
ces différences tiennent fans doute à celles
de la forme des parties , & cette forme
connue , comparée entre les divers animaux,
fourniroic les caufes des différences dans leur
pofition ; mais quelles que foient les variétés
dans la pofition des quadrupèdes qui fe
couchent pour fe repofer & dormir , il eft
très-probable que la pofition que prend chacun
deuy , eft celle dans laquelle rous les
mufcles font , félon la conformation des
efpèces , dans le plus parfait relâchement.
Les oifeaux prennent , quelques-uns rare
m en t, d’une manière itrégulière, & pour un
in ftan r, l’état de ftation , les autres fréquemment
, habituellement, & pour un long intervalle
; ils dorment au f il, & fous ces deux
points de vue., ils reff mblent aux quadru-,
cèd es ; mais ils en-différent beaucoup par
leur pp'fç'on , durant la ftation & le fommeil.
P armi les oifeaux qui fe p erch ent, les petits
, plus habituellement en mouvement ,
comme c’eff l’ordinaire entre tous les animaux
, s'arrêtent quelquefois fut une branche,
& y relient un inftant pofés-fur leurs deux
pattes ; mais c’eft ordinairement pour fi peu
de rems , qu’ils paroiffent ne s’arrêter plutôt
q u e pour regarder autour d’eu x , & décider
de quel côté ils s’élanceront, que pour fe
repofer ; d’autres fois après s’être pofés fur une
b ra n ch e, ils lèvent une de leurs pattes ,
plient la jambe en arrière fous le ventre , ramènent
ce long os qui eft proprement leur
pied , Tous .la p o itrin e, & le cach en t, ainfi
que les d oigts, fous lents plumes: ils ne pofent
plus que fur un feul pied , en tenant la
jambe dans une légère flexion avec le pied;
ils tardent fouvent cette pofition affez long-
rems , & il y en a qui font entendre leur
chaut pendanc qu’ils l’obfervént ; il femble
que ce foie un état de tranquilité qui leur
plaît , ils prennent encore dans d ’autres teras
une troifième pofition ; iis s’appuient fut leurs
deux pieds , ils courbent les deux jambes
fous le ventre-,. & les deux pied s, ou leur
Joii" o s , fous la poitrine , ils abaiffent tout
leur corps , dont le poids eft foucenu tranf-
verfaleroent par la branche fur laquelle ils
fe font pofés; c’eil encore une fituation
qui paroîc leur être agréable , durant laquelle
ils chantent fouvent: il fembleroit
que ce feroit celle dans laquelle ils devraient
jouir du repos le plus parfait ; cependant ce
n’eft pas celle qu’ils prennent pour jouir du
repos de la nuit & pour dormir , excepté
dans le cas où ils font malades & aftoiblis :
mais quand ils jouiffent de toute leur force,
ils prennent la fécondé pofition pour pàffer
la nuit & dormir ; ils ne s’appuient que fut
un pied , ils relèvent l’autre , & le cachent
fous leurs plumes ; ils tournent de plus leur
tête à droite ou à gauche , l’appuient fut le
deffus. de leur poitrine , entre le corps 8c
l’aîle, en engageant leur bec fous les plumes.
11 feroit affez curieux de déterminer fi c’eft
tous les jours fur le même pied que les oi-
feaux de même efpèce s’appuient , fi c’eft
i du même côté qu’ils tournent la tête pour
dormir , s’ils gardent la même pofition pen-s
dant toute la nuit ; ou s’ils fe pofent, fui^î
vaut les jours & indifféremment, fur un pied
on for l’autre;, s’ils ne gardent pas de même
un ordre régulier dans la courbure de leur
tête, à droite on à gauche ; enfin fi dans la
même nuit ils fe pofent tantôt fur un pied ,
tantôt fur l’autre , & tournent pendant un
tems leur tête à droite , & pendant un autre à
gauche.
Les oifeaux plus grands qui fe perchent,
prennent les mêmes polirions que les petits
pour la ftation & pour le fommeil ; en
ové nérai ils 9v oûtent moins fréq1 u. emme.n.t la ftation , mars pour un tems plus long : il paraît
que les oifeaux y font d’autant plus portés
que lents mouvemens leur coûtent davantage.
Ainfi dans nos climats., la tourterelle
de bois, le ramier, paffent des heures,
fouvent plufieurs de fuite , dans l’çtat de
ftation ,& le s perroquets i fuivant le récit des
voyageurs , paffent dans cet état tout le tems
qui s’écoule depuis le repas qu’ils ont pris le
matin , & qui finit for les dix heures , juf-
qu’au fécond qu’ils commencent le foir vejs
quatre heures , & après lequel ils fe couchent.
Les
P R É L I M I N A I R E .
Les oifeaux qui ne fe perchent pas
qu’ils aient les doigts feparcs , foitqup leur
pied fort palmé, fe repofent fouvent fur.ua
feul pied ; cet état de . ftation leur eft plus
familier qu’aux oifeaux qui perchent , us y;
demeurent, plus long - tems; ils inclinent,
alors leur cou , q u i, daus^ beaucoup d efpèces
eft fore long., fur leur dos ,, & l’y repofent
; ils font fixes dans cette pofition , &
lï fermes , qu’on voit des cigognes au haut
des,édifices les plus élevés , garder cerce pofirion
durant des heures eiîûèris , & pendant
des tempêtes excitées par des vents très-,
violens : c’eft dans, cette-même pofition que
ces oifeaux dorment fans être dérangés par
la plus vive agitation de l’air ; mais, alors
ils pjient leur cou à droite ou.à gauche, le
repofent fur leur dos , & leur tète entre la
poitrine &J e haut de l’aîle; cependant on
voir, quelquefois ces oifeaux s’aeproupir.
entièrement , en pliant, leurs deux jambes,
fous leur corps , & fe repofer eu livrant tout
le poids de leur corps dans l’étendue de fa
furface inférieure , au plan de pofition. Mais
cecte attitude leur eft moins familière que la
ftation fur un feul pied.
■ Ce que je viens de dire doit .s’entendre
principalement des oifeaux'qui ne fe perchent
pas, qui ont les jambes très-loiigues , & de-
garnies de plumes au-delfus du genou, comme
les cigognes , les hérons , tkc. car iesautr.es
oifeaux qui ne fe. perchent pas , qui ont les
jambes moins longues , & gàrmes déplumés
jufqu’au genou , comme la caille , la perdrix
,cesoifeaux, s’accroiïpiffenr pour jouir de
la ftation, plus fouvent qu’ils ne fe tiennent fur
un pied ; plufieurs mênae dorment dans cette
pofition.
Les oifeaux dont le pied eft palmé, fe repofent
fouvent & pendant long tems fur une
feule jambe , mais la plupart & peut-être
tous s’accroupiffent pour dormir. On conçoit
aifément que ces oifeaux & ceux qui
prennent une pofition pareille pour paffer la
nuit, goûtent un repos complet, & fe délaffent
parfaitement ; mais on ne peut s’empêcher
de voir avec fnrprife que les oifeaux qui
Hijloire Naturelle , injectes. Tome I.
lux]
perçhent , ceux qui ont les jambes dégarnies
de plumes au - deffus.du genou , qui com-
pofént le nombre le plus, grand .de ces animaux
, fe délalfenc & jouiffent d ’un repos
c om p le t, en concentrant tout le poids de
leur corps en un feul p o in t, & le fuppor-
raiït for une feule jambe. Pour fentir lacaufe
de cette pofition & fes avantages, il faudrait
coriuoître parfaitement la forme du corps
des oifeaux qui la prenn en t, le nombre , ia
ipofition , la direétion de leurs m u fcles, la
difpofition & les articulations des os de leurs
jambes ; alors la furprife ceffero it, parce
q u ’onverrpicquedans la pofition fur une feule
jambe , elle eft tellement ramenée & placée
fous le corps , au point central , qu’il y a un
parfait équilibre entre les parties , de devant
en arrière , fur lés côtés; elles fe contrebala
n ce n t donc.tontes, & leur équilibre rend
leur poids prefque nul for le point ou il
porte. Loin donc que les oifeaux qui ne s’appuient
en dormapt que fur une jam b e , fe
repofent moins que ceux qui s’accroiipiflent,
il eft probable qu’ils fe délaffent plus corn-
plettement. Si dans cette pofition quelqu’ une
de leur partie fopporte encore un travail ,
' ce n’eft que la jambe qui les foutient ; ce
travail eft léger , & confifte dans .une douce
tenfion de cecte partie , dans une conrraétion
modérée des mufcles qui la tiennent tendue ;
fi ils ne gardent pas cette pofition quand
ils font malades , c’eft qu’ils le font gravement
, c’eft que la maladie les a affoiblis
affez pour qu’ une, de leur jambe ne puiffe
conferver la cenffon néceffaire pour fuppor-
Iter,le poids du corps même en équilibre ;
c’eft auffî que la pondération des parties
peut être dérangée, par l’étac morbifique ; en
| effet., s’il y a engorgement 8c forcharge à la
: tête ou au bas ventre , le poids fera plus
grand que dans l’état naturel du côté antérieur
oü du côté-poftérieur, l’équilibre ne fe
trouvera plus quand la jambe fera placée
au même point où il avoit lieu dans l’état
de fanté.
Nous c.onnoiffons fi peu les habitudes des
quadrupèdes ovipares , celle des reptiles Si
foir