font au terme de leur v ie& ils meurent d’é-
puifement ; mais dans les pays fujets aux
retours du froid , les individus parvenus à
leur état de perfeétion , meurent par fon
atteinte fans avoir multiplié , & dans le moment
où ils ont le plus de force : il n’y a que
quelques efpèces dont le froid ne fait pas périr
les individus qui ne fe font pas reproduits ;
mais il les engourdit & ils ne forcent de l’af-
phixie où il les plonge , qu’au retour de la
chaleur. Ces faits, qui ont journellement lieu
dans l’ordre naturel , prouvent que la chaleur
eft la première circonftance néceflaire
pour tenir les infeétes en activité , pour
qu’ils multiplient; qu’ils ont befoin,à ce double
égatd , d’un degré de chaleur plus grand
que la plupart des autres animaux qui habitent
les mêmes contrées. Voici quelques faits
que l’art fournit , & dont on peut tirer la
même conféquence : fi au milieu de l’hiver
on prend quelques-uns de ces infeétes que
le froid n’a qu’engourdis j comme certains
Papillons & les mouches bleues de la
viande , qu’on les réchauffe, ils reprennent
leur aéfcivité , & ils la confervent tant qu’on
les tient chaudement, fi on a foin d’empêcher
qu’ils ne s’épuifent en s’accouplant,
fi on leur fournir des fucs donc ils
puiffent fe nourrir ; mais fi après les avoir
ranimés par la chaleur , on les en prive, on
les expofe au froid de la faifon , ils retombent
dans leur engourdiflement, ils y retient
jufqu’à ce qu’on les en fade fortir par le même
moyen que la première fois , ou jtifqua
ce que la chaleur naturelle les ranime au
retour du primerais ; fi lorfqu’elle eft prête de
fe faire fentir & de les mettre en aétion ,
on les place dans des lieux ou la chaleur
pénètre plus tard , comme des celliers, l’entrée
d ’un foucerrein , & c ., on prolonge leur
léthargie , & on peut la proroger d’une année
à une autre : fi, au contraire , au milieu
de l’hiver même on les a portés dans un lieu
chaud , qu’on y ait entretenu un degré qui
réponde à celui de l’atmofphère pendant le
printems, & qu’on ait réuni des individus
mâles & femelles, ils s’animent, ils s’accouplent
, les femelles dépofent leurs oeufs
comme il feroit arrivé dans la belle faifon ;
on eft donc maître de prolonger ou d’abré-
-ger l’exiftence de ces individus que le froid
engourdit, mais une exiftence paffive pendant
laquelle ils n’ont point d’aétion ; la
chaleur eft donc le principe de leur aélivité
ou de leur exiftence réelle ; elle l’eft de
leur propagation , elle l’eft auftî de leur développement.
En e fftt, la chryfalide ne palfe
à l’état d’infeéte parfait que par le développement
des parties de celui-ci, comme nous
l’avons vu. Ce développement fufpendu de
l’automne au printems, où ne faifant que de
très-tardifs progrès pendant cet intervalle,
s’opère en peu de tems par le retour de la
chaleur. Cec; eft encore un des faits qui ont
lieu dans l’ordre naturel. Voici ce que l’art
peut exécuter à cet égard. Si avant le retour
dn printems on place une chryfalide
qui aurait paffé à l’état d’infeéte parfait au
retour de cette faifon , dans un lieu où la
chaleur ne pénètre pas dans aucun rems de
l’année, comme l’entrée d’une glacière , la
chryfalide ne changera pas d’étar , elle fe
confervera fous fa forme , & paffera à l’état
d’infeété parfait l’année fuivante, fi on la fou-
met à l’influence de l’air au retour du prin-
tems ; mais elle n’y paffera jamais fi on la
tient conftamment dans un lieu toujours froid :
fi,au contraire, on place, à rentrée de l’automne,
une chryfalide qui ne feroit parvenu à
l'état d’infeéte parfait qu’au retour du printems
, dans une chambre ou l’on entretienne
la même chaleur qui a coutume de régner
dans l’atmofphère dans le commencement du
printems, la chryfalide atteindra à l’état d’in-
feéfe parfait, en auffi peu de jours dans l’automne
, ou dans l’hyver même , qu’elle y
aurait atteint au printems depuis fa première
influence jufqn’au tems où l’infeéte feroit
forti delà chryfalide ; c’eftà-dire, que fi l’infeéfe
fût forti de la chryfalide au quinze
avril , après avoir éprouvé le changement de
température depuis le premier mars, enforte
que fon développement fufpendu du mois
d’oétobre à celui de mars , fe fût opéré en
fix femaines, il aura lieu dans le même intervalle
, fi la température eft la même dans la
chambre où on l’aura placé , quoiqu’on l’y
ait porté , ou dès le mois d’oâobre , ou au
milieu de l’hiver. Il eft donc fuffifamment
prouvé que la chaleur eft le principe du développements
des infeétes , comme elle 1 eft
de leur exiftence, de leur propagation ; que
c’eft la première des circonftances dont ils ont
befoin pour exifter, fe développer & fe multiplier
en général. Mais une fécondé circonf-
rance qui influe fur leur propagation , fur j
leur grandeur individuelle Sc fur la grandeur J
des efpèces, c’eft l’humidité combinée ^avec '
la chaleur. Il y a plus tf infeâes des mêmes
efpèces dans les années chaudes & humides
que dans toutes les autres; il y en a un nombre
moins grand , mais encore fore conluie-
rable dans les années fèches 6c chaudes : la
quantité en eft fenfiblement moins abondante
dans les années lèches Si froides ; mais
elle n’eft jamais auffi limitée que dans les
années froides &r humides : cette derniere
circonftance eft la plus défavorable aux infeétes,
comme la première leur eft la pins
avantageufe. La dernière les fait périt en grand
nombre dans tous leurs états , & en détruit
plus que toute autre caufe, parce que l’humidité
froide arrête plus promptement , plus
puiffamment Faction de la chateur qui eft
leur premier foutieri , le premier principe
de leur vie. L’humidité jointe à la chateur,
eft pour eux la circonftance la plus favorable,
parce que l’humidité qui eft jointe à la cha-
îéar ne fufpend point l’action de celle-ci, qui
eft le principe primitif de leur vie , parce
qu’elle donne plus de foupleffe à leurs fibres
qui fe prêtent à plus d’accroiffèmctic, parce
que la nourriture eft plus abondante, qu’elle
contient plus de fucs , des fucs plus faciles a
extraire Si mûris par la chaleur : au lieu que
dans l’humidité froide les fucs font abondans,
mais aqueux , fans fubftance, cruds & mal-
faifans ; que dans la fèchereffe jointe à la
chaleur il y a peu de vivres,qu’ils contiennent
peu de fucs , que les fucs font difficiles à
extraire , Si que dans les années fèches &
froides , il y a lbuvent difette , que les lues
font peu abondans , & peu élaborés. On
voit, d’après ce qui vient d’être dit , comment
certaines efpèces d’infeétes ayant été
pendant un éréjyès-abondantes en individus,
ayant par conféquenc laiffé à l’automne des
oeufs , des-chryfalides, ou des larves qui dévoient
paffèr l’hiver engourdies , en un fi
grand nombre , qu’on devoit s’attendre à
voit au primerais fuivanc ces mêmes efpèces,
en plus grande abondance que jamais , il
arrive au contraire , qu’elles ne font pas plus
communes qu’à l’ordinaire , & fonvent plus
rares; comment, au contraire , n'y ayant eu
que peu d’individus de certaines efpèces en
•été, & ces individus n’âyatlt pu , par coflfé-
quent , lai (Ter qu’une poftérité moins nOm-
breufe que quand il a exifté beaucoup d’in-
' dividus , ces efpèces font cependant très-
: nombreufes au printems fuivant. C ’eft que
dans le premier cas, les çèufs., les chryfali-
des & fur-tour les larves , ont été expofés à
des' circonftances qui en ont fait périt un
grand nombre. C ’eft ce qui arrive far-tout as
printems, quand des plaies froides Si de p!u-
fieurs jours de durée fuccèdenu à une température
douce qui les a précédées pendant
quelque tems. Alors les infeétes font récemment
fortis en grand nombre des chryfahdes,
les larves qui ont pâlie l’hiver engourdies ,
dans des retraites à couvert, les ont quittées ;
celles qui croient reltées enfermées dans les
oeufs en o-nt rompu la coque , & fe font répandues
fur les plantes; les pluies froides qui
iitrviennent furprennent tous ces animaux
dans un état de foibleffe , arrêtent l’aétion de
la chaleur qui avoit commencé à les vivifier,
& en font périr le plus grand nombre : dans
le fécond cas , au contraire , la poftérité lai.f-
fée à l’automne par des individus peu nombreux,
a rencontré des circonftances danslcf-
quelles elle a parfaitement réuflî , il n’y a pas
eu de mortalité , Si cette poftérité fuffic', à
caufe de la grande fécondité des infeétes ,
pour que les individus foient très nombreux
l’été fuivant. Cèft donc des journées de pluie
froide qui furviennent à la fin de mars , en
avril , & au comiieacement de mai qu’on
doit attendre la plus grande deftruétiou des
infeétes : ces journées font défagréables,. elles
retardent la végétation, mais elles y nuiwnt
f f ij