
s’épaiflit j fe durcit, fe deffèche & devient un
têt fous lequel la Chryfalide fera en fureté :
leur précaution fe borne ou à s’enfoncer au milieu
des fubltances dont elles fe font nourries,
& à s’y cacher fous leur épailfeur, ou à s’en
éloigner pour fe mettre à couvert fous une
pierre , dans un trou , une fente , fiçe. Les
larves qui vivent dans le bois, dans les fe-i
mences, au centre des fruits , n’dnt befoin ,
pour elles , que d’agrandir leur logement à
mefure quelles croiffent ; c’eft ce qu’elles
exécutent en même-tems qu’elles fe nourrif-
fent, en détachant autour d’elles’ les alimens
qui fervent à leur accroiffement. Mais les
larves qui font nues , qui vivent non à l’intérieur
, mais à la furface des fubltances dont
elles fe nourrilfent ,-qui ne trouvent pas leurs
alimens accumulés-, mais qui les rencontrent
difléminés & qui font obligées , pour en
faire ufage, de palfer d’un endroit à un autre,
font néceflitées à prendre , & prennent en
effet, des précautions pour elles mêmes ; fit
en prennent en proportion de la fenfibilité,
de la fineffe de la peau, de fon manque de
réfiftance. Ainli , piufieurs Chenilles rafes ,
telles que celles du Papillon à queue du fe nouil
, celles des Papillons brajjîçâires , les
Chenilles arpenteufes fit lés Chenilles des Papillons
Sphinx!, &c. j ne prennent pas d’autre
précaution , celles des deux premières efpèces
, que dé fe tenir plus fouvent en-deffbus
qu’en deffus des feuilles des plantes dont elles
fe nourrilfentj d’avoir-, fur-tout, cette attention
dans les mornens d’inaétion , ou ceux
pendant lefquels elles ne prennent pas de
nourriture : celles des deux autres efpèces ,
dans ces mêmes inftans , contraélent tous
leurs mufcles à la fois , & font dans une forte
de tenfion ou de convulfion générale qui
roidic tout leur corps , qui lui donne de la
confiftance fit le mec en état de réfifter : les
Chenilles arpenteufes fe collent contre l'écorce
du tronc & des branches; elles font, en
général, d’un ton de couleur grife ; appliquées
fur l’écorce, elles en font donc peu différentes,
elles'font peu apparentes, elles frappent peu
la vue , la tenfion générale dé toutes leurs
fibtes' les mec plus en état de fupporcer le
contaft des corps qui peuvent les heurter ;
elles ont donc'peu à rifquer pendant leur
état de repos ; elles ne font expofées que quand
elles prennent des alimens fou qu’elles paf-
fenr d’un lieu à un autre ; mais elles ne mangent
que par intervalles , avec rapacité fie
promptitude ; leur marcher eft fi prompr ,
qu’il eft une forte de courfe , fit elles paffent
la plus grande partie de leur vie dans un
état où elles ont peu à craindre ; les précautions
qu’elles prennent leur fuffifént donc ,
fit répondent à leurs béfoins. D ’autres Chenilles
arpenteufes fe laiffent pendre verticalement
en en bas , retenues par les deux pieds
de derrière , tandis qu’il y en a qui prenant
une pofition direétement oppofée, fe dreffenc
perpendiculairement en s'appuyanc fur les
deux derniers pieds ; mais.les unes & les autres
font, dans leur pofition , en un état de
fpafme 8c de rigidité ; tous leurs. mufcles
font en contradtion. Les Chenilles des Papillons
Sphinx ne mangent de même que par intervalle
, & pàflenc beaucoup 'de tems dans
l'inaction ; tous leurs mufcles font alorsi aufli
en contraction, ficelles prennent l’attitude inclinée
, le corps redreffé à demi , fie courbé
en différens fens , ce qui a fait donner le
nom de Sphinx aux. Papillons dans lefquels
elles fe changent , fie qui conviendrait mieux
: aux chenilles : celles-ci fie les arpenteufes ; qui
fe laiffent pendre ou qui fe drellènt verticalement
, ne font fixes que par une bafe fléxi-
ble ; leur corps cède à l’impulfion qu’il peut
recevoir ; le choc des corps en a moins d’effet
fie eft a moins à craindre ; c’eft le rofeau qui
s’incline 8e fe redreffe, fans fouffrir d’avoir
été flçchi. Mais cette pofition ne met pas à
l’abri de la pourfuite des ennemis, fie laiflè
expofé à leur vue : les arpenteufes d’un ton de
couleur obfcure , fe confondent aifémentavec
les mêmes branchages auxquels elles font
attachées , fie ne font pas faciles à diftin-
guer que de près" : mais les Chenilles des
Sphinx ont des couleurs ,. piufieurs efpèces en
ont de brillantes ; elles relient donc expofées
au rifque d’être aifément apperçues.
Les Chenilles des papillons Braflicaires
vivent
vivent le plus ordinairement de plantes, fous
les feuilles larges defquellés elles trouvent un
abri fpacieux , 8c une ombre étendue qui
les dérobe à la vue , 8c les garantit contre
la chute 8c le choc des corps ; mais celles du
Papillon à queue du fenouil ne fe cachenc
fie ne fe mettent qu’imparfaitement à couvert
parmi les feuilles étroites de la plante
dont elles fe nourrilfent ; elles ont des couleurs
brillantes , 8c elles font par conféquent
fort expofées. Les papillons Sphinx , ceux à 1
queue du fenouil font beaucoup moins nom- .
breux dans^haque efpèce que les papillons
braflicaires -, quoique les Chenilles des uns fie
des autres foient rafes , 8c fe tiennent à la
furface des feuilles dont elles fe nourrilfent.
Peut-être la fécondité des Papillons eft-elle
la raifon principale de cette différence , mais
ne dépendroit-elle pas aufli , en partie , de
ce que les Chenilles des Sphinx , celles du
Papillon à queue du fenouil relient plus expofées
à la, vue de leurs ennemis, de ce qu’elles
ont des couleurs brillantes, 5c qu’un plus
grand nombre eft décruit ? Les individus font
■ beaucoup plus nombreux dans l’efpèce du
Sphinx du Troène, dont la Chenille eft
d’un vert qui fe confond avec le feuillage , fie
qui n’a qu’un trait rougeâtre de chaque côté
du corps , qu’ils ne le font dans les efpèces
du Sphinx du Tytimale, de la’Vigne, dont
les Chenilles ont des couleurs brillantes , fie
font un lignai qui appelle l’ennemi de loin.
Ainli l’éclat ferait dangereux 8c fouvent fu-
neûe, même parmi les Chenilles.
Nous n’avons encore confidéré que des
larves, auxquelles, quoiqu’elles foient nues-,
il fuffit , pour leur fureté , de prendre par
différentes circonftances quelques légères précautions
; nous allons en examiner, foit de
nues, foit de couvertes de poils, q u i, pour
fe garantir, exécutent 8c renouvellent de ,
longs 8c pénibles travaux. Nous reconnoî-
trons que les premières y font néceflitées
par la délicateffe, la fenfibilité de leur peau ;
les fécondés, par les circonftances dans
lefquelles elles fe trouvent pendant leur
vie.
Hijloire Naturelle , Infecles, Tome I,
Les teignes qui rongént les pelleteries fié
les étoffes de laine, celles qui fe nourrilfent
8c fe vérifient de .feuilles, qui toutes font
des larves ; celles des friganes, qui viveur,
dans, l’eau , 8cc. conftruifent des fourreaux
à l’intérieur defquels elles font garanties
, les premières, de l’influence de l’air fie des
météores aqueux, toutes font cachées à la
vue de leurs ennemis, 8c protégées contre
les froiffemens, la preffion, le choc des corps.
Pour paffer d’une place à une autre, ou pour
manger, elles n’expofent au dehors qu’une partie
de leurs corps ; fa plus grande portion relie
cachée dans l’étui qu’elles traînent avec elles
ou elles pâturent autour de leur foureau fur
les endroits où la partie qui en eft fortie peut
atteindre : - dans le relie du tems elles demeurent
retirées à 'fon intérieur. Si le fourreau
devient trop court ou trop étroit, dans
'le premier cas, elles l’alongent, dans, le fécond,
elles le fendent dans toute fa longueur
pour y placer une pièce intermédiaire
qui l’élargit; elles ne quittent point
leur fourreau pour fe metamorphofer , mais
elles le fixent en quelqu’endroit où il foie
lui - même à l’abri, hors, de la vue de
leurs ennemis , elles le ferment fie elles y
fubiffent leur changement en chryfalide 8c
en infeéte parfait : elles n’abandonnent donc
leur fourreau en aucun tems, il leur eft toujours
néceifaire ; fi on les tire avec la précaution
de ne pas les bleffer, de ne pas même
les froiffer , qu’on les . mette dans une
chambre, fur une furface où elles ne trouvent,
pas de quoi fe faire un nouveau fourreau ,
elles périffenr en fort peu de tems; on ne
prolonge pas même leur vie fi on leur donne
des fubftances dont elles fe nourrilfent fie fe
vêtiffent, mais en trop petite quantité pour
fubvenir à ces deux Sefoins. Il h-eft-fias à
préfumer que ce foit la.diète qui les falfe
périr fi-tôt, puifque les autres larves en fup-
■ portent fans peine une beaucoup plus longue
; de-plus, elles font fervir le peu de
fubftance qu’on leur fournit à commencer
par fe vêtir par préférence à le confammec
comme aliment : enfin, quelque légèrement
qu’on les rouche elles donnent, par les mouq