clooç/ D I S C
bleffç en peu-de jours Jrpa même peu d’heures
, & d’occafionner dans, tout le. fyftême de
fes humeurs , de fes chairs , un tel défordre ,
une telle déçompofition , .que la putréfaétion
fuit, l’inftant de la mort, & que la dilfolution
de toutes les parties du corps y fuccède tapi-,
dement. Ces redoutables animaux s’éloignent
heureufement des lieux habités, & dans les
folitudes où ils multiplient, ils n’attaquent,
pas, à moins'qu’ils ne.foient provoqués ; car
alors ils fe défendent avec un cruel avantage.
Quant à leur manière de faifir leur proie , ils
dardent leur langue qui eft à-peu-près conformée
comme celle de certains, quadrupèdes
ovipares ; ils s’en fervent de même pour -arrêter
les plus petits infedtes, & ils làififfent
avec leurs dents ceux qui ont plus de volume ;
ris ont encore une autre manière de s’emparer
de leur proie, quand elle eft d’une efpèce à
pouvoir leur échapper. , s’ils n’employoient
contr’elle que leurs morfures ; cette façon de la
faifir confifte à s’entortiller autour du corps
de la proie, & à l’érouffer entre les noeuds que
le. reptile forme autour d’elle. Cette.attaque
n’eft redoutable qu’aux animaux de petite
raille,-quand le reptile n’eft lui-même que
petit , ou d’une grandeur médiocre. ; mais
quand fa longueur eft de trente, quarante
pieds & plus, que fa groffeur & fa force font
proportionnées , alors ce dangereux reptile H
fans qu’il foit venimeux , eft redoutable à
tous les animaux , aucun , quelque grand
qu’il folt, ne peut lui échapper par fa taille ;
car celui qui ferait armé à la manière des
Lions & des Tigres, pourrait fe fouftrâire
à. ce genre de danger. Suivant le rapport
d.es voyageurs, il y a dans les contrées chaudes
& marécageufes de l’amérique, de ces
énormes forpens dont je viens de parler; il y..en
a aux Indes:, & fur-tout fur les fables de l’À-
frique. On dit qu’ils s’approchent du tronc
de quelque grand arbre., qu’ils appuient contre
une partie de. leur corps qu’ils tiennent
élevée , qu’ils attendent qu’ils paffent à leur
portée un animal qui puilfe leur fervir de
proie; que ce foie un Cheval, un.Taureau,
ou-un aune quadrupède d’une taille à-.peu-
près pareihe ferpent abat fur lui la partie
O U R S
de fon corps qui. croit■ drefiee-, llen entoure J'
; l ’entôrtille de longs replis , l’étouffe, en le
, ferrant, & tombe avec lui, en le tenant, em-
braffe; on entend alors , dit-on, le .craquement
des os. du quadrupède ; ils fe btifent
fous les efforts du reptile , il les broie , il
macère tout fou corps, .& à force de le pref-
fer , il 1 alonge, il en diminue le diamètre ;
alors il répand fur la tête , par laquelle il
; commence fon long & extraordinaire repas ,
une bave qui en putréfie les. chairs ,- qui en
amollit les os ; il mâchure cette partie de fa
proie, il la moule au diamètre dé fa gueule ,
il l’engfoutit, la dirige vers fon eftomac ; il
agit de même fut les autres parties du- corps,
6c parvient à l’engloutir en entier; l’énorme
reptile paraît alors enflé , il fe replie fur_ lui—
meme , 8e combe dans un a (Toupille m.ent lé thargique
qui dure un mois ou fix femaines;
il eft lui -.même affaiffé pendant ce long inter-
val fous le travail de la digeftion ;-les. alimen.s
infoétes , pour tout être d’une efpèce différente
de la fienne , qui rempliffent fon eftomac
, exhalent des vapeurs qui remontent à
fa gueule , qui fe mêlent à l’air quel rend par
la refpiration , 8e qui répandent autour de
lui une odeur infupportable.
Nous allons rétrouver parmi les infoétes,
des exemples de ce que nous avons vu entre
les autres animaux ; livrés à lapourfuite d’uii
grand nombre d’efpèces plus fortes qu’eux,
ils fo font encore mutuellement la guerre , &
ils s’attaquent non feulement d’efpèc.es à efpè-
ces, mais d’individus à individus fonfolables.
Les mêmes caufes qui mettent en aétion Jes.
autres animaux , les provoquent les uns; contre
les autres. Ceux qui vivent de végétaux
n’attaquent pas d'autres efpèces en général,
ne fe livrent guère de, combats entr’eux , que
de males à mâles; mais les efpèces qui vivent
aux dépens d’autres infoétes ne font pas moins
dangereufos, elles ne livrent pas, des combats
moins cruels & moins fimeftes en leur genre,
.que les grands animaux carnivores. Tout eft
relatif. Il y a des infoétes au 111 formidables
pour les animaux de leur dalle , que le Lion
pourlesquadrupèdes, l’Aigle pour les oifeaux.
V R É L I M
Il y en a -qui, dans l’état de'lafves , ne font
qu’expofés à l’attaque d’autres infoétes, qui
ne peuvent ni attaquer ni fo défendre ; il y en
a d’autres qui font à craindre dans leur premier
état même. Tous n’ont de moyens ni
d’attaquer, ni de fe défendre quand ils font
fous la. forme de chryfalide ; mais il y a des
nymphes qui font dangereufos , tandis que
d’autres ne fauroient faire aucun mal, ni fe
défendre conrre.celui auquel elles font expo-
fées. C/eft fous leur dernière forme que. les
hifeétes font ,.en général,.plus formidables
pour d’autres ïnfeéles , que plufieurs ofent
attaquer les plus grands animaux , fans crain- ;
dre l’homme même , & qu’ils font au moins
importuns & incommodes, quelquefois dangereux.
Nous allons rendre ces différences fenfi-
bles par quelques détails. Les larves frugivores
n’attaquent aucun autre infeéte ni aucun
animal ; trouvant abondamment de quoi
vivre , elles ne fe difputent, pas une. nourriture
qui eft toujours à leur portée ; elles ne
faveur pas non plus fe défendre Contre leurs
ennemis , où elles ne le font qu’en fe débattant,
fans fe fervir de leurs dents. Telles font
les Chenilles , les larves des mouches à foie ,
celles des Caflïdes, des Criocèresde l’afperge
& du lys , &c. Mais les larves qui fe nourrit
fenc d'autres infoétes , comme celles des bu-
preftes de Geoffroy , ou carabés de Linné.,
celles des dytiques, les premières fur la terre,
les fécondés dans les eaux, poutfuivent avec
acharnement d’autres larves, d’efpèces différentes
de la leur , fouvent .même des larves
de leur propre efpèce , quand .la-faim les1
preffe; elles les faillirent avec leurs mâchoires
,- elles les retournent ou avec leurs lèvres,
ou .avec leurs pieds , & elles les dévorent
toutes vives fans leur avoir auparavant
donne la mort. A in fi les exécutions de ces larves
font plus barbares en général, elles font
plus cruelles pour les individus qui les fouf-
rrent , elles font plus féroces relativement
aux efpèces qui ne s’épargnent pas , .que les
executions des grands animaux qui tuent leur
proie avant de la dévorer ; elles rellemblent cependant
à celles des oifeaux de proie qui déchirent
les entrailles des viétimes encore vi-
1 N A IRE. clxxvîj
vantes qu’ils ont abattues. Mais comme les
plaies des grands animaux ne peuvent être
profondes , ou imcçdfor des parties elléhtiel-
Ies à l’entretien de la vie fans être - fuivies
d’une mort prompte , les animaux périffène
eu peu d’inftans fous les pieds .ou fous- les
ferres: des quadrupèdes, ou des oifeaux carnivores.
11 n’en eft pas de même des infoéles :
il faut les, frapper dans toutes les parties pour
les priver de la vie; une plaie ne leur caufe
qu’une mort.locale, & le refte des parties
de l'infeéte continue de vivre & de laixmir.
Il arrive, donc fouvent qu’une larve en ayant
attaqué & bleflé une bien plus grande qu’elle,
la laiffe à demi-devorée , ou couverte d’une
large plaie ; on voit la larve abandonnée traîner
encore le refte de fes membres, chercher
même , en prenant de la- nourriture , à prolonger
une exiftence qu’elle ne.fauroit con-
ferver ; elle ne la perd qu’a près une longue tni-
lère, & fouvent au bout de plufieurs jours.
Les nymphes frugivores qui ont du mouvement
& qui prennent de la nourriture, font,
comme les larves., aulfi frugivores , des êtres
pacifiques: elles n’attaquent pas.; mais elles
tentent fouvent de fe défendre ; telles font les
nymphes des Punaifes de jardin qui fe contentent
de pomper le foc des végétaux,fans nuire
à aucun animal , mais qui , quand on les
inquiété, cherchent à fe fervir de leur trompe
pour piquer leur ennemi. Les .nymphes qui
font fans mouveniens & qui ne prennent
point de nourriture , ne font en état ni d’attaquer
ni de fe défendre ; mais celles qui
prennent des alimens & qui font carnacières,
ont la même voracité que les larves, qui le
font aulfi, elles ont les mêmes habitu des, &
les fuites de leurs attaques font également
dangereufos & cruelles ; telles font, fut la
terre , les nymphes des Sthaphylins, des De-
moifelles dans les eaux. 11 n’eft pas befoin de
répéter que les chryfalides n’ont d’armes ni
offenfives ni défenfives.
Il ne nous refte donc qu’à examiner les
infoétes dans le dernier état ou celui de per-
feétion. Les frugivores n’attaquent pas d’autres
efpèces, mais il n’eft pas -rare de voir