
cclxxij D I S C O U R S
d ’un particulier , en France, près Pithivier ;
qui a tiré un grand avantage & beaucoup de
profit du transport de fes ruches. Les Egyptiens
les tranfportoient fur le Nil , & on les ,
tranfporte en Italie fur le Pô ; le particulier
voifin de Pithivier , croit obligé de voiturer
fes ruches par terre. Ce ttanfport exige de
grandes précautions pour prévenir la chute
.des gâteaux , par l’effet des cahots , la dé-
fertion des Abetlles , &c. Nous paierions
les bornes , fi nous fuivions l’auteur dans le
détail de ces précautions , & fi nous n’en
donnions qu’une idée fuffifante pour la cu-
riofité ,~ il y auroit à craindre qu’en voulant
imiter l’habitant des environs de Pithi-
-vier , en ne fuivanr q'u’imparfaitement fon
exemple , on1 ne fît beaucoup de tort à fes ru-
;ches'; il vaut- donc mie,ux renvoyer au mémoire
même ceux qui voudront faite paf-
fer les ruches d’un pays à un autre, pratique
qui , quoique fort avantageufe , fera
très peu rnife eh ufage.--
M. de Réaumnr traite enfuite des ennemis
dés Abeilles & de leurs maladies : elles
n’ont que peu ou point à craindre desAraignêes
& des Fourmis ; mais certains oifeaux & en
particulier.les Moineaux Francs en dérruifent
beaucoup ; c’eft pour eux un mets friand ; les
faillies Teignes qui dérruifent les gâteaux de
cire rje font pas redoutables aux Abeilles
-pour elles-mêmes, mais c’éft leur plus grand
ennemi par les dégâts .qu’elles caufent dans
leurs travaux. Voyc\ t. 5 , mémoire 8. Les
Abeilles ont une forte'de poux qui leur font
particuliers ;-ces poux ne font pas plus gros
que la tête d’une très-petite épinglé , ils font
tOugéâtfês, ils fe tiennent fur le corcelet de
la mouche , on n’y en voit*'Ordinairement
■ qu’un & ce ne font que les vieilles Abeilles
qui font fujettésà cette vermine.
La maladie la plus ordinaire aux Abeilles
eft.le dévoiment qui paraît leur être caufé
■ par le froid & l’humidité ; il- meurt dé ces
infectes un grand nombre à l'automne ,' dans
de temps de la chute de$’feuilles , & au rè-
gjbttr du prihtems, mais 011 né nous apprend
pas quelle eft ou quelles font les caufes de
cette double mortalité.
Le mémoire eft terminé par l’énumération
des tems où l’on taille les ruches dans les
différences contrées du royaume , par la def-
cription de cette opération qu’on nomme
aufli châtrer. Nous ne fuivrons pas l ’auteur
dans ce qu’il dit fur cet objet, tant pour n en
pas donner , par un fimple extrait, une idee
qui ne foffirott pas pour cette opération importante
, que parce que cet objet eft du tef-
fort de M. l’abbé Teffier, auteur du diétion-
naire d’économie ruftique.
V I . V O L U M E .
Ce volume commence par une préface di-
vifée en deux parties : dans la première ,
l’auteur donne une idée générale des objets
dont il eftTraité dans ce volume , & il expofe
dans la fécondé ce qui étoit nouvellement
découvert de fon tems par rapport aux animaux
qu’on multiplie en les divifant par morceaux.
Ce dernier objet n’a point de rapport
au fujet que nous formates chargés de traiter:
la première partie de la préface n’eft qu un
abrégé de ce que que nous allons expofer ;
ainfi nous paffons tout de fuite à l’extraie des
mémoires.
i er. M é m o i r e ,
Hijloire des Bourdons velus dont les nids font
de moufle.
Les Bourdons font généralement connus ;
ils appartiennent , fuivanc la méthode de
notre auteur , au genre des Abetlles ; i's récoltent
du miel 8c de la cire ; ils font beaucoup
plus gros que les Abeilles, couverts de
poils longs & preffés qui les font paraître
plus gros qu’ils ne font ; ils font, en volant,
un bruit ou bourdonnement qui a déterminé
le nom qu ohleitr a donné.; les poils qui les
couvrent font noirs ou jaunes , & forment
des bandes'; les nuances & la difpofition des
’bandes vaïi'eht'beaueôup fur les diffcféns inp
r é l i m i n a i r e . cclxXlij
dividus qui n’en font pas moins de la même
efpèce : ils diffèrent auffi par la grandeur ; les
plus gros font des femelles , ceux de grandeur
moyenne des mâles , 8c les plus petits
des ouvriers dépourvus de fexe ; mais toutes
ces trois fortes font de même efpèce, & le
produit de la même mère. Ces infetftes fa-
venc fe conftruire une habitation à laquelle
M. de Réaumut donne le nom de nid. Ces
nids font faits de moufle placée à terre ,
mais qui a été coupée , attachée & apportée
d’ailleurs ; ils ont à l’extérieur Tappaïehce
d’un fimple tas de moufle. C ’eft dans les
prairies , les fainfoins & les luzernes qu’on
peur trouver les nids des Bourdons ; ils ont
de cinq à fix pouces de diamètre en étendue,
& de quatre à cinq en élévation ; il n’eft cependant
pas aifé de les découvrir, & on ne
les voit bien que quand les champs -ont été
fauchés ; ils reffemblent à une motte de terre
couverte de moufle ; un trou pratiqué à un
des coins fert de porte , & conduit à un
chemin couvert de moufle, long de plus d’un
pied. Il y a cependant des nids dont l’ouverture
fe trouve en deffiis, & qui font fans
avenue.. •
En découvrant le nid des Bourdons, ce
qu’on peut faire fans crainte d’en être piqué,
quoiqu’ils aient un aiguillon , on apperçoit
à l'intérieur une forte de gâteau mal façonné,
compofé d’oeufs aglutinés les uns aux autres
; il n’y a quelquefois qu’un de ces gâteaux
, quelquefois il y en a deux ou trois
au-deffits les uns des autres.
Auffi-tôt qu’on laide en liberté les Bourdons
donc le nid a été découvert, ils le réres
; ils font paffer les brins qu’ils ont coupés
fous la première paire de leurs jambes ,
de cette paire â là féconde , à la troifiètne ;
le fécond Bourdon de la file en fart autant
enfuite le troifième, & les brins de moufle font
ainfi pouffés & amaffés jufqu’i l’endroit où fi-
niffent les files de Bourdons,& où le nid doit
être conftruic. Les Bourdons qui s’y trouvent
arrangent & enia-ffent les brins en les faifif-
fant avec-leurs mâchoires, & en les applatif-
fant avec les pieds ; au refte , ces infeétes
n’emploient que la moufle .qu’ils trouvent
près du lieu où ils veulent s’établir, & ils
ne la traiifportent jathais de loin ; ils endui-
fent l ’intérieur du nid d’une couche dp cire
brute qui en lie les matériaux , & le rend impénétrable
à la pluie’; cette couche n’eft
épaiffe que comme deux feüiîles de papier ,
& n’eft formée- que d’une cire brute qui ne
fe fond pas à la chaleur comme la' vraie cire ,
mais qui s’enflamme & laiffe une patrie char-
bonneufe après que la flamme eft éteinte.
Suivant qu’on ouvre un nid plus ou moins
ancien , on trouve à Fon intérieur, un feul ou
plufieurs gâteaux ; leur furface fupérieüte eft
cohvexe , l’inférieure eft concave ; ils font
formés de corps oblongs, de trois grandeurs
& groffeurs différentes, dont les uns font fermés
& les autres ouverts par un dè' leurs
bouts ; la différence de volume de ces corps
rend la furface des gâteaux raboteufe 8c inégale
; ce font des coques que les Vers des
Bourdons fe filent pour le tems de leur changement.
Sur les coques, dont on vient de
parler , s’élèvent en différehs points des gâteaux
des corps de la couleur & de la’ forme
d’une truffe ; ils fout formées d’une efpèce
parent, & tous s’y emploient ; car les plus de pâte ; on trouve' au centre un vide dans
orands& ceux de taille moyenne, travaillent j lequel font dépofés des oeufs d’un blaïf
comme les plus petits. La conftruétion d’
nid fe fait de la façon fuivante : les Bourdons
s’arrangent par files du point où il;
veulent s’établir jufqu’à une certaine dif-
tance ; ils ont la tête tournée à l’oppofé
du lieu où le nid doit être placé ; les Bourdons
les plus avancés coupent de la moufle
ou l’arrachent brin à brin avec leurs 'mâchoi-
Hijloire Naturelle, Infectes.Tome IV.
un
peu bleuâtre ; il y a ds vingt à trente de ces
oeufs dans chaque rnaffe de pâte. Au lieu
d’oeufs , on trouve fouvené des Vers dans
les mafles de pâte ; elles fervent à ces Vers
de nid & de nourriture ; mais on y en trouve
que quelques-uns ou même un feul ; d’où M.
deRéaumur conclut quelesVers fe difperfent
peu après leur naiffance, 8c que les Bourin
m