
de celles à deux a îles, du nombre des M o u ches
qui incommodent les Chevaux ; on les
connoît en Normandie fous le nom de Mouches
Bretonnes , ailleurs fous celui de Mouches
d’Efpagncj leur taille eft moyenne entre
celle des Taons 8c des Mouches communes;
elles fe pofent en grand nombre fur les
parties des C h evau x les moins garnies de
p o ils , comme entre les cuiffès & fous la
queue ; elles attaquent aulîi les bêtes à corne
& meme les C h ien s, ce qui les a encore fait
nommer Mouches de Chiens leur corps eft
applati , leurs jambes font longues , mais
elles les portent fort écartées du corps , ce
qui fait qu 'il touche le plan de pofition ; elles
marchent fort vite , elles évitent le danger
plus volontiers en courant qu’en prenant leur
vo l ; lorfqu’on leur a arraché les a îles, elles
reffèmblent aux Araignées par la forme de
leur corps & par la longueur de leurs jambes ;
leur couleur eft le brun tacheté de jaunâtre;
on leur trouve de la réfiftance fous les doigts,
& on en éprouve à les écrafer ; leurs aîles
débordent le corps de la moitié de leur longueur.
Elles n’ont point d’yeux lilfes , feulement
des yeux à réfeau , mais fort grands ;
leur tête fort petite , triangulaire, fe termine
par une forte de bec formé de deux
palettes , c’eft l’étui d ’une trompe très-déliée.
O n voit quelques-unes de ces Mouches
au printems , beaucoup en été ; elles font
fur-tout communes en automne; la manière
dont ces Mouches fe perpétuent eft ce qui
mérite dans leur hiftoire une attention particulière.
La Mouche Araignée qui eft prête
â faire fa ponte a le corps très-renflé , au
lieu qu’il eft applati dans les autres tems;
elle dépofe bientôt un feul oe u f, mais fi gros
qu’on a peine à concevoir q u e lle ait p u 'le
produire ; il eft a rron d i, un peu o b lon g , il
reffemble à une graine, & notre auteur le
compare a un pois pour le volume ; après
cette opération le corps de la Mouche redevient
applati.
M. de Réaumur en examinant l’oeuf dont
.il vient d’être queftion en rompit la coque,
mais par la fuite il eut tin pareil oeuf pondu
de m ême fous fes yeux. Au bout d’un mois, il en
vitfortir une M ouche femblable en tout,même
en groffeur, à celle qui lui avoit donné naif-
fance. Il eft donc avéré qu’il y a des Mouches
dont la génération diffère infiniment de celle
des autres M o u ch es; i° . en ce qu ’elles pondent
un oeu f d’un volume auffi gros que leur
propre corps ; t ° . en ce qu’il fort de cet oe u f,
non un V e r qui ait à croître & qui aie des
changemens à fubir , mais une Mouche entièrement
formée , au terme de fa c ru e , en
forçant de l’oe u f, & femblable à fa mère
en tous points. C e fait avéré par rapport aux
Mouches - Araignées qui tourmentent les
C h ev a u x , eft encore confirmé par une autre
M ou che-Araign ée un peu moins groffe qu’en
trouve dans les nids des H irondelles, où elle
dépofe fes oeufs; ils ne diffèrent de celui donc
il vient d’être parlé que par le volume ; la
Mouche qui les pond les place dans le nid
des Hirondelles pour qu’ils y trouvent la chaleur
dont ils ont befoin. Auffi ne fuffe qu’en
tenant chaudement l’oeu f de la Mou che-
Araignée des Chevaux que M . de Réaumur
parvint à en voir fertir une Mouche ; il en
fort de même des oeufs qu’on trouve dans
les nids d’Hirondelles de femblables â tous
égards aux Mouches qui les ont pondus.
Cependant M . de Réaumur ayant ouvert
à différens tems des oeufs de Mouches-Araignées
, en ayant plongé dans l’eau chaude
pour donner de la confiftanceaux parties qu’ils
contenoient, cet habile obfervateur s’eft affûté
que la Mouche-Araignée eft d’abord dans
l’oeuf fous l’état de V e r , qu’elle paffe enfuite
à celui de boule alongée & de nymphe ; la
différence qu’il y a donc ici c’eft que les
autres infeéles & les autres Mouches cro if-
fe n t, fubiffent des changemens, prennent
de la nourriture hors de l’oe u f, & que les
Mouches-Araignées fubiffent leurs métamor-
p h ofes, acquièrent leur grandeut & trouvent
de la nourriture fous la coque de l ’oe u f
même.
M . de Réaumur n’a pu reconnoître en quel
lieu les Mouches-Araignées des Chevaux déj
pofent leurs oeufs pour leur procurer la chaleur
néceffaire ; car il paroit que ces oeufs
en ont befoin , ainfi que ceux des Mouches
qui dépofenr les leurs dans les nids des H irondelles
; il compare le corps des Mouches-
Araignées à une bourfe qui fe reffert après
la ponte ; mais ces Mouches font très-communes
, elles multiplient donc beaucoup ,
elles ne dépofent qu’un oe u f à la fo is , il
paroît donc indifpenfable qu’elles aient une
yie affez longue pendant laquelle leur ponte
fe renouvelle. C ’eft fur quoi M . de Réaumur
ne s’ explique pas.
R E D I.
R ed i pu b lia, en 1 6 7 1 , un traité la tin ,
imprimé à Am fterdam, fur la génération des
infeéles. Quoique cet ouvrage ne forme qu’un
très petit volume in- 1 2 & qu’il pût être ré duit
de peut être plus de m o itié , en ne re
tranchant que ce qui eft fuperflu, il a acquit
à fon auteur une réputation méritée.
O n avoit cru depuis la plus haute antiquité
jufqu’à R e d i, que les infeéles étoient le produit
de la corruption. C ’étoit la croyance
du vulgaire & le fentiment de tous les phi-
Iofophes. R ed i eut affez de force d’efprit
pour douter de cette opinion générale, degénie
pour découvrir 8c démontrer qu’elle étoic
fau ffÿ, de fagacité pour trouver la vérité & de
courage pour la faire connoître. Il n’employa
que des moyens fort fimples & il ne rai-
fonna que d ’après l’expérience ; il vit que
la chair des animaux corrompue à l’ air fe
couvrait de Vers ; il remarqua que ces Vers
fe changeoient en différentes efpèces de Mouch
es; il héfita après cette première obferva
tion à cro’re que la différence d’efpèce des
Mouches dépendît de la différence des chairs,
il reconnut par l’expérience le peu de fondement
de cette opinion ; il en fut affermi
dans fes doutes ; il enferma quatre fortes
de chairs dans quatre vafes qu’il ferma exactement
, s’étant bien alluré que les chairs
foumifes à l’expérience qu’il alloit tenter
n’avoient pas été touchées par aucune ef-
,pèce de Mouches, & il plaça des mêmes
chairs dans des vaiffeaux qu’il laiffa découverts
; ces dernières furent bientôt la proie
des V ers qui devinrent des Mouches différentes
, tandis que les premières fe gâtèrent
& fe décomposèrent fans qu ’il parût aucun
Vers à l’intérieur des vaiffeaux qui les ren-,
fermoient.
Cependant R ed i penfa que le contaél de
l’air pouvoit être caufe de la différence des
deux réfultats ; il recommença donc la même
expérience en couvrant les v a fe s , dont il
vouloit défendre l’accès aux in fectes,' avec
une gafe ou étoffe analogue qui leur en fermoir
l’entrée & laiffoit paffage à l’air ; le
réfultat fut le m êm e, & il ne fe démentir
pas dans les expériences que Redi répéta, &
dont il fait l’énumération; il plaça fous terre
différentes chairs qui n’avoient pas été touchées
par aucun infeéte ; il les couvrit de
terre avec foin , & les retira corrompues,
mais fans y trouver de V e r s ; il en conclut
que lorfque des V ers dévorent les chairs
recouvertes de terre, ces chairs ont été mi*
fes en terre chargées d ’oeufs que les in fe êtes
ont dépofés avant que ces chairs aient été
enfouies, & il le prouva en enterrant des
chairs fur lefquelles des Mouches s’étoienc
pofées auparavant, qui furent couvertes de
V e r s , tandis que les chairs qu’il avoit garanties
du contact des Mouches rfen produifi-
rent aucun.
C e que je viens d’expofer fuffit pour don-s
11er une idée de la manière donc Redi a proc
éd é, comment il a reconnu l’erreur 8c découvert
la vérité, ou que tout être v iv an t,
comme il le con clu t, & les infeéles, comme
les autres animaux , font engendrés & qu’ils
font produits par une femence de leur ef-
pèce. Mais ce dont on doit le louer c’eft
qu’en établiffanr cette vérité généralement
reconnue depuis, il a la généralité d’avertir
qu’Harvé l’avoit préfentée avant lui & a vo ic
écrit que tout être vivant eft le produit d’une
femence.
Sans cetçe affertion d ’H arv é, R ed i n’eêft