
ccxviij D I S C
des infeétes qui n’avoient pas dans leur premier
âge des parties qu’ils pofsèdenc par la
fuite,■ donc ils portoient le germe, & qui
ont pris leur accroiffement à mefure'qu’ils
fe font approchés de leur dernier état ou de
leur état de perfeétion. 11 me relie à donner
, fur les changemens des i nie êtes , des
détails dans lefquels je ne fuis point encore
entré ; à expofer combien de fortes on en
admet, comment ces changemens ont lieu,
& ce qui arrive tant à l’extérieur qu’à l’intérieur
de l’individu pendant qu’il les fubit.
Des différentes fortes de métamorphofes ou
changemens des infectes.
Swammerdam, qui a appris que les infeétes
cachés par des enveloppes de formes différentes
, les dépouillent fuccelîîvemenc à
mefure qu’ils prennent leur accroiffement ,
& que c’ell dans ce dépouillement que leurs
changemens confident, parvint à cette découverte
en épaiffiffant les fucs qui abreuvent
les fibres des infectes dans leur premier état,
qui réduifent leurs membranes, encore fans
confidance, à un état prefque pulpeux , dans
lequel il ferait très-difficile de les didinguer.
Ces fucs font lympathiques & deviennent concrets
, de fluides qu’ils étoient, par l’aûion
de la chaleur & par celle des efprits'ardens.
Swammerdam employoit un de ces deux
moyens avant de diffèquer les infectes. Il
hâtoit par ce procédé ,~ il opérait en peu de
tems ce qui ne ferait arrivé que lentement fi
l’animal eut vécu ; c’ed-à- dire, que les fucs ,
en s’épaifliffant , en fe coagulant entre les
fibres des parties qui y nageoient, les laif-
foient appercevoir dans l’ordre qu’elles
avoient déjà , mais qui n’étoit pas vifible , &
qui ne le feroit devenu qu’à mefure que
l'aétion de la vie aurait épaifli ou diflîpé les
fucs. C ’ed de cette manière que tenant une
Chenille fufpendue par le brin de foie qu’elle
filoit, & l’ayant plongée à plufieurs reprifes
dans de l’eau chaude, il la retira morte; mais
tout fon corps avoir pris une confidance qu’il
n’avoit pas auparavant, & fes fucs s’étoient
coagulés. Swammerdam dépouilla d’abord
cette Chenille des différentes peaux qu’elle
O U R S
aurait fucceffivement rejettées elle-même ;
quand elles furent enlevées , il reconnut la
chryfalide ; il incifa la peau qui la couvrait ,
il la trouva remplie de fucs épaiflis, & au
milieu de ces fucs , le Papillon dont ces.
mêmes fucs auraient produit le développement
en paffant dans fes membres, & eu leur
procurant l’accroiffement dont ils étoient
fufceptibles. Le Papillon n’étoit qu’efi raccourci
dans la chryfalide ; mais il y étoit
reconnoiffâble ; il y avoit farfforme ; on y
didinguoit tous fes membres , il ne leur
manquoic que d’être développés. Le Papillon
ou l’infecte parfait étoit donc contenu
dans la chryfalide , celle - ci dans la
larve ; cette dernière renfermoit dès le premier
âge l’infeéte parfait ; il ne falloit, pour
qu’il fût apparent, que rejetter les unes aptes
les autres les envelopes qui le cachoient ;
c’ed ce que l’aétion de la vie aurait opéré en
plufieurs femaines ou plufieurs mois, & ce a
quoi Swammerdam parvint .en peu de rao-
mens. Mais le fait n’en exidoit pas moins,
& la vérité n’en fut pas moins découverte.
L’expérience répétée un grand nombre de
fois pour divers infeétes , la confirma , & il
reda prouvé que les prétendues métamorphofes
ne confident que dans le dépouillement
fucceffif des enveloppes. L’auteur de
cette importante découverte qui ne trouve
plus aujourd’hui de concradiéteurs , ni même
de perfonnes qui la révoquent en doute,
ayant obfenfé les changemens que les divers
infeétes fubiffent depuis leur naiffance juf-
qu’à la fin de leur vie , remarqua qu’ils diffèrent
en quatre points effentiels ; il didiix-
gua en conféquence les changemens qui arrivent
aux infeétes en quatre ordres ; il procéda
des changemens les plus fimples aux plus
compofés.
Le premier ordre contient lqs infeétes qui
naiffent femblables à ceux qui les ont produits
, & avec une forme qu’ils conferveront
toute leur vie : il ne .leur manque que 1»
grandeur qu’ils -acquerront ; le feul changement
qu’ils fubiffent confide dans le dépouillement
plus ou moins fréquent de leur peau,
p r é l i m i n a i r e . ecxix
fous laquelle ils fe trouvent revêtus d’une
npuvelle peau à difFérens âges. Ces infeétes,
peu nombreux , font, en général, ceux qui
n ont jamais d’aîles , tels que les Araignées ,
les Cloportes ; la Scolopendre, l’Iule, &c. 11
faut cependant en excepter la Puce qui pàffe
par difFérens états, Çc l’Iule même dont le
corps acquiert de nouveaux anneaux. Mais
l'examen de ces exceptions nous détour.neroit
de notre objet en cet endroit , & doit être
renvoyé à l’article des infeétes que ces différences
concernent.
Les infeétes qui compofent le fécond ordre,
naiffent femblables à ceux qui les ont produits
, & à ce qu’ils deviendront eux-mêmes,
à la différence près qu'au forcir de lceut
iU n’ont point d’aîles , qu ils en acquerront
en avançant en âge, elles pouffent & fe développent
comme le bouton d’une plante. Swammerdam
donne le nom de nymphe aux infeétes
qui font dans cet état.
Il place dans le troifîème ordre les infectes
qui fortent de l’oeuf fous une forme qui
n’a aucun rapport avec celle de leur pere, ni
avec celle qu’ils prendront dans leur dernier
état jqui, entre celui-ci & le premier,paffent
par un fécond dans lequel ils ne reffemblent
ni a ce qu’ils é.toient dans le premier , ni a ce
qu’ils feront dans le dernier} ils dépouillent,
pour paffer à ce fécond état, toutes les enveloppes
qui les revêtilfoient dans le premier ., &
ils le fubiffent fous un tégument qui appartient
au fécond étatj il donne le nom de chry-
falide â Pinfeéte qui s’y trouve ; tels font les
Papillons & nombre d’autres infeétes.
Ceux qui compofent le quatrième ordre ,
ne diffèrent des infeétes du troifîème, qu'en fe
qu’en paffant au fécond état ils ne dépouillent
point la dernière peau qui les revêtiffoit dans
le premier, & qu’ils fubiffent ce fécond état
fous la même peau qu’ils avoient, mais qui
s’épaiflit , fe rétrécit, s’endurcit & leur ferc
de tégument. Il ne donne point de nom particulier
à l’état de ces derniers infeétes , ce
qui fait a fiez comprendre qu’il regarde comme
chryfalide le fécond état des infeétes du
tï-oifième &: du quatrième ordre. Cependant
quelques naturalises ont donne le nom de
nymphe au fécond état des infeétes du quatrième
ordre , mais contre la détermination
| de Swammerdam ; & en s’éloignant aujourd’hui
différemment du fens de cet auteur ,
on emploie les mots nymphe & chryfalide
comme fynonimes.
Il y a deux efpèces de nymphes dans le
fens de Swammerdam j la première eff l’infeéte
du fécond ordre, qui, comme celui du
premier, change plufieurs fois de peau , mais
de plus il diffère en naiffant de ce qu’il
deviendra, par le défaut de quelques parties
qui lui manquent ; ces parties font les ailes,
ou les aîles & leurs étuis : les infeéfes de cet
ordre font les Pucerons, les Punaifes de. jardin
, les Grillons, la Courtillière, les Criquets
, &c.
Dans la fécondé efpèce de nymphe, les
infeétes changent aufïi de peau plufieurs fois j
ils ont beaucoup de reffemblance avec ce
qu’ils deviendront, mais non pas cependant
une reffemblance aufïi grande que les infectes
de la première efpèce de nymphe j il ne
manque à ceux-ci que des aîles qui pouffent
hors de la peau qui couvre le corps, il man*
que aufïi aux infeétes de la fécondé efpèce
des aîles qui pouffent, mais deffous la meme
peau qui enveloppe le corps \ cette peau
plus épaiffe que dans les infeétes de la première
efpèce , mafque davantage la forme
du corps. Les Demoifelles, les Cigales , appartiennent
à cette fécondé efpèce de nymphe.
Toutes les nymphes || en prenant ce
mot dans le fens de Swammerdam , ont du
mouvement, & prennent de la nourriture.
Il y a deux fortes de chryfalides du troi-
fième ordre, fuivant Swammerdam ; les unes
qui fe fufpendent Ôc quittent la dernière
enveloppe de larve j les autres qui , avant
de la quitter , s enfermenr fous une coque,
qu’elles filent ou quelles ccnftruifent ou à
l’air libre ou en terre. Ces chryfalides font
couvertes extérieurement d’une peau épaiffe
& coriacée, & intérieurement d’une pellicule.
ee ij