
tôt quelle s’y eft jointe, toutes les Abeilles
qui écoient encore en l’air la fuivent & for- !
ment enfemble un gtouppe en s’accrochant
par les pieds.
Lorfque les effaims prennent en fortant
un vol eleve, il y a à craindre qu’ils ne fe j
portent au loin & qu’ ils ne foient perdus.
On les détermine à bailler leur vol en f
jettant en l’air à pleines mains du fable fin , i
& on eft aulii dans l’ufage, peut-être inu-
tilé, de faire du bruit en frappant fur quel- j
que vaiifelle de cuivre; l’expérience a appric j
que les Abeilles s’abailîent par ces moyens , j
dont le premier paroît feul les déterminer,
& qu elles fe fixent promptement fur quel- !
que branche balle.
Quand un eflaim s’eft fixé, un homme '
Couvert du camail que nous avons décrit, !
& les mains couvertes de gands, préfente i
d’une main une ruche renverfée au-delfous
de l’efTaim & le fait tomber dans la ruche
de l’autre main ; cette opération n’eft ni longue
, ni difficile ; auffi tôt quelle eft achevée,
on pofe la ruche à terre dans fa fituation naturelle
en lailîant des ouvertures entre le
fol & la ruche ; les Abeilles tombées à terre
aux environs, celles qui étoient encore en
l'air s’y rendènt eh foule; cependant il y en
a qui s’obftinent quelquefois à retourner fur
la première branche fur laquelle elles s’é-
toienr fixées; on les en dégoûte en frottant
cette branche de feuilles de fureau ou de
feuilles de rue ; & fi ces moyens ne fuffifent
pas, on déloge ces Abeilles obftinées par de
la fumée qu’on dirige fur leur branche favorite;
pour les engager au contraire à fe fixer
dans la ruche, on a eu foin de la frotter
en dedans avec des feuilles de mélifîe
ou des fleurs de fève , de la couvrir en
quelques endroits d’une légère couche de
miel. .
Si le foleil donne fur la nouvelle ruche
& qu’il foit fo r t , il faut la garantir par
1 ombre , ou d’une feuillée , ou d’un drap
qu’on tend au-deflus.
Nous venons de parler d’un eflaim pofé
favorablement; mais quelquefois il s’attache
a l’extrémitc d’une très-petite branche fur le
haut d’un arbre fort élevé ; alors ou l’on a
recours à une échelle pour atteindre avec la
ruche jufqu’à l’eflaim , ou on attache la ruche
au bout d’une perche pat le moyen de laquelle
on la ptéfenre à l’eflaim , tandis qu’un
homme monté fur l’arbre fait tomber l’ef-
faim avec un balet plus ou moins long; les
circonftances déterminent les moyens qu’on
doit employer.
Après avoir décrit la fortie des effaims &
la manière de les recueillir, M. de Réaumur
traite plufieurs objets qui leur font relatifs;
il examine d’abord s’il ne fe trouve pas plufieurs
mères dans un même eflaim ; il re-
connoît qu’il y en a quelquefois deux, &
qu alors l’effaim fe partage en deux bandes,
mais inégales, l’une peu nombreufe & l’autre
compofée de la plupart des Abeilles,&’celles
encore qui ont fuivi une des mères en moindre
nombre , la quittent - elles bientôt pour fe
joindre à la troupe principale. La mère enfin
quiieft abandonnée fe réunit elle-même
à 1 eflaim qui fe retrouve avoir deux mères
; il y en a quelquefois jufqu’à quatre,
mais quel qu’en foit le nombre , quelque
motif qui détermine les Abeilles , elles né
confervent qu'une mère, elles donnent promptement
la mort aux autres , & n’entreprennent
leurs travaux qu’après cette exécution.
Mais ce ne font pas feulement les mères
furnuméraires forties avec les effaims qui
font fàcrifiées, cellesqui font reftces dans l’ancienne
ruche y reçoivent également la mort.
11 eft donc prouvé qu’il naît dans les ruches
un nombre de mères plus grand que leur entretien
& le befoin des eflaims ne l’exigent
, & que les Abeilles qui ne confervent
qu’une mère par ruche , donnent la mort
à ces mères furabondantes. lifemble naturel
de penfer que les mères les plus vigoureufes
font celles qui font confervées, Si il paroît
d’ailleurs que cette furabondance a pour objet
d’aflurer aux ruches tk aux eflaims une mère
en tout rems ; car différentes circonftances :
peuvent faire périr les Vers deftinés à palier ;
à l’état de mères; la ruche & les eflaims en
enflent été privés s’il n’croit né que-le nombre
de Vers ftriétemem néceffaire ; la, furabondance
aflure la durée des ruches, la multi-
plication de' l’efpèce , lè foin qu’en prend
la nature , & eft , au contraire , une de ces
preuves fi fréquentes du peu de cas quelle
fait des individus.
On penfe ordinairement qu’il eft défa-
vantageux de permettre à une ruche peu peuplée
,d’effaimer. Pour l’en empêcher , il fuffit
de retourner la ruche, d’en mettre l’ouverture
du côté oppofé; les Abeilles travaillent
d'abord fur le devant, & la ruche étant.
retournée, elles trouvent ivi vide qui les engage
à ne pas jecter d’eflaim ; on parvient
au même but en ajoutant une haulle à la
ruche.
Lorfqu’on a un certain nombre de ruches,
il arrive quelquefois que deux eflaimenc en
même rems, & que. les deux eflaims fe
réunifient; il convient de les partager.en les
renverfanc chacun dans une ruche à-peu près
qp nombre égal. Mais pour que ce parcage
réuflifle, il faut qu’il-y ait une mère dans
chaque ruche , c’eft ce qu’on reconnoîc le
lendemain matin à l’aélivité ou l’inaétion des
Mouches d’une des deux ruches ; s’il y en
a une privée de mère', il faut mêler de nouveau
les deux effaims pour tenter un nouveau
partage plus heureux.
Les eflaims qui fortent les premiers font
plus nombreux, & ils fe mettent au travail
4 O ■*< _ ' % de plus de rapport par ces deux rai-
%
O k peut demander fi un eflaim eft com-
pofc <m jeunes Abeilles & d’une mère noti-
vellcmeiyt née. Comme on connoît à la couleur
des Abeilles leur âge , ainfi qu’il a été
dit , on peut répondre.qu’on en voit de tout
âge parmi celles qui compofent fin eflaim;
comme il en rèfte auffi de tout âge dans la
ruche. Quant à la' fécondé qùeftion , M. do
Réaumur répond feulement qu’il eft très-
probable que c’eft toujours une jeune mère
qui accompagne un eflaim.
L’eflaim le plus nombreux que M. de Réau-
mur ait vu étoir du poids de huit livres,
& comenoit quarante trois mille huit Mouches.'
Un excellent eflaim pèfe , d’après Butler,
environ fix livres angloifes, un bon cinq,
un médiocre quarte. On peut connoître le
poids d’un eflaim en ayant fait la tare de
ta ruche avant de l’y loger.
Les Abeiiies placées dans une nouvelle
ruche tranfporcenc dehors les ordures qui
peuvent y être , ou ce qui leur déplaît, elles
en bouchent les ouvertures en y étendant de
la p r o p o l'is& elles conftruifent des gâteaux
en commençant par l e , haut de la
ruche.
13». M é m o i r e ;
Des foins quon doit prendre des Abeilles pour
les conferyer & les faire multiplier, & pro~.
fiier de leurs travaux.
Le miel & la cire nous font utiles pour'
l’economie , pour la médecine , & la cire
pour les arts.-L’économie retire du miel
une nourriture faine ; la médecine l’emploie
comme un remède adouciflanc & incifif, Scia
cire entre dans la compofition d’un grand
nombre d’onguens;; elle iert dans lés arcs de
différentes manières, pour en former des
grouppes en la mo'delant, pour couvrir la
planche fut laquelle 011 grave, pour étendre,
dans des arts plus greffiers, fur différentes
étoffes & les rendre imperméables à l’eau ;
enfin , 011 fait quel ufage confidérable on en
fait pour nous éclairer, il nous eft-donc très-
avantageux. de multiplier les Abeilles, fans
lefquelles nous ne pouvons avoir-ni cire, ni