
fi merveilleufe que Swammerdam dit n’avoir
jamais rien vu de plus ingénieufemenc penfe
& de plus élégamment exécuté.
L ’oeuf oblong, jaunâtre , arrondi à fon
extrémité, eft chargé à fa partie anterieure
de fept fibrilles foyeufes placées en rond ,
rouges à leur bout 5c blanches dans leur
milieu. Ces foies ou poils font dirigées 5c cou
chées d’un oeuf à l’autre, Sc celles de 1 oeuf le
plus voifin de l’extrémité embralfent le bout
de celui - c i , celles du troifième le bout du
fécond, ainfi de fuite.
Les Scorpions aquatiques font forcés de
relier dans les eaux, où ils font nés tant que
leurs ailes n’ont pas acquit leur volume ; mais
quand elles y font parvenues les Scorpions aiment
â changer de féjour 5c fe portent en volant
de cotés de d’autres. C ’eft fur-tout de
grand matin & la nuit qu’ils prennent leur
elfor.
L ’éphemère fournit le ttoifième exemple.
L ’hiftoire & l’anatomie de cet infeéte font pré-
fentées dans le plus grand détail. Cependant
Boerhaave avertit dans un paragraphe , qui
précède cette lavante dillertarion, qu’il en a
retranché les réflexions de l’auteur qui étoient
étrangères à l’objet phyfique & qui en détour-
noient l’attention. Car Swammerdam avoit
donné à l’hiftoire de l’éphémère, qui, comme
fon nom l’annonce, vit, ou paflè pour vivre
un jour, un foin particulier dans l’intention
d’en faire la comparaifon à la vie humaine.
Quelques foienc les retranchemens faits par
Boerhaave , je ne peux queciter les objets qui
font traités & m’arrêter furies plus importans.
L ’ hiftoire de l’éphémère eft divifée par chapitres
dont chacun eft précédé d’un titre qui
annonce le'fujet qui y eft traité.
C b a f i i k i p r e m i e r .
L ’Ephémère naît d’un oeuf.
L’Ephémère dont Swammerdam fait particulièrement
l’hiftoire,eft l’efpècequi paroît
en fi grand quantité tous les ans pendant
trois jours, vers le quinze ou vingt d’Aou t,
fur les rivières d’Europe, un peu plutôt ou
plutard, félon la pofition de chaque lieu
& la température de l’année, qui eft connu
des pêcheurs fous le nom de Manne. Cependant
les principaux faits de la vie de
cette efpèce, & fon anatomie fur-tout,
conviennent aux autres efpèces du même
genre.
Defcription de l’Ephémère; il vit environ
cinq heures fous la forme d’infeâe
parfait ; il la revêt le foir Sc périt le matin ;
quoiqu’on voie i’efpèce pendant trois jours ;
ce font chaque jour de nouveaux individus.
La femelle, après avoir quitté la dépouille
de nymphe, voltige à la furface de l’eau,
& y répand fes oeufs, que le mâle , après
avoir également quitté fa dépouille, féconde
en les arrofant de fa laite, ou liqueur fper-
matique. ( Tel eft le fentiment de Swammerdam.
)
Les oeufs font de forme applatie ; ils demeurent
peu à la furface de l’eau, mais ils
s’enfoncent, fe féparent les uns des autres ,
& font reçus fur la vafe. Swammerdam n’a
pas obfervé combien de jours ils y relient
avant que le V er qui s’y forme en forte.
C h a p i t r e I I .
Ils fort de l’oeuf de l’Ephémère un Ver
à fix pattes , connu fous le nom de Manne
riverine , ou de rivage, hfui riparia.
On trouve ce Ver en trois états fur la
vafe. Très-petit, Sc fans aucun rudiment
d’aîle, plus grand Sc avec des ailes qui commencent
à poufler , ayant acquis fa grandeur,
& avec le fourreau des ailes ayant pris
tour fon accroiflement. Au relie, le Ver
reflemble à l’animal parfait, à la grandeur
près & au manque des ailes. Son accroilfe-
meut eft très - lent.
C h a p i t r e I I I .
Du Ver forti de l’oeuf, & de fa nourriture.
Le Ver fait très-bien nager, & il nage en fe
pliant à la manière des ferpens ; cependant
on trouve fort peu de Vers au fond des
rivières 5c dans leur milieu, mais ils fe fixent
fur le rivage & où l’eau eft la plus tranquille
; ils habitent des trous dirigés horizontalement,
5c qu’ils creufent dans l’argile,
très - rarement dans d’autres couches. Ils
agrandilfent 5c prolongent cés trous, toujours
fore longs, fuivant leurs befoins ; ils
font très-agiles dans ces mêmes trous ; mais
quand on les en expulfe, ils marchent mal
fur la vafe, quoiqu’ils nagent bien, ils fe
fatiguent promptement, ils fe renverfent
fur le dos Sc perdent leur agilité avec leurs j
forces. Swammerdam remarque que tous les 1
Vers à tuyau font agiles dans leur tuyau,
mais qu’ils fouffrent 5c perdent leur mobilité
quand on les en fait fortir.
Les Vers aufîî-tôt qu’ils font nés, commencent
à creufer leurs tuyaux , & ils exécutent
ce travail à l’aide de leurs deux premières
pattes , conformées à peu près comme
celles du Taupe-Grilloii , & de deux dents en
forme de pince, dont leur bouche eft armée.
Quoique la plupart ne creufent que des
tuyaux droits & horizontaux ; quelques-uns
en creufent d’obliques & d’inclinés.
Les pêcheurs ont obfervé que, fuivant
que les eaux haulfent ou baiflent, les Ephémères
habitent des trous plus élevés ou plus
enfoncés. La multitude de trachées obfer-
vée dans ces infeétes , ôc dont il fera parlé
par la fuite, confirme cette obfervation.
L’argile eft la feule nourriture des
Ephémères , 5c Swammerdam croit pouvoir
aflùrer ce fait, parce qu’il n’a jamais
trouvé d’autre matière dans l’eftoroac 5c les
inteftias des Ephémères qu’il a difléqués.
C h a p i t r e IV.
Combien de tems le Ver de CEphemcre eft en
nymphe j pourquoi on lui donne le nom de
Manne.
Le Ver de l’Ephémcre confetve fa première
forme pendant uois ans, 5c ne paflê
à la dernière qu’au bout de ce tems.
On l’appelle Manne, parce q u e, quand
il quitte fon tuyau 5c qu’il nage, que quand
après avoir pris fa dernière forme , g vient
périr à la furface de l’eau , il eft avidement
dévoré par les poiflons; il eft un excellent
apâc pour amorcer les lignes.
C h a p i t r e V .
Defcription des parties externes.
C h a p i t r e VI*
Anatomie des parties internes•
Les parties internes font les mêmes dans
l’Ephémère , foit lorfqu’il eft en larve, foir
après qu’il en a dépouillé l’enveloppe. Swammerdam
, avant de les décrire , rapelle 1 e-
numération des parties externes du Ver ou
larve. Ce font la tête, le crâne , les antennes
Cornicula, les yeux , les dents , la bouche,
la langue 5c fes papilles, les pieds, les ongles
, lés ailes, le ventre 5c fes dépendances,
deux rameaux fupérieurs 5c dix inférieurs,
placés fur les côtés, fervant pour nager, la
queue qui eft fourchue 5c fes appendices,enfin
l’ouverture des vaiffeaux pulmonaires en-
deflous du ventre. Ces parties appartiennent
aux deux fexes.
Les parties internes font les tuniques, le
fang, les mufcles , la grailfe, 1 ellomac , les
inteftins, les trachées, le coeur, la moefe
épinière , les vaifleaux fpermatiques.
Ces parties ne diffèrent point dans les
| deux fexes, excepté qu’a la place des lai.es ou
r r ij