
rébenthiue peuvent être employés contre les
Punaifes comme contre les Teignes ; mais
il eft befoin pour les Punaifes d’une fumée
plus épaiffe & d’une odeur plus forte.
4e. M é m o i r e .
Des Teignes dont les fourreaux font faits
de membranes de feuilles , & des Teignes
qui fe font leur fourreau d’une efpèce de
coton. .
Les Teignes qui ont été le fujet du mémoire
précédent vivent dans nos demeures;
celles dont il s’agit dans ce mémoire habitent
les jardins & la campagne. Elles font en
général peu connues , les auteurs , jufqu’i
M. deRéaumur, ne les avoien; pas'obfervées ;
on les trouve fur beaucoup d’arbres , en
particulier fur les rofiers, les pommiers,
les poiriers , les chênes , & fur-tout fut les
ormes. Celles qu’on trouve fur différens
arbres différent entre elles d’efpèce , mais
elles ont de commun de fe loger dans des
efpèces de fourreaux. Ce font des Chenilles
à peau rafe , dont cependant le premier
anneau quelquefois entier , quelquefois en
partie feulement, & le dernier font couverts
d’une plaque écailleufe ; elles fe conf-
truifent un fourreau qui approche plus ou
moins de la forme cylindrique , dont le bout
que regarde la tête de l'infecte eft bordé,
courbé , & plus fort que le refte du tuyau ;
le bout oppofé eft fermé , & s’ouvre cependant
au moment où la Teigne rend fesexcré-
mens ; il eft formé par la rencontre de trois
pièces triangulaires & mobiles. Le fourreau
eft liffe dans fa longueur , & il offre une
réfiftance allez forte ; il eft beaucoup plus
long & plus ample que ne femble l’exiger
la taille de' l’infeâe ; mais il lui fert d’une
retraite où il fe donne des mouvemens &
où il a befoin de fe retourner ; fa couleur
eft cplle des, feuilles sèches en général. A
la fuite de çes généralités, notre auteur
examine comment les Teignes fe fabriquent
un fourreau fait de feuilles , comment elfes
le travaillent de manière qu’il ne devienne
pas trop fragile par la déification des pièces
dés feuilles dont il eft formé ; avant que
d’entrer dans ces détails, il parle de la manière
dont les Teignes fe nourriffent. Elles
fufpendent leur fourreau aux feuilles qu’elles
veulent entamer, & elles l’y attachent par
le bout du côté duquel leur tête eft tout-
née ; il eft fouvent incliné & forme diffère
ns angles avec la feuille qui le foutient ;
quand il eft fixé., la Teigne entame la
membrane inférieure de la feuille, la perce
fans pénétrer au-delà de la membrane fu-
périeure qu’elle ne perce jamais , mais elle
fe nourrit du parenchime- contenu entre les
deux' membranes , & pour te détacher en
plus grande quantité, elle alonge une partie
de Ion corps & le replie entre les membranes
en rongeant le parenchime.
Pour parvenir à favoir comment les
Teignes tiavaillent leur fourreau , l’auteur
arracha les fourreaux de Teignes qui s’étoient
fort avancées au-dehors entre les membranes
d’une feuille ; ces Teignes privées de leur
fourreau agrandirent l’ouverture formée entre
les deux membranes, la poufsèrent en droiture
& fe logèrent à l’aife entre ces deux
membranes,puis elles les fépatètent en deux
1 pièces longitudinales , l ’une fitpérieure ,
l’autre inférieure & parallèles ; leurs mâchoires
font les inftrumens qui leur fervent
pour tailler les deux pièces; quant au pa-
reuchime qu’elles renferment , il fert d’aliment
aux Teignes qui n’en laiffenr aucun
atome entre les deux pièces; lorfqu’elles font
coupées elles tiennent encore à la feuille ,
parce que leurs bords font chargés d’engre-
nures ; mais leurs bouts ont des formes 8c
des échancrures difficiles à décrire , & con-
; venables à la difpofition que ’doivent avoir 1 chacune des extrémités du fourreau. Les
pièces étant taillées, la Teigne les affujettit
I & les lie par des fils de foie rendu» des bords
d’une membrane aux bords de l’autre membrane
, puis à force de fe tourner , de fe
mouvoir en tout fens, elle les moule fut
fou c o rp s le u r fait prendre la forme cylindrique
quelles confeivent en fe délié -
p r é l i m i n a i r e . ccxv
chant. Ce premier travaille étant achevé, I la Teigne liffe la partie interne du fourreau I en la frottant avec fa tête, & elle en tapiffe I la moitié intérieure d’un tiffu de foie appli-
I qué comme un vernis.
Nous avons vu dans le mémoire prece-
II dent que les Teignes des fourrures agrau- I diffent leur fourreau devenu trop petit ; I celui des. Teignes qui le compofent de I feuilles ne peur être agrandi de la même I façon , elles le quittent donc & elles s’en
I font un nouveau au befoin.
Ce n’eft pas feulement fur les arbres, mais I fur plufieurs efpèces de plantes que l’on
I trouve des Teignes.
Toutes les Teignes dont il a été queftion I dans ce mémoire font de la claffe des Che- I nilles , l’auteur ajoute à leur hiftoire celle I d’un Ver qui fe'rransforme en une Mouche I à deux ailes. Ce Ver fe nourrit des graines
| du faule, & fe fait un fourreau des poils I cotonneux qui enveloppent cette graine ; il
K n’a d’autre art pour fe vêtir que de raffem-
! hier autour de lui ces poils, de les entremêler
I & d’en former une forte de feutre.
5'. M é m o i r e .
Des Teignes qui fe font des fourreaux dont
l ’extérieur n e f pas liffe , foit avec des
fragmens de feuilles , J oit avec des fragment,
de tiges , de plantes ,* & de plufeurs
autres efpèces de Teignes qui je font des
fourreaux qui ne font pas pris des plantes
ni des matières dont elles fe nourriffent.
Les fourreaux des Teignes dont il eft
queftion dans ce mémoire ont des formes
très - différentes , fuivant'. les efpeces de
( Teignes , mais confiantes, comme tous les
travaux des animaux des mêmes efpeces.
Une Teigne qui vit fur l’aftragale fe conf-
. . truie un fourreau de la forme d’un cornet
courbe, mais chargé d’un triple rang d’appendices
que l’auteur compare à cet ajufte*
ment qu’on notnm& falbala.
Ariftote & Pline avoient, de leur tems,
remarqué une Teigne que le philofophe greo
avoir appellé Xylophthoros, perd-bois. Elle
fe fait un fourreau de foie, le renfoteit en
le couvrant de fragmens de bois , ou plus
fouvent de morceaux de feuilles ou de tiges
de plantes; d'autres Teignes ne couvrent pas
leur fourreau de feuilles , mais de portions
de tiges, & c’eft communément le gramen
ou chien-dent qu’elles emploient. Cependant
il y en a qui y font fervir des portions
de tiges d’autres plantes & même a’ar-
bulles.
Il paroît, d’après les obfervations de norre
auteur, que la plupart des Teignes dont il
vient d’être parlé fe changent en Papillons
, dont les femelles font dépourvues
d’ailes,
. C ’eft fur - tout dans les eaux qu’il faut
chercher les Teignes que les anciens avoient
appellé Perd-bois. Il a été déjà queftion
de deux efpèces dans le dixième mémoire
du fécond volume. L’une vit fut le pota-
mogeton, & l’autre fur la lentille aquatique.
Ces efpèces de Teignes beaucoup plus nom-
breufes dans les eaux que fur terre dans
nos climats, ne méritent pas plus que celles
de terre le nom de Perd-bois , puifqu elles
en emploient très-peu , & qu elles fe ferveur de
morceaux de feuilles, de fragmens de toute
efpèce qui fe trouvent à leur portée. Suivant
Belon , les françois- nomment- les Teignes
aquatiques charrées. Elles ne font point de
véritables Chenilles comme les terreftres ,
mais des Vers qui fe changent en Mouches à
quatre ailes. Notre auteur auroit donc dû exclure
decette claffe les Teignes dont il parle
dans le dixième mémoire du fécond volume ,
dont l’une vit fut le potamogeton , l’autre
fur la lentille d’eau; il me femble qu’il au-
to.it même dû donner un nom different aux
Vers qui, quoique fe vêtiffantà la manière des