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général ; tuais ces traits caràétériftiqùes &
leur enfemblé font encore fortifiés à la
fimple vue par un trait plus frappant que
tous les autres. Tous les animaux , excepté
ceux qui nous occupent en ce moment, ont
le corps couvert ou de poils, ou de plumes
oud'écailles,au-de(Tous defqaels eft une peau
fouple , molle, dont ils [aillent appefcevoir
la foupleffe & les ondulations ; les infeétes
n’ont pour tégument ou pour peau, qu’une
membrane sèche, coriacée, fans foupleffe ,
nue ou couverte de poils rares , qu’on apper-
çoit à peine & qui ne la cachent pas à la
vue. Ce dernier trait ajouté à tous les autres
, augmente la facilité & la sûreté à diftin-
guer& à reconnoître, les infeétesau feulafpeét;
il eft même un des traits les plus Frappansj:
il pourrait faire confondre les infeétes avec
les crufiacés , qui font des infeétes pour les
favans, & qui n'en font pas pour le commun
des hommes ; mais il y a tant de différences
, des différeni es fi frappantes même
à l’extérieur, entre les uns & les autres,
qu’un ignorant ne s’y méprend pas; & que
pour héfiter ou être embarraffé à prononcer,
il faut avoir étudié & être inftruit ; car le
favant eft celui qui fe décide , qui prononce
toujours le dernier.
Je crois avoir fuffifamment démontré que
la forme des infeétes, obfervée attentivement
& comparée à celle des autres animaux
eft au fond la même ; mais que des différences
frappantes au premier coup - d’oeil,
font la caufe- qui fait en général diftinguer
& reconnoître fans héfiter les infeétes,, par
le commun des hommes à la feule inlpec-
tion.
Si nous récapitulons les différences effen-
rielles qui nous ont occupés, nous trouverons
que ce font la petiteffe de la tête, fa
pofition enfoncée, foti peu de mouvement,
le manque de cou , le peu de volume du
corcelet , fa forme cylindrique, fa manière
d’être joint par un filet avec le ventre ; l’ap-
platiffementdecelui cien deffus& en deffous;
par rapport aux parties annexées aux trois
principales portions du corps; l’opacité, l’immobilité
des*yeux, le manque de paupières,
la petiteffe ou la forme de la bouche, l’ap*
placidement & la pofition horizontale des
mâchoires, les antennes, les appendices»
appartenans à la tête, ou au corceler qui ont
du rapport par la forme avec les cornes, ou
le bois de certains animaux ; le nombre, la
ficuation des pieds ; leur articulation tranf-
verfale avec le corps; leur direétionplus fur
le côté qu’en avant; enforte que le mouvement
progreflïf direét , ou la marche a lieu
par la tangente entre deux puiftances oppo-
féesj.la longueur , la tenuité des pièces donc
les pattes font formées; la flexion de ces pièces;
leur inclina'.fon tes unes fur les autres ; les
crochets qui terminent le pied ;la forme arquée
de ces. crochets ; l’amplitude des ailes;
leur difproportion avec le refte du corps ;
leur forme leur fubftance .membraneufe ;
enfin, la fécheteffe , l’aridité & la nudité du
teft ou tégument, qui couvre tout le corps &
les membres des infeétes.
§. I I .
De l’ organifation des Infectes.
Nous venons devoir que les infeétes, avec
les apparences, à la fimple infpeélion, d’une
forme très-différence de celle des autres animaux
, quand on les examine avec attention,
préfencent au fond dans tout ce qui eft ef-
fentiel, & ce qui conftitue la bafe du mé-
chanifme une configuration qui«e leur eft pas
particulière ; même divifion du corps en trois
portions , mêmes parties , conformées de
même , annexées à ces trois portions ;
les infeétes ne font donc pas, quanc à la
forme » les fuites d’un plan effentiellemenc
différent du plan tracé pour les autres animaux.
Si de l’extérieur nous paffons à l’intérieur,
nous trouverons entre les infeétes & les autres
animaux des différences au dedans, plus
impofantes encore que celles que nous avons
obfervées au-dehors ; mais fi nous procédons
de même par la voie de la comparaifon »
la feule par laquelle nous puiflions découvrir
la vérité & parvenir à porter un jugement
certain, nous reconnoîtrons que de
même, que la configuration ou la forme extérieure,
l’organifation des infeétes ne différé
nas effentiellement de celle des autres animaux
, qu elle eft le produit d’un même plan.
Pour procéder avec ordre & clarté, s il m’eft
pollible, dans le travail affez pénible qu’exige
l ’article que j’entreprends , je diviferai 1 exif-
tence des animaux en trois tems ; l’exijience
actuelle ou du moment ; Vexiftence prolongée
ou confervée de momens en momens juiqu a
un terme qui eft la mort. Ces deux premiers
genres d’exiftence ne font relatifs qu aux
individus. J’appelle le troifième genre d’exif-
tence , Yexïfiertce perpétuée , ou étendue dans
l ’avenir ; il eft relatif à l’individu & à l ’ef-
pèce. Je diftinguerai quelles font les fonctions
dont chacun de ces trois genres d’exif
rence eft le réfultat, & -je. comparerai dans
les différens animaux les organes qui fervent
à ces fonétions.
Si l’on réfléchit fur l’exiftence ou la durée
de la vie , on trouve qu’elle ne comprend
‘ que trois époques , être forme & naître,
exifler & fe reproduire : la formation , la naif-
fance Sc la reproduétion ont des rapports fi
grands & fi intimes , que ces trois objets
peuvent êcre compris dans le même article;
l ’exiftence individuelle fe rapporte ou au
moment aétuel , ou aux inftans fubféquens
& prochains ; l’exiftence dans l’avenir ou la
reproduétion n’établir pas la perpétuité de
l’individu , mais de l’efpcce , & elle dépend
cependant d,e lui ; elle fait partie de fon
exiftence ; elle en eft une des époques; elle
eft relative à l’individu & à fa poftérite. La
durée de la vie ou l’exiftence n’embtaffe donc
que trois époques, naître, exifter, fe reproduire.
Je commencerai par traiter de 1 exiftence
aéluelle , parce qu’il me femble qu on
doit traiter dans le même article de la formation,
de la naiffance & de la reproduction
, & qu’il faut exifter1 avant de fe reproduire
; & encore parce que l’exiftence actuelle
fuppofe une organifation complète ,
achevée , parfaite, dont les autres époques de
la vie font le produit.
Les fonétions dont l’exiftence aéluelle eft le
réfultat, font Y irritabilité , l ’action da cerveau,
la circulation Sc la rejpiration. Les organes
immédiats de ces quatre fonélions font Us
\ fibres ou la fibre en général., lé cerveau , le
coeur Sc les poumons ; chacuns de ces organes
ont des dépendances qui concourent fecon-
dairemenc à leur aélion , & dont il fera
parlé en traitant de celle de chaque organe
en particulier. Si je n’avois à écrire que pour
des leéteurs qui fe font appliqués à l’étude
de l’économie animale, je ' n aurois q u i
obferver les différences remarquables dans
les infeétes ; mais devant avoir égard à ceux
à qui l’économie animale eft inconnue , je
fuis forcé , pour qu’ils me comprennent de
tracer d’abord un précis de l’organifation des
animaux en général , de comparer enfuite
celle des infeétes à ce précis , pour indiquer
les différences; cette-néceflité à laquelle me
contraint la nature de l’ouvrage , me fervira
d’exeufe auprès de ceux pour qui j’aurai dit des
chofes inutiles , & que j’euffe fuppofées , fans
en parler, fi je n’avois travaillé que pour eux.
De la fibre & de Virritabilité.
Quelles que foient les parties des animaux,
quelle qu’en foitla ftruéture , la denfité ou la
molleffe, on les réduit toutes en les divifanc,
ou par le moyen d’un inftrumenr, ou par la
macération, foit dans l’eau , foit.dansun fluide
convenable à une partie élémentaire qu’on
nomme fibre. C ’eft un fil long & délié dans
lequel on confidère fort étendue en longueur
beaucoup plus que fon étendue en largeur;
plufieurs fibres réunies & jointes fuivant leur
longueur les unes aux autres , ou par un
laflîs d’une texture lui - même fibreux , Sç
qu’on nomme tiffu cellulaire, ou par une
fubftance glutineufe , à laquelle on donne ,
dans quelques cas, comme en parlant des
o s , le nom de fuc , forment les membranes ;
la réunion de celles-ci les vaiffeaux, & les
vaiffeaux compofeiit les différentes parties.
Elles font molles & fouples fi la réunion
des fibres, des membranes & celle des vaiffeaux
eft lâche & peu ferrée ; les parties font
du;es Si roides dans le cas oppofé , & à j>ro