
agile, léger ,'qui tiendrait par ceà qualités
de la Puce. Les Pucerons ont fix patres Se
d’abord privés d’ailes, la plupart en acquiè-
rent quatre par la fuite. Les uns portent leurs
antennes en avant, les autres couchées fur
le dos , & dans ces derniers elles furpalfent
feuvent la longueur du corps ; mais ce qui
eft fur-toüt remarquable, ce font deux filets,
cornes ou tuyaux pofés en-delTus du dos près
de l’extrémité du corps. Us ont une origine
commune, dont ils s’écartent à mefure qu’i s
fe prolongent. Ces filets font roides, inflexibles,
très-courts , & fi petits dans plufieurs
Pucerons qu!on a peine à les diftinguer ; il
v en a dans lefquels ils manquent , & font
remnlaccs par deux fimp tes-tubercules. 11 fera
parlé de leur ufage. •
Le verr eft la Couleur du plus grand nombre
des Pucerons ; il y en a cependant de
noirs, de blancs, de bronzés-y d’un rouge-
pâle I ces derniers né font 'de cette couleur
qu’en automne,ils éroient verts pendant fête.
Us vivent en foCictc ', ils‘s’attachent aux tiges
& aux feuilles des plantes, aux Jeunes pouffes
ôc aux fouillés des arbres ; fils font bavent
fi nombreux , qu’ils cachent les plantes far
iefquelles ils font établis. On les apperçoit
an premier coup-d’oeil futcercaines plantes,
comme le chèvre-feuille; fur d'autres", quoiqu’ils
foient nombreux y-il; faut les chercher
pour les voir, parce qu’ils fe cachent ou
occafionnenc dans la plante des défordres qui
les couvrent.
Dé tous les Pucérons, ceux qui s’érabliffent
fur les jeunes pouffes du lureau, font les plus
ailés à oblerver. Us femblent tenir à la plante ;
ils y tiennent en effet en quelque forte par
leur trompe enfoncée dans l’écorce , & par
le moyen de laquelle ils pompent leur nourriture
; cependant ils la retirent & la plient
fous leur ventre pour marcher & changer de
place. Elle eft ordinairement de la moitié d e .
la longueur du corps. Ttès-fouvétit les Pu- j
cerons font fi multipliés qu’ils forment furies
plantes une double eoucheaü-déffusjles uns des
autres. La fupérieure eft moins- ferrée que
la couche inférieure , Si compofée de Pucerons
qui ne cherchent pas à fe nourrir ,
mais à multiplier leur efpèce. Ils font ers
mouvement tandis que les premiers , fur
lefquels ils marchent , font dans l’inaction.
Ce qu’il y a de plus remarquable dans 1 hiftoire des Pucerons , c’uil la manière dont
ils fe reproduifenr. Ils font vivipares.
Leuwenhoeck l’a voit appris par le moyen
de la diffeétion ; il avoir trouvé leur ventre
rempli de Pucerons tout formés. M. de
Réaumur a confirmé cette obfervation , en
voyant de jeunes Pucerons fortir du corps
des plus gros par l’ouverture de l’anus :
l’aélion interné du Puceron adulte pouffe
an-dehors le jeune Puceron, qui naîc en venant
en arrière. Quand fes pieds , placés
près de la tête, font dégagés, il s’en aide
pour fe tirer du fein où fil a été formé.
L’opération eft au plus de fix à fept minutes.
Ces infectes font fi féconds, qu’un
feul en mec an jour quinze à vingt par jour ,
fans que le volume de fon ventre paroiffe
diminuer ; quand on- le preffe & qu’on l’é—
crafe , on n’en fait fortir que quelques Pucerons
tout formés ; mais on en apperçoit ,
pour ainfi dire fans nombre , depuis l’étac
de conformation complette jnfqu’à celui
d’embrion, M. de Réaumur obferve avec
bien du fondement, que les autres animaux
vivipares mettent au jour leurs petits
en une feule fois , tous formés au même
point, fans qu’il en refte à leur intérieur
qui foient à différens degrés d’accroiffement.
Les Pucerons, nouvellement nés, diffèrent
des vieux, par la couleur.& par l’ap-
platiffemenc du corps ; ceux qui font verts,
font d’un ton plus pâle , ceux qui deviennent
noirs, font verts en naiffant ; les Pucerons
jaunâtres mettent au monde des petits qui
font blancs.
Le Puceron qui vient de naître, marche
auffi-tôc; il cherche une place où il fe fixe,
& il la choific â la fuite des autres Bucerons
qui forment une file fut la plante ; il
fe place immédiatement derrière le dernier
Puceron de la file qui s’agrandit à mefure
des nouvelles naiffances; elle eft compofee
de Pucerons tournés tous les uns la tète du
côté inférieur de la tige, les autres du côcé
fupérieur.
La piquure multipliée des Pucerons ne
peut manquer de dépenfer une grande quantité
de sève; auffi beaucoup d’arbres & de
plantes en fouffrent-ils, mais cet effet-n eft
pas auffi général qu’on le croit. Les Pucerons
lie font aucun tort au fureau , au fyco-
more, aux abricotiers , & c ., mais ils nui-
fent beaucoup aux pruniers, aux pêchers,
aux chèvre-feuilles, &c. Ils en déforment,
ils en defsèchenc les feuilles & les pouffes ;
ils leur font prendre des formes bizarres;
ils occafionnenc fur les feuilles des excroif-
fances, fouvenc femblables à des fruits,
quelquefois de la groffeur d’une noix &
même d’une tr i-petite pomme. Ces excroif-
fances font creufes & ferrent de logemens
aux Pucerons dont les piquures les ont produites
; on en voir plus communément dans
nos climats de plus greffes fur les feuilles
d’orme que fur tout autre arbre ; lorfque
ces excroiffances font encore peu confidéra-
bles , elles font exaélement formées de toute
p a r t,& l’on ne trouve à l’intérieur qu’un
Puceron parvenu à fa grandeur, mais environné
de jeunes Pucerons auxquels il a donné
naiffance, & dont le nombre s’augmente
prefque continuellement. L’orme n’eft pas
le feul atbre fur les feuilles duquel on voie
des excroiffances produites par la piquure
des Pucerons ; le peuplier eft fouvenc chargé
de pareilles tubéroficés , ainfi que le téré-
binthe & beaucoup d’autres arbres. Ces
excroiffances, qui font de vraies galles ,
font employées pour la teinture dans plufieurs
contrées , & il y a apparence que nous
en retirerions le même avantage fi l’on s’étoit
plus appliqué à déterminer l’ufage que nous
pourrions faire des galles auxquelles les Pucerons
donnent naiffance dans nos contrées.
Après lesobfervations particulières fur les
Pucerons qui occafionnent des galles, M. de
Réaumur revient aux généralités qui leur font
communes avec les Pucerons qui vivent à l’air.
Par-tout où ces infeftes font en grand nombre
, on voit auffi beaucoup de fourmis ;
elles pourroient fervir à les faire découvrir
fi on y étoit embarraflé : les uns, comme
Leuwenhoecfc & fon critique], ont cru que
les Fourmis étoient ennemis des Pucerons ;
les autres ont imaginé avec Goedaerc, qu’elles
les protègent , & que même elles en fonc
les mères : cette opinion auffi faufle que
l’autre,, a prévalu, & eft encore celle de plufieurs
gens de la campagne. Mais fans longer
à ce qui attire les Fourmis près des
Pucerons, on attribue communément aux
premières les torts que les féconds font aux
plantes ; le vrai cependant eft que les Fourmis
ne font attirées que par l’épanchement
d’une humeur aqueufe & fucrée , qui samaffe
fur l’endroit couvert de Pucerons, que ceft
cette humear que les Fourmis cherchent pour
s’en nourrir, & non les' Pucerons pour lefquels
elles font fort indifférentes; qu’elles
profitent de l’épanchement de cette humeur,
fans y contribuer, fans participer en rien au
tort que les Pucerons font aux plantes &
aux arbres. Cependant cette même humeur
n’eft point une mnple extravafation de ia
sève, mais elle eft le produit de deux liqueurs
que rendent les Pucerons, l’ane par
l’anus , l’autre par les deux cornes creufes,
ou conduits qui font placés en-dellus du
corps; la dernière paroît par fa confiftance,
quoique fluide & limpide, analogue aux
excrémens, &- la fécondé d l’urine. Ainfi.
cette cpnjeâure, fi elle croit vérifiée, four,
niroit un fait fingulier de plus dans l’hif-
coiré déjà fi remarquable des Pucerons. Ils
changent, ainfi que les autres infectes, plufieurs
fois de peau pendant la durée de leur
vie. Mais ce qui eft particulier à la plupart,
c’eft d’être plus ou moins couverts d’une
force de duvet , qui paroît compofé de fils.
Ce duvet eft plus abondant fur les Pucerons
du hêtre que fur ceux d’aucune autre
efpèce. Mais quelle eft fon origine dans tous
les Pucerons ? Notre auteur avoue qu’il n’a