
l ’hiver; ce n’effc qu’à la fin de février & en
mars qu’elles entrent en aélivité; c’eft alors
qu’elles font de très - grands dégâts : ainfi
certaines Chenilles , la commune , née dès
le mois d’août, ne mange que très - peu
les premiers mois, pafle la fai fon froide
engourdie j confomme beaucoup en avrilj &
prend fon accrôiflfement en fix; femaines. 11
m’a parti, autant que j’ai pu m’en, affurer,
qu’à la fin de mars tontes les larves dé
Teignes étoient paflées à l’état de chryfa-
lide , & qu’il n’y en avait pas au contraire
en cet état avant la fin de janvier , que les
oeufs dépofés les premiers cummènçoient à
éclorre en feptembre ; c’eft donc depuis ce
mois jufqu’à celui d’avril, que les Teignes
mangent & exercent leurs dégâts ; mais c’eft
fur tout en février & mars , & leurs Papillons
font à craindre dans le relie de l’année par
le depot des oeufs.
Les Mites confamment fi peu, qu’elles ne
font guère à redouter , elles attaquent la
peau & les relies des parties fibreufes-, mais
fouvent elles font attirées plutôt par les papiers
dont on a couvert les boîtes, & par
la colle ,■ que pat les objets que les boîtes
contiennent.
Là Pince fait âiiïfi peu de dégâts, on né
la trouve que dans les colleélions fort négligées,
& , comme les Mites, les accef-
foirés l’attirent plus que les objets principaux.
Quelques perfonnes croient que les
Pinces ne font attirées que par les Mites dont
elles font leur nourriture.
Les Charonniers & les faux Calïides .ne
s’introduifent que dans les colleélions de quadrupèdes
& d’oifeaux : ils n’y dépofent pas
leurs oeufs, on n’y en rencontre que dans
les grandes chaleurs; ils ne font attirésquautant
que les boîtes mal fermées iaiflent exha
1er l’odeur putride que répandent des peaux
qui ont été peu foigneufement décharnées.
Ces infeéles qui font de grands dégâts parce
qn’ils mangent beaucoup , font donc peu à
craindre par rapport aux colleélions bien faites
8c qu’on furveille.
Les infeéles dont je viens de parler font
ceux qui , dans ce pays., détruifent les colleélions
d’animaux de toute efpèce & les préparations
anatomiques sèches. On connoît un
moyen de prévenir leurs dégâts , & leur
hiftoire met à même d’employer ce moyen
plus utilement. 11 confifte , quand on s’ap-
perçoit que des animaux font attaqués , à
brûler , dans la boîte qui les contient, du
foufre en alfez grande abondance', pour que
fa vapeur remplifle la boite , y forme une
fumée blanche & épaiffe , à travers laquelle
on ne voie plus les animaux en regardant
par le vitrage de la boîte. C ’eft donc là grandeur
qui doit déterminer la quantité de
foufre qu’on brûle. Le mieux eft de fe fervir
de fleur de foufre qu’on met dans une terrine
de terre ; on l’allume hors de la boîte , & on
y enferme la terrine quand le foufre commencé
à s’allumer ; il brûle jufqu’à ce qu’il
ait confomme tout l’air coutenu dans la
boîte, & ce terme eft celui où elle eft remplie
de la vapeur nécelfaire. Ainfi l’on ne
rifque rien de mettre plus que moins de
foufre ; il en brûle précifément ce qui eft
nécelfaire. Cette opération exige que la boîte
foit bien clofe ; on peut l’ouvrir douze heures
après , & lailfer la plus grande partie de la
vapeur s’évaporer : on trouve les infeéles
tombés & mùrts fous les animaux , & rév
pandus fur le fond de la boîte. Quand on
l’a refermée , quoi qu’on en ait nettoyé les
verres, ils font bientôt ternis de nouveau.
On eft obligé de les nettoyer plufieurs fois,
& pour y bien réulïir , il faut les laver
avec le blanc d’Efpagne diflous dans l’eau.
Lorfqu’on brûle Je foufre par un tems
humide , fon acide fe mêle à l’humidité de
l’atmofphère , retombe avec elle en une rofée
corrofive qui gâte les couleurs , & ronge
même les plumes & les poils. Si on répète
donc fouvent cette opération, fans .attention
au tems où on la fait, elle gâte à la longue
les- colleélions ; mais fi on ne brûle le foufre
que par un tems très-fec , alors il s’élève
& retombe, fous forme fèche , & ne caufe
aucun dommage aux plumes ni aux poils,
foit dans leur couleur , foit dans leur texture.
Cependant le mieux eft de n’en faire
que le moins d’ufage qu’on peut : l’hiftoire
des infeéles nous fournit un moyen de ne
l’employer que très-rarement.
Les Anthrennes, les Bruches, lesTeignes
n’ont qu’une génération pat an ; ces infeéles
font tous en larves dans les mois de décembre
& de janvier; dans cet état le foufre les fait
périr, il n’a point an contraire d’aétion fur
les oeufs & les chryfalides ; c’eft donc dans
les mois de décembre ou de janvier qu’ii
faut foumettre à l’aélion du foufre .les animaux
qu’on a vus attaqués , ou qu’on a
foupçonné de l’être pendant le relie de l’an
née. Une feule fumigation fuffit pour détruire
toute la génération de trois efpèces nuifibles,
8c en enfermant bien enfuite les animaux,
ils peuvent être garantis pour toujours. On
doit, dans le cours de l’année, fi le nombre
des infeéles étoit coniidérable , faire une
fumigation pour détruire tout ce qui étoit
en larve , ou dans l’état d’infeéle parfait.
Ma s il n’en faudra pas moins répéter l’opération
en décembre ou en janvier , à caufe
des larves qui auront pu fortir des oeufs fur
lefquels la première fumigation n’aura pas
eu d’aétion , & des infeéles qui feront
nés des chryfalides qu’il n’aura pas tuées
non plus.
Les Dermeftes n’ayant point de génération
fixe, 8c fe perpétuant en tous tems, on ne
peut pas les détruire tous en une feule fois ,
mais on y parvient en répétant les fumigations
à peu de jours de diftance ; car
alors on tue , ou les larves , à mefure qu’elles
fortent des oeufs , ou les Dermeftes, à
mefure qu’ils quittent l ’état de chryfalide.
Quand aux Mites , aux Pinces , aux Charonniers
, aux fauxCaflides, on s’en délivre
par une feule fumigation.
C ’eft en en employant le moyen que je
viens d’indiquer, que j’ai confervé pendant
yingt ans une colleélion d’oifeaux qui étoit
renommée, avant qu’elle pafsât en pays étranger
, pour la fraîcheur des objets qui la
compofoient. C ’eft aux mêmes moyens qu’on
doit la confervarion des animaux du cabinec
du jardin du roi. M. de Réaumur cm-
ployoit le foufre , mais en tout tems, parce
qu’il n’avoit fait de remarques , ni fur la
génération des infeéles, ni fur les effets du
foufre brûlé par un tems humide ; les animaux
étoient fort gâtés; depuis ces remarques
& l’attention de ne brûler du foufre
qu’à propos, les animaux du cabinet du
roi fe confervenr fans être altérés par l’action
du foufre.
On peut employer, pour les infeéles., le
foufre, ainfi que pour les autres animaux,
& les préparations anatomiques ; mais comme
on conferve ordinairement les infeéles dans
des cadres fous verre , il eft un moyen plus
facile de faire périr les efpèces qui lesgâtenr,
& même les oeufs & les chryfalides ; c’eft,
en hiver , d’expofer les cadres fur un poëie
à une chaleur de quarante degrés au thermomètre
de Réaumur, & en été pendant
dix à douze heures à l’aélion du foleil ,
dans un jour où il n’y ait pas de nuage,
en tournanr le verre du côté du foleil ; la
chaleur qui fe concentre deffous , Fait périt
les infeéles, le germe dans les oeufs & les
chryfalides.
Indépendamment des dégâts que font les
infeéles , ils nous importunent encore en
faliflant nos meubles ; ainfi les Mouches,
les Stomox 8c tous les infeéles qui s’introduifent
dans nos appartemens, gâtent nos
différens meubles par l’abondance de leurs
excrémens & les gouttes de liqueur qu’ils
rejettent par leur trompe. On a èiîayé de
les dérruire par de l’eau fucrée & euipoifon-
née. Ce moyen remplit allez bien fonobjec,
mais il eft toujours dangereux de faire ufage
des poifons. C ’eft donc avec raifon que la
police a défendu la vente de ces différentes
eaux ; un moyen qui les fupplée eft d’enduire
des brins de bois de glu , 8c de les
difperfer dans les appartemens, les infeéles
s’y prennent en grand nombre, fortpromp