
le foie , lia véficule du fiel ; l’analogie l’indi- j
q u e , mais l’obfetvation ne décide encore ni
pour y ui contre.
C ’eft également à la feule analogie que
nous fommes forcés de nous en tenir , par
rapport à la manière dont la digeftion s opéré
dans les infeéles , fur Ion p rod uit, fur la ma-
mère dont il eft admis dans les voies de la
circulation , dont il répare les pertes qui ont
été louffertes ; ainfi, l’exiftence du fuc gastrique
dans les in feéles, la fermentation de
leurs alimens , la preffion & les mouvemens
de leur ellomac 8c de leurs inteftins fur la
malle alimentaire, le changement d’une partie
de cette malle en chyle 3 la fecretion du
chyle , fon pallage dans le fang , la fécré-
tion de la lymphe 8c fon application aux
parties folides pour les réparer, font autant
d'objets à examiner 8c à déterminer dans
les infeéles : il relie de même à découvrir
les parties employées à ces différées
ufaores j ou à démontrer que,la digeftion
s’opère dans les infeéles par des moyens dif-
férens de ceux que nous avons reconnus dans
les autres animaux; ce qui n'étant pas prob
a b le , n’eft pas admiffible; - mais ce qui n’é-
i tant pas non plus démontré par la cônnoif-
fance des parties & par l’obfervation , n’eîl
pas prouvé 8c n c lt que vratfemblable. C e ll
un valte champ de recherches , d’obferva-
tio n s , d’expériences, ouvert aux travaux des
naturalilles. Quant aux fuiresde la digeftion ,
relatives-à la fecretion de l’humeur de la
tranfpiration, de l’u rin e , à Texpulfion du
réfidu des alimens épuifé desfucs nourriciers,
qu’il contenoit, nous avons quelque choie
de plus pofitif à préfenter , au moinsfur une
partie de ces objets.
l a fubflance des infed es dans leur premier
état eft prefque pu lpeu fe, par l’abondance
des fluides & l’excès avec lequel ils
prédominent fur les folides ; fi l’on amafle
une certaine quantité de larves, n importe
de quelle efpèce comme C h e n ille s, vers
de différenres M o u ch es; qu’on enferme ces
larves dans un poudrier de verte fans leur
donner de nourriture, après q u elles fe font
vidées de leurs excrémens & qu’elles ont
rendu le réfidu des alimens qu elles avoient
pris ; qu’on couvre hermétiquement le
pou d rier, les parois ne tardent pas à en devenir
ternes 8c à ette obfcutcis par une vapeur
qui les couvre ; les larves qu on avoic
enfermées en embonpoint ou leur corps fem-
blant plein , leur peau étant lifte & tendue ,
parodient vides au bout de quelques, jours ,
amaigries; de leur peau ndee forme de nombreux
p lis, fans qu’elles aient rendu de nouveaux
excrémens : on trouvera même fouvent
de la férofité amaftee au fond du poudrier.
Il eft donc démontré que les larves ont con-
fidérablement perdu de leur fubflance par
une voie infenfible, que par conféquent elles
tranfpirent, 8c que leur tranfpiration eft aboli-
dante.
L a fubflance des infeéles dans leur fécond
é ta t, ou celui de chryfalide , a moins de con-
fiftance encore que dans le prem ier, & approche
d avantage d etre fluide : - leuis metm*
bres & tout leur corps ne. confident qu en
des linéamens mois qui donnent la forme à
une pulpe aqueufe qui les baigne, 8c dans
laquelle ils nagent ; il eft reconnu que c’eft:
par l’addition d une partie de cette pulpe d
leurs membres , 8c par l evaporation de la
férofité qu’elle contient , que s opèrent le
changement de la ch ry fa lid e , fon paflage
à l'état d ’infeéte parfait dont les membres 8c
le corps entier acquètent plus de volume 8c
de confiftance. C e fait eft démontçg. par les
faits fuivans : le paflage de la chryfalide a
l’état d’in fed e parfait eft accéléré pat la fé ch e -
refle & la chaleur du lieu où on la tient ;
il eft retardé par les deux conditions opposées;
il eft également retardé,, & pour beaucoup
plus de tem s , en couvrant fon corps
d'huile , fans boucher cependant les ftig-
mates ; alors elle continue de v iv re, mais farajf
changer d’é ta t, faute de tranfpirer, ou que
très-peu : enfin la ch ryfalid e, qui n eft que
depuis peu dans cet é t a t , a beaucoup plus
de poids que quand elle y eft reliée long -
tem s, fans avoir cependant rendu aucun
excrément B
excrément, 8c que quand elle eft prête de-
fon changement ; il n’y a donc pas de doute ;
qu’elle ne tranfpire abondamment.
Il refte à favoir fi la tranfpiration a lieu j
dans les infeéles parvenus à leur dernier état ; j
ce font alors les'folides qui prédominent fur
les fluides ; ceux-ci font peu abondans; le
corps eft enveloppé d’ un tell d u r , épais : j
toutes ces circonftances indiquent que la tranfpiration
eft .peu abandante d’ans ce dernier
état des infeéles ; mais ce ne fiant pas des
motifs de croire qu’elle n’ait pas lieu car
l’enveloppe épaifle 8c folide du corps peut
être percée par une infinité de pores qui
donnent paflage à une tranfpiration proportionnée
à la maife des fluides; je ne con-
nois rien d’ailleurs qui prouve que les in feéles
tranfpirent dans leur dernier é ta t, &
la longue abftinence qu’ils peuvent alors fup-
porter bien au - delà de ce dont les autres
animaux font capables, démontre au moins
que s’ ils tranfpirenc, ce ne peut être que
très-peu. 11 femble que dans leur dernier
éta t, juftement nommé celui de perfection,
tout eft à-peu-près achevé 8c accompli en eux
pour ce -qui concerne chacun en particulier;
qu’il n’a plus qu’un aéle à exercer , celui de
perpétuer fon. efpèce & àceflër d’exifter. C ’eft
fur quoi nous reviendrons en parlant de la
manièred’être des infeéles dans leurs différens
états.
Il -paroît naturel de penfer que l’expulfion
du réfidu des alimens eft opérée dans les iu
feétes-, comme dans les autres animaux, par
le mouvement du canal inteftinal , l’aélion
des mufcles qui concourent au même but
en comprimant les- inteftins, & que la forme
des excrémens, leur confillànce font également
déterminées par la forme des inteftins
dans laquelle ils fe m o u len t, & par la nature
dès alimens ou plus aqueux, ou plus fecs.
M a » dans le premier étar des infeéles , dans
lequel les; fluides font fi abondans, & dans
le dernier,, dans lequel les infeéles rendent
des excrémens plus ou moins humides,, fe
fait-il uns fécrétion: analogue à celle de l’u-
Hijloire N aturelle In fectes, Tome I.
rine ; & eette fécrétion, dont on ne connoit pas
jufqu’à ptéfenc les organes , ni dont on n’a
point, obfervé^de traces-, auroit-elle lieu de
la même manière que dans les oifeaux? Dans
ces animaux , l’u rine, féparée par les reins ,
au lieu d’avoir un réfervoir & un canal de
décharge particuliers, comme dans les quadrupèdes
, efi conduite des rein s, par deux
canaux, à l’extrémité du conduit inteftinal,
dépofée dans une poche que forme ce conduit
en- cet endroit , qu’on-nomme cloaque ;
elle s’y mêle avec les excrémens folides qui
s’y raflemblent a u fli, les pénètre , & en eft
expulfée 8c depofée au-dehors- en même-
tems ; e’eft pat cette raifon.que les- excre-
mens des o ife au x , même de ceux qui ne vivent
que d’une nourriture fort fèc' e ,. comme
de grain,, ont cependant toujours un certain
degré d’ humidité : comme ceux des infeéles
en confervenc toujours aufli, même ceux des
infeéles q u i ne vivent que de fubllances lè ches,
telles que les fibres du bois,les fubllances
animales deflechées, puifque les excrémens
de ces infeéles s'étendent, au lieu de fe d ivi-
fier en fragmens quand on les prefle & qu’on
1rs comprime en agiflant en différens fens ,
n’eft il pas probable qu’ il fefaic dans les infectes
une fécrétion analogue à celle de l’urine ,
& q u e cette fécrétion a fa décharge de la m ême
manière que dans les oifeaux? Mais ce fait
probable eft à prouver par la découverte des
organes , par l’obfefvation de la chofe m êm e,
& c’eft encore un des articles propres à exercer
les naturalilles aitatomiftes.
D e 'a fécondé des fonctions qui contribuent
à l’entretien & la prolongation de l’e x if -
tence.
Nous venons de voir comment la d igeftion
entretient & prolonge l’exiftence en
réparant les pertes qui ont eu lie u ; mais
cette première condition ne fuffic p a s , il
faut encore, r ° . que les animaux foienc avertis
de la préfence & de la proximité des objets
extérieurs, & qu’ils.diftinguent ceux qui peuvent
leur être u tile s, ceux qui peuvent leur
| nuire; i ° . il faut qu’ils pulffeivc s’approcher
li