
rai. A ce pre'mier fervice rendu à là fcience,
il en a joint un autre qui n’eft pas moins important
Si qui n’a pas moins contribué à fa
célébrité ; c’eft d’avoir fait connoître en
quoi confiftent les changemens ou métamorphofe
s des infeétes, ce qu’elles font, comment
elles s’opèrent, de les avoir réduites à
leur jufté valeur, & d’avoir fubflitué la con-
noilfance du fait au merveilleux qu’il préfente
en apparence, & que l’imagination avoir
encore augmentée. Swammerdam a fait voir
que lès Oiétartiorphofes ne dépendent que d’un
développement fuCcellîf , que l’infeéte parfait,
lè Papillon, par exemple, eft renfermé
Si contenu dans la Chenille, qu’il y eft recouvert
par l’enveloppe de la chryfalide, &
que ce ii’eft qu’apfès qu’il a dépouillé les
fégümeris de la Chenille & ceux de la chry-
faljde', qu’il pafoît fous la forme dç Papillon.
Lesèilveloppès, félonqu’elles font extérieures,
croilfent , fe développeur j & tombent les
premières. Ainfi, c’eft la Chenille qui prend
la première Ton accroilfement,& fous la peau
qui la couvre fe développe enfuite la chryfalide
; elle paraît à l’exrérieur quand la peau
de la Chenilleïê' dêlîeche, fe fénrd'Sq tombe-,
à l’intérietfr dé là chryfalide croît & fe développe
lé Papillon quelle contient, qui en
fort lorfqu’elle s’ouvre, & qu’il en tire fes
membres qu’elle ênveloppoit. Mais dès l’origine
le, Papillon étoit formé dans la chryfalide
; Celle"-ci étoit contenue fous la peau de
la Chenille; il ne manquoit à l’un & à l’autre
que de fe développer. Les organes, de la Chenille
ont fervi d’abord à fon entretien & à fon
accroilïèment, & enfuite à l’entretien & à
l ’accroiffement de la chryfalide, & celle ci a
fourni aux mêmes befoins à l’égard du Papillon.
A infi, pour rendre la chofe fenltble par
un exemple qu On a fréquemment fous les
yeux , Swammerdam compare le développement
fucceflïf d’un Papillon à celui d’une
fleur. Elle fort de tefre couverte d’une enve:
loppe qui la cache & fous Une forme qui n’a
aucun rapport à ce qu’elle deviendra , l’enveloppe
s’ouvre, tombe, & laiffeparoître le calice
fermé ou le bouton qui n’a encore aucun rap*
port de reffemblance avec la fleur; elle s’amplifie
, elle croît fous le calice, elle l’ouvre,
l'écarte, & l’on découvre la fleur ou les pé-
talles, comme je Papillon paraît en fe tirant
de la chyfalide. Mais ce n’eut été rien d’avoir
avancé ces faits , ce n’eût été qu’avoir fait
une fuppofition ingénieufe de ce qu il eft
facile de remarquer dans le règne végétal, a
ce qu’il eft bien plus difficile d’obfetver dans
les infeétes. Cette marche n’eft pas celle de
Swammerdam, il ne forme point de conjectures,
mais il obferve, il rend compte des
faits & de la manière dont il eft parvenu à
les reconnoître. Il avoir remarqué que la partie
grailfeufe des infeétes eft le plus grand
obftacle qu’on a à combattre pour diftin-
guer leurs vifcèresqu’elle couvre ,& reconnaître
leur organisation; mais que cette matière
fe diflout parfaitement dans l’huile de théré-
benthine ; que fi les infeétes y demeurent plongés
quelque tems, qu’on tes retire enfuite ,
la thérébenthine, venant à s’évaporer , laiffe
la matière graiffeufe qu’elle avoir difloute en
forme d’an fédiment femblable à de la chauxj
qu’on enlève totalement ce fédiment par des
lotions d’eau répétées, Sc qu’alors'les vifeeres
paroiffent à nud. Ainfi, par ce premier procédé
, il mettoit les vifeères des infeétes en
état d’être obfervés, & il écartoit le plus grand
obftacle à reconnoître l’organifation qu’il
cherchoit à pénétrer; par le fuivant, il découvrait
l’infeéte parfait dans la larve , ou le Papillon
dans la Chenille, ôc il les Et fouvenr
voir à un grand nombre de témoins. Il falfif-
foit la Chenille au moment où elle file, il l’a
plongeoir fufpendue à fon fil ,'dans de l’eau
très-chaude, la retirait & la replongeoit fuc-
celfivemenc ; il la dépouilloitenfuite aifément
de l’épiderme , & il la plongeoir après dans
une liqueur compofée de parties égales de
vinaigre diftillé & d’efprit de vin. Par ce procédé
la larve ou la Chenille acquéraient une
confiftance à la faveur de laquelle Swammerdam
enlevoit fucceffivement, fous les yeux
de ceux devant qui il travailloit, les tégu-
mens extérieurs, les féparoit des parties internes
fans toucher à celles c i, & parvenoit
3 e cette façon à montrer la chryfalide, après
avoir enlevé les tégumens de Chenille ; le Papillon,
après avoir de même enlevé l ’enveloppe
de chryfalide , & démontrait par con-
féquent'a l’oeil que le Papillon eft contenu
dans la Chenille. V. vita auclor. avant-dernière
page.
Ce qu’on vient de lire fuffit .pour donner
une idée de la manière dont Swammerdam |
procédoit, du degré de croyance que l’on
doit aux faits qu’il rapporte ; fa découverte
fur la manière dont .s’opèrent les métamor-
phofes, fur ce quelles font, la defeription
anatomique qu’il a faite de divers infeétes &
de plufieurs autres animaux dont l’organifation
n’étoit pas mieux connue , font les deux parties
de fon ouvrage qui lui ont acquis une réputation
immortelle. Aucun autre auteur n’a rendu
de plus importans feryiçés à la fcience , &
Swammerdam , indépendamment des con- 1
noiflances dont il l’a enrichie, a tracé la route ;
à ceux qui, comme lui, prétendent à des dé- ■
couvertes vraiment inftruétives, qui avancent ■
la fcience Si qui méritent la reconnoiflançe
des vrais favans.
Cependant il n’a pas négligé la partie hif-
totique dans certains cas. S’il m’eft permis!
d’apprécier ce grand homme, je dirai que
la patience, l’exaéHmde, l’amour du vrai ,
formoient fon caraélère ; qu’il joignoit à ces
excellentes qualités une dextérité & une faga-
eité rares dans l’exécution & dans la recherche ;
des moyens : mais Swammerdam , né pour ;
obferver & découvrir, manquoit de génie pour
conclure d’aptès fes propres obfervacions, pour
les généralifer & en tirer de grands rélultats;
ainfi il voit tout en particulier, mais il compare
peu ; il met les aucres en état de tirer des
conféquences, & il s’arrête au point le plus
fatisfaifant pour un efprit qui réfléchir. En
décrivant l’organe de la vue des infeétes diurnes
& des infeétes noéturnes, la manière dont
refpirent les infeétes terreftres’& les infeétes
aquatiques,.il ne compare pas les premiers
aux oifoaux de nuit & aux oifeaux diurnes ;
les féconds aux Poilfons Sc aux animaux tèrcccvij
retires, &"il ne décoüvte pas dans l’organi-
fation lb principe des.habitudes , &c.; il voie
tout ce que les yeux peuvent appercevoir, &
très peu de ce que la réflexion peut découvrir
en comparant les faits & en eu tirant les ré-
fultats qu’ils préfentent. Enfin, pol'r ne rien
diflîmiiler , on eft fâché, en lifant l’excellent
ouvrage de Swammerdam, que des digref-
fions longues & trop fréquentes, diétées par
un efprit de piété, détournent l’attention dé
l ’objet principal.
Quoiqu’on ait donné, dans la cojleétion
académique, un précis des ouvrages de Swammerdam,
je crois devoir faire connoître, au
moins en abrégé, les objets fut lefqnels il a
augmenté nos connoiffances en particulier,
après avoir rendu compte des fervices qu’il
a tendus à la fcience en général. Maij la notice
qu’on a déjà donnée de fes obfervations, tant
dans l’ouvrage que jè viens de citer, que dans
beaucoup d’autres, & la néceflité fur-tout de
méditer fes obfervations pour qui veut être
réellement inftruit, me difpenfent d’entrer
dans de longs détails.
Swammerdam commence pat définir ce
qu’il entend par changement ou métamorphofe.
Ce n’eft que le' développement lent des parties
; il expofe enfuite pourquoi ce changement
a paru fi étonnant & fi merveilleux ;
il établit quatre fortes de changemens ou de
métamdrphofzs, qui toutes quatre ne .cou-
Client que dans le développement fucçeflif
qui eft la bafe de toute métamorphofe ; il
prouve les aliénions précédentes par des
exemples pris de différons infe&eé. Tel eft le
plan de'fon ouvrage expofé par lui même à
la fin du chapitre premier. Il differte fort
au long, dans le fécond, fur l’affertion que
le développement eft le principe de toute
métamorphofe ;il examine enfuite comment
là larve' fe changé.' eri chryfalide. Dans le
chapitre'trbifîème', il expofe pourquoi les
métamorph'ofes ont ete fi mal connues, fi
mal .expliquées ; il rapporte & réfute les opinions
'dès philofo.pl’es fut cet objet i & en
particulier lé"fentiment d’Harvé, qui cota