
O n voit les objets par i’aétien d’une fubf-
tance intermediaire entre les objets & les
yeux , fur lefquels elle en trace l’image ;
cette fubftance eft la matière de la lumière :
deux fentimens partagent à fon égard les
phyficiens; les uns croient qu’elle eft continuellement
répandue dans l’atmofphère ,
dont elle pénètre & traverfe tous les points,
que le foleil & les corps en combuftion la
mettent en mouvement ; les autres penfent
que la matière de la lumière émane du foleil
qu i en eft un foyer immenfe , & des corps
enflammés qui en deviennent pendant la com-
buftion des foyers particuliers ; mais- les uns
& les autres fe réunifient fur lés propriétés
qu’ ils attribuent à la matière de la lum ière,
& conviennent; i° . qu’elle eft compofée de
globules élaftiques d’une-extrême ténuité :
i ° . que la continuité de ces globules qui fe
tou ch en t,form e des lignes: 3 que ptufieurs
1 de ces lignes font réunies à une extrém ité,
& s’écartent les unes des autres en fe propageant
vers [’autre: 4 °. que ces li g n e s q u i
fon t des rayons de lumière , forment des
faifceaux qui ont la forme d u n pinceau ,
& que c’eft-fous cette forme que la lumière
fe répand : 50. que quand elle frappe la fur-
face d’ un corps, ou telle le pénètre, où elle
en eft réfléchie ; ils- nomment corps diaphanes
ou tranfparans, ceux qui font dans le premier
cas , & corps opaques , ceux- qui font
dans le fécond : 6°-. qu’en travérfànt un corps
diaphane , lès lignes ou rayons de divergens
qu’ils éta ien t, deviennent convergeas ; ils
appellent ce changement de direélion , réfraction
: 7 °: que les rayons, refrangés ou devenus
convêrgens fe rencontrent en fe prolongeant
, Si fè ctoifent au point où ils fe
rencontrent ;ils nomment ce point le fo y er des
rayons : 8 °. que les faifceaux dè lumière
qui rencontrent une furface opaque , en re-
jailliffant , forment un angle de réflexjon
égal à l’angle d'incidence , & qu’ils continuent
de fe prolonger en fens rétrograde ;
p°. que chaque fàifceau ou la matière de la
lumière en général eft compofée defept fubf-
tanees différentes: que ces fubftanees réunies
dans leur état n atu rel, peuvenc-être féparées
par l'action des furfaces qu’elles rencontrent
comme il arrive par l’effet du prifme , & des
corps qui ont la même propriété ; que chacune
de ces fubftanees fépatée forme une
couleur , & que les fept- dtvifées fourniffent
fept couleurs , qui font ce qu’on appelle les
couleurs du prifme : qu’a u contraire ces
fept fubftanees réunies prodnifent le blanc,
leur abfence l'ombre ou le n o ir, & leur- mélange
en proportions différentes, les différentes
nuances: 1 0 “ . que les rayons réfléchis par
une furface , en tombant fur une autre fu r-
face , y peignent l’image dé- la première ;
que fi ces rayons en paffant d ’une furface à
l’autre , traverfent un milieu ou corps diaphane
, ils s’inclinent ou fe réfraélent, & fe
cro ifent , fuivant la force de la réfraétion ou
plus près du milieu tra-verfé ou plusloin ; d ou
il fuir qu’en tombant fur la fécondé furface
les rayons partis du haut de la première ,
tombent fur le bas de la féco n d é, ceux partis
du bas de l’une:fur le haut de l’a u tre ; d e
même les rayons élancés de droite fe terminent
à gauche , & ceux de gauche à droite ;
ainfi l’objet eft peint renverfé- fur- la-fécondé
furface ; mais félon la force de la réfraélion
■ les rayons fe croifenr plutôt , & forment en
fe croifam un angle moins ouvert ; & , comme
c’e ft ,. croit-on , en raifon de l’ouverture de
l’angle, qu’eft reconnue la granden-r-des pbiet-s,
ils paroitfenc plus petits ou plus grands félon
l’ ouverture de l’angle ; or les rayons répercutés
de très-loin , font prefque droits &
peu d ivergens, en travérfàntun milieu qui
les r é fr a d e , ils font donc plus fortement
téfradés , ils fe croifent plutôt-, & forment
en fe croifa-nt un angle m oins ouvert ; l ’objet
qui les a réfléchis paraît plus p e tit, & c’eft
par cette raifon qu’il ne le peint fur les yeux
qu’une imagé très - petite des objets éloignés
, qu’ils paroiffent-occupet peu d’étendue.
T ou s les -phyfiefens font d’accord que c’eft
par l’adion des rayons répercutés fut le fond
de l'oeil que les individus' apperçoivent les
■ corps.
L ’application au mécanifme & à l’ad ion
de l’oeil des notions dont nous venons de
rappellér le p récis, eft facile ; le ledeur concevra
fans p ein e; - 1 que le foleil étant fur
l’horizon , ou un corps étant enflammé , la
matière de la lumière eft ou lancée du foleil
ou du corps en combuftion , où mife en
mouvement par l’aftre , ou par le corps qui
b rû le: z ° . que les rayons en mouvement
font répercutés, ou abforbés par la furface
des corps , fuivant que les corps font opaques,
ou diaphanes; que les premiers font les feuls
vifibles, & que les féco n d s, s’ils étoient parfaitement
d iaphanes, s’ils laifloient palfer
tous les rayons de lumière , s’ ils n’en réper-
cutôient aucun , ne le feraient pas ; que lorf-
qu’ il font en effet dans ce cas , ils ne font
point apperçus ; que c’eft par cette raifon ,
par exemple , qu’on ne diftingue pas la matière
de l’atmofph èrej quoique remplie de
celle de la lumière , parce qu’elle en laiffe
paffer tous les rayons , & n’en répercuté
aucun : 3 “ . que les rayons répercutés pénètrent
dans l’oe il, & y entrent par la portion
de la cornée qui eft tranfparente : 4 0. qu’en
traverfant pour pénétrer au fond de l’oeil ,
les trois humeurs qui rempliflent les deux
chambres , & qui font des fubftanees diaph
anes, les rayons font refradés: 5 °. qu’en
fe prolongeant au-delà de ces trois humeurs,
ils fe croifent & peignent fut la rétine l’image
des objets qui les ont réfléchis; que cette image
eft peinte renverfée. Ici le led eu r éprouvera
quelqu’embàrras ; mais parmi les phyficiens,
les uns lui diront que c’ eft au bout du rayon qui
agit fur la rétine que fe rapporte l’objet qui
réfléchit ce ra yo n , & que les rayons qui tom-
- bent fur le bas de la rétine , étant réfléchis
par le haut de l’objet qui les répércute, la
fenfation qui a lieu fur le bas de la rétine
fe rapporte au haut de l’objet qui l’excite &
que c’eft par cette raifon que les corps ne
paroiffent pas renverfés. Les autres conviendront
qu’ils font vus en effet de cette manière,
mais que la force de l’habitude re d ’tfie le
rapport de la v u e, redreffê lés" objets, & les
fait voirj comme iis fo n t, en les tepréfentant
dans le fens oppofé;à celui où ils font peints ;
quant à la couleur de l’o b je t, il eft évident
qu’elle dépend de l’efpèce de rayons qu’il a
réfléchis. Je n’entrerai point fur la grandeur
ou la pecitefleapparente d esob jets, félon leur
proximité ou leur éloign em ent, dans la d if-
euflion de favoir fi elles dépendent de l’ouverture
de l’angle formé fur la rétin e, & fl
ce n’eft que l’habitude qui reélifiece genre de
rapport de la' vue. Q uoiqu ’il en foit , il eft
certain que la vue procure les jouiffances
les plus multipliées & les plus variées; mais
que fes rapports trompent fouvent , qu’ ils
font moins fidèles que ceux des autres fens ,
& qu'il faut fouvent les vérifier par le toucher
: ainfi on trouve de la foupleffe à un
corps qui , au rapport de la vue , paroifïbit
n’en pas avoir ; en mefurant la diftance &
les dimentions d ’un o b je t, on les trouve très-
différentes de ce qu ’elles avoient paru d ’après
le témoignage des yeux , & c . Il merefte
■ à traiter de ceux des infeéles.
L es infeéles diffèrent des autres animaux
quant au xvy e u x : i°. relativement aux d ifférents
états que les infeéles fubiffent ; i ° . relativement
aux parties accefldires ; 30. relativement
au nombre, à la pofition , à la mobilité
des yeux; 4 0. relativement à leur ftruç-
ture. .
1 0. Les infeéles qui ne changent pas d'état
ceux qui n’en fubiffent que d eu x, & ceux’ qui
patient par tro is, parvenus au d ernier, ont tous
des yeux : mais il eft fort douteux que les infectes
qui fubiffent trois états voient dans les deux
premiers , & leurs yeux ne font pas apparens
dans le premier : ainfi les Araignées & les infeéles
q u i, comme les Araignées , confervenr
toujours la même fo rm e , ont tous des yeux.
Ceux dont le changement confifte ou à acquérir
Amplement des parties qui leur manqu
aient, comme les Punaifes ; ceux qui a cquiérent
également des parties, mais fous une
enveloppe qui les cachoic& qu’ ils dépouillent,
Comme les demoifelles ; tous les infeéles qui
fubiffent l’ un ou l’autre de ces ch angemens,
ont des yeux dans leur premier Si leur
fécond état. Mais les infeéles qui paffent par
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