
lement, & en changeant les gluaux on en
détruit une très-grande quantité.
Quel que foit le tableau des dégâts que
les infeétes exercent fur les fubftances animales
, quelques torts qu’ils nous -fafTenc
en ce genre , ils n'approchent pas des déprédations
& des dommages qu’ils caufent
dans le règne végétal. Pour les fuivre avec
ordre, nous les examinerons dans les différentes
parties des végétaux vivans ; dans leurs
femences, & dans les végétaux delféchés ou
mis en oeuvre pour nos befoins.
Depuis le bouton jufqu’à la racine, tout
efl la proie des infectes. Dans les premiers
jours du printems , aufii-tôt que les boutons
commencent à groflir, ceux de certains arbres
fout percés & dévorés par diverfes Chenilles,
Une-, entr’autres efl fur - tout abondante fur
les rofiers, & comme elle coupe lefommec
de la tige qui aurait pouffé, elle nous prive
d’une grande quantité des fleurs de cet arbre.
J’ignore en quelle efpèce de Papillon
cette Chenille fe métatnorphofe ; je ne fais
pas non plus s’il y a d’autres arbres dont
elle attaque les boutons; mais au mois de
juin une autre efpèce de Chenille percé
les boutons des oeillets, Sc en déyore l’intérieur.
A peine les feuilles commencent-elles à
s’épanouir, qu’elles font attaquées par dif-
férens infeétes ; les uns , comme les Hane-
tons , en dévorent toute la fubftanèe , & ce
font les plus dangereux ; les autres en pompent
le fuc par le moyen de leurs trompes ,
comme les Punaifes , les Charanfons, &c.
Un grand nombre fe nourrit de leur paren-
chtme, en s’introduifant entre les deux pellicules
qui le Contiennent, tels font les différentes
fortes de Vers mineurs ; il y en a qui
roulent & gâtent les feuilles , d’aurres qui les
coupent pour s’en conftruire des fourreaux
& des logemens. Mais, comme nous l’avons
déjà dit , ce font ceux qui dévorent la fubftance
entière des feuilles qui font le plu? de
mal, Sc en particulier les Chenilles appellées
la commune , la livrée Sc les Hanecons. Leurs
dé gâts font fi grands en certaines années,
que les arbres font au printems entièrement
dépouillés & dénués de feuilles comme en hiver.
Alors leur végétation languit, leurs fleurs,
.leurs jeunes fruits expofésà toute l’ardeur du
foleil fé flétrilfent & tombent, & trois efpèces
ci ’infectes nous privent des fruits que le printems
nous promettoit en abondance.Les feuilles
d’un grand nombre de plantes potagères , Sc
celles de beaucoup d’autres plantes, comme
les mauves , les lys , font dévorées par les
Méloës , les Altifes, les Criocères , &c.
Ces plantes en deviennent languiffantes , Sc
leurs feuilles qui nous auraient été utiles, font
fouvent perdues pour nous ; d’autres , dont
nous recherchons la racine , comme la rave ,
en font arrêtées dans leur végétation.
Les fleurs ne font guère moins fujettes que
les feuilles à être endommagées par différens
infectes. Un grand nombre les recherche
pour enlever la matière fucrée qui s’amaffe
dans les neétaires ; les Abeilles pour enlever
cette même fubftance & les pouflîères
qui couvrent le' fommet des étamines dont
elles corhpofent la cire. Çes différens infeétes
ne paroiflènt pas faire de tort aux fleurs. Cependant
, c’eft un fait qui n’a pas été examiné
, de favoir fi les fleurs dépouillées de
leurs pouflîères par les Abeilles n’en demeurent
pas ftériles. Quelques infeétes coupent
les pétales , les uns potir s’en nourrir , d’autres
pour s’en faire des fourreaux dont ils fe
vérifient ,,ou pour en tapifler l’intérieur des
loges qu’ils ont creufées. Toutes ces manoeuvres
endommagent peu les fleurs. Mais les
mêmes infeétes qui confomment les feuilles,
attaquent, à leur défaut, les fleurs , comme
cela arrive par rapport aux pommiers qui ,
fleuriffant plus tard que les autres arbres,
font fouvent déjà dépouillés de feuilles quand
leurs fleurs s’épanouiffent, Plufieurs Chenilles
les gâtent fans les dévorer ; elles les en ■
tonrent , on ne fait pourquoi , de fils de
foi?, qui les empêchent de fe développer,
Si les fpnt avorter en grand nombre ; c’eft
encore un des accidens auxquels les pommiers
font fujets.
Parmi les fleurs d’agrémens , il arrive fou-
vent. que les fourmis coupent dans le calice
les pétales des oeillets qui fourniffent une eau
légèrement fucrée.
Ce font particulièrement deux efpèces de
Chenilles qui dépouillent nos arbres de feuilles,
& qui leur font le plus de tort; il faut
leur alfocier, comme nous l’avons déjà dit, les
Hanetons. Nous parlerons plus bas de ces
infeétes. Nous allons nous occuper des Chenilles
dont nous n’aurons plus occafion de
parler. Les deux efpèces dont il s’agit font
celles que M. de Réaumur à nommées la première
la commune , & la fécondé la livrée.
Toutes deux deviennent une Phalène de raille
médiocre ; la première fe change en une
Phalène toute blanche dont les derniers anneaux
font couverts de poils bruns for: ferrés;
la fécondé en une Phalène un peu plus grande,
grife, avec quelques ondes tranfverfales plus
claires. L’une & l’autre dépofent leurs ^eufs
vers la fin du mois de juillet, & pendant
celui d’Août. La Phalène de la Chenille
commune fait fes oeufs par tas fur les
feuilles au fommet des branches élevées ,
elles les couvre des poils de fes derniers anneaux
qu’el.e s’arrache ; au moyen de quoi
ces paquets d’oeufs font ttès-apparens ; les
larves en -forcent en fepeembre, & auflï-tôc
tontes celles d’une même ponte fe mettent à
filer en commun une toile où coque qui
leur fert à fe loger ; elles fe retirent fous cette
toile li nuir , & dans les mauvais teins :
quand il fait beau , elles fe répandent fur les
feuilles dont elles fucent le parenchime , elles
mangent & croiflént peu ; cependant elles
Ugrandiflent leur logement félon leur befoin ;
elles s’y retirent aux premiers froids, y palfent
l'hiver engourdies, & n’en fortent que-quand
les feuilles commencent à poufler ; alors elles
-en-dévorent toute la fubftance , elles croilfent
promptement ; elles rentrent encore pendant
quelque rems dans leurs nids ; mais , parvenus
au tiers à-peu-près de leur crue, elles les abandonnent,
fe féparent & vont vivre chacune
de leur côté. Ce font les nids de ces Chenilles
qu’on voit en fi grand nombre fur les
arbres de prefque toutes les efpèces pendant
l’autbmne & l’hiver.
La Phalène de la livrée dépofe fes oeufs
autour des menues branches en forme d’anneaux
; ils font noirs dans leur milieu , &
blancs aux deux bouts. Ce font des fortes de
chatons aifés à diftinguer. Les larves n’en fortent
qu’au printems.
Le grand nombre d’individus de ces deux
efpèces deChenilles, fur-tout de la première,
les rend très - funeftes. Mais leur manière de
vivre nous fournit des moyens d’en détruire un
grand- nombre, Sc de les extirper dans les
vergers & les potagers. On. en a . f i bien fenti
la nécefiité , que les loix ont ordonné de détruire
ces Chenilles, Si ont preferit des peines
contre les cultivateurs qui y auraient manqué.
On appelle écheniller le travail, d’enlever les
nids de la Chenille commune; pour l’exécuter
, on attache au bout de deux longues perches
des cifeaux en forme de tenailles &
on s’en fert pour couper les branches fur lef-
quelles on apperçoit des nids ; .on en forme
des tas auxquels on met le feu. Cette opération
remplit bien fon bur : mais il faut la
faire a rems. Car fi on la pratique trop tôt en
automme , & trop tard à la fin de l’hiver ,
qu’on échenille alors que par un beau rems
on s’emparera bien des nids , mais vuides ,
& non des habitans qui en étoient fortis , &
qui en conftruifenr auflî-rôt de nouveaux.
C ’eft donc dans le fort de l’hiver , & par les
tstas de gelée ou de brume qu’il convient d'é-
cheniller. On eft sûr alors d’abattre des nids
remplis. Encore doit-on , même en hiver, évi-
; ter les jours où le foleil paraît, où .le vent au
midi procure quelques heures d’une température
douce : il arrive quelquefois que les
Chenilles fortent de leur engourdiffement,
quittent leur nid pendant.que le foleil eft
dans fa force , pour recevoir l’influence de fes
rayons.