CXC1V D I S C O U R S
2e. M é m o i r e .
De l*accouplement des différentes efiphes de
Papillons , de leurs parties deftinées a la
génération , des figures de leurs oeufs, des
endroits où ils les. dé où fient, & avec quelles
précautions|
L’auteur commence ce mémoire important
par avertir que les Papillons femelles font,
comme il eft ordinaire à tous les infeétes,
plus grandes que les mâles ; qu’elles ont ie.
corps plus renflé , plus arrondi, moins effilé.
Cependant cette différence entre les fexes
eft moindre parmi les Papillons diurnes que
parmi les nocturnes; il y a des femelles entre
ces derniers qui ont un volume double de
celui des mâles. Les Papillons diurnes, mâles
& femelles, ont ordinairement les ailes colorées
de même, à quelques nuances 6c quelques
taches de plus ou de me-in-s- près, mais
fans différence bien fenfible, tandis qu’il y
en a une fi grande dans les couleurs des
ailes entre les mâles 6c les femelles de certaines
efpèces de Papillons de nuit, qu’on,
ne peut les reconnoître qu’autant quon
les a -Vus - accouplés. De ces préliminaires
l’auteur pafle à la manière dont les
Papillons s’accouplent ; en général, les mâles
(ont très - ardens , leurs vols, leurs courfes,
particuliérement parmi;les èfpèces qui ne
prennent point de nourrituré , n’ont pour
but que la rencontre des femelles ; celles-
ci paroilfent peu empreffées de jouir, mais
elles y font difpofées ; fans chercher à en hâter
le moment, & elles fe prêtent à la pétulance
des mâles ; les uns fe pofenr â côcé.
de leurs femelles 6c s’ uniffent à elles en fe
couvrant réciprbquemenc de leurs ailes; d’au
très fe poferit fur les femelles qu’ils fécondent.
L’indifférence des. femelles dont nous
avons dit un mot, n’eft guère relative qu’aux
Papillons de nuit; quanta ceux de jour ,c ’eft
dans le milieu de leurs vols que commence
leur accouplement, le' mâle s'approche de
la femelle, celle-ci le fuir ; il la pourfuic,
fou vent elle, attire plufieurs mâles qui cherchent
à s’écarter les uns les autres 6c qui lafuivent.
Lorfque la femelle, après avoir volé
long - tems fe pofe fur queîqu’objet ; fi
elle redreflè en même-temsfes ailes, le mâle
n’en peut approcher ; mais fi elle les tient
étendues, il la faifit auffi-tôt. Il arrive fou-
vent qu’une femelle fe refufe lông-tems, en
tenant fes ailes relevées, au mâle qui vol-
rige à l’entour qui s’écarte quelquefois très-
loin , qui attend l’inftant de jouir. L’union
eft auffi-tôt formée, 6c tous deux redreffant
leurs ailes, le corps du mâle fe trouve era-
brade entre celles de la femelle. Si dans
cet état les Papillons font obligés de prendre
la fuite , la femelle feule fait agir lès ailes
6c emporte avec elle le mâle, dont les raoü- j vemens , d’après fa fituation, ne feroierre
que gêner ceux de la femelle & leur nuire
réciproquement. Quelques autres Papillons
fé, pofent fur une tige grêle , le- mâle d’un ,
côté , la femelle de l ’autre , 6c s’uùilfent par
l’extrémité de leur corps.
La durée de l’accouplement ou de l’union
des fexes varie félon les efpèces ; il y en a
pour, lesquelles elle ne s’étend pas au-delà
d’une heure, d’autres pour qui elle pa-ue
feize heures; les mâles font en général lan*
guiflàns après avoir joui , mais ils reprennent
bientôt des forces & ils peuvent s’accoupler
de nouveau; les femelles, au contraire, ne
jouident qu’une fois, parce que le but de
la nature, leur fécondation, eft,rempli par
un feu! a6fce. Le Papillon du Ver à foie qui interrompe
, reprend fon union avec ia femelle,
qui peut pafter jufqu’â quatre jours
dans ces alternatives y eft peut-être un exemple
particulier, ou au moins un exemple
très-rare.
Les parties de la génération des Papillons,
mâles ne font pas entièrement conformées
de la même manière dans routes les
efpèces, mais les différences qu’on rencontre
n’empêchent pas qu’on en puiflTe prendre une
idée générale ; on l'acquiert en predant entre
le pouce & ijndex le;gorpvs du Papillon vers
les derniers anneaux; on fait forcir un crochet
écailleux qui fe recourbe en-dedous,
cxcv p r é l i m i n a i r e .
&r déux lances latérales, àiiffi écailleufes, he-
rilïees de poils extérieurement & fliffes à
l’intérieur : ces trois pièces retirées à l'intérieur
dans l’état de repos , font faillie en-
dehors lorfque l’infedte cherche à s’accoupler
; il faifit l’extrémité du ventre de la femelle
par le moyen du crochet, & il l’em-
braiïe avec les deux lames latérales ; cette
première opération allure fa pofition & facilite
l’intrsduéfion de l’organe principal ,
il eft logé dans un fourreau charnu à fa bafe,
couvert de cannelures en fpirales, & il con-
fifte dans un filet ou tuyau écailleux.
En predant le - ventre des femelles , on
fait fortir dans plufieurs efpeces deux lames
écailleufes qu’on peur comparer à des pinces
& qui en.fervent, comme on le verra par
là fuite. Mais beaucoup d’efpèces manquent
de ces premières parties ; ce qui eft plus coiif-
tant, c’eft qu’à l’extrémité du ventre de
routes les femelles, il y a deux ouvertures,
l’une fupérieure , deftinée à la forcie des oeufs,
par laquelle cependant il fort auffi quelques
exercmens , l’autre , inférieure, deftinée a
recevoir l’organe du mâle ; l’intérieur du ventre
eft rempli par. un prodigieux nombre
d’oeufs rangés fur liait files , quatre de chaque
côté , & chacune femblable à une forte ue
chapelet; ce font les branchés de l’ovaire,
il confite lui-même dans, un canal qui fe
termine à l’anus, qui eft beaucoup plus large,
mais plus court que fes branches. Elles
avec une forte de veille remplie d’une liqueur
naiffent par deux rameaux qui fe fubdivi-
fent d’abord en deux parts , & chaque part
en deux rameaux ; fur les côtés de 1 ovaire
font placés deux corps ovales, dont l’ufage
. n’eft pas bien déterminé; de l’autre côte de
l ’ovaite , & plus près débattus, eft un corps
rond creux, au (Il gros lui feul que les deux
dont nous venons de parler; de l’intérieur
de ce corps naifTent deux caneaux, dont
l ’un aboutit à l’anus , l’autre , à lovaire ;
il eft deftiné a recevoir la femence du male ,
ce qui lui a fait donner le nom de matrice.
Cette précieufe liqueur coule dans l’ovaire
par fon fécond canal, & y féconde les oeufs
à leur p^ffage: ces détails font d’après Mal-
pighi. Enfin Tovaiie communique encare
dont l’ufage le plus , probable eft d’enduire
les oeufs d’une humeur propre a les
faire adhérer au plan de pofition & a les _
•conferver, en leur communiquant une faveur
défagréâble aux infectes qui les dévoreraient.
De la defeription des organes fexuels ,
M. de Réaumur paffe à la forme des oeufs;,
la plupart font arrondis, il y en a qui parotf-
fem des fegmens de fphèce, d autres, de
petits cônes très-écrafés ; plufieurs ont une.
forme pyramidale, &c. La couleur des
oeufs récemment pondus eft blanche en général;
il y en a cependant .de beaucoup de
couleurs & de teintes différentes; les uns font
d’une nuance uniforme, les autres tachetés;
communément ils. confetvent leur couleur
jufqu’à la naiffance de la Chenille ; mats il
y en a qui en changent, '& les uns plutôt,
les autres plus tard.
Leur enveloppe eft ferme & folide ; elle
n’eft pas’ friable & paraît plutôt une corne
mince, ou une fubftance de cette nacure ,
qu’une, coquille fetnbluble a celle des oeufs
des oifeaux.
Le choix des endroits furlefquels les Papillons
dépofent leurs oeufs, & les précautions
qu’ils prennent, terminent le mémoire. Dans
le choix du lieu , le Papillon a égard a la
n o u r r u n r e q u i c o n v i e n d r a à l a je u n e C h e n
i l l e , & d é p o f e fe s oe u f s f u r l’ e n d r o i t o u
e l l e la t r o u v e r a , o u f u r la p la n t e m êm e d o n t
e l l e f e n o u r r i r a , Scc. Q u a n d a u x p r é c a u t io n s
la p lu p a r t d e s P a p i l l o n s d iu r n e s d e p o f e n r .
le u r s oe u f s u n à u n , i f o lé s , fu r le s p la n t e s
c o n v e n a b le s ; d ’ a u t r e s le s d é p o f e n t f u r u n e
m êm e f e u i l l e p r è s le s u n s d e s a u t r e s ; c e s
oe u f s . t i e n n e n t p a r u n e h u m e u r v i f q u e t i f e
q u i le s c o l l e & q u i e f t p e u a b o n d a n t e , m a i s
d ’ a u t r e s oe u f s f in i t p r o f o n d ém e n t e n f o n c e s
d a n s u n e c o u c h e d e c o l l e p lu s é p a i l j e ; t e ls
f o n t c e s oe u f s c o n n u s p a r le s c u l t i v a t e u r s
f o u s l e n o m d e bague, & q u i em b r a h e n c l a .
I p la n t e a u to u r d e l a q u e l l e i l s f o n t d e p o f e s ;
l e d e r n i e r e x em p l e p a r l e q u e l n o u s f in i r o n s
c e t e x t r a i t , -eft c e lu i d e la P h a l è n e a p p e l lé ç
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