
la commune. Elle a la faculté "d’alonger pins
que les autres Papillons femelles l’extrémité
de fou anus ; fês derniers anneaux font couverts
de longs poils j les prolong! mens de
fon anus lui permettent de dépofer fes oeufs
à une allez grande dtftance , & de les arranger
près les uns des autres; ils lui permettent
en ore de replier la partie taillante
de l’anus fur les derniers anneaux ; elle faille
les poils dont ils font chargés, avec ces eue
lèroris donc nous avons parlé, on ces pinces
qui terminent l'anus des femelles ; elle arrache
f s poils-, en forme des couches fur
lefquelle* elle dépofe des oeufs donc la vif-
Cofité attache St les poils & les oeufs au plan
de pofuion; cependant la longueur des poils
fait quils débordent les oeufs & les recouvrent
; te nid confifte donc en des plans de
poils Si d’ueufs cachés fous les poils.
3e. M E m o i R -*»
Des Chenilles qui vivent en foeiété, mais
- feulement pendant une■ partie de Cannée.
Les Chenilles qn vivent en foeiété proviennent
d’oeufs qui ont été dépolés par une-
même mère à côté les uns des autres, ou
réunis en une forte de nid. Comme la ponce
s’eft faite en un ou peu de jours, les Chenilles
raillent à-peu près dans le même rems ;
elles fe trouvent près les unes- des autres , &
continuent de vivre en lociété : mais les- unes
fe métamorphofent même fans fe féparer,
lie s'écartent qu’en devenant Papillons, tandis
que d’aunes fe quittent & vont chacune
de .leur côté iôrfqu'elles font parvenues à
une certaine grandeur. C ’eft des habitudes
de ces dernières donc l’auteur s occupé dans
ce mémoire Ces différentes familles, produites
d’une feule mère, font quelquefo s
de fix à fept cents, & communément de deux
à trois cents.
La Chenille la plus ordinaire dans nos
campagnes, que cette r.dfon a fait nommer
la commune, .qui éaufe le plus de perte par
le tort quelle fait aux arbres & aux fruits,
ell du nombre de celles qui ne paffent qu’une
parne de leur vie en lociété. Elle naît d’un
Papillon blanc qui arrange fes oeufs en une
efpèce de nid, formé de poils qu’il s’arrache
de fes derniers anneaux. Les femel es de cette
efpèce font leur ponce à-peu près chacune
en quarante huit heures, & toutes pondent
dans l’intervalle d’environ trois femaines.
Les jeunes Chenilles nailfent environ quinze
jours après la ponte, qui a lieu à la fin de
juin ou au commencement de juillet ; c’eft
donc du quinze de ce dernier mois au huit
d’aouc à-peu-près que nailfent toutes les Chenilles
de cette efpèce. ■
Le nid où le tas d’oeufs a été pofé fut
une feuille i les Chenilles en nailfant trouvent
des ali-mens fur cette feuille même,
elles en rongent le delfos & dévorent fa
furface fopérreure à-peu près dans la demie-
épailleur de la feuille, fans toucher aux nervures.
La rennère née commence à manger,
la fécondé fe place à côté de la première
, & les fuivances forment une file ;
coures font tournées du même côté , & avancent
en mangeant. Un fécond rang fe forme à
côté du premier quand celui ci occupe toute la
largeur de feuille, un troifième fuccède au
fécond , & bientôt la feuille eft entièrement
couverte. La premièe feuille étant épuifée,
les jeunes Chenilles s’arrangent dans le même
ordre for une fécondé; mais leur nombre,
qui eft de trois à quacre«cenrs , les oblige
de fe ranger for plufieurs feuilles voifines
les unes dés autres. A peine les Chenilles
qui font nées & qui ont mangé les premières
fe font-elles rallafiées, qu’elles fe mettent
à; filer; d’autres, & toutes foccellivemenr,
les imitent bientôt : il téfolte de ce travail
Commun un tilfo, une voile étendue au-
delfos des Chenilles & des feuilles qu’elles
ont rongées. Ce nid met la famille à couvert,
quelques jours après elles le quittent, le rendent
à fexcrémité d’une branche, y couvrent
plufieurs feuilles de fils de foie, les appro-
' chent ; tes courbent & les contiennent ;-ar ces
fils, puis elles enveloppent d’autres fils un' ef-
pace beaucoup plus grand' ; le tout eft une habitarioh,
un nid , fi l’on veut employer cette
expreffion, qui leur fervira de domicile pour
l’automne & l’hiver. De jour en jour elles
lVrandiiTent pendant un certain tems, en
l’enveloppant de nouvelles couches de^ foie ;
cette conftru&on eft caufe que le nid eft
compofé à l'intérieur de cellules & de eloi-
fons. Les pommiers & les.pruniers font dans
tes jardins tes arbre-s 1e plus communément
& lé’plus abondamment couverts de ces nids;
ce font, dans les bois, tes chênes , tes ormes
Si tes aube - épines. Les jeunes Chenilles
occafionneut - en automne le deliechemenc
d’un grand nombre de feuilles dont elles
ont rongé le paranchime fopérieur, & fou-
vrnr on attribue à la chaleur, à la féche-
relle , ce qui n’eft *que l’effet de leurs dégâts.
Elles le retirent dans les nids lorfquil
fait de grolles pluies , pendant l’ardeur la
plus vive du foleil, & une partie de la nuit
& lorfqu’eiles oni à changer de peau; mais
Iptfqui la fin du mois de feptembre ou au
commencement d’octobre, les froids commencent
a fe faire fentir, toutes fe retirent
dans le nid pour y palier l’hiver. Elles y ref-
tent engourdies & comme fi elles étoient
privées de la vie jufqu’à la fin de mars dans
notre climat, ou au commencement d’avril.
La'chaleur plus hâtive ou plus retardée décide
de leur réveil ou de leur première fortie
du nid 1 quelquefois elle n’a lieu qu’après
que les feuilles ont déjàcommencé à pouffer,
quelquefois avant; en force qu’une chaleur
fçuble & continuée peut produire 1e développement
des feuilles , fans mettre les Chenilles
en aéfion , tandis qci’uue chaleur vive,
mais paffagère , les anime, fans luffire au
dé' elop, ement de la végétation. Lorf,ue
les Chenilles font ranimées, elles forcent de
leur nid , 1e couvrent, cherchent eniuite de
la nourriture aux environs ; trais fi elles
n’en trouv. nt pas , elles' ne faveur pas en
aller cher her au loin , elles rev entrent s’arranger
for leur nid , & meurent d'inanici- n
périffe un grand nombre de Chenilles,pendant
que routesfontfauvées, lorfque la température
a également développé la végétation & la vie
aétive desCheni'les. A leur fortie du nid, au
princems, elles font encore très-petites, elles
; n’ont ni mangé ni accru pendant l’hiver;
auffi n’attaquent-elles le premier & le fécond-
jours que les plus jeunes,feuilles , mais elles
; les rongent dans toute leur épaiffeur, en
évitant feulement les nervures ; c’eft alors que
commencent leurs dégâts les plus fenfibles ;
elles croiffent promptement & confommenc
beaucoup. Après s’être ralfalices, elles reviennent
en peu de jours. Il peut do. c arriver que
lorfque le froid a duré & qu’ il yluccède une
chaleur patlagère ail z vive pour animer les
Chenilles avant que Les- feuilles aient pouffé, il
s’arranger for leur nid, & relient
à l’air s’il eft doux; mais s’il eft froid ott
qu’il combe une forte pluie, elles rentrent;
cependant, l’entrée du nid, les eloifons qu’il
contient deviennent trop étroites, tes Chenilles
y remédient par de nouveaux plans de
foie dont elles enveloppent leur ancien nid ,
& entre lèlquels elles fe mettent à l’abri.
Mais dans les premiers jours du mois de
mai elles commencent à Le féparer, à ne plus
revenir.au md commun , à vivre feules ou
par petites bandes ifolées; félon qu’elles fe
trouvent alors', elles fe filent un md particulier
ou commun pour te nombre quelles
font, & elles fobiffent leur dernier changement
de peau-fous cet abri. Il n’eft pas auHt
fur que le md fous lequel elles ont pallé 1 hiver.
Auffi s’il forvien-t, vers Ie i® de mai ,
tems de leur dernière mue, des pluies froides
& abondantes , il en périt un grand nombre;
ces pluies , dont on fe plaint à d’autres
égards-, font donc, relativement à celui c i,
très utiles. Elles firent un fi grand bien en
17 3 2 , que les Chenilles , q u i, au commencement
de mai »voient donné , f ar leur
nombre tes plus vives alarmes, ne furent
jamais moins abondantes qu’à la fin de ce
mois, & quelles le furent peu tes deux années
foivantes.
M. de Réaumur obferve que te feul moyen
en notre pouvoir de nous oppofer -aux dégâts
de la Chenille commune eft déchet
viller, mais que ce moyen feroit pratiqué
avec bien plus d’a âm té , s’il en ré<oit