
font morts lentement, ou qu’on a abrégé
lent torture , il convient de les retirer de la
boîce qu’on peut nommer boite de chajje ,
pour les arranger dans de plus grandes où
on les conferve, foie jufqu’à ce qu’on range
la colleétion , foit jufqu’à ce qu’on l’envoie
dans le pays pour lequel on la def-
tine.
11 faut faire ce changement peu après que
les infectes font morts, & avant qu’ils commencent
à le dellécher, pendant que leurs
membres font encore fouples ; il eft bon
d’avoir plufieurs boîtes pour placer dans chacune
les infeéhrs qui ont plus de rapport ;
l ’ordre en fera moins difficile à établir par
la fuite. Les différentes boîtes doivent être,
comme celle de chalfe, à fond de liège,
ou garnies, fur leur fond, d’une couche de
cire; elles doivent fermer très-exaâement,
& c’eft une bonne pratique d’en faire le cou
vercle à couîille & à rainure.
Les chofes difpofées comme je viens de
le dire , on prend un infeéte qu'on enlève
avec l’épingle qui le traverfe; on la pique
fur le fond de la boîte où font déjà , ou
bien, où feront des infectes de genre analogue
; quand l’épingle eft profondément
enfoncée & bien fixée, on étend les membres
de l’infeâe en lej maniant avec le bout
des pinces; on les rappelle à la pofition na-
turede, & on les y aflujetrir par des épingles
qui les retiennent & qu’on difpofe , qu'on
multiplie fuivant les circonftances, ce qu’on
jt s peut déterminer précifément.
On étend & on contraint de même les
allés ; on peut dire à leur égard, en général,
qu’on les force à demeurer étendues en plaçant
une épingle de chaque côté du cor cele
r , entre fes bords & la bafe de la nervure
des aîles : le refte varie fuivant les cas.
Mais li l’infeâe a été piqué de côté, il faut
retirer l’épingle, ouvrir les aîles, enfoncer
une nouvelle épingle fur le defTus du çor-
celet, piquer l’infeéte au fond de la boîte,
étendre & alfujettir fes aîles & fes membres
; tout ceci fe fait à l’aide des pinces
& en touchant, le moins qu’on peut, avec
leS doigts auxquels les pouflîères des aîles
s’attachent.
En étendant les membres & les aîles de«
infeéles, on doit fe ptopofet de les mettre
dans une fituation qui réponde, autant qu’il
eft poflible , à celle que ces animaux gar-
doienr érant vivais. 11 ne faut donc ni forcer
l’extenfion des aîles, comme on le fait
fouvent, ni plier les membres contre nature :
le but eft que les infeéles paroilfent être
vivans, autant que peut le fembler un animal
fans mouvement; ce but n'eft rempli que
pat une pofition naturelle.
En plaçant chaque infeéte dans la boîte
deftinée à confetver la collection , il faut
piquer au-delfous de l’infeéte, avec la mèmè
épingle , un morceau de carte avec uii
numéro ; porter ce numéro fut une lifte qu’on
fait de la collection à' mefure qu’on- l’augmente,
& écrire à la fuite de ce numéro ce
qu’on fait de l’hiftoire de i’iufeéle auquel iL
eft relatif.
Quelques jours après qu’on a- éren-Ja les
membres des infeCtes, & qu’i’s ont été contenus
, on peut & l’on doit enlever toutes
les épingles , excepté celle qui fixe le corps ;
chaque partie conferve la pofition dans laquelle
elle s’eft defféchée , ce qui a lieu plus
tôt ou plus tard, fuivant la groiïeur des infeCtes
, la chaleur, la féctrereffe de la fai—
fon ou du climat, Scc. Il faut donc, avant
d’ôter les épingles, examiner fi les articulations
ont perdu leur flexibilité , ce qu’on
reconnoît à la réfiftance que les membres
oppofent aux pinces avec lefquelles on- elfaie
de les fléchir.
Les opérations que nous venons de décrire
font toutes indifpenfables pour les per-
fonnes fédentaires ; mais il en eft dont la
difficulté de les mettre en pratique, même
l’impoflibiüté, difpenfe les voyageurs : tout
ce qu’on a droit de leur demander eft de
ramafler les infeCtes, de les palier de la boîte
de chalfe dans les boîtes, deftinées à confer-
ver la collection. J’ajouterai, par rapport à
ces boites, & fur-tout en faveur des voyageurs,
qu’il eft très-commode, & que c’eft
âne bonne pratique de les compofer de corps
de tiroirs , ou pôles les uns lur les autres ,
ou a couliffc , enfermées dans une armoire
qui contienne tous les tiroirs & qui foit
parfaitement 'clofe.
Il eft inutile d’ajouter ici qu’il faut , en
ramaflanr les infeCtes dans leur état de perfection,
tenir pour chacun, comme pour les
larves, les chryfalides , une note des faits
-qui compofent -leur hiftoire. Mais il ne
fera 'pas_ luperflu de dire que chaque note
peut être écrite fut un cayer avec un numéro
en tête , & ce numéro écrit fur un
morceau de carte piquée au-delfous de chaque
infeCte. C ’eft ce qu’il faqt auflî pratiquer
pour les larves & les chryfalides , & indiquer
le numéro qui les défigne à l’endroit
de la note pour l’infeCte parfait.
Là méthode de piquer les infeCtes eft fans
contredit la meilleure ; c’eft' celle qui eft
généralement pratiquée : mais il peut y avoir
des cas, fur-tout en voyage-, où l’on n’en
puilfe pas faire ufage. 11 eft donc néceffaire
alors de recourir à d’autres moyens.
Un voyageur, prefle dans fa route, peut
fe contenter de porter fur lui un flacon de
verre fort& épais, à demi-plein d’efprit de
vin ou d’eau-de-vie, même de tafia ou autre
liqueur fpiritueufe, fuivant qu’on en trouve,
dans le pays ; il jette dans ce flacon tous
•les infeCtes à étui, même ceux à aîles nues,
excepté les Papillons : les infeCtes périlfent
fort vite , & leurs couleurs ni leur forme
ne font altérées, fi on a l’attention , dans
les lieux de féjour, de rensùveller la liqueur
au (fi tôt qu’elle devient trouble. On peut,
lorfqu’on a du loifir, ou retirer les infeCtes
du flacon , les piquer & les traiter comme
les infeCtes qu’on a piqués vivans , ou on
peut les lai (Fer dans le flacon, en avoir même
un plus grand cjui ferve de magafin • -mais
il faut ne jamais perdre de vue qu’il eft
nécefïaire de changer la liqueur toutes les
fois qu’elle fe trouble. Faute de cette atueiv
tion , les couleurs s’altèrent, la putréfaction
fe met dans la mafle dés infeéles, <k
leur corps putréfié tombe par pièces qui fe
féparent : on ne faurôit mettre les Papillons
dans un bocal, ni même les gros infeéles à
étui, qui n’y pourroient entrer. Il faut donc, fi
l’on ne peur les piquer, étouffer les Papillons
en les prenant, ce qu’on exécute en
leur pinçant le corcelec en deffous, &c en l’é-
crafanr latéralement avec la pointe des pinces
qu’il faut porter fur foi en tout tems. Le
Papillon étant mert ou très affoibli, on l’enferme
, les aîles étendues, entre deux feuillets
d’un livre d’un regiftre , ou entre deux
feuilles de papier dont on replie les bords.
Quant aux infeéles à étui qu’on ne peur
faire entrer dans le flacon , il faut' les enfermer
dans une boire 3c y jecter beaucoup
de cabac, fubftance dont on ne manque guère,
dont l’odeur les engourdit & même les tue.
Ces moyens ne conviennent que dans les
cas de nécefliré | hors defquds la'méthode
de piquer les infeéles doit toujours être
préférée.
De la manière dyenvoyer la collection qu on a
formée.
On peut envoyer la colleélion dans les
mêmes bo-îtes où on l’a rafïemblée , ou on
peut y employer une ou plufieurs boites fpé-
cialemenc deftinées à cet ufage • il eft avantageux
pour ménager le local , de fe fervir
d’une boe’te compofée d’un corps de tiroirs
réunis par un Tond , un defTus , & des côtés
qui ferment bien , qui n’aic qu’une face qui
s’ouvre , nous en avons parlé plus haut.
De quelque boite qu’on fe ferve > le fond
doit en être ou de liège _, ou couvert d une
couche épaivfe de cire , & la boîce doit feinter
bien exaéfcement. 11 faut, en y ptaça&S