed
celui qui a lien pendant le fommeil , & c’ed
par certe raifon que le fommeil repofe & rétablit
la force ; cependant il concourt encore à
fon rétablilTement d’une autre manière : pendant
le fommeil il n’y a aucune fen fation ,
aucune impreffion fut le fenforium , aucune
réaélion de la part de cet organe ; il n’y a
donc aucune dépenfe du principe qui produit
les fenfations, qui les communique au fenforium
, & par le moyen duquel il réagit : ce
principe eft le même qui produit la force
& la faculté de l’a âio n mufculaire ; il dépend
de même du cerveau ou de fes dépendances
dont il tire fa fource , comme nous l’avons
vu ; c’eft donc une caufe qui concourt
avec le relâchement des mufcles à repofer &
à réparer les forces. Mais fi le fommeil eft trop
long ou trop fréq u en t, fi le relâchement
des mufcles l’eft de même par l’habitude
d ’être couché trop long-tems bu trop fréquemment
, les forces en font énervées , au lieu
d’être ranimées , ce qui arrive par des
caufes accelfoires , indépendantes d u principe
que nous examinons , & dont l’énoncé
nous écarteroit trop de notre fujer. Il eft donc
vrai que la dation délalfe & répare en partie
les forces , que le coucher les répare à un
plus haut degré , & que joint au fom m e il,
il les répare complètement. L a dation , le
coucher , le fommeil & fur-tout le coucher
joint au fom m e il, pourraient donc & doivent
être comptés au nombre des caufes ou
fonctions que la nature emploie pour la con-
fervation & l’entretien dés animaux. En
effet, fans la dation , fans le repos que le
coucher & le fommeil procurent , le principe
des forces ou de l’aétion mufculaire fe ferait
bien-rôt épuifé , & aurait ceffé de fournit
aux différents mouvemens volontaires, nécef-
faires pour l ’entretien & la confervation dé
l’exiftence; les animaux auraient péri. Auffi eft-
ce une loi générale que tous les animaux réparent
leurs forces & les pertes que les différens
mouvemens leur ont coûtées , pat un état
d’immobilité , & la plupart , fi-uon tou s, ce
qui eft en queftion , par le fommeil. Nous
allons examiner rapidement & comparer les
différens animaux "dans cet état , foit qu’il
ne foit pour eux , félon les efpèces , qu’une
dation ou un coucher véritable , foit
qu’ils joignent le repos du fommeil à celui
«le l’immobilité , ou qu’ils fe repofent fans
dormir.
Les quadrupèdes prennent affez fou-vent
l’état de dation , après s’être exercés ; ils fe
couchent & ils dorment : les grands quadrup
èd es, dans l’état de ’dation , tantôt font l'up-
purter d ’aplombs & également le poids de
leur corps par leurs quatre pieds ; tantôt ils
ne supputent que fur un pied d*e d evant, &
fur le pied de derrière qui y répond par une
ligne d iagonale; ils foulèvent les deux autres
pieds, & les foulagent du poids du corps ;
quelquefois ils fe penchent plus à droite ou
à gau che, s’appuient lur trois pieds , n’aliè-
,gent le fardeau que pour un , Si pour un
côté aux dépens de l’autre : ils changent pendant
la ftadon.de pofition ; ils s’appuient fut
les parties qui n’avoient tien fupporté &
cjui seraient repolées , dont les forces fe fo n t.
.réparées, & ils foulagent les premières pour
réparer alternativement leurs forces : mais
dans les différentes polirions , l’équilibre eft
toujours parfait entre les différentes parties
du corps ; la ligne centrale de gravitation paffe
par le. m ilieu entre les points d’appuis où les
pieds fut lefquels les quadrupèdes font pofés.
Les quadrupèdes de moyenne taille, & le s
petits , fe repofent quelquefois fur leurs
quatre pieds à la fois ; mais ce n’eft que
rarement & quand ils font excédés ; o rd inairement
, pour paffer à l’état de d ation, ils
plient leurs deux jambes de derrière en les
alongeant fous le ventre , ils inclinent la
partie poftérieure de leur corps , de façon
q u ’elle porte fur les os du balfin ; ils s'affeient
en quelque manière ; ils rapprochent en
même-tems leurs deux jambes de d ev an t, du
corps parallèlement , en les retirant un peu
fous la poitrine, ils les tiennent dans une
fituation perpendiculaire au plan de pofition
lu t lequel les pieds font appu yés, & elles
fupportenc la portion antérieure du corps ;
d ie n’a qu’ un poids très - léger à caufe de
iabaiffement de la partie poftérieure, de la
gravitation du corps en arrière, par l’incli-
naifon de l’épine dorfale : c’eft donc alors fur
les os du badin que portent la plus grande
partie du poids du corps j & le relie des
membres en eft déchargé en grande partie.
-
La plupart des quadrupèdes , peur jouir
d ’un repos complet que leur procure la po fition
qu’ils prennent & le fommeil ,- fe couchent
fut un côté ou fur l’autre ; mais plu-
fieurs , & c-e fon t les -plus grands , laiffent
leur col étendu leur tête éloignée du corps,
l’un & l’autre comme abandonnés & confiés
au plan q u ’ils couvrent; ils rapprochent
cependant un peu les pieds de devant vers la
poitrine , & ceux de derrière vers le ventre ;
plufîeurs petits quadrupèdes plient beaucoup
davantage les jambes , courbent l’épine de
leur dos en arc , dont la courbure eft du
côté du ventre , & ramènent leur tê te , en
pliant leur cou vers la poitrine. Il y a des
quadrupèdes , tel eft le chameau , fuivant
les relations, q u i, pour fe repofer & dormir
, plient feulement leurs jambes de d evant
fous la poitrine , celles de detrière fous
le ventre , & qui abandonnent la ma (Te de
leur corps , qui pofe à terre , ail plan de
pofition ; dan s!cette pofture, il eft indubitable
que certains points de la furface du
corps , plus élevés que les autres , doivent
en fup porrer le poids ; mais fans doute que
la diftance entre, ces points , la répartition
égale du poids entre eux , leur force plus
grande , font caufe que cette pofture eft un
état de repos, pour les animaux à qui élle
eft ordinaire; on la voit prendre affez fou-
vent aux moutons , à qui elle paraît fuffire
pour les délaffer complettement , & aux
boeufs, qui cependant fe couchent à la m anière
ordinaire à la plupart des quadrupèdes,
& pour qui la pofition , femblable à celle du
chameau co uch é, paraît n’être qu’un état de
dation , de délallemenc paflager , & non la
pofition néceffaire pour un repos complet.
Il y a beaucoup de variété dans les détails
de la pofition que les différentes efpèces de
quadrupèdes prennent en fe couchant , de
dégrés dans le rapprochement de leurs membres
, dans la courbure de leur épine 3 toutes