
fondées. Nous allons les fuîvre dans les dégâts
qu’ils caufenr dans les fubftances animales
que nous voudrions conferver.
Les chairs faléas , fumées & deffechées
pour fervir de comeftibles , venant au bout
d’un certain tems à attirer l’humidité de l'air,
8c à fe ramollir,font attaquées par les mêmes
infeâes qui dépofent leurs oeufs fur les chairs
fraiches ; ils les en chargent de même & les
corrompent de la même manière. Mais lors
même que ces chairs confervent la féchereffe
que nous leur avons fait prendre , deux efpè-
ces de Dermejles 8c plufieurs Acarus qu’on
connoît communément fous le nom de
mites, en font leur pâture , en détruifent
une partie , & rendent le relie dégoûtant.
Les chairs qu’on conferve dans des faumu-
res y font, au bout d’un certain tems, attaquées
par des vers nés d’infeâes qui ont dé-
pofé leurs oeufs fur les bords des bariques qui
renfermoient ces chairs , d’où les vers , qui
s’atténuent , s’alongent ,. s’appétilfenr à un
point incroyable, s’introduifent par les plus
légères fciffures des bariques. Les marins
favent trop combien les viandes qu’on embarque
, de quelque manière qu’elles foien:
préparées , font fujettes à être corrompues
par des infeâes. Le bifcuir 8c l’eau ne font
pas à l’abri de la corruption que ces animaux
occafion lient- Je place ici ces deux articles,
quoiqu’ils ne foient pas relatifs à des fubftances
animales , pour traiter en même-tems ce
q p, concerne les provifions des gens de mer.
Les Dermejles , les Bruches , leurs larves ,
différentes Mittes-attaquent le bifcuit & toutes
les fubftances farineufes converties en
pâte , deffechées , & qui ont u.n peu vieilli,
ces infectes en confomment beaucoup , &
font tomber le refte en- une pouffière inutile
; leurs oeufs , leurs dépouilles , leurs
larves qu’ils laiffent dans les parties qu’ils
n’out pas détruites , qu’il eft impoflible d’en
nettoyer, rendent ces comeftibles mal fains.
Les farines , avant d’être employées , font
juili la pâture des Derm elfes, -des Blattes,
des larves de plufieurs infectes, & elles en
font fur-tout infeéfées, fi elles ne font pas tenues
très-fèchement. Enfin en fait que l'eau.,
au bout d’un certain tems , elt remplie de
vers qui paroiffent être des larves d’infeéfes.
On n’en a pas affez examiné la nature , &
l’on n’en eonnoît pas les efpèces. Il eft , fans
doute fort extraordinaire que des comeftibles
j que de l’eau , enfermés dans des vaif-
feaux bien clos, qu’on y a mis fains & fans
qu’on apperçut aucun infeéle , s’en trouvent
infeâés au bout d’un tems fouvent affez long,
lorfque les équipages ont perdu toute terre
de vue, & en font depuis plufieurs femaines,
à des diftances trop grandes pour qu’aucun
infecte ait pu en approcher. Je crois qu’on
peut répondre, par rapport aux comeftibles,
que quoiqu’il ait paru qu’on les ait enfermés
parfaitement fains , ils contenaient les
fèmences de quelques infeâes qui , étant
parvenus-!! leur terme , ont produit les générations
qui dévaftent en pleine mer ces mêmes
comeftibles. Le tems qu’il y a que lesvaiffeatfx
n’ont touché à aucune terre, a fervi aux germes
peu nombreux qu’on avoir embarqués ,
à fe développer 8c à produire une nouvelle
génération. Quant à l’eau , ne peut-on pas
penfer qu’on a de même embarqué les fe-
mences d’infeâes aquatiques , fur-tout fi l’on
a puifé près des rivages', dans des lieux où
il y a peu de courant ; ces femences n’éclo-
fent qu’au bout d’un certain tems, que quand
la chaleur les développe, & l’on peut penfer
que, renfermées dans des vaiffeaux , privées
de l’influence de l’air libre 8c du foleil, elles
n’éclofent que beaucoup plus tard , & que
c’eft par cette raifon qu’elles ne commencent
à infeâer l’eau qu’un tems affez long après
qu’on l’a puifée. Il ferolt bien important de
rapporter des .moyens de conferver contre
l'atteinte des infeâes les comeftibles & l’eau ,
mais malheureufement nous fommes forcés
d’avouer que les effais qu’on a faits jufqu’à
préfent en ce genre , n’ont pas rempli ce
qu'on en efpéroit. Je continue d’obferver
l’aâion des infeéles furies fubftances animales.
Les fucs , foit liquides, foit concrets , que
nous tirons des viandes par extrait, les attirent
comme les viandes mêmes ; ils les fu-
cent, ils dépofent leurs ççufs au bord des vafe
s , qui les contiennent, & leurs larves en
excitent de même la corruption ; ainfi les
bouillons , les gelées, &c-, font.gâtées par
les mêmes infeâes que lés viandes. Les comeftibles
que l’on prépare avéc le lait épaiffi ,
les différentes fortes de fromages, quand
ils font gardés , font .attaqués par diverfes
efpèces de Mitres, & par les larves de-plu?
fîeurs infeâes. Telle eft. la ;forCê de: l’habitu-r
de, que la vue de ces infeâes qui fait rejerter
tous les autres comeftibles., n’iùfpire.'-pas
même de répugnance pourceux-ci à beaucoup
de perfonnes. .
Nous palferons des fubftances. qui nous
fervent de comeftibles, à celles que nous
employons pour nos vêtemens, nos'meuhies,
differens oruemens, ou que nous cûnfervbns
par curiofité.
Les étoffes de laine , celles qui font tiffues
de poils, les fourrures dont nouls nous couvrons
pour nous tenir-chaud y ou que nous
attachons à nos vêtemens comme ornemens ,
foit qu’elles foient les dépouilles des quadrupèdes
, foit celles des oifeaux, lorfque nous
n’en faifons plus ufage, que nous les confer-
vons d’une année à une autre, font la proie
des teignes. Ces foibles infeâes, qui font Ies.
iarves de ces petits Papillons que nous voyons
voltiger dans nos appartemens , fe fonr des
étuis des fibres des étoffes qu’elles dévorent ;
leur nombre , leur manière de s’avancer i
comme un faucheur qui coupe un pt<é,’ de !
couper de même la trame des étoffes, la dif-
ficu'té de s’apperçevoir de leurs dégâts,,-font
caufe que ces foibles. infeâes exercent fom
vent les plus grands ravages , avant qu’on :
s’en foit apperçu.Les teignes font- très incommodes
dans tous les magafins, oq elles nécef-
fitent à prendre de grandes précautions, malgré
lefquelles elles cattfent fouvenr heautOu»
dedéfor-dre; elles four encoreplhsrêdoutabléS
pour les particuliers qui apportewu-moinsidê
foin pour s’en garantir : on peur les regarder
comme un véritable fléau-,^-'Celui q-ui ap
prendrait-le rnÙyen d’eri préfervèr les étoffes
fabriquées des-fubftances animales-, rendrait
Hfloire Naturelle , Infai es. Tome I,
à la fociété un des fervices lès plus impor-
tans.
Tant que nous portons nos vêtemens
les teignes ne les attaquent pas, parce que
comme tous les infeâes , elles craignent le
Jour 8c le mouvement. Mais daii? fe repos
elfes s’attachent à toutiês Jês éroffes;dé'pbiîs , ii
mutes lés fourrures qùtdëmeurent.à'découvert.
C ’éft par cécce.raifon qùé’dahs les magdfins
oh a foin de ’tenir ; toujours les'étoffes enveloppées
de toiles allez amples pour les garantir
de l’approche des Papillons dês! teignes
qui y dépoferoient leurs oeufs , que chez,les
fourreurs on enveloppe de même le's I differentes
peaux, & qu’on les bat plufieurs fois
dans u‘n été ; on ufe de cétrë dernière précaution
pour faire tomber les teignes qù’bn àui
roit pu envelopper avec, les ’foutrurès. Çês
deux moyens font les feüls vraiéitienc
"efficaces qu’on connoilTe jufqu’à préfent. Les
différentes, .odeurs qu’au a tenté d'employer
pour éloigner les teignes foht fans 'effet Si
l’on a cru quelles,étoiént ùtileV, é’èft qu’én
employant, les odeurs on a enfermé lès'.fourrures
, que cê dernier foin ffès a garanti.
La térébenthine , le tabac , le poivre , le faf-
fafras , &çl-, 'tuent lès'teignes par leur odeur.
Mais il eft indifpen fable qu'elle ' foit rapprqT
c-hée 8c çohcéntréeà tin pqint'qutn’eft pratiqua-
ble-ni pourles étoffes ‘f nipoutïés'fourrures : il
faut donc, jufqù’a préferit, fe contenter de
bien envelopper les étoffes 8c les fourrûres
dont on ne.fe fert pas,- ■ & de houffer.fouvent
celles qui demeurent,àTair , commejTâ^tap
pifferi.es. C ’eft à ' 1%'fin d’avril qti’qn commencé
à voir voler Tés Papillons qui' donnent,
naiffançé aux Teignes;,' SeTon Cqùfiiuie de
voir, de eps Papillons jiiftjü'a fàffn défépiem-
bre-, t .’eft1 dçrnc dans çéuntérvàlle qu’il faut
tenir fes étoffes 8c lés foürrürés enfermées
avec foin!,’ & houffer fouvent celles qui
reftenc à l ’a.ir. .,.
/-'M.ol’abbé 'Manes:,,-dans un traité fur la
.rnswiiéredeconfervèt las animaux,empaillés,,
doonsouir procédé:d/après> lequel il parojc
qft’ibéxtrak du poil & des plumes;, toute la
lymphe animale, qui eft , dansxvSsfubftMiçes >
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