
hydropique ; la férofité qui abreuve- toutes
fes parties, les amollit & les prive du mouvement
auquel elles deviendront aptes par la
fuite. Peu à peu & de jours en jours la férofité
fuperflue s’évapore , les différentes parties
prennent plus de confiftance, leur forme eft
plus exprimée & leur couleur fe fonce. Notre
auteur fuit prefque jour par jour les change-
mens qui ont lieu ; il nous fuffiit de -les con-
noître en général ; le plus confidérable s’opère
à l’égard de la fubftance graiffeufe qui, non-
feulement fe diffipe entièrement, mais dont
les membranes qui la renfermoient s’atténuent
au point qu’on ne les retrouve plus," vers
les derniers rems les membres de la nymphe
ont beaucoup plus de confiftance, & leurs
mouvemens à travers la peau commencent à
être fenfibles. Swammerdam n’a pas obfervé
combien il fe paffe de tems du moment où le
Ver devient nymphe à celui où le Sca-
rabé en quitte l’enveloppe. Ce changement
au refte s’opère comme celui du Ver en
nymphe, c’eft - à - dire, par l’ouverture
& la chute de l’enveloppe extérieure ; celle
de la nymphe fe fend, fe détache des parties
du Scarabé qui paroît fous fa dernière
forme.
C h a p i t r e V I .
Différence entre le Scarabé mâle. & le Scarabé
femelle. Leur anatomie.
Le mâle eft plus petit, fes antennes font
plus longues; il a une corne recourbée fur la
tête. Cette cotne qu’on apperçoit fous la peau
de nymphe peut d’avance faire reconnoitre
le fexe. Quant à l’intérieur, le mâle & la femelle
ne different, que par les parties de la
génération, & fe reffemblent par les autres ;
Swammerdam commence par les parties qui
font communes aux deux fexes.
Les points refpiratoires, ou les trachées a
font au nombre de huit à chaque coté ; ces
points font fiiués, fur chacun des anneaux.où
ils fe trouvent placés, un peu obliquement
& Éuoénsuremeatjles uns à l’égard des autres.
c!eft-à dire qu’ils font fitués plus en-dêffus
fur les premiers anneaux & plus en-deffous
fur les anneaux fuivans; ilsontune forme plus
décidément ovale, ils font plus creux & plus
ouverts que dans le Ver , & les rameaux dans
lelquels ils s’ouvrent dans l’intérieur font plus
amples.
Les cinq premiers .font cachés par les
ailes & les élytres & , on ne les apperçoit
que quand ces parties font étendues ; les
trois fuivans fout fort étroits.
Les yeux font différens dans le Scarabé ƒ
de ce qu’ils étoient dans le-Ver , en nom-'
bre & en grandeur. Il y en a deux , un de
chaque côté de la tête ; ils font à réfeau ou'
facettes , c’eft-à-dire que la membrane exté-'
rieure dont ils font formés eft divifée par des'
interférions hexagones. Cette membrane eft
de confiftance cornée , les portions (épatées
par les lignes font faillantes ; ces lignes occupent
toute l’épaiffeur de la cornée , & pa-
roiffent être des expanfions des trachées.
Cette difpofition eft la même dans tous les
infeétes dont les yeux font à réfeau. Cependant
les facettes , dans le Scarabé nazicorne,
fe rapprochent de la figure fphérique , font
moins faillantes,& plus déprimées ou plus ap-
platies que dans plufieurs autres infeéfes,'
comme les Mouches , les Abeilles, & la
Cornée n’eft pas, comme dans ces infeétes,
parfemée de poils.
Au-deffous de la.Cornée , à fa face inter-,
ne , on trouve une membrane analogue à
l’uvée ; elle eft noirâtre. Dans l’homme &
les quadrupèdes , l’uvée s’étend jufqu’au
fond de l ’oe il, & elle eft percée antérieurement
; mais dans le Scarabé , elle n’eft point
percée , & elle ne tapiffe que la partie anté-j
rieure de l’oeil. 11 n’y a donc pas de paffage
ouvert aux rayons de lumière qui font reçus
feulement fur l’uvée. Au-deffous de cette
membrane eft une fubftance gélatineufe ,
tenue qui fe divife en filets très-déliés qu’on
peut regarder comme des fibres de forme pytamidale
, mais comme des pyramides ren-
verfées. Toutes ces fibres, en fe réunifiant,
forment’ une tunique fibreufe , épaiffe , d un
blanc éclatant, mais qui s’obfcurcit au point
où cette tunique fe réunit avec le netf optique.
Pour tendre ces objets plus fenfibles , il
eft néceffaire de décrire le cerveau. On le découvre
en enlevant le crâne , après avoir fcié
la corne , fi l’on obfetve fur un mâle f il eft
compofé de deux globules réunis à leur bafe ;
il donne naiffànce aux nerfs optiques qui
font bien plus confidérables que dans le Ver ;
ils font très-grêles à leur origine , puis ils
s’enforciffent, fe rétréciffent encore, & fe
renflent enfuite , en approchant de l’intérieur
de l’oeil , dont les membranes les environnent
à leur extrémité , & les touchent par
la pointe des fibres pyramidales dont il a été
parlé plus haut. Swammerdam remarque que
le Scarabé nazicorne voit la nuit, que l’A beille
voit bien au contraire, le jour. Que
dans cette dernière, le nerf optique n’eft pas
en fin contaét anflï immédiat avec les membranes
de l’oeil , & qu’il n’eft pas auffi confidérable
:-il laiffe à tirer de cette obferva-
tion , telle conféquence que le lecteur jugera
à propos, & il n’exprime pas cette conféquence
, parce que fans doute il l’a trouvée
comme indiquée par l’obfervation même.
En effet, dans l’infeéte noéturne le nerf eft
plus gros, il eft en contaét plus immédiat
avec les membranes frappées par une lumière
plus foible , 8t dans l’infecte diurne ,
le nerf eft moins volumineux , il reçoit une
impreffion moins vive, par un contaét moins
intime avec les parties ébranlées par des
rayons de lumière plus vifs.
Dans le Ver on pourrait comparer les trachées
à des rameaux dépouillés de feuilles ,
& elles reffemblent dans le Scarabé , à des
troncs qui étendent leur branches ornees de
leur feuillage. Leur extrémité fe termine en
des véficules , d’où naiffent encore d’autres
rameaux plus fins-qui, fe fubdivifent enfin
en des canaux fi tenus, qu’ils ceffent de pouvoir
être apperçus.
Le coeur eft beaucoup plus court dans le
Scarabé que dans le Ver , & on y remarque
un plus grand nombre d’étranglemens.
Parties propres au mâle.
j La première partie propre au mâle eft la
corne qu’il porte fur la tête , & qu’on doit
regarder comme une excroiffance du crâne ;
elle eft creufe à fon intérieur , 8c fa cavité
eft remplie par des trachées ou vaiffeaux aeriens
; elle eft d’une fubftance auffi dure que
celle des o s , en forte qu’on peut entamer du
bois en s’en fervant ; cependant elle n’étoic
que pulpeufe dans la nymphe , & dans le
Scarabé naiffant elle eft encore flexible , mais
elle acquiert fa dureté en deux ou trois jours.
Le membre du mâle eft cylindrique ; il
faut y diftinguer deux fubftances , une ner-
veufe & une cornée ; la première eft proprement
le membre, la fécondé fon enveloppe
ou le prépuce ; c’eft par l’aélion de ce dernier
que le membre fe porte en dehors ou qu il
eft retiré à l’intérieur ; à l’extrémité du prépuce
, il y a deux onglets qui laiffent en-
tr’eux une fente ou une ouverture ; à cette
fenre aboutiffent des fibres mufcuiaires qui
defcendent du membre; elles écartent ou rapprochent
les deux onglets, & les portent en
dehors ou les retirent; par de-là le prépuce eft
le membre ou pénii formé d une fubftance
nerveufe , molle , pulpeufe & fort dilatée ;
plus loin eft la racine du même membre qui
n’eft qu’un canal étroit ; à cet endroit aboutiffent
de chaque côté les vaiffeaux déférens,
& les véficules féminales ; dans ce même
endroit eft un nerf très-remarquable, comme
il y en a un pareil dans l'hydrocantarus 8c
dans l’Abeille.
Les vaiffeaux déférens contiennent une
humeur très-blanche, qui eft la femence ;t
ils font renflés dans leur milieu , & plus
étroits à leurs extrémités , tant à celle par laquelle
ils s’abouchent avec la racine du pé.