
gnées il eft globulaire, ôcc. Eh voilà fuffi-
famment pour que des différences auffi grandes,
aiiflî frappantes dans la portion du corps
la plus ample , falfent paroître les infeétes
d’une-forme particulière.
Ce fonc donc la petitefTe de la tête , fa
fîtuation, fon peu de mobilité, le petit volume
du corcelet, fa connexion , avec des
parties qu i, dans les autres animaux ne tiennent
pas à la poitrine ; fa manière d’être
jointe avec le ventre ; la connexion de celui-
ci avec le corcelet, & , ou fa dépreffion en
deffus & en delfous, ou fa forme particu-
.lière fuivant les genres , qui font au premier
afpeéf juger le corps des infeétes d’une forme
différente de celui des autres animaux , quoiqu’il
ait au fond la même ; mais le premier
•conp-d’oeil trompe. Et ceux qui s’y bornent,
comme c’eft le plus grand nombre, recon-
noiffent les infeétes à la première vue, parce
qu’elle leur offre les différences, & que les
rapports ne fauroient être apperçus qu’en les
cherchant & par la comparaifon des parties.
Ce n’eft pas feulement l’afpeél du corps
des infeétes qui les fait reconnoître au premier
coup-d’oeil , mais ce premier trait dif-
tin&if eft fortifié par des différences que l’oeil
faifit entre les infeétes & les autres animaux
dans les parties annexées aux différentes portions
du corps. Nous allons fuivre l’examen
de ces parties. Les unes fe trouvent & fe
relfemblent dans tous les animaux ; les autres
ont feulement des rapports plus ou moiiis
directs ôc une reffemblance plus ou moins
grande : il y en a qui ne fe trouvent que dans
certains animaux.
Je fuivrai ce même ordre dans l’examen
de ces parties , en fuivant auffi la divifion
du corps en tête , poitrine 8c ventre.
Les yeux & la bouche font partie de la
tête , & fe trouvent dans tous les animaux ;
cette propofîtion eft rigoureufement exacte
pour la bouche, car quoi qu’elle ait une forme
fouvent différente, tous les animaux ont un
organe par lequel ils prennent déjà nourriture,
& par conféquent ils ont une bouche, il faut
pourtant excepter quelques phalènes qui ne
prennent pas d’alimens, ôç qui à la place dç
la bouche n’ont qu’une dépreffion. Maison
n’eft pas affuré que tous les animaux voient
8c quelques - uns femblent n’avoir point
dyeux-Comme le nombre en eft petit, je
n ai pas craint de généralifer la propoficion.
Les yeux des infeétes n’ont de rapport
avec ceux des autres animaux que d’être
fitués à la partie antérieure de la tête ; ils
ne font ni mobiles, ni diftinéts par leur
éclat du relie de la tête , avec lequel ils
fe confondent par l’uniformité de couleur,
excepté dans un petit nombre. Ils font dénués
de cils & de paupières; ils ne font point
fitués dans une cavité , mais ils font au contraire
faillants. C eft tout ce qu’on en peut
appercevoir à la vue fimple, & ce qui nous
fuffit en cet endroit ; ce qui fuffit auffi pour
qu’on trouve au premier coup - d’oeil une
grande différence entre les infeétes & les
autres animaux; car les yeux font un des
traits les plus frappants.
La bouche , -grande , apparente dans les
quadrupèdes, dans les reptiles, les po Liions ;
remplacée dans les oifeaux par le bec qui
n eft pas a proportion d’un moindre volume ,
qui ne frappe pas moins à la vue que lu
bouche proprement dite, eft ou petite & à
peine apparente dans les infeétes, ou ne
reffiemble point a celle des autres animaux;
elle n’a de commun avec cecte partie que
detre fituée'en devant & au bas de la tête-
encore dans quelques infeéles fe trouve-t-elle
en deffous. Dans les coléoptères ou fcarabès
elle s’éloigne moins de la forme ordinaire
elle s’en, rapproche même en ce quelle eft
entourée de lèvres , en ce quelle renferme
des mâchoires ou dents & une «Bw
gue. Mais les lèvres au lieu d’être charnues
& continues , font, écailleufes & compdfées
de plufïeurs feuillets ; les mâchoires ne font
pas verticales, mais horifontales, & leur mouvement
eft latéral au lieu d’être perpendiculaire;
elles ne confident pas dans la réunion de
plufïeurs os raflèmbtés fur un feul, mais ce
font de chaque côté une longue dent, ap-
platie au lieu d’être arrondie, échancrée ôc
armée de crochets. La Jangue n’eft ni charnue
, ni mobile; ni détachée du palais, c’eft
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une membrane fèche , velue , adhérente.
Dans les autres infeâes la bouche eft remplacée
par une trompe courte, grade, charnue,
dans.les uns ; longue , déliée, mem-
braneufe dans les autres ; jfemblable dans-
quelques-uns au bec des'oifeaux ; enfin
la bouche manque dans quelques infeétes,
non dans tous leurs états , mais dans le dernier
, qui eft celui de leur perfeétion, & a
fa place on apperçoit feulemenc une légère
dépreffion. ^
En vain chercherait-*oip-fut la tete des
infeétes quelque partie qui ait du rapport
avec celles qui fervent dans les autres animaux
à la perception des fons. Il ne me refte
donc qu’à parler de quelques parties qui fe
trouvent fur la tète de différents' animaux
ôc fur celle des infeétes. Les plus remarquables:
font les cornes & le bois de certains,
quadrupèdes ; quelques infeétes portent fur
Je fommec de la tête une appendice ou épine
, qui par fa forme; par fa confiftance
même , fe rapproche des cornes des quadrupèdes
., 8c en particulier de celle du rhinocéros
; d’autres ont à côté de la tête des parties
ramifiées qui relfemblent au bois du cerf;
mais ordinairement les appendices qui ont
cette reffemblance tiennent par leur bafe au
corcelet & non à la rête, à laquelle on a
coutume cependant de les rapporter quand on
n’examine leschofes quefuperficiellement; je
ne parle point des procubérances, des afpé-
rités, des excroilfances de différente forme
que l’on voit fur certains infeétes, & dont
on rapporte le plus fouvent l'origine à la
tête, quoique ces parties dépendent du corcelet
; elles n’ont point de rapport avec les
parties qu’on voit fur la tête des autres animaux,
& elles ne peuvent que contribuer à -
donner aux infeétes une forme bizarre & fin-
gulière ; mais les appendices qui. reftèmblent
ou aux cornes ou au bois des quadrupèdes ,
loin de rappeller les idées de ces grands animaux
, obfervés dans d’auffi petits que le
font les infeâes, font une des caufes qui les.
font diftinguer.
Nous venons d’obferver ou des parties,
ou des appendices qui fe trouvent fur la tête
Niftoire Naturelle, Infecles. Tome I.
des différens animaux & fur celle des infeétes
; mais il exifte fur la leur une partie
qu’ils ont feuls, ôc qui ne manque à aucun,
au moins dans leur dernier état ou celui de
perfeétion. Ce font les antennes ; c’eft le nom
qu’on donne à deux filets mobiles , plus ou
moins longs, plus ou moins gros ou délies,
fitués un de chaque côté de la tête, & en
deffus.-
Ces filets ont une forme différente dans
divers infeétes. Je n’entrerai pas ici dans tous
lès détails dont ce fujet eft fufceptible ; je
me contenterai d’obferver que les antennes
relfemblent tantôt à un long fil fimple , tantôt
à un fil compofé de noeuds dans toute
fa longueur ; que les unes font droites, les
autres coudées ; qu’il y en a de chargées-
dans toute leur longueur fur les côtés, de
dentelures ou longs poils, & que celles-là
relfemblent à un peigne ou une plume; que
les unes fe terminent en pointe , les autres
par un renflement , qu’on nomme majje ;
mais quelle que foit la forme des antennes,
comme on ne voit fur la tête des autres
animaux aucune partie qui y relfemble, elles
ne contribuent pas peu à faire remarquer les
infeétes & à rendre leur forme particulière.
Plufieuts infeétes ont autour de la. bouche
des appendices conformées comme les
antennes : on les nomme par cette raifon
antennuler ; on voit autour de la bouche de
certains poiffons des appendices à-peu-près
femblables, mais les autres animaux n’en ont
pas ; au refte, les antennules font trop peu
apparentes , elles manquent à trop d’infeétes
pour qu’on puiffe les compter au nombre des
parties qu’on remarque ôc qui frappent au
fimple afpeét.
Les différences fenfiblês à la vue , entre
les yeux des infeétes & ceux des autres animaux
, la petitefTe de leur bouche, fa forme
dans un très - grand nombre, la différence
des lèvres dans ceux qui en ont, les antennes
fur-tout, ces parties que les infeétes ont feuls
& qui ne manquent à aucun ; les appendices
femblables aux cornes ou au bois des
quadrupèdes, font donc autant de caufes
dépendantes des parties annexées à la tête,