
eclxxx D I S C O U R S
ont btifées & triturées, elles rentrent au guêpier
en tenant entre les mâchoires une boule
de cette pâte; elles l’appliquent où il eft
befoin, elles l’étendent & la moulent en la
foulant avec leurs pieds de derrière, de devant
en arrière , tandis quelles l’alongent
avec leurs dents d’arrière en avant. C ’eft du
bois fec que les Guêpes tirent la matière
dont elles forment leur guêpier ; elles favent
ccatter, détacher les fibres'félon leur longueur
& les rompre en fragmens; leurs dents
leur fervent d’inftrumens, elles font palfer
entre leurs pieds de derrière les fibres quelles
ont détachées ; elles les humettent d’une humeur
qu’elles rendent qni fert à les lier &
elles en compofent des pelottes qu’elles apportent
à leur guêpier pour les y mettre en
oeuvre.
Il n’y a qu’un petit nombre de Guêpes
employées à conftrnire le guêpier. Ces Mouches
, comme les Abeilles, font de trois fortes ,
les femelles, les mâles 8c les mulets. Ces
derniers font les plus nombreux de beaucoup,
& c’eft fur eux que roulent les travaux. Ils
bâtilfent , ils nourrilfent les mâles ,_ les femelles
& les petits ; quelques-uns font oc
cupés à amalfer des matériaux pour le guêpier
Depuis le mois de juin jufqu’au mois de
feprembre , les mères ne fortentguère des guêpiers
& à les employer ; mais le plus grand
nombre donpe la chaffe à d’autres infeéles,
ou récolte d’autres vivres qu’il apporte au
guêpier ; lorfqu’un mulet y entre il diftribue
fa charge aux petits, aux femelles, aux mâles,
& même aux mulets qui ont travaillé au guêpier
& qui en prennent leur part. Cependant
ils n’apportent jamais que des fubftances animales,
& les mulets qui ont fucé des fruits
reviennent au guêpier à vide en apparence,
mais en y entrant ils dégorgent à plufieurs
reprifes des gouttes d’une liqueur qui eft avidement
recueillie par d’autres Guêpes qui
étoient reftées à l’intérieur,
Les mulets font les plus petits des Guêpes,
les femelles les plus groffes, & les mâles d’une
grollg.ur moyenne.
où elles font occupées à pondre & à nourrir
les petits. Ces foins font très-confidérables
& par le nombre des cellules qui excède quelquefois
feize mille , & qui font prefque toutes
remplies, & parce que les oeufs même ont
befoin d’être foignés. Ils font oblongs, pointus
pat un bout , fixés par ce bout fur le
fond de la cellule auquel ils adhèrent fortement.
Les mères les examinent fouvent,
foit pour les humeéter d’une férofité donc
ils peuvent avoir befoin , foie pour s'affiner
de l’inftant où les Vers en fortent. 11 eft certain
que les mères en font occupées fans
qu’on fâche précifément pour quel motif. On
connoît mieux les foins quelles rendent aux
Vers. Ils fortent des oeufs au bout de huit
jours , & paroiflent confidérablement plus
gros que l’oeuf qui les contenoir. On ignore
s’ils changent plufieurs fois de peau ; elle eft
blanche, lifte & molle. Les mères nourrilfent
ces Vers à la manière des Oifeaux ; elles leur
apportent la becquée, mais elles ne fauroient
fuffire feules à ces foins , & les mulets s’en
occupent aufli. Notre auteur a remarqué que
la becquée pour les jeunes Vers neft qu une
goutte d’une liqueur , tandis que c’eft une pâtée
folide pour les Vers plus- âgés. Au relie,
c’eft en dégorgeant que les Guêpes nourri!-
fent les Vers, & en rappellant de leur efto-
macles alimensplusou moins digérés,comme
les Oifeaux font remonter dê leur jabot les
grains plus ou moins amollis & broyés fui-
vant l’âge de leurs petits.
Ler Vers parvenus à leur groffeur rem-
pliflent toute la capacité de leur cellule , alors
Iils en ferment l’ouverture avec un couvercle
de foie ; lesVers des mulets font ce couvercle
plat & ceux des mères le font convexe. Cette
opération n’eft que de quelques heures, &
elle a lieu à-peu-près vingt jours après la
nailfance dés Vers , elle eft fuivie de leur
changement en nymphe , état qu’ils confet-
vent environ neuf jours, après lefquels l'infecte
paroît fous fa dernière forme. La jeune
F R É L I M .
Ja jeune Guêpe ne diffère des vieilles que par
des nuances moins foncées; elle profite bientôt
de la nourriture que celles-ci lui fourniffenc
& elle ne tarde pas à fe mettre au travail.
La cellule d’où elle eft fortie eft aufli-tot
nettoyée par une ancienne Guepe qui la
mer en état de recevoir un nouvel oeuf.
Il faut remarquer que les cellules pour les
Vers des trois fortes fonrdiftinétes 8c feparees,
en forte qu’un gâteau eft tout compofé de
cellules pour des mulets, ou de cellules
pouralesmères & des mâles, car les cellules
de ces deux fortes font réunies fur le même
gâteau.
Le guêpier en entier 8c tout ce qu’il contient
eft L’ouvrage de quelques mois , & ne
fert qu’une année ; il eft prefque défert en
hiver , & il eft totalement abandonné au
printems. Les mulets périffenc tous , meme
dès les premières gelées; mais quelques mères
réfiftent au froid de l’hiver ; elles font def-
tinéesà une nouvelle population, 8c chacune
d’elles devient la fondatrice d’une nouvelle
république dont elle eft la mère au fens
propre ; elle quitte au printems fon ancienne
demeure, elle en creufe une nouvelle fous
terre, elle y çonftruit des cellules pour recevoir
fes'oeufs, elle les foigne 8c elle noue-
rides Vers qui en fortent; ceux-ci deviennent
;biemôc une famille, puis un peuple qui l’aide
dans fes travaux. Une ou deux mères fuffifent
aux befoins du guêpier pendant la belle fai-
fon, mais quand elle eft prête à finir il en
naît beaucoup de jeunes ; il eft probable
que ce font de celles-ci qui réfiftent à l’hiver
& qui fondent de nouveaux guêpiers au
printems.
M. de Réaumur n’affure pas qu’aucun des
mâles ne pâlie l’hiver , mais il le croit ; il
n’en a jamais trouvé dans les guêpiers qu’à
•la fin d’août. Ce ne font donc que des mulets
qui naiffeut au printems dans les nouveaux
guêpiers , de à la fin de l’éré des fe-
mellesqui doivent reproduire au prïnfems ful-
vant, & des mâles deftinés à les féconder
Hijloirc Naturelle, InfeBes. Tome UC.
N A I R E. - cclxxxj
en automne ; ils font dépourvus d aiguillon
, dont les mères 8c les mulets font
armes.
Il arrive quelquefois qu’il y a des combats
dans les guêpiers comme dans les ruches,
de mulets contre mulets, de mulets centre
des mâles; mais ces combats font plus-rares
& peu fouvent meurtriers; ils font aufli exécutés
par moins de combattant. Mais au commencement
d’o&obre les mulets Arrachent des
cellules, qui font encore ouvertes, tous les vers
de quelque force qu’ils foient, & ils les maf»
facteur fans exception, comme s'ils vouloient
leur épargner une vie languiffante que Je
froid rermineroit bientôt ; à peine fe fait-
il fentir qu’il tue les mulets 8c affoibhc les
mères au point de les engourdit. Nous avons
déjà dit qu’un petic nombre de celles - ci
feulemenc y réfifte pendant la duree de
l’hiver. Dans l’cté même , les Guêpes, ne
fortent point pendant les jours de pluie 8c de
grand vent , 8c elles font alors réduites à fe
palier d’alimeus ; car elles ne font pas de
provifions.
7e. M É M O I R. ï.
Des Frelons , des Guipes canonnières , &
Ce quelques autres Guêpes qui vivent en
fociété.
Les Frelons font de véritables Guêpes ;
8c n’en diffèrent qu’en ce que ce font .les
plus grands infedes de ce genre. La manière
dont ils conftruifent leur ruche ou guêjsief
eft la même que fuivent les Guêpes dont il
aéré parlé dans le mémoire précédent ,, la
matière qu’ils y emploient eft aufti la 'même,
mais ils la préparent moins bien , & le papier
de leur guêpier eft plus mauvais ; il réfifterou
moins à l’humidite 8c a la pluie ; les Frelons
bâtiffent à l’abri, dans des greniers, dans
des trous de murs, dans des arbres creux, &c.
Ils ont le vol lourd & font beaucoup de bruit
en volant ; leurs habitudes fonc les mêmes
que celles des Guêpes , ainft nous nous dif-
penfons d’en parler ; la force de leur aiguil