
ccxcx D I S C O U R S
la fois, & en un inftant, mais comment les
oeufs ont-ils été fécondés ; car à peine une
Ephémère eft-elle fortie de la dépouille de
nymphe & s’eft-elle élevée en l’air , quelle
fe rabat fur la futface de l’eau , & y fait fa
ponte. Il eft difficile de répondre à cette quef
tion. Swammerdam penfoit que les mâles répandent
fur les oeufs , après la ponte , une
liqueur qui les féconde. M. de Réaumur
croit que les Ephémères s’accouplent ; mais
que leur accouplement eft plus court que ce.
M d’aucun autre animal ; qu’il confifte dans
un (impie attouchement des parties des deux
fexes , & que cet attouchement a lieu dans
de petites volées que les Ephémères, éxecu-
tenc à la furface de l’eau ; il a cru , & d’autres
perfonnes avec lui ont penfé être témoins
de ces attouchemens,.
Il y a des Ephémères différentes de l’ef-
pèce des précédentesqui ne fubiffent pas
leur changement toutes à la fois-, mais à des
intervalles différents , qu’on voir paraître
pendant un affez longue efpace de tems.
Celles-ci ne font pas bornées à une exiftence
de quelques- heures , il y en-a-qui vivent fix
à fept jours; elles offrent encore un autre
phénomène-; c’eftqu’aptès leurmétamorphofe
elles ont encore à- changer Une fois de-peau ,
ce qui n’arrive à- aucun autre infeéte-qui a iu-
bit fa dernière métamorphofe ; elles dépouillent
jufqu’à leurs premières aîles qui n’é-
toientque l’étui des-dernières-, fous lefquel-
les elles avoîent confervées- de l’humidité,
& elles étoient demeurées pli'ffées & réduites
en un filet ; mais auflî-tôt qu’elles-font tirées
de cette gaîne elles s’étendent, deviennent
liftes Sc caftantes. Parmi ces Ephémères-, il y
a des efpèces plus grandes , & d’autres plus
petites ; les unes fubiffent leur métamorpho-
fe le jour avant le coucher du foleil, & les
autres la nuit.
13e, M- É m o. 1 R. e. .-
Addition à thijloirc des Pucerons donnée dans
le troifième volume.
,11 y a des Pucerons allés , d’autres qui ne
le font pas ; mais les uns & les autres appartiennent
à la même claffe d’infeétes , ils
ont auflî. les uns & les autres la faculté de fe
reproduire , & ils font vivipares ;ces faits,
rappelles dans ce mémoire , ont été prouvés
dans les mémoires du troifième volume dont
les Pucerons font l’objet, il s’agit dans celui-
ci de la manière dont leur fécondation eft
opérée ; fait très-remarquable , & par lequel
les Pucerons diffèrent de tous les_ autres animaux
connus.
Il n’y a point de génération fans le concours
de deux individus ; les hermaphrodites
mêmes , tels que les limaçons , qui réunif-
fent les deux fexes , ne peuvent fe féconder
eux-mêmes, & ne produifent qu’après-s’être
unis à un individu de leur efpèce. Le concours
des deux fexes & leur union paroît donc
une loi générale. Cependant les naturaliftes
iqui avoient obfervé les Pucerons avec le plus
de foin & de patience , n’en avoîent jamais
vu d’accouplés, & ces Pucerons n’en avoient
' pas moins produit ; les obfervateurs en avoient
conclu que les Pucerons , hermaphrodites
proprement dits , fe fuffifoient feuls ; & fe
fécondoient eux-mêmes; mais cette conclu-
ûon étoit , hafardée par ce qu’on pouvoir
fuppofer que la brièveté .de l’accouplement ,
les parties par lefquelles il avoir lieu , le tems
où il s’opère, comme la nuit peut-être, &
d’autres circonftances inconnues en,avoient
dérobé la vue à ceux qui cherchoient à en
être témoins. ' ’
Swammerdam , remarque notre auteur,
avoit établi pour loi générale que tout in-
feéte pour fe reproduite a befoin de s’accoupler
après fa dernière métamorphofe ; mais
M. de Réaumur féqueftra un Puceron qui
n’avoit pas encore d’aîles , il le renferma de
manière qu’il ne pouvoit avoir de communication
avec aucun infeâe de fon efpèce ;
ce Puceron fubit fon dernier changement de
peau, acquit des aîles & donna bientôt naif-
fance à d’autres Pucerons ; il n’avoit pu cependant
s’accoupler depuis fon dernier changement
, ain-fi la loipofée comme générale par
Swammerdam ne f’eft pas ; le Puceron dont
P R É L I M
il s’agit y fait exception, & s’il n’étoit devenu
fécond qucs par l’effet de l’accouplement
cet aéte avoit eu lieu avant le dernier
changement du Puceron. Mais à quel âge
de la vie des Pucerons leur accouplement
s’opère - t - i l , s’il a lieu ? Où ces animaux
font - ils exceptés de la loi même qui ne-
cefüte tous les autres à s’accoupler? Pour fe
déterminer il s’agiffoit d’enfermer un Puceron
à fa naiffance , de l’ifoier parfaitement,
de l’entretenir jufqu’à fa dernière metamor-
phofe j Sc d’obferver ce qui arriverait ; c eft
ce que M. de Réaumur offrit à la fagacité
des obfervateurs, & ce qu’exécuta M. Bonnet
de Genève. Le zo mai 1740 , il ifola un
Puceron du Fufain qui venoit de naître, &
prit toutes les précautions néceffaires pour
que ce Puceron ne pût communiquer avec
aucun autre , & qu’il ne manquât pas d’aliment
; le 31 du même mois, ce Puceron
changea de peau pour la quatrième & dernière.
fois: le lendemain il mit fur le foir
un petit au monde ; il fut donc bien prouve
qu’il étoit devenu en état de produire fans
s’être certainement accouplé depuis qu’il étoit
lié ; M. Bonnet continua de l’obferver , il
tint regiftre des petits auxquels il donna naiffance
; le nombre en fut, en fix jours, de
quatre-vingt-quinze.
1 N A 1 R E. ccxcj
fl petits que leur anatomie échappe à nos
recherches; cependant les faits fuivans, fans
prouver le dernier fentiment, femblent l’au-
tprifer.
Cette, première expérience de M. Bonnet
fut communiquée à trois autres obfervateurs ;
ces Meilleurs & M. Bonnet la répétèrent- fur
des Pucerons de, différentes- efpèces-,. & le
réfultat fut conftamment le même fous les
yeux dequatreobfervateursdifférens.Q-uelques
favans ont cependant penfé qu’il y avoit des
accouplemens, mais rares entre les Pucerons
, & qu’un feul fuffi.foit pour féconder
M. Bonnet ifola un Puceron du fureau à
l’inftant de fa naiffance , huit jours après il
fit des petits & continua d’en faire; M. Bonnet
plufieurs générations contenues au fein de
l’individu femelle qui s’accouploit ; d’autres
ont imaginé que les Puçerons avoient les
deux fexes & qu’ils fe fécondoient eux-
mêmes. Ce dernier fendaient pourrait, finon
être prouvé, du moins appuyé par l’infpec-
tian anatomique ; car ce ferait un pas de fait,
l’on découvrait les deux fexes dans.le^mètae
Puceron; malheureufement ces animaux font
ifola un de ces petits comme fa mère,
Sc il en ifola quatre nés de quatre mères
toutes ifolées à l’inftanc de leur naiffance ;
ces Pucerons de quatre générations fubfé-
quentes furent féconds fans accouplement.
M. Lyonet répéta l’expérience fur des Pucerons
d’une autre efpèce Sc elle eut le même
' réfultat.
Cependant on ne peut douter que les Pucerons
ne s’accouplent ; MM, Lyonet Sc
Bonnet en ont été témoins. Mais ces accou-
plemens n’ont lieu qu’aux approches de l’hiver
; on- ne les a jamais vus dans un autre
tems.
Au lieu de Pucerons vivans, ceux qui fe
font accouplés , dépofent de petits corps
oblongs femblables à des oeufs ; en feroienr-ce
en effet ? M. de Réaumur. croit que ce ne
font que des foetus avortés ,.m.ais il ne donne
fon opinion que comme une conjeéfure., &
il ne décide pas lùi-meme fi les Pucerons
très-fûrement vivipares dans la belle faifon ,
ne font point ovipares aux approches de
-l’hiver, ce qui ferait une Angularité de plus
dans leur hiftoire. Pourquoi d’ailleurs l’accouplement
feroit-il plus néceffaire pour fé-
i couder les oeufs que les embrions. ? On eft
donc certain- que les Pucerons peuvent fe
reproduire jufqu’à quatre générations confé-
cutives fans accouplement ; mais quel eft
■ le terme de cette flngulière-faculté?’ comment
les Pucerons, deviennent- ils féconds ?
ce-font encore deux queftious irréfolues.
14e. M É m o 1 R. E.
i Sur la manière extrêmement Jlhgulièr'e dont
j naijfent . quelques Mouches à deux aîftf ,
- appcilées Mouches-Araignées.
i Les Mouches-A r a i g n é e s f o n t dè là ckffe
0 0 i j