Les Termes, dit M. Smeathman, ont reçu
dift'érens noms ; on les trouve en Amérique,
aux Gtandes Indes & fur les côtes du
Sénégal.
Les François les nomment, dans cette
dernière contrée Vagues-bagues ; en Amérique
Poux de Bois oU Fourmis Blanches ,
aux Indes Caria. M. Linné eft le premier
qui ait employé le nom de Termes , & il
a placé les infectes auxquels il l'a donné dans
la clalfe des Aptères. Ce grand homme a été
conduit à cette erreur par les faulfes notions
qui lui ont été communiquées ; tous les Termes
ont des ailes dans leur état de perfection;
ils en ont quatre qui font nues & mem-
braneufes, & ces infeétes n'ont point d’aiguillon
; ils doivent en conféquence être
placés dans la clalfe des Neuroptères ; ils y
forment un genre nouveau qui comprend
plufieurs efpèces. Tous les Termes confttui-
fent des habitations ; mais , félon les efpèces
, les uns les placent fur la terre , les
exhauflfent au-deffus & les prolongent au-
deffous de la futface du terrain, d’autres les
fixent contre le tronc ou les branches des
arbres, même le? plus élevées,
Chaque efpèce, félon M. Smeathman,
eft compofée de trois fortes d’individus. Les
travailleurs, les foldats', les ailés. Ces derniers
ont feuls la faculté d’engendrer ; ils ne travaillent
pas ; ils quittent leur première habitation
pour établir ailleurs de nouvelles colonies.
Pour entendre cette propofitipn il faut
favoir, comme la fuite de l’ouvrage l’apprend,
que tous les Termes Affilient par
avoir des ailes , & qu’ils ne font aptes à la
génération que quand ils font devenus ailés.
Les Termes conftruifent fur terre des habitations
qui ont la forme d’un dôme, ou
plutôt d’une colonne ; ils les élèvent à la
hauteur de cinq à fix pieds ; le nombre de
ces nids eft fi grand en certains endroits qu’on
les prend pour des villages compofés de cafés
de nègres ; leur folidité eft telle que les boeufs
fanvages montent deflits fans y cauferde dommage;
la terre dont ces habitations font formées
fe décompofe pourtant à l’extérieur &
devient au bout de quelques années capable
de nourrir des plantes gui y «ornent & qui
la couvrent. L’intérieur des habitations eft
divifé en galleries , en cellules qui fervent
de logement aaix Termes.
Au centre eft une loge plus vafte que les
autres, elle eft pour la reine 8c les rris. Ceux-
ci y étant une fois enfermés n’en peuvent
plus fortir, & la nourriture leur eft apportée
parles travailleurs des magafins placés dans
des galleries voifines : la cellule royale a des
ouvertures affez larges pour les travailleurs
mais trop étroites pour les reines 8c les
rois.
M. Smeathman décrit enfuite les cellules
deftinées aux jeunes Termes. Il dit que
les grands nids dont il vient d’être queftion,
font prefque les feuls qui aient été remarqués.
Mais ôn en trouve d’autres, auflï fitues
fur le fol, qui n’ont que trois pieds de haur,'
& il y en a aufîi autour des troncs d’arbres
ou qui vont d’une branche à l’autre qui font
fphériques & dont les plus gros approchent
du volume d’une barique de fucre. Ces derniers
nids font compofés de rapure de bois
liée par un gluten, au lieu que l’argile eft
la matière des premiers.
Après avoir fait la defctiption des habitations
, M. Smeathman pafle à celle des
habitudes des Termes; il traite, fuivantfes
propres expreffions, de leur police intérieure ,
de leurs combats & des dégâts qu’ils font.
Il craint qu’rfn ne le taxe d’exagération,
& il en appelle au témoignage des voyageurs*
Les ouvriers font les plus nombreux. Leur
nombre eft à celui des foldats comme cent
à un. Ils ne font pas plus gros que nos Fourmis,
& vingt - cinq pèfent environ un grain).
Je crains qu’on ne trouve déjà la préfomp-
tion de M. Smeathman fondée; comment;
a-t-il pu compter les habitans d’une peuplade
auffi nombreufe, auffi formidable que
Te font celles des Termes ; déterminer avec
précifion le rapporc en nombre d’une efpèce
à une autre? Et comment vingt-cinq Termes
aufti gros que nos Fourmis communes
ne pèfent-ils qu’un grain? Les foldats font
quinze fois auffi gros que les ouvriers, on
voit évidemment qu’ils ont fubi une métamor•
phofe de plus. Et enfin les ailés , qui font
l ’infecle dans fon état de perfection, onr quatre
grandes ailes portant deux pouces & demi
d’envergure; ils font auffi gros que deux foldats
& leur corps a de huit à neuf lignes
de long. On voir par cet expoféque le fenti-
ment deM. Smeathman eft que les ouvriers ;
les foldats , les ailés font les mêmes infectes
en trois états différens. Ce fait dont on ne
connoît pas d’exemple mérite le plus févère
examen, & M. Smeathman l’établit comme
avéré , fans en donner de preuve, fans faire
vorr comment il a découvert que les Termes
fubiffènt trois métamorphofes, comment
il a reconnu que les ouvriers ne font
pas fimplement Mulets, comme parmi les
Fourmis ; il eft vrai que l’hiftoire de ces
derniers infeétes n’eft peut-être pas allez
bien examinée ; mais les nouveautés que
préfente celle des Termes, qui pourrait
conduire à mieux connoître celle des Fourmis
, ne doit pas être admife fans un mûr
examen.
Lorfque les Termes ont pris des ailes,
lis quittent lent habitation pour aller fonder
de nouvelles colonies; c’eft ce qui arrive
vers,la fin de la faifon sèche. Ils font pour-
fuivis dans leurs émigrations par lesoifeaux,
les Fourmis proprement dites, & les nègres
même qui s’en nourriffent. Ils feroient tous
détruits, fi n étant rencontrés par des Termes
, qui n’ont pas pris d’ailes encore, qui
font reliés dans des chemins couverts, lel-
quels luni comme des racines des habitations,
ils n’y. étoient entraînés par cesT«mès; alors
ceu^ ci enferment dans la cellule royale les
nouveaux hôtes qui deviennent rois & reines.
Le ventre de ces dernières prend un volume
exceffif, & devient deux mille fois plus gros
que le refte du corps; c’eft unefource d’oeufs
dont il en fort-continuellement ; une ancienne
reine en pond foixante par minute,' Que
d’obfervations curieufes& piquantes ! Quelle
fagacité, quelle patience pour les avoir faites!
Comment avoir vu les Termes reliés dans
les chemins couverts y conduire les ailés, les
enfermer dans la cellule? Il a fallu rompre
les habitations, & comment conclure des
mouvemens tumultueux dans un moment
de défordre, aux habitudes d’un peuple qui
jouit ! Si on détruit une partie de 1 habitation
, fi l’on y fait une brèche , c’eft parmi
les bellicofi un ou plufieurs foldats. qui pa-
roiflent, & un plus grand nombre fuivant
le befoin ; ne paroît-il pas d’ennemi , ce font
les ouvriers qui remplacent les foldats , &
qui répatent la brèche. Voilà des faits fort
curieux ; mais toujours refte-t-il à demander
la preuve ; d’où vient ce nom de foldat ?
M. Smeathman ne rapporte pas de fait qui
le juftifie. Il pafte enfuite à la defctiption
des dégâts que font les Termès, contre lesquels
il n’y a que les métaux & les pierres
qui foieur à l’abri.
L’ouvrage dont je viens de donner une
notice , contient des faits qui méritent d'autant
plus un examen rigoureux, que ces faits
font plus, extraordinaires , qu’ils font exception
aux loix que la nature fuit ordinaire-,
. ment, & que M. Smeathman les avance,
fans en fournir de preuves; fans apprendre
comment il eft parvenu à obferver ces faits
fi difficiles à conftater. On doit donc, pour
les croire, attendre au moins que d’autres
obfervareurs les aient vérifiés.
On ne trouve pas d’ailleurs dans cet ouvrage
l’ordre , la netteté , .les. divifions qui
^ caraétérifenc le récir des faits qu on a vus,
fuivis , conftatés & reconnus par des, obfer-
varions exaétes & j répétées.
I ’ " ,; S J O L L. ..
On doit à M. Stoll, auteur Hollandais,,